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Si la FILO m’était contée !

Publié le mardi 15 décembre 2015 à 01h18min

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Si la FILO m’était contée !

Depuis sa création, la Foire Internationale du Livre de Ouagadougou (FILO) ne cesse d’égrener les éditions malgré les nombreuses difficultés rencontrées dans la sphère littéraire burkinabé. Même si jusqu’à présent le livre tarde à entrer dans les habitudes des burkinabé, on peu se féliciter tout de même des efforts menés par les acteurs de la FILO au fil des années en vue d’offrir à la littérature ses lettres de noblesse.

À l’origine désignée sous l’appellation « lire en fête », la FILO verra le jour en 2000. Elle est née de la volonté de deux entités : le ministère en charge de la culture et l’Association des Éditeurs du Burkina Faso (ASSEDIF). Certes, les deux structures nourrissaient la même ambition. Celle de contribuer à l’émergence de la littérature dans notre pays. Et elles n’avaient pas trouvé mieux qu’une telle initiative pour promouvoir le secteur du livre au Burkina Faso. Un secteur ô combien riche mais malheureusement très peu exploité, voire même inexploité. Fort heureusement, les efforts du ministère en charge de la culture et de l’ASSEDIF se verront couronnés d’un succès total nonobstant quelques difficultés. En témoigne la réussite de la première édition.

Tenue du 21 au 25 novembre 2000 dans le cadre enchanteur de l’Hôtel Indépendance, la FILO a évolué autour du thème suivant : « Édition et industrie du livre ». Son organisation fut d’ailleurs placée sous le parrainage des ministères des Arts et de la Culture, des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation et avec la collaboration de l’ASSEDIF ainsi que de l’Association Découvertes du Burkina. Cette première édition bénéficia du soutien financier de partenaires internationaux et le PSIC (Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles).

Ajoutons à cela, une autre action non des moindres qui aura contribué à donner à la FILO ses lettres de noblesse. Il s’agit de la détermination du ministre en charge de la culture de l’époque, son excellence Mr Mahamoudou Ouédraogo. Ce dernier a su donner de la voix à l’ouverture de cette première édition, exhortant tous les acteurs intervenant dans le domaine du livre à conjuguer leurs efforts pour faire de Ouagadougou un carrefour d’échanges fructueux autour du secteur du livre. Toute chose qui pourra lui permettre de sortir de l’ornière. Bien entendu, Mahamoudou Ouédraogo aura été l’homme qui a impulsé son dynamisme à la FILO et lui a permis de gravir aisément les échelons futurs. Il n’y a pas que le secteur du livre, la culture dans son ensemble a connu un boom total sous sa direction.
Pour revenir à la FILO, la seconde édition réalisée l’année suivante, précisément du 24 au 29 novembre 2001 a connu une grande mobilisation tant au niveau des exposants nationaux et étrangers, qu’au niveau des visiteurs. Environ 7.500 visiteurs enregistrés. La jeunesse aura été celle qui a marqué le plus sa présence dans cette cérémonie, témoignant ainsi tout son attachement à la chose littéraire.
L’ascension de la FILO se poursuivra à la 3ème édition tenue du 23 au 29 novembre 2002 sous la présence effective d’invités de marque venus des contrées lointaines comme la Tunisie, l’Europe et le Canada. Plus de 13 000 visiteurs ont pris d’assaut l’aire d’exposition occupée par une trentaine d’exposants tous azimuts. Quant au thème, il visait la réflexion sur l’avenir de la FILO.
On peut dire sans se tromper que cette réflexion a permis de maintenir plus haut la flamme de la FILO à travers la 4ème édition. Tenue du 22 au 27 novembre 2003, cette 4ème édition de la FILO s’est penchée sur le thème suivant : « le livre et l’éducation ». Tout en mettant l’accent sur le renforcement des actions en faveur de la jeunesse.
Voilà qu’en 2004 cette marque grandissante de la FILO va se traduire par des actes concrets à travers sa 5ème édition organisée du 17 au 23 novembre. Le premier fait marquant est la délocalisation de la manifestation au sein de la maison du peuple pour des raisons de travaux de rénovation de son ancien site. Le second fait marquant est que cette 5ème édition de la FILO s’est déroulée dans la semaine précédent le Xe Sommet des chefs d’États de la francophonie tenu à Ouagadougou du 23 au 27 novembre. À cette occasion, la FILO a eu l’honneur d’être associée au forum des écrivains et intellectuels francophones ainsi qu’au Prix littéraire des cinq continents organisé par l’Agence intergouvernementale de la francophonie. Toute chose qui a apporté une plus-value à la maturité de la FILO et favorisé son ouverture sur le plan international.

Organisée du 23 au 28 novembre 2006, la 6 ème foire du livre ouvrira donc ses portes toujours à la maison du peuple sur un thème particulier : « littérature burkinabé : bilan et perspective ». Il s’agira de faire le point sur les acquis déjà engrangés de cette manifestation et jeter les bases du futur. Voilà pourquoi cette édition sera marquée d’intenses activités. Outre l’exposition-vente du livre, on enregistrera aussi des conférences, des dédicaces, des concours littéraires, une table ronde autour de l’édition, de la diffusion et de la distribution du livre, etc. Un hommage particulier sera rendu au cours de cette 6 ème foire à feu Léopold Sédar Senghor, l’un des pères fondateurs de la négritude. L’esprit de cet illustre poète et écrivain du monde francophone noir planera donc sur la manifestation à travers un panel de spécialistes planchant sur ses œuvres ou encore la nuit consacrée exclusivement en sa mémoire.

L’année 2007 sera marquée par le retour de la FILO dans sa case de départ. C’est-à-dire que la 7 ème édition de la foire va se dérouler encore dans le cadre enchanteur de l’Hôtel Indépendance, lieu qu’elle avait abandonné aux premières heures de sa création. Toujours est-il que la manifestation ne faiblira pas d’idées, encore moins de créativités. Mieux, le thème de cette édition « littérature pour la jeunesse » va s’interroger sur la place du public jeune au sein de cet évènement d’envergure qu’est la FILO. Car la jeunesse n’a pas cessé de manifester son engouement total vis-à-vis de cette cérémonie depuis sa création. Et puis, il faut reconnaître que l’avenir du livre repose avant tout et surtout sur la jeune génération à laquelle il faut cultiver le goût de la lecture. N’a-t-on pas coutume de dire que l’habitude vient en mangeant. Aussi, il n’y a pas meilleure façon de rendre le livre plus utile que de l’intégrer dans nos mœurs dès le bas âge.

Ce thème fort inépuisable va susciter un tel intérêt que les organisateurs vont devoir le ramener à la 8 ème édition de la FILO afin d’approfondir leur réflexion sur cette épineuse question de la littérature pour l’enfance et la jeunesse. Certes, il y sera aussi question du professionnalisme de la chose littéraire mené autour de débats et d’échanges en vue d’aboutir à la spécialisation du contenu de la manifestation, voire la possibilité de transformer la foire en un salon du livre dans les prochaines éditions. Rappelons que cette 8 ème édition de la FILO s’est tenue du 18 au 24 novembre 2008 sur le site du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), qui plus est au pavillon du soleil levant. Un nom qui porte tout son sens au regard de l’évolution et des perspectives envisagées par la FILO. Comme en 2006, cette édition sera aussi l’occasion de rendre un vibrant hommage à Aimé CÉSAIRE, le chantre de la Négritude décédé le 17 avril 2008. D’où le thème de la FILO : « la rémanence africaine dans la littérature antillaise et caribéenne ». Un choix que le Ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Son Excellence Mr Filipe Savadogo a justifié en ces termes : « En effet, Aimé CESAIRE, Léopold Sédar SENGHOR, Léon Gontran DAMAS sont les principaux acteurs qui ont milité pour la reconnaissance de l’identité de l’homme noir ». Et ce dernier d’ajouter que « la foire est une promenade d’esprit et se doit d’être pérenne ». Toute chose qui va l’amener à la doter d’un secrétariat exécutif à l’image des autres grandes manifestations du pays comme le FESPACO, LE SIAO et le SITHO. On n’oubliera pas également cette autre proposition non des moindres du Ministre Savadogo, à savoir l’amorce d’une politique nationale du livre visant la mise en place du fonds d’aide à l’édition. Outre les conférences débats, les dédicaces et les expositions traditionnelles, l’occasion a été aussi donnée de célébrer au cours de cette 8 ème édition un défilé de mode exposant des créations antillaises. La cérémonie s’est achevée sur la note satisfaisante de la décoration de sept hommes et femmes de lettres dont un à titre posthume. Il s’agissait bien entendu de la personne de l’illustre écrivain disparu, Aimé Césaire. Les récipiendaires sont Jacques Prospère BAZIE, Jean-Pierre GUINGANE, Amadou Achille BOUROU, Irène TASSEMBEDO tous faits Officiers de l’Ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication et Mme Jacqueline KI-ZERBO, Mme Abzèta Sana alias Adissa SANOUSSI distingués Chevaliers de l’Ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication ainsi que M. Aimé CESAIRE à titre posthume.
Sans doute parce que l’initiative des décorations semblait-elle belle, en tout cas la 9ème édition de la FILO plutôt que d’attendre la fin comme la précédente, procédera dès son ouverture officielle à la poursuite du cérémonial de décoration de certains acteurs du monde littéraire. L’un d’eux est le parrain de cette 9ème édition, l’écrivain guinéen Thierno Monémembo. Ce dernier dédiera tout simplement sa médaille « aux femmes et enfants violées en Guinée Conakry » lors de la manifestation du 28 septembre 2009. Débutée le 26 novembre 2009 en présence de nombreux écrivains burkinabé et africains, la 9ème édition de la FILO est placée sous le thème « littérature africaine au 21ème siècle » et s’est déroulée sur l’aire du SIAO autour de diverses activités dont une exposition-vente de livres, des conférences, des concours, des séances de dédicaces et un atelier d’écriture. L’occasion a été donnée au Ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Mr Philipe Savadogo, de faire un arrêt à travers le thème du jour pour « évaluer le chemin parcouru et asseoir les bases » en vue de pallier au développement de la littérature. Il a par ailleurs préconisé qu’à chaque édition de la FILO qu’il y ait une vitrine spéciale sur l’édition et la culture d’un pays africain. Cette initiative vient du fait que la 9ème édition de la FILO a vu la forte participation d’une délégation d’écrivains algériens dont le pays a reçu l’invitation en tant qu’hôte d’honneur. Le Ministre Philipe Savadogo, en conclusion, dira que « investir dans le livre c’est avant tout investir dans l’homme et la femme, et investir dans l’humain, c’est investir dans le développement ».
La 10ème édition de la FILO sera consacrée à la première expérience de la cérémonie rebaptisée Salon International du Livre de Ouagadougou (SILO) en 2010. Malheureusement cette expérience n’aura duré que le temps d’une édition.
La 11ème édition de la FILO ouvrira ses portes dans un contexte marqué par la disparition de l’illustre homme de lettres, Jean-Pierre GUINGANE, fondateur du théâtre de la fraternité décédé en janvier 2011. Toujours implanté sur le site du SIAO, la FILO, en sa 11ème édition, entend mener la réflexion autour du thème suivant : « livre, lecture publique et défis de développement ». Elle recevra comme pays d’honneur, la Côte-d’Ivoire venue avec une forte délégation conduite par le Ministre de la Culture et de la Francophonie, Mr Maurice Bandama. Pour ce dernier, après avoir salué l’exemplarité des liens de fraternité et d’amitié entre son pays et le Burkina Faso, il laissera entendre que « Le secteur du livre de Côte d’ivoire en dépit des problèmes liés à la récession économique mondiale et au contexte politique ivoirien fort heurté de ces dernières années est l’un des plus performants de notre continent ». En outre, cette cérémonie est parrainée par le Directeur Général de la Banque Régionale de Solidarité, Mr Karim Koné qui affirmera à son tour que « le livre est le témoin privilégié de la pensée humaine ». Il déplore cependant qu’avec l’apparition de l’Internet la jeunesse ait divorcé d’avec le livre qu’elle trouve dépassé et l’a ainsi abandonné aux oubliettes. Toute chose qui conduira à placer au menu des concertations entre auteurs, éditeurs, libraires et le grand public, l’épineuse équation du financement du livre. Concernant le thème de cette 11ème édition de la FILO, le Ministre de la Culture et du Tourisme, Mr Baba Hama, fera savoir à l’ouverture de la cérémonie que l’édition 2012 vise à réaffirmer la place prépondérante qu’occupe la culture dans un pays. Car dira-t-il, « L’industrie culturelle peut apporter une plus-value dans le produit intérieur brut d’un pays. » Cette édition sera également rehaussée par la présence d’un invité d’honneur, en la personne de Bernadette DAO/SANOU. Illustre femme pionnière de lettres burkinabé, elle est désignée comme invitée d’honneur de la FILO 2012. C’est en toute modestie que cette dame au grand cœur illuminera de sa présence la cérémonie non sans exhorter à la lecture pour les jeunes dont elle a fait son cheval de bataille.

Sans doute l’appel est entendu à la 12ème édition de la FILO qui se tiendra sous le thème : « Édition et diffusion du livre scolaire au Burkina Faso : état des lieux et perspectives ». Placée sous la présidence du Ministre de la Culture et du Tourisme, Mr Baba Hama et sous les parrainages des ministres de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, des Enseignements secondaire et supérieur, et celui de la Recherche scientifique et de l’Innovation, la cérémonie s’est déroulée du 26 au 30 novembre 2013 au SIAO. Ce thème, indiquera le président du comité d’organisation, Jean-Claude Dioma, « met en exergue la relation entre le livre et l’école, tout en levant les préoccupations de l’impression ». Cette 12ème édition de la FILO connaîtra également la participation d’un certain nombre de pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo. Elle sera aussi l’occasion pour rendre un vibrant hommage à l’écrivain nigérian Chinua Achebe. Enfin, la 12ème édition de la FILO prendra fin sous la signature conjointe d’un protocole d’accord entre les quatre ministères, à savoir les ministères de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, des Enseignements secondaire et supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation et celui de la Culture et du Tourisme qui se doivent dorénavant d’organiser conjointement la FILO ramenée à chaque 2 ans au lieu d’un.

Armand OUEDRAOGO
Alias Alex YAMBA
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