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L’Africaine des Travaux Publics (ATP) : Une expertise burkinabè dans le Niger profond

Publié le mercredi 3 février 2016 à 06h01min

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L’Africaine des Travaux Publics (ATP) : Une expertise burkinabè dans le Niger profond

Déjà présente au Bénin, l’entreprise ATP (l’Africaine des travaux publics), pour la bagatelle somme de 74 milliards, vient de déposer ses concasseurs, ses bulldozers et ses niveleuses sur les terres nigériennes. Le lancement des travaux a eu lieu le mardi 19 janvier dernier, en présence du président Issoufou Mahamadou.

Arrivé à la tête de l’Etat, il y a bientôt 5 ans, le président nigérien, Issoufou Mahamadou, a fait de la devise du Niger (Fraternité-Travail-Progrès), son véritable cheval de batail. « Finalement, les Nigériens ont compris que ce qu’il leur fallait, c’est un homme et un programme », s’est exclamé le gouverneur de la région de Tahoua, sur la tribune.

Lancé dans sa politique de « renaissance du Niger », en vue d’une économie compétitive, le chef de l’Etat multiplie les chantiers. C’est entre autres, la modernisation des voiries urbaines, la promotion du rail, la réhabilitation des routes existantes, la construction de nouvelles routes bitumées et en terre… cet homme, évoqué par le gouverneur, difficile de ne pas le voir en Issoufou Mahamadou, tant le progrès (infrastructurel, en tout cas) est palpable, aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays.

Pour un pays aux ressources limitées comme le Niger, tant d’efforts ne serviront à rien, si les qualités qui garantissent la durabilité des ouvrages n’y sont pas. C’est sans doute, conscientes de cela que les autorités de ce pays, « ouvertes sur le monde et en particulier, sur le Burkina Faso et la sous-région », comme l’a dit son président, ont pris un pari qu’elles savent gagnant, sur une des entreprises les plus fiables de la sous-région, notamment l’ATP, qui n’est pas à son coup d’essai chez le voisin nigérien.

Ce mardi 19 janvier, les populations de la région du Tahoua sont sorties massivement, pour d’une part, remercier leur président, mais d’autre part, signifier à l’entrepreneur burkinabè, Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, tout l’espoir qu’elles placent en lui. Le maire de la localité n’a d’ailleurs pas manqué d’arracher l’approbation du public, en soulignant que ces 130 kilomètres de piste que ses administrés bouclent en 3 heures de route pour rallier Illèla leur causent de douloureuses courbatures, sur tout le corps.

Située à 600 kilomètres de Niamey, Bagaroua qui a abrité le lancement des travaux pourra dans un délai de 36 mois, faire la jonction des routes bitumées par Illèla. Ce dont se réjouit le maire qui voit là, un trait d’union prospère d’échanges, tant commerciaux que culturels. Même appréciation du gouverneur qui relève, non seulement la création de l’emploi, mais aussi, les avantages de la libre circulation, de l’amoindrissement du coût du transport et des risques liés à l’état de la route.

Conclue sur la somme de 74 milliards de F CFA, en partenariat public-privé (ce qui signifie que le financement est assuré par l’ATP, le Niger ne paye la dette qu’une fois l’ouvrage réceptionné) entre l’Etat nigérien et l’ATP, cette route qui va de Illèla à Bagaroua est longue de 134 kilomètres dont 2 bretelles de 27 kilomètres. Elle aura une largeur de chaussée revêtue de 7 mètres en enduit superficiel bicouche, avec des accotements de 1,5 mètre de chaque côté. « Une fois achevée, dira le ministre de l’équipement nigérien, Ibrahim Nomao, cette route aura un impact sur les conditions de vie des populations des zones desservies, autant qu’elle participera au désenclavement de plusieurs villages à forte production agricole, contribuant ainsi, à l’amélioration des indicateurs socioéconomiques ».

C’est dire que le bitumage de ce tronçon est d’une grande importance pour les populations et l’Etat nigérien, ce qui, du reste, rassure El Hadij Mahamane Ouédraogo, directeur adjoint du bureau d’étude AGEIM ingénieur-conseil, pour qui « ce projet présente tous les atouts pour réussir, parce que nous avons en face de nous, une volonté politique affichée des autorités pour renforcer et moderniser les infrastructures routières au Niger. En plus de cela, dira-t-il, l’ATP est une entreprise expérimentée, avec beaucoup de références similaires solides, qui permettent d’augurer de bons résultats, dans les délais et selon les règles de l’art ».

Assurément, une « autre façon de bâtir » qui fait la fierté du Burkina, depuis plusieurs années, en tant qu’entreprise pionnière dans la sous-région, et qui a besoin d’être soutenue conséquemment, car il faut le dire, nos entreprises dans leur ensemble, souffrent du manque d’appui de l’Etat burkinabè. Or, comment créer la richesse et la redistribuer, comment résorber le chômage grandissant, quand on ne crée pas de l’emploi ? Une question, somme toute, essentielle dans le processus du développement que beaucoup de pays semblent avoir bien intégré. Les nouvelles autorités burkinabè gagneraient à réorienter leur vision vers des décisions fortes d’un véritable boom économique.


Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, PDG / ATP : « Le mieux-être des populations a toujours été au centre de notre préoccupation »

Monsieur le PDG de l’entreprise ATP, quels sont vos sentiments, à l’issue du lancement des travaux ?

Ce sont des sentiments de satisfaction, d’autant plus que la cérémonie du lancement s’est bien déroulée, avec la présence de la plus haute autorité de l’Etat et une présence massive des populations qui, naturellement, se sentent concernées.

Vous pensez pouvoir livrer un travail de qualité, dans le délai qui vous est imparti  ?

Cet aspect ne constitue pas un souci pour nous. Nous ne sommes pas à une première dans ce type de prestation au Niger. Nous évoluons dans un nouveau concept, appelé PPP, c’est-à-dire Partenariat public-privé, dans lequel, en réalité, on n’a pas un problème de décaissement. Il s’agira de mobiliser les fonds avec les partenaires financiers, afin d’entreprendre les travaux. Une fois les fonds mobilisés et les travaux démarrés, c’est non-stop.

Nous en sommes au lancement. Quand est-ce que les travaux démarrent effectivement ?

Le lancement consacre le début effectif des travaux. En matière de route, les travaux commencent par la topographie. L’équipe topo est en place, et elle a même débuté les levées topographiques, ce matin (ndlr : mardi 19 janvier), les travaux ont donc commencé.

On sait aussi que l’ATP est une entreprise citoyenne. Que-ce qui sera fait du côté social ?

Chaque fois que nous entreprenons un projet de ce type, nous nous concertons avec les populations. Ce sont les riverains qui définissent leurs préoccupations sociales. Cela va des constructions d’écoles aux forages en passant par la construction de mosquées, d’églises, la réhabilitation de marchés et autres. Mais à la base, c’est elles qui définissent leurs besoins.

Hier c’était le Bénin, aujourd’hui, c’est le Niger. Est-ce à dire que l’Africaine des travaux publics est partie pour conquérir l’Afrique ?

Je peux l’affirmer, d’autant plus que nous sommes comme vous l’énonciez au Bénin, au Niger, au Burkina, bien entendu, au Mali et en Côte d’Ivoire. L’Africaine des travaux publics s’est engagée dans la conquête de l’Afrique. Mais au-delà de cette conquête, nous affichons une volonté d’aider, de contribuer au développement de la sous-région et du continent. L’Afrique regorge de valeurs réelles et d’un important potentiel qui ne demandent qu’à être exploités et revalorisés. Notre démarche va dans ce sens, parce qu’il est plus que temps que nous comprenions que le développement de l’Afrique incombe d’abord, aux Africains.
Lorsque nous permettons à des populations d’un pays de surmonter leur désenclavement, de bénéficier d’écoles, de forages ou de tout autre réalisation qui améliorent leurs conditions de vie, nous faisons œuvre utile. Cet aspect du mieux-être des populations a toujours été au centre de notre préoccupation.


Soli Housseini, DG des grands travaux du Niger : « Nous sommes absolument rassurés »


Quelles sont vos attentes, à l’issue du lancement des travaux ?

En tant que directeur général des grands travaux, j’ai suivi de près l’évolution du dossier. Ce lancement officiel nous permet, dès demain déjà, de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour l’exécution des travaux. Nous allons travailler avec l’entreprise ATP dans ce sens. Tenant compte des capacités financières et techniques de l’entreprise, nous lui avons fait confiance dans un partenariat public-privé que nous entrevoyons excellent. Notre attente est celle de tous les Nigériens, c’est la réception des travaux dans les délais.

Une entreprise burkinabè au Niger, c’est le symbole de l’intégration ?

C’est vraiment cela, c’est l’intégration, c’est l’espace UEMOA. C’est un exemple que le Niger donne. Ce qui est important, dans ce cas de figure, c’est la compétence de l’entreprise. Cela fera la deuxième fois que l’ATP exécute des travaux au Niger. Tout notre souhait est que tout se passe bien.

La première prestation de l’entreprise ATP vous a-t-il donné satisfaction ?

Oui, nous avons eu satisfaction, avec tout ce que cela comporte comme difficultés liées au fait que c’était un groupement d’entreprises. Mais au regard de l’organisation de l’Africaine des travaux publics, des moyens financiers, humains et matériels qui nous ont été proposés, nous sommes absolument rassuré.


Léontine M. Kaboré née Tiemtoré, consul général du Burkina au Niger : « Nous sommes fiers de voir que l’expertise Burkinabè s’exporte bien »

Vous venez d’assistez au lancement des travaux du bitumage de la route Bagaroua-Illela. Quels sont vos sentiments ?

Je voudrais tout d’abord présenter mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées par les attaques assassines qui ont endeuillé notre pays, et souhaiter prompt rétablissement aux blessés.

Nous étions présente au lancement des travaux, avec un sentiment de fierté, du fait que ce soit une entreprise Burkinabè qui ait été sollicitée pour l’exécution de cette route. Nous sommes d’autant plus fiers que tout cela entre dans le cadre de la promotion des relations économiques et diplomatiques entre le Burkina et la république sœur du Niger. La présence d’une entreprise Burkinabè crée un impact très positif non seulement en raison des relations économiques que cela suscites, mais aussi du fait que cette entreprise va créer de l’emploi aussi bien pour les Burkinabè que pour les Nigériens. Nous sommes vraiment fier de voir que l’expertise Burkinabè s’exporte bien, cela renforce à tout point de vue le développement des relations économiques et fraternelles entre les deux pays. C’est également une belle promotion de l’image du Burkina Faso.


Basile Kouadio, directeur technique / ATP : « Tous les moyens nécessaires sont réunis pour l’exécution »

L’ATP a-t-elle les moyens techniques nécessaires à la réalisation et au respect du délai de 36 mois ?

Absolument, tous les moyens nécessaires sont réunis pour l’exécution de cet ouvrage. Par moyens nécessaires, j’entends les moyens techniques, matériels, mais aussi, l’expertise et l’expérience. Sur la longueur de la route, nous déployions, à tous les 30 kilomètres, une équipe technique. Cette disposition nous permettra d’achever les travaux, dans le délai souhaité.

Quelles pourraient être les difficultés sur ce chantier ?

Nous sommes en train de prendre contact avec le terrain, mais les difficultés majeures pourraient être liées à l’approvisionnement en eau. D’après ce qui m’est revenu, il est également difficile de trouver le granite dans la région. Il faut donc aller très loin pour en trouver. C’est une contrainte que nous surmonterons certainement, mais n’empêche que quelque part, cela constitue une difficulté.

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