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Médias burkinabè : Le CSI appelle à plus de professionnalisme

Publié le vendredi 15 avril 2005 à 07h10min

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Le président du Conseil supérieur de l’Information (CSI), M. Luc Adolphe Tiao a échangé à bâtons rompus avec les responsables des organes de presse burkinabè et ceux des organisations de journalistes. C’était dans la matinée du jeudi 14 avril 2005 au siège de l’institution en présence de tous ses collaborateurs.

La rencontre d’hier 14 avril 2005 entre le président du Conseil supérieur de l’Information (CSI) et les responsables des médias privés et publics ainsi que ceux des organisations professionnelles de l’information a tourné autour de trois points. Il s’est agi de la question du traitement de l’actualité politique liée aux futures élections, le respect des principes d’éthique et de déontologie et des crises qui affectent le secteur des médias.

La rencontre d’une heure a été l’occasion pour le président du CSI, M. Luc Adolphe Tiao, d’interpeller la presse burkinabè sur un certain nombre de manquements. Mais avant, il a salué le fait que déjà, les médias focalisent leur agenda sur les élections prochaines. Le travail des médias privés qui ouvrent leurs colonnes et leurs antennes à toutes les sensibilités politiques du pays, a été positivement apprécié par M. Tiao.

Même s’il a souhaité que des articles de fond et des émissions de haut niveau soient initiés pour mieux situer les électeurs potentiels. Les médias publics n’ont pas été en reste des félicitations du président du CSI ", de ce que les activités des partis de l’opposition reçoivent de plus en plus leur couverture médiatique". Toutefois, il a estimé que les responsables de ces médias devront adopter une attitude qui rassure tous les acteurs quant à leur impartialité dans la couverture des événements"’.

Sur ce point précis, la radiodiffusion et la télévision nationales ont été invitées à faire des efforts pour que toutes les sensibilités politiques nationales bénéficient des mêmes égads dans la couverture de leurs activités. Dans la lancée, M. Luc Adolphe Tiao a répondu à ceux qui reprochent au CSI un "silence" devant la couverture médiatique par les médias publics, " d’activités déguisées en propagande électorale en faveur de Blaise Compaoré", en prélude à la présidentielle de novembre prochain. "La stricte réglementation de la couverture des activités politiques se fait durant les campagnes électorales", a rappelé M. Tiao.

Et pendant cette période, a-t-il martelé, le CSI est strict sur le principe de l’égal accès aux médias publics. Le Conseil, a-t-il expliqué, recommande conformément à la loi, le respect du pluralisme et de l’équilibre de l’information. Ce qui signifie à son avis que "le CSI ne peut pas empêcher les médias de couvrir des activités politiques liées aux futures élections dès lors que celles-ci n’enfreignent pas la loi", a affirmé le président Tiao.

Les " dérives " des médias burkinabè

Du point de vue de l’éthique et de la déontologie, le CSI constate malheureusement qu’"il y a un manque de professionnalisme dans le traitement de l’information dans certains journaux". Cela, selon Luc Adolphe Tiao, se manifeste à travers des accusations souvent infondées contre des citoyens ou des institutions, la place prépondérante faite à la rumeur dans les colonnes de certains journaux, la non vérification de certaines informations publiées, la propension à salir la réputation d’hommes publics et d’honnêtes citoyens.

Des exemples, M. Tiao en a pris sur l’affaire Norbert Zongo où certains journaux se livrent à des spéculations sans fondements qui ne font qu’aggraver les rancœurs. La publication par des journaux de la photo de Feu Oumarou Clément Ouédraogo, baignant dans son sang, a également été dénoncée par le Conseil supérieur de l’Information.

S’agissant du troisième point à l’ordre du jour de la rencontre, Luc Adolphe Tiao a expliqué les crises dans certaines entreprises de presse burkinabè par "le flou qui entoure souvent la gestion et le statut de celles-ci". Il reste convaincu en revanche que la convention collective, actuellement sur de bons rails, pourra aider à éviter ces situations. Son souhait est par ailleurs de voir des dispositions prises pour assurer la sécurité des journalistes sur leurs lieux de reportage, surtout en cette année électorale.

C’est sur ce souhait "pressant" que le président du CSI a donné la parole aux responsables des organes de presse et à ceux des associations des journalistes pour réagir.

Des journaux sont vendus à perte

Le directeur général des Editions Sidwaya, M. Michel Ouédraogo s’est jeté le premier à l’eau. D’entrée de jeu, Michel Ouédraogo a exrpimé une préoccupation relative à la conduite à tenir dans une situation où le parti majoritaire organise plus d’activités et l’opposition, très peu. En guise de réponse, le président du CSI a d’abord félicité Sidwaya pour son ascension avant de préciser que "le déséquilibre de l’information concerne moins Sidwaya que d’autres médias". Toutefois, il a dit que des initiatives peuvent être développées par les médias publics pour ne pas donner l’impression d’être partisans.

Le DG des Editions Sidwaya est revenu à la charge avec les pertes financières qu’il est obligé de subir. Le coût très élevé de la production du journal et le prix très bas de la vente entraîne un manque à gagner annuel de 441 612 000 FCFA, a indiqué Michel Ouédraogo. Face à ce contraste qui, selon les témoignages, est propre à la presse écrite, il a proposé l’instauration d’un système de péréquation au profit de ces médias.

Aussi a-t-il demandé un appui plus conséquent pour la couverture des élections qui crève énormément le budget de son entreprise. Des propositions dont Luc Adolphe Tiao a reconnu la pertinence.

Le DG des Editions Le Pays, Boureima Sigué pour sa part, s’est intéressé à la suite donnée aux manquements relevés par le CSI. Des sanctions pour les prochaines fois, a répondu en substance M. Tiao. D’autres problèmes ont été soulevés. Et tous les intervenants sont restés unanimes avec Michel Ouédraogo de la nécessité d’organiser une rencontre tripartite entre le CSI les organes de presse et les partis politiques. Chose que le président du CSI a promis dans l’optique de faire disparaître les nombreux préjugés sur des médias.

Alassane KARAMA
Sidwaya

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