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Transparence, bonne gouvernance et reddition de compte : Les nouveaux habits du Burkina Faso ?

Publié le samedi 30 janvier 2016 à 00h39min

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Transparence, bonne gouvernance et reddition de compte : Les nouveaux habits du Burkina Faso ?

A son investiture le 29 décembre 2015, le Président du Burkina Faso Rock Marc Christian Kaboré a manifesté son intention d’œuvrer au quotidien pour le fonctionnement harmonieux et régulier d’institutions républicaines capables de garantir une bonne gouvernance au profit de l’ensemble des citoyens. Sous son mandat, il affirme ne pas tolérer une situation où on continuera « à vivre dans un Burkina Faso à plusieurs vitesses, à l’avenir incertain, où le fossé s’agrandit chaque jour entre un nombre toujours plus restreint de nantis qui ont des droits et les larges masses populaires condamnées à la paupérisation et à l’exclusion ».

Le nouveau Président de tous les Burkinabè, dans sa vision de construire une « Nation forte », dit vouloir faire de la transparence, un des piliers de sa gouvernance. Pour ce faire, il prône dans son programme pour le quinquennat 2015-2020, un retour à l’intégrité avec des exigences de probité et de bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques.

Pour confirmer sa volonté de faire de la transparence la boussole de son action à la tête de l’Etat pour les cinq prochaines années, le président Rock marc Christian Kaboré a publié ses avoirs. Il devrait en principe s’adonner au même exercice à la fin de son premier mandat afin de permettre aux citoyens de faire leurs propres analyses sur l’état des ses biens financiers et matériels au début et en fin de mandat.

Le président de l’Assemblée Nationale Salif Diallo a emboité le pas en déclarant le 30 décembre 2015, jour de son élection au perchoir, que l’auguste assemblée devra combattre énergiquement « les contre-valeurs que sont la corruption » et rester collée aux intérêts du peuple insurgé les 30 et 31 octobre 2014 et lors du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015.

Dans la foulée, le président du législatif a rendu public le salaire brut du député burkinabè qui est passé de 1 200 000 à 960 000 après un consentement unanime de tous les élus du peuple à faire un rabattement de 19% de leurs émoluments. Ce geste des parlementaires répond au souci de bonne gouvernance et d’utilisation saine des recettes du contribuable burkinabè et contribue à l’effort de sacrifice nécessaire pour permettre à l’’Etat de dégager des ressources financières destinées aux investissement dans des projets structurants qui vont impacter le développement au profit des génération actuelles et futures comme l’encourage fortement l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), à laquelle notre pays a adhéré depuis avril 2008.

Un style de gouvernance emprunte de transparence

En outre, dans leurs « speaches » (interventions) à l’occasion des cérémonies de leurs installations, deux ministres du Gouvernement Paul Kaba Thiéba I, en l’occurrence Simon Compaoré, de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure et Tahirou Barry de la Culture, pour ne citer que ceux-là, ont affiché leur volonté d’estampiller leur méthode de gestion de la chose publique, du sceau de la transparence.

Le premier, dans un style direct et a martelé : « Je travaille toujours avec ceux-là qui ne vont pas me faire échouer, ceux-là qui aiment le travail bien fait, ceux-là qui aiment la transparence ».

Le second a également affiché sa ferme volonté de faire de son bureau un laboratoire transparent en affirmant : « Je souhaite qu’on inscrive notre action dans les valeurs de transparence, et j’insiste sur cela parce que ce qu’on a reproché aux autres, il ne faudrait pas qu’on nous reproche cela ». A la tête du département de la culture, il souhaite « inscrire son action dans les valeurs de transparence, dans les valeurs de probité, de responsabilité ».

En s’exprimant de la sorte, le Président du Faso, celui de l’Assemblée Nationale, l’ex bourgmestre de la capitale aujourd’hui ministre de l’intérieur le premier locataire du temple de la culture du Burkina Faso prennent un élan pour répercuter au sommet de l’Etat un style de gouvernance emprunte de transparence, une démarche que tente de vulgariser l’ITIE.

Ces faits et gestes pourraient amener le commun des mortels à croire que le Burkina Faso est en train d’opérer un changement dans sa garde robe, pour désormais se doter d’habits neufs conçus en tissus transparents et cousus en files visibles.

Eviter que les piètres serviteurs de l’Etat ne s’érigent en modèles de réussite pour la jeunesse combative

Plus que des vœux, la transparence et la bonne gouvernance apparaissent de nos jours comme des exigences de la population burkinabè notamment sa frange jeune qui veut voir clair dan le mode de gestion de leurs dirigeants à quelque poste de responsabilité que ce soit. En prenant au quotidien des décisions, chaque dirigeant doit se mettre en tête qu’il le fait au nom des populations, pour le bien être des populations qui on besoin qu’on leur rende des compte.

Sans cette obligation de rendre compte, en l’absence de transparence et dans une situation d’opacité, de cachotterie, de flou et de « sombritude » l’intégrité, l’étique et l’orthodoxie financières foutent parfois leur camp et font souvent le lit à la corruption, aux détournements, à la jonglerie, à l’affairisme, à l’enrichissement illicite rapide et aux petits jeux de passe en ce qui concerne les marchés publics et autres avantages liés à la gestion de la chose publique. Les victimes de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et celles du coup d’Etat manqué du 16 septembres 2015, n’ont pas payé de leur vie pour voir le Burkina Faso gangrainé par un système de gestion gabégique et clanique. Nous devons tous, travailler pour mettre fin à certaines situations où ce sont les piètres serviteurs de l’Etat qui veulent s’ériger en modèles de réussite pour la jeunesse combative. Ces cleptomanes, parfois impliqués dans des faits de malversations en faisant main basse sur les deniers publics, veulent s’afficher comme des personnes entreprenantes, courageuses, talentueuses et débordantes d’énergie. Il arrive des situations où ces genres de cupides et « pilleurs professionnels » de l’Etat reviennent narguer les honnêtes citoyens (collègues, promotionnaires, amis ou connaissances) qui exercent avec probité et conscience professionnelles leurs responsabilités administratives, taxant ceux-ci d’incapables et de personnes manquant d’ambition. Il ya lieu de travailler à renverser cette tendance fâcheuse où les adeptes de la fourberie, le voleurs et les vautours se retrouvent parfois propulsés dans les hautes sphères de l’Etat. Les nouvelles autorités sont donc appelées à cultiver dans leurs département ministériel respectifs, des jardins de la transparence, de la bonne gouvernance et de l’esprit de « rendre compte » de la gestion de la chose publique.

Kimségninga SAVADOGO
Chargé de l’Information et de la Communication au Secrétariat Permanent de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives du Burkina Faso (SP/ITIE-BF)

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