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Criquets dans l’Ouest du Burkina : Un pèlerinage au mauvais moment

Publié le mardi 19 avril 2005 à 07h26min

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A peine le traumatisme de l’invasion acridienne de la saison agricole 2004-2005 a-t-il pris fin que les criquets se rappellent à nouveau à notre souvenir.

En effet, par un communiqué de presse diffusé le week-end dernier, le ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH) "porte à la connaissance du peuple burkinabè et plus particulièrement les populations de la Région des Haut-Bassins, des Cascades et de la Boucle du Mouhoun de l’apparition très prématurée des criquets pèlerins dans notre pays en provenance du Mali".

N’eût été cette précision du ministère sur la nature des criquets, il y en a qui auraient cru à de simples criquets ayant la particularité d’apparaître en saison sèche. Cette apparition, à en croire les anciens, ne causait point de soucis, vu que les criquets ne constituaient aucune menace particulière. Bien au contraire, elle constituait un apport alimentaire pendant la période de soudure pour les populations qui se mettaient à les chasser à l’aide du feu.

Mais les spécialistes sont formels : il s’agit de criquets pèlerins susceptibles de menacer les cultures de saison sèche. Et là, il y a de quoi avoir peur. Comme si le déficit céréalier ne suffisait pas, voilà des criquets qui envahissent le pays à cette période cruciale. La situation est grave et mérite d’être prise très au sérieux.

Fort heureusement, et comme le mentionne le ministère dans son communiqué, "les dispositions sont déjà prises par le gouvernement pour faire face à ce fléau...". Reste maintenant à savoir quelles sont ces dispositions dès lors que l’on se remémore l’effet de surprise qui a caractérisé l’attitude du gouvernement lors de la dernière invasion acridienne.

Au regard de ce précédent, le tâtonnement ne doit plus être de mise cette fois. Les produits, en qualité et en quantité, ainsi que les moyens d’épandage (avions ou hélicoptères) ne doivent pas faire défaut. La leçon semble avoir été tirée de la dernière invasion avec l’alerte donnée par le ministère à travers son communiqué.

C’est un signe encourageant que le gouvernement ait paré à toute éventualité et qu’il n’entende pas se laisser surprendre cette fois. Toutefois, et pour plus d’efficacité, la préparation doit dépasser les frontières des seuls Etats et s’étendre à la région sahélienne coutumière de ces invasions. Il y a lieu donc que la lutte soit menée de façon coordonnée au niveau des pays sahéliens.

Si cela avait été effectif, l’Ouest du Burkina n’aurait sans doute pas été envahi par les criquets parce que l’information de leur présence au Mali aurait été rapidement diffusée et le Burkina leur aurait rapidement barré la route. Le rôle primordial d’une structure comme le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) - il y en a qui préconisent l’ajout de la lutte contre les criquets dans son sigle - apparaît ici.

En effet, à travers ses centres spécialisés comme celui de Niamey (AGHRYMET), cette structure sous-régionale peut prévenir ce genre de situation et, s’il y a lieu, préparer la riposte. Il n’est un secret pour personne que pour que tout cela soit efficace, il faut que les informations circulent bien. En ce moment, chaque pays est sur ses gardes.

Mais le CILSS a-t-il les moyens de ses ambitions ? C’est une question qui mérite bien d’être posée si l’on sait que la plupart des organismes créés çà et là sur le continent africain souffrent d’un mal congénital qui est celui des arriérés de cotisation des Etats membres. Pourtant, ce qui a prévalu à leur création, devrait amener les Etats à mettre un point d’honneur à honorer leurs engagements, à ne point laisser ces organismes vivoter ou tout simplement mourir.

La lutte contre la sécheresse est, pensons-nous, une cause noble parce que si elle n’était pas menée, ce serait toute une bonne partie du continent africain qui serait condamnée à disparaître. En mettant en place le CILSS, les pays sahéliens se sont donné la main pour faire face ainsi à la sécheresse et à son corollaire, la famine.

Indiscutablement, c’est dans une solidarité agissante que les pays pourront faire face à ces phénomènes naturels. Sinon le quotidien de leurs peuples, qui ne sont pas gâtés par la nature, sera toujours fait de sécheresse, de déficit céréalier, de famine.

Le Pays

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