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L’ère d’une gouvernance de VERITE : « Burkinabè, ton attitude change ta réalité et celle de ton pays »

Publié le mardi 10 novembre 2015 à 00h43min

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L’ère d’une gouvernance de VERITE : « Burkinabè, ton attitude change ta réalité et celle de ton pays »

Est-ce une naïveté de croire que le Burkina Faso, mon beau pays est en passe de devenir un fleuve tranquille rempli simplement d’eau ? En tout cas, je suis persuadé qu’il est incongru de s’aventurer de nouveau dans des turpitudes et autres intrigues politiciennes dissimulant des intérêts égoïstes face à un vaillant peuple qui vient de réussir un exploit historique dans la défense de sa République et qui entend exiger désormais plus de noblesse et d’éthique en politique.

L’on se souvient que c’est en réponse à l’appel de la Baule au multipartisme, à la liberté de la presse, à l’indépendance de la magistrature, le Burkina Faso, sous l’instigation du capitaine Blaise Compaoré s’était aussi vêtu de son nouvel uniforme produit, tissé et cousu à l’occidental. Pendant un quart de siècle nous avons eu droit à un simulacre de démocratie, une gouvernance politique d’inspiration machiavélique, dont le géniteur a savamment associé des ingrédients somme toute incompatibles pour l’édification d’un Etat de droit et l’enracinement d’une culture démocratique : la constitution, la kalachnikov et l’argent.

En effet, la constitution, un référentiel juridique de haute portée, pierre fondatrice d’un vivre ensemble dans une République multiculturelle et multilingue, dans une démocratie multipartiste et de pluralité d’opinions ; s’est curieusement révélée à l’épreuve du temps comme un simple décor d’un édifice présidentiel modifiable au bon vouloir du locataire. L’homme fort, arrivé au zénith de sa gloire et confiant de sa prééminence et de son indispensabilité a eu peu d’égard pour cette sagesse selon laquelle la grandeur d’un leader n’est nulle part que dans le respect de la parole donnée.

Ce sentiment de Toute-puissance s’est forgé, au fil des ans, grâce à un style de gouvernance politico-militaire qui ne s’offusquait aucunement de solder quelques fois des différends politiques par le crépitement des armes ; d’un autre côté un pouvoir financier qui appâtait une horde de politiciens distillant sans modération des louanges dignes de divinisation destinées à pervertir le pouvoir d’Etat en le personnifiant. Cette réalité a eu pour conséquence d’entrainer la société burkinabè dans un état profond de désintégration avec l’émergence d’une bourgeoisie d’Etat constituée d’une catégorie de personnes qui se la coulaient douce abandonnant le peuple réel sur le bas-côté de la chaussée. Certes, qu’il y’a des inégalités qui s’expliquent historiquement, mais celles auxquelles je fais allusion ont une source accidentelle, sans sueur et sans saveur se justifiant ni plus ni moins que par un usage abusif et déviant de l’appareil d’Etat ; une concussion qui a fait naître des burkinabè avec le pouvoir de se réaliser et d’autres avec la simple volonté de se réaliser. Mais fort heureusement « le soleil n’ignore pas un village parce qu’il est petit » et à force de persévérance et de courage, des burkinabè ont gagné leur vie dans la dignité et sans compromissions.

Aussi à force de persévérance et de courage, les burkinabè ont triomphé de l’imposture et de la trahison, refusant au prix d’énormes sacrifices que la Constitution, produit d’un consensus national, ne soit assujettie à la kalachnikov et à l’argent, en un mot à l’acharnement d’un homme et de son clan à assouvir leur désir de patrimonialisation du pouvoir.

Après l’insurrection, sonne la résurrection, une simple rhétorique pour signifier que ces années de lutte et de résistance, avec leur cortège de morts et de blessés mais aussi de victoires exaltantes et héroïques, interpellent d’ores et déjà notre conscience individuelle et collective sur ce qu’il faut pour la renaissance ? Pour le renouveau ? Pour la reconstruction ? Est-il d’une grande pertinence de consulter dame araignée, une de ces nombreuses divinités africaines investie du pouvoir d’annoncer à l’avance la couleur du temps pour comprendre ce que nous réserve l’ère post insurrectionnelle alors que nous saisissons les tenants et les aboutissants de notre insurrection, d’autre part nous sommes abondamment pourvus de quoi organiser sereinement notre vivre ensemble, de quoi extirper à jamais les démons de la guerre et des crises de tout genre.

D’abord une Constitution débarrassée de toutes les impuretés, de toutes les imprécisions et autres incohérences introduites à dessein pour garantir un pouvoir personnel et à vie. Une constitution pour le peuple et pour la démocratie, une Constitution qui fonde et nourrit les institutions de la République.

Un type de diplomatie qui permet au peuple de voir ses dirigeants se mouvoir partout dans le monde comme des écureuils sur un rocher scellant des alliances traditionnellement connues de tous (bilatérale et multilatérale) faites de liens d’amitiés et de libres échanges des produits et services qui ne représentent aucune menace pour les populations et pour les pays en relation, nous ne voulons plus de diplomatie « enturbannée », enracinée dans des réseaux occultes, parce que le peuple burkinabè veut vivre en sécurité et se sentir partie prenante de ce gigantesque chantier d’édification d’un village planétaire.

L’ère post insurrectionnelle appelle impérativement à une gouvernance de VERITE reposant fondamentalement sur trois piliers : la TRANSPARENCE, la REDEVABILITE et l’EQUITE. A vrai dire, ce type de gouvernance n’est pas nouveau au Burkina et pour les burkinabè, notre histoire politique récente nous édifie d’un modèle personnifié de gouvernance de vérité, voudrais-je évoquer cette époque de fusion patriotique entre un peuple et son leader, démystifiant la conception pyramidale ou représentative du pouvoir. Il s’appelait Thomas Sankara, celui-là dont l’œuvre a incontestablement inspiré les mouvements de lutte et de résistance populaire au cours de ces trois dernières décennies au Burkina Faso. Il avait remarquablement incarné cette pensée du leader communiste chinois qui disait que « pour gouverner, il faut accepter d’être le premier à se sacrifier quand il y’a des sacrifices à faire et le dernier à se servir quand il y’a quelque chose à se partager ». Sachant qu’un recours aux sources n’est pas un retour aux sources, nous pouvons en transcendant les clivages ou antagonismes idéologiques et sans dévier de notre trajectoire de démocratie et d’Etat de droit, conjuguer notre quête d’épanouissement et de bien-être avec certaines initiatives du leader de la révolution du 04 août 1983.

De toute évidence pour se désintoxiquer de ces 27 ans de mal gouvernance et répondre aux attentes et aspirations légitimes et pressantes du peuple insurgé, il va falloir une thérapie de choc, s’il le faut une sorte de chirurgie sans anesthésie pour ne pas se contenter de traiter une maladie sans soigner le malade car ce vaillant peuple a irréductiblement affiché sa volonté de reprendre en main son destin afin de bâtir à la hauteur de son génie et à la jeunesse de ses muscles l’avenir qu’il idéalise.

Mais peut-on construire pour l’avenir en se fondant sur des programmes politiques de résolution de problèmes et de satisfaction des besoins à la manière de MASLOW ; dommage que ce n’est pas demain la veille que le brouillard va se dissiper car comme de coutume à l’orée de ces campagnes électorales, encore des voix s’élèvent pour défendre des plates formes revendicatives sectorielles : gouverner par et pour la culture, gouverner par et pour l’agriculture, l’élevage, l’éducation, la santé, la jeunesse, et j’en passe. Alors qu’à l’analyse ces politiques controversées se sont avérées approximatives sinon infructueuses au point d’engager désormais les populations dans une solution de désespoir qu’on appelle RESILIENCE face aux adversités qui se multiplient et se diversifient et ce en dépit des efforts et des ressources investis pendant plus d’un demi siècle. Manifestement, cette option de résilience révèle à souhait la dimension d’improvisation qui submerge nos politiques de développement au détriment de la prévision et de l’anticipation.

Je dénonce cette résignation à la résilience qui nous tient indéniablement à mille lieux de l’émergence et selon toute vraisemblance précipite les prochaines générations dans un état de survie voire de chaos. Je milite ardemment pour une gouvernance portée par une VISION, convaincu qu’une société d’espérance n’est pas un vain mot, elle nait d’une vision comme l’étincelle nait du caillou. Je m’inscris en faveur de l’approche « Vision-Engagements-Actions » déjà expérimentée à petite échelle par certains acteurs pour susciter l’autopromotion communautaire en faisant émerger un leadership communautaire éclairé et dynamique. N’est ce pas d’ailleurs cette sagesse que nous a légué Pr Ki-Zerbo lorsqu’il déclarait « On ne développe pas on se développe ». Ce qui semble contraignant dans cette renaissance, c’est qu’elle exige de nos dirigeants et de tous les citoyens une nouvelle configuration mentale qui marque une rupture avec toute reproduction mécanique des savoirs ingurgités et des systèmes importés pour entrer, comme aime bien le dire Dr Boubacar LY, dans une logique de création et de transformation, dans une vitalité audacieuse de questionnements en vue d’accoucher des initiatives, des innovations, des alternatives qui aident à l’atteinte de l’OPTIMUM. 

Cette recherche de l’optimum qui transformera assurément le visage du Burkina Faso se fera en allant dans une dualité qui allie vertueusement l’attractivité pour les investissements privés et une administration publique forte, professionnelle et crédible.

Hier comme aujourd’hui nous avons prouvé que nous sommes capables du meilleur, mieux des choses les plus insoupçonnées en consentant le prix du sang pour la démocratie et la liberté, nous devrons au sortir des différents scrutins (présidentiel, législatif et municipal) en dépit de leurs schémas classiques majorité/opposition nous remobiliser pour une gouvernance d’unité en vue de remettre en marche notre pays, les vainqueurs tendant la main aux vaincus en référence à l’adage suivant : « T’accroupir devant le nain ne diminue en rien ta taille initiale »

De tout le temps et pour toujours nous devrons rester inébranlablement connecter au logiciel DIVIN par la foi et par les prières afin que la divine providence nous accompagne dans la reconstruction de notre maison commune le Burkina Faso qui s’est fissurée voire inclinée mais pas écroulée.

Boubacar CISSE
boubcis2015@gmail.com
70 37 80 61

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Vos commentaires

  • Le 10 novembre 2015 à 09:29, par BIKIENGA Prosper En réponse à : L’ère d’une gouvernance de VERITE : « Burkinabè, ton attitude change ta réalité et celle de ton pays »

    Heureusement que "le soleil n’ignore pas un village parce qu’il est petit". Bel article, bien argumenté qui dépeint sans complaisance la situation de notre pays. Au soir du 29 novembre 2015 le candidat que les Burkinabé éliront doit impérativement gouverner dans la VERITE, la TRANSPARENCE, la REDEVABILITE, l’EQUITE. L’article appelle à la RECONCILIATION, qui à mon avis est vraisemblablement le chemin par lequel nous construirons le Burkina Faso que nous voulons. Tous, nous devons nous donner la main. Enfin, la sage conclusion qui implore la providence divine qui a toujours veillé sur notre cher pays le Burkina Faso.

  • Le 10 novembre 2015 à 11:11, par Patoin En réponse à : L’ère d’une gouvernance de VERITE : « Burkinabè, ton attitude change ta réalité et celle de ton pays »

    Bravo Boubacar et merci d’avoir partagé cette belle inspiration qui traduit sincerement le contexte politico-social de notre cher pays.Comme il conclut, rester connecter en Dieu par la foi et les prieres est une oeuvre merveilleuse. Car malgré les luttes multiformes, les resistances, la bravoure et la perseverance de notre jeunesse etc. toutes les communautés religieuses priaient individuellement et parfois collectivement. Et ce n’est pas rien, ça pas été rien !!!
    Merci encore pour ta brillante contribution.

  • Le 10 novembre 2015 à 13:34, par BMF En réponse à : L’ère d’une gouvernance de VERITE : « Burkinabè, ton attitude change ta réalité et celle de ton pays »

    Monsieur CISSE,
    votre réflexion est digne d’intérêt parce qu’elle dénonce un modèle de gouvernance foncièrement mauvais au plan humain, culturel, économique et social. Ce modèle, c’est la "Gouvernance par la Démagogie". Cette attitude à promettre le "jardin d’Eden" tout en déresponsabilisant l’Homme face à son destin, que pourtant nul ne peut et ne pourra véritablement assumer à sa place ("on ne développe pas"). Elle promet, en échange de voix, une société où tout sera accessible ou disponible sans effort, sans rigueur et sans respect des conventions collectives. A l’image du "tu mangeras du tout sauf des fruits de cet arbre", se substitue le "tout est permis" d’une société amorale aux vicissitudes effroyables.

    Je suis d’accord avec vous que ce modèle d’une manière générale agonise sous tous les cieux à l’analyse des mobiles des mouvements sociaux qui appellent à réinventer (ou tout simplement à emprunter ?) une autre voix de gouvernance. La "Gouvernance en toute âme et conscience", dénuée de toute ruse et manipulation, de tout égoïsme et se donnant comme ligne directrice l’effort inlassable de repousser l’esprit d’accaparement des ressources et pouvoirs. Cette forme de gouvernance doit mettre de façon transparente la société et les individus qui la composent face leurs responsabilités dans le processus de construction de la société idéale. Les fruits se récoltent à la suite d’efforts consentis et personne ou groupe de personnes ne devraient être flattées qu’elles peuvent accéder à tout par la courte échelle (laxisme, prostitution intellectuelle, vol, ...) dans des conditions insultantes et révoltantes pour ceux qui veulent bâtir dignement leur vie.

    Cette "Gouvernance en toute âme et conscience" exige de la part des gouvernants de la probité pour incarner les valeurs qui doivent la nourrir (égalité des chances, justice, rigueur, effort, solidarité, équité dans la redistribution, ...). Je pense que les peuples n’en veulent pas à leurs dirigeants parce qu’ils se sont trompés dans leurs actions ou parce que tout simplement les conditions de vie sont difficiles. Quelque soit l’exemple de bonne gouvernance qu’on peut tirer de notre passé, on y trouvera toujours des erreurs, des faiblesses ou mêmes des tords. Ce qui compte, avant même leurs capacités à transformer les conditions de vie de leurs populations, ce sont leur sincérité dans la gestion de la chose publique, l’espoir qu’ils travaillent à rendre possible pour tous, le sentiment ou les conditions de justice et d’équité qu’ils restaurent ou créent, la dignité et la confiance responsabilisant qu’ils redonnent à chacun ou tout au moins à la majorité brimée dans la construction du bien- être.

    Une telle aspiration incompressible sonne le glas de la médiocrité et donc des politiciens (gouvernants) incapables de créer ou d’être les porteurs d’un "Savoir Etre" et d’un "Savoir Agir" ensemble soutenus par une justice et des valeurs morales dans lesquelles les individus ou organisations préservent leur identité. La démagogie et la manipulation sont devenues des voies sans issue et l’heure de la conversion/renaissance pour les anciens ou de l’innovation pour les nouveaux-nés est venue.

  • Le 10 novembre 2015 à 15:15, par Rasmané P. SAMNE En réponse à : L’ère d’une gouvernance de VERITE : « Burkinabè, ton attitude change ta réalité et celle de ton pays »

    Bel article mon frère. Par rapport à la gouvernance j’ai lu et rélu avec beaucoup d’intérêt le compte rendu du conseil des ministres du mercredi passé. Je suis resté bleu sur les marchés octroyés à hauteur de 7 milliards de nos francs. Pourquoi bleu ? Parceque lorsqu’on regarde de prês, rien n’est précis tout est déguisé et ça ressemble beaucoup à la fin de la transition nigérienne. Quelqu’un pourra t’il me faire comprendre qu’est ce qu’il entend par travaux dans les quartiers périphériques de Ouagadougou ? De quels quartiers on nous parle ? Je pense que le ministre a le devoir de nous dire de quels travaux il s’agit. Ce qui nous permettra de savoir si l’entreprise qui a pris le marché a bel et bien exécuté les travaux pour lesquels il y a eu autant de milliards. Il nous faudra pas venir gratter une route et dire que c’est 7 milliards. Alors monsieur le ministre le peuple veut savoir et sacher que le peuple vous regarde. Les ministres des transitions sont très souvent plus véreux que des pommes pourries.
    Si vous êtes cline alors expliquez nous ce que vous entendez par les travaux dans les périphéries de Ouagadougou. Quels sont les quartiers concernés ?

  • Le 10 novembre 2015 à 15:41 En réponse à : L’ère d’une gouvernance de VERITE : « Burkinabè, ton attitude change ta réalité et celle de ton pays »

    Enfin, nous sommes entrain d’entrer dans la vraie démocratie

    Le BURKINA deviendra un modèle pour les autres nations.
    Surtout reviser toujours la constitution pour un partage équitable et non cumulé des trois pouvoirs (executif, legislatif, judiciaire).

    La corruption et l’injustice iront d’elles - mêmes

    Si tel président, ou ministre ou autre sait qu’il sera jugé, ou voit ce qu’on a fait aux autres, il arrêtera de faire des malversations.

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