« Le principal souci du Fonds de développement de l’électrification (FDE), c’est bien celle de la gestion des COOPEL. Si certaines COOPEL constituent des modèles de gestion à expérimenter, à étendre dans d’autres localités, d’autres n’en constituent pas moins le contraire. Dans ce sens, l’essentiel des missions d’inspection et d’audit commanditées aboutissent aux conclusions récurrentes suivantes : cumul de factures impayées à la SONABEL, cumul de factures impayées aux fermiers, soupçons de détournements de fonds par les dirigeants des COOPEL, détournements de fonds par des agents de fermiers, non tenue des états financiers, nombre très bas des abonnés, non transmission des rapports de gestion », précise d’entrée le directeur général du FDE, Yacouba Camara.

Ces différentes récriminations entrainent, à chaque fois, le FDE sous le feu des projecteurs, au regard des conséquences qui en découlent. Qu’à cela ne tienne, le nombre de localités électrifiées par le FDE ne cesse de croitre. De 2010 à 2014 par exemple, on est passé de 47 à 180 localités, soit une augmentation de 283% en cinq ans. Il convient donc de développer de nouvelles stratégies pour une bonne gestion et un suivi efficace de ces localités électrifiées. Ce fut d’ailleurs l’une des recommandations du dernier Conseil d’administration extraordinaire tenu le 20 octobre 2015.

Pour réussir la mise en œuvre de ces nouvelles stratégies, l’accompagnement et la détermination des coopératives et de leur fédération en l’occurrence l’Union nationale des coopératives d’électricité (UNCOOPEL) est plus que nécessaire. « Il me plait de reconnaître le mérite qu’a eu la stratégie de regroupement des COOPEL par fermier mise en place en 2012 et qui a permis la réduction des factures et partant la baisse des charges d’exploitation, notamment dans les COOPEL des régions du Nord, du Centre-Est, de l’Est et de la Boucle du Mouhoun », note le directeur général du FDE. L’implémentation de cette vision stratégique a pour objectif de mutualiser les charges fixes et de minimiser les charges variables.

Mettre fin au ‘’laisser-aller’’

Mais, dans certaines COOPEL, il est constaté du ‘’laisser-aller’’ et du ‘’laisser-faire’’ avec pour principaux corollaires : des branchements parallèles, des possibilités pour les abonnés de négocier l’abattement de leurs factures, des paiements de factures dans des débits de boissons ; des abonnés cumulant plusieurs factures impayées sans être inquiétés de suspension de fourniture d’électricité…

Les préoccupations sont nombreuses. Et les participants attendent des réponses claires au cours de cette rencontre. Ces préoccupations sont entre autres : la suspension de fourniture d’électricité tous azimuts de certaines localités par la SONABEL, la fiscalité des COOPEL, la régularisation des contrats des fermiers intervenant sans contrat formel, la restructuration des réseaux de certaines COOPEL, la motivation des membres des COOPEL qui travaillent comme bénévoles, du nombre très réduit des abonnés dans certaines localités…
Sur les 180 COOPEL, moins de la moitié sont affiliées à l’UNCOOPEL. Pourtant, cette structure fédérative devrait apporter un appui technique et opérationnel aux petites COOPEL et à celles en difficultés. Cela se fera sans doute avec l’appui du FDE.
Tout en demandant au FDE de trouver des solutions pour les préoccupations sus-évoquées, Gabriel Ilboudo, le Président de l’UNCOOPEL appelle les populations à payer les factures. « Nous demandons aux populations de considérer les COOPEL comme une branche de la SONABEL puisque le FDE est le segment n°2 du ministère de l’énergie et des mines. Et nous avons la chance que les bailleurs de fonds font confiance au privé aujourd’hui », lance-t-il.
Cette rencontre de 48 heures permettra aux différentes parties d’accorder leurs violons sur la gestion de l’électrification rurale dans notre pays.

Moussa Diallo
Lefaso.net