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Crise à l’UNDD : Salvador avait donc raison

Publié le samedi 23 avril 2005 à 07h54min

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La démission du secrétaire politique de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) Boubacar Ouédraogo suscite maintes interrogations. A quelques mois de la présidentielle, cette défection "du maître à penser" de l’UNDD est un coup dur pour Hermann Yaméogo.

Du coup, la défection confirme que le frère cadet de l’homme n’a pas eu tort lorsqu’il est parti du Parti, il y a de cela quelques mois.

"... J’ai observé une dérive inacceptable des positions du parti par rapport à un certain nombre de questions que je juge personnellement primordiales. Ces questions sont relatives à la vie interne du parti et à vos prises de positions par rapport à la crise ivoirienne ..." Tels sont entre autres les motifs qui ont conduit le secrétaire politique Boubacar Ouédraogo à partir de l’UNDD.

C’est entre autres ces mêmes causes qui avaient conduit le frère consanguin du président du parti à démissionner, au moment même où son frère aîné est poursuivi pour intelligence avec des puissances extérieures pour déstabiliser son pays. Les mêmes causes produisent donc les mêmes effets. La preuve, quelques mois après la défection de Salvador Yaméogo et alors même que les poursuites engagées contre l’homme n’ont pas été abandonnées par les autorités publiques, c’est son secrétaire politique qui quitte le navire pour cause de dérives inacceptables.

Un désavœu pour Hermann Yaméogo

Cette démission "de trop" vient édifier tous ceux qui douteraient encore des bien-fondés des accusations portées contre le président de l’UNDD. En effet, que n’avons-nous pas entendu quand son frère Salvador a quitté le parti ? Que n’a-t-on pas lu dans les journaux quand les poursuites ont été engagées contre Hermann Yaméogo ?

Pour certains, le pouvoir use de subterfuges pour écarter un candidat de taille. Les accusations ont été taxées de tous les noms aussi bien par des hommes politiques de l’opposition que par des citoyens ordinaires. Aujourd’hui, les choses se précisent davantage et la démission du secrétaire politique sonne, si besoin en est encore comme un désavœu aux méthodes et pratiques politiciennes peu "catholiques" de Hermann Yaméogo.

Un désavœu qui confirme également la nature de l’homme qui est toujours prêt à tous "compromis" même avec le diable pour satisfaire ses intérêts personnels comme le confirme le secrétaire politique dans sa lettre de démission parue dans la presse : "Au plan de la vie du parti, vous vous êtes attelé à un exercice absolument solitaire du pouvoir qui vous a conduit hélas, à des choix politiques malheureux et regrettables pour notre cause.

C’est ainsi que des choix politiques importants ont pu être opérés sur la base de considérations purement subjectives ou selon vos intérêts personnels et des vôtres ; de même les différentes volte-face politiques ou les reniements les plus déchirants sont à mettre sur ce compte".

Quel avenir politique pour l’homme ?

" Si tu es rejeté par les siens, sache que rare de personnes t’accepteront", dit une pensée chinoise. Voilà donc "le candidat de choix" de "l’alternance 2005" abandonné par les siens, et pas des moindres. D’abord son frère consanguin, puis son autre frère mais cette fois politique qui part, avec lui, d’autres militants. Dur dur pour Hermann Yaméogo qui devra batailler pour oublier ces deux affronts avant l’échéance présidentielle à laquelle il est candidat.

Au lieu de se remettre en cause et revoir la copie, c’est sans sourciller que Hermann Yaméogo rejette le tort sur ses adversaires politiques : "Beaucoup d’autres coups fourrés sont programmés pour tenter de m’affaiblir et décrédibiliser le parti..." a-t-il confié à notre confrère Le Pays. Comme d’habitude c’est toujours le fait de tiers.

Pourtant, accepter se remettre en cause et chercher les racines "du mal" de son côté pourrait être salutaire pour l’homme politique dit avisé qu’il est. Affirmer aujourd’hui que les défections au sein de son parti n’ont aucune incidence sur l’opinion ni sur l’électorat, c’est se voiler la face. Ces défections ne font que mettre à jour la nature même du président du parti et le risque que courent les Burkinabè si toutefois Hermann Yaméogo se retrouvait par magie à la tête de ce pays.

Après s’être fait "décagnoter" à l’ADF/RDA, "désavouer" par son frère consanguin Salvador Yaméogo, Hermann Yaméogo est abandonné aujourd’hui par la tête pensante de son parti l’UNDD. Est-il victime de ses propres turpitudes ? A chacun de tirer ses propres conclusions.

Jules Rober ILBOUDO
L’Hebdo

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