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Burkina nouveau : avant qu’elle s’en aille…avant qu’il n’arrive

Publié le lundi 28 décembre 2015 à 07h00min

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Burkina nouveau : avant qu’elle s’en aille…avant qu’il n’arrive

Voici l’année 2015 qui s’achève et avec elle la Transition politique, en cours au Burkina Faso depuis le mois de novembre 2014. L’année 2016 qui s’annonce à l’horizon est annonciatrice de nouvelles perspectives pour le pays des hommes intègres et de fortes aspirations du peuple pour un renouveau dans la conduite des affaires de la cité.

Entre 2015 qui s’en va et 2016 qui s’avance d’une part, entre le pouvoir de la Transition qui passe la main et le nouveau pouvoir qui prend pied d’autre part, il me parait opportun de partager publiquement mon opinion sur la vie de mon pays.

Mon regard sur a Transition

Au lendemain de l’insurrection populaire d’octobre 2014, le Burkina Faso s’est lancé avec beaucoup d’incertitudes dans une gestion de l’après COMPAORE. La transition politique mise en place à cet effet, avait, entre autres, pour principales missions d’assurer la stabilité et la sécurité du pays, d’assurer le fonctionnement des institutions de l’Etat, de redonner courage et confiance aux populations, d’organiser des élections libres, transparentes, acceptables et acceptées de tous. Le Président de la Transition, Michel KAFANDO résumait tout ceci dans la formule « tracer les sillons ».

Après un peu plus d’une année de conduite des affaires publiques, nous pouvons retenir que le pouvoir de la Transition a réussi à poser certains actes forts, qui, s’ils sont consolidés de façon intelligente, peuvent permettre au Burkina Faso d’avancer dans le sens des aspirations du peuple. Tout d’abord, il est indéniable de reconnaitre à la Transition la prouesse qu’elle a eu de maintenir le pays des hommes intègres dans la paix et la stabilité, en dépit des actions de diverse nature pour donner raison à tous ceux qui prédisaient le chaos sans le Président COMPAORE.

Ensuite, ce que la Transition a réussi également de remarquable, est le respect du délai à lui imparti par la Charte de la transition. Dans ce laps de temps, la Transition a osé relancer certains dossiers pendants et très sensibles comme ceux de Thomas SANKARA et de Norbert ZONGO ; a posé les jalons de l’indépendance de la justice, avec le changement de présidence au niveau du Conseil supérieur de la magistrature ; a offert une vraie opportunité de réforme de l’armée avec le démantèlement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

Enfin, le point culminant de la réussite du pouvoir de la Transition est sans conteste l’organisation plus que réussie des élections présidentielle et législative du 29 octobre 2015. Une réussite des élections dont le rayonnement va au-delà du Burkina Faso et donne de l’espoir à tout le continent africain.

Mais à côté de ses réussites de la Transition, il est de bon aloi de reconnaitre que de nombreux points d’insuffisances et d’insatisfactions sont restés au bon milieu de ses actions. On peut par exemple énumérer l’absence de justice pour les martyrs de l’insurrection et du putsch ; la prise en charge mitigée et tardive des blessés et ayant droit de l’insurrection et du putsch ; la faible visibilité des résultats de sa volonté de lutter contre la corruption et la mal gouvernance, la non adoption d’une nouvelle Constitution.

En définitive, l’on peut tout de même admettre que les responsables de la Transition se sont battus comme de beaux diables pour maintenir le pays à flot. Pour ces « néophytes » de la gestion du pouvoir d’Etat, le coup d’essai a été véritablement un coup de maître. Ceci, je tenais à le dire avant qu’elle ne parte…

Mon espérance pour le Burkina post-transition

C’est une honnêteté de reconnaitre que lorsque l’on écoute certaines personnes par rapport aux résultats de l’élection présidentielle du 29 novembre 2015, il se révèle comme une sorte de déception ou un coût d’inachevé en lien avec leur soif de changement. Ce sentiment qui peut être perçu comme légitime dans les moments d’émotions, doit de mon point de vue, faire de plus en plus place à la réalité et à la lucidité.

Cette réalité et cette lucidité voudraient que l’on se rende à l’évidence que le peuple burkinabè dans sa majorité (53,46%) a confié pour les cinq prochaines années la direction du pays à Monsieur Rock Marc Christian KABORE et que son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) s’en sort avec une majorité relative (55/127) à l’Assemblée nationale.

A partir de cet instant, il appartient à chaque citoyen burkinabè de se mobiliser en termes d’ardeur au travail, d’intelligence, de patriotisme, de prière et d’esprit de tolérance pour la réalisation des aspirations du peuple. Parce que les défis auxquels le Burkina Faso tout entier est confronté (et non l’exécutif seulement comme le pense certains) sont énormes : le chômage des jeunes, la relance de l’activité économique, la lutte contre la corruption, la justice, l’énergie et l’eau, la sécurité et la lutte contre la menace terroriste, la réconciliation nationale, etc.

Ces défis qui sont ceux d’une nation et non d’un individu, fut-il Président du Faso, appellent tout un chacun à l’action…à l’action positive pour la patrie. C’est dans ce sens que j’ai espoir que :
-  le nouvel exécutif, avec à sa tête le Président Rock Marc Christian KABORE saura marquer une rupture d’avec les pratiques du passé et s’orienter résolument vers la réalisation des aspirations profondes du peuple Burkinabè. Gageons que certains acteurs de cet exécutif feront leur mue et que leur côté « révolutionnaire » reprendra le dessus ;
-  les partis politiques qui ne feront pas partie de l’exécutif, joueront pleinement leur rôle dans une opposition républicaine et constructive. L’intérêt national devant être placé au-dessus de toutes considérations personnelles ou partisanes ;
-  les citoyens s’engageront davantage pour la réalisation d’actions au bénéfice de la communauté et de la nation. Cet engagement citoyen devra se manifester à travers leur mobilisation au sein des Organisations de la société civile et des Organisations syndicales pour la défense des causes justes et profitables au plus grand nombre. L’histoire récente de notre pays, nous a démontré de façon éloquente que les citoyens, plus que les politiques, sont les véritables moteurs des changements sociaux. Alors ne dormons pas, sinon le réveil risque d’être, au mieux douloureux… Avant que le nouveau pouvoir n’arrive, je tenais également à le dire.

En cette étape de tous les possibles pour le Burkina Faso, il appartient à chacun des acteurs de la vie nationale de prendre la pleine mesure de la situation et d’agir de façon intelligente et patriotique pour laisser autre chose que de la fumée derrière lui.

Bonne année 2016 à tous

Vive le Burkina Faso

Louomiapy KINI (kinifilho@yahoo.fr)
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Vos commentaires

  • Le 28 décembre 2015 à 11:50, par Maam La Wooto En réponse à : Burkina nouveau : avant qu’elle s’en aille…avant qu’il n’arrive

    Pardon, les électeurs. La population qui est plus de17.000.000,a t-elle voté ? Hé parlons peu...

  • Le 28 décembre 2015 à 11:51, par Maam La Wooto En réponse à : Burkina nouveau : avant qu’elle s’en aille…avant qu’il n’arrive

    Pardon, les électeurs. La population qui est plus de17.000.000,a t-elle voté ? Hé parlons peu...

  • Le 28 décembre 2015 à 13:55, par éteincelle En réponse à : Burkina nouveau : avant qu’elle s’en aille…avant qu’il n’arrive

    Internaute n°1 Maam la wooto.Ce nom est dans une manchette de notre regrtté Gandaogo national, George Ouédraogo,un monsieur qui aime cracher des vérités. Si vous portez ce surnom ayez le courage d’être véridique comme lui . A moins que votre horizon culturel ne soit très limité. Vous palez de 17 millions de Burkinabè . Ignorez vous qu’il ne suffit d’être burkinabè pour voter ? Les burkinabè qui ont au moins 18 ans sont ceux là qui ont eu droit à s’inscrire et à voter. Tout au plus vous pouvez déplorer que peu effectivement de ceux qui avaient le droit de voter ont daigné d’accomplir cet acte citoyen.C’est un droit et non un devoir. On n’est pas obligé d’exercer un droit.Dans tous les pays du monde excepté quelques uns on n’est pas obligé d’aller voter. Mais alors dans ce cas ,souffrez que ceux qui acceptent aller voter choisissent pour eux même et du même coup pour vous même. C’est ça la démocratie en Afrique et ailleurs. Mais voter n’est pas une fin en soi .Avant et après le vote le pays vit et il a besoin de tout le monde pour construire ce dont a besoin.Puisque Dieu nous élever pour que nous comprennions que le pays est au dessus de tout. fraternellement à vous

  • Le 28 décembre 2015 à 14:12, par Lota En réponse à : Burkina nouveau : avant qu’elle s’en aille…avant qu’il n’arrive

    c’est quand même une bonne analyse. ESPÉRONS RÉELLEMENT QUE PLUS RIEN NE SOIT COMME AVANT

  • Le 28 décembre 2015 à 14:26, par Lassané En réponse à : Burkina nouveau : avant qu’elle s’en aille…avant qu’il n’arrive

    Bien dit.
    Tant le peuple a intérêt à rester en état de veille, tant les nouvelles autorités ont intérêt à travailler pour l’intérêt de tous. A chacun de jouer pleinement son rôle selon la position que l’on occupe et tout ira mieux pour tous.
    Bon vent à tous.

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