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Présidentielle 2015 : Le scrutin de tous les possibles

Publié le lundi 9 novembre 2015 à 02h27min

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Présidentielle 2015 : Le  scrutin de tous les possibles

Pour la première fois depuis le retour à une vie constitutionnelle en 1991, l’élection présidentielle du 29 novembre s’annonce ouverte et indécise.

Ca y est, c’est parti. Sous le coup de minuit, le top de départ de la course vers Kosyam, siège de la présidence du Faso, a été officiellement donné. Après un temps d’échauffement qui aura été long en raison de l’interruption du processus électoral par les putschistes le 16 septembre dernier, les 14 candidats en lice sont maintenant lancés à la conquête des voix de quelque 5,5 millions de citoyens appelés aux urnes le 29 novembre prochain.

Sur une population d’environ 17 millions de personnes, hors mis la diaspora, ce faible taux d’inscription, -à peine le tiers-, doit interpeller l’ensemble de la classe politique et les organisations de la société civile sur le désintérêt des Burkinabè vis-à-vis de la chose publique. Certes, quel que soit le taux de participation, la légitimité du prochain président élu ne sera pas remise en cause, mais il devra avoir le souci de décider pour l’ensemble des Burkinabè et non pour contenter ses électeurs et des intérêts partisans. La mobilisation citoyenne, qui a permis de bloquer la révision constitutionnelle voulue par l’ancienne majorité, puis de faire échec au coup d’Etat du Général Gilbert Diendéré, va sans doute retomber, mais elle ne disparaitra pas. Elle pourrait être réactivée si les nouveaux élus en venaient à tourner le dos à la bonne gouvernance et à oublier l’esprit de l’insurrection populaire d’octobre 2014.

A la différence des scrutins précédents, celui de cette année, qui doit mettre un terme à la Transition, s’annonce très ouvert. Il n’y a pas de prime au candidat sortant et aucun des prétendants ne contrôle l’appareil d’Etat. Au fil du temps, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) s’est beaucoup améliorée dans l’organisation des scrutins. De très nombreux observateurs nationaux, africains et internationaux sont seront déployés sur l’ensemble du pays pour surveiller le bon déroulement des opérations de vote. Tout semble réuni pour garantir, comme en 1978, une élection crédible aux résultats incontestés.

Les candidats respectifs ont signé le 21 août, un code de bonne conduite, se sont engagés à respecter les résultats qui seront publiés par la Ceni et à saisir éventuellement les instances légales en cas de contestation. Ils doivent s’y tenir. La période Transition, on le sait, a un impact négatif sur l’activité économique de notre pays. Dans ce contexte, une crise post-électorale n’est pas envisageable. La responsabilité des leaders politiques est engagée quant à l’issue du scrutin, principalement les deux candidats favoris, Roch Christian Kaboré et Zéphirin Diabré. Il ne faut pas se voiler la face : leurs militants sont à couteaux tirés, et chaque camp n’envisage que la victoire ou la victoire. « On gagne ou on gagne », scandaient les pro-Gbagbo en 2010. On connait la suite.

Le président de la Ceni, Barthélémy Kéré l’a fort opportunément rappelé : la campagne doit être « abordée avec courtoisie, fraternité et fair-play. C’est pourquoi, j’en appelle à la raison et à la responsabilité de tous les acteurs, pour que la campagne qui s’ouvre ne constitue pas un moment de spectacles désobligeants, une tribune de pugilats verbaux, encore moins un espace de prolifération de la violence sous toutes ses formes ».Tous les orateurs durant cette campagne sont sous observation. Des associations de la société civile sont mobilisées pour traquer les propos haineux, blessants, ethno-régionalistes et leurs auteurs seront nommément interpellés.

Evidemment, dans cette course de fond, tous les concurrents ne partent pas avec les mêmes atouts, surtout dans un pays où plus qu’ailleurs, l’épaisseur du portefeuille du candidat compte plus que la pertinence de son programme. Certes, les législateurs de la Transition ont interdit les gadgets publicitaires, espérant ainsi contraindre les candidats à miser sur la qualité de leurs programmes, mais vu la qualité de la majorité de l’électorat burkinabè, on peut parier que les anciennes pratiques, loin de disparaitre, perdureront sous d’autres formes. Et quand en plus, on dispose d’un appareil politique organisé et des militants rodés aux joutes électorales, on augmente ses chances de franchir le premier la ligne d’arrivée. Sur ces deux terrains, les candidats Roch Christian Kaboré, Zéphirin Diabré, et dans une moindre mesure, Bénéwendé Stanislas Sankara, sortent du lot, l’ordre d’arrivée du trio restant l’inconnu.

Pour la première fois aussi, deux femmes briguent la magistrature suprême, Françoise Toé et Saran Sérémé, toutes deux originaires du Sourou. Il n’y pas de doute, leurs anciens maitres Mossés ont bien préparé leur émancipation ! La première est expert-comptable et dirige le cabinet Seccapi. Militante politique de longue date aux côtés du Professeur Joseph Ki-Zerbo, elle se présente en candidate indépendante. Très présente sur les réseaux sociaux depuis des mois, elle entend incarner les valeurs de liberté, de justice sociale et de démocratie. Quant à Saran Sérémé, sa sœur cadette, après avoir été élue deux fois députée au compte du CDP, elle défend les couleurs du Parti pour le développement et le changement (PDC) qu’elle a créé après son départ du parti de Blaise Compaoré en 2012. Très active dans les manifestations contre la modification de la constitution, elle s’était quelque peu brouillée avec ses camarades de l’opposition lorsque, selon ses mots, elle avait été conduite de force sur le plateau de la télévision nationale pour revendiquer la présidence de la transition.

Deux femmes sur 14, c’est bon, mais ce n’est pas arrivé. Le quota genre n’est pas atteint. Bien entendu, elles ne sont pas les candidates des femmes, mais qui mieux qu’elles, pour profiter de la tribune que représente la campagne présidentielle pour exprimer les problèmes spécifiques auxquels sont confrontées les femmes, en raison, justement de leur sexe ?

Privé de candidat à la présidentielle, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), n’a pas encore donné des consignes de vote à ses militants et sympathisants. La commission de réflexion présidée par Juliette Bonkoungou et chargée d’éclairer le parti, se hâte lentement, preuve que la question divise la direction et les militants du CDP. Comme en 1978, faudra t-il passer par un deuxième tour pour connaitre le successeur de Blaise Compaoré ? La réponse à cette question dépendra en grande partie du choix de ce qui reste de l’électorat CDP.

Joachim Vokouma ; Lefaso.net (France)

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Vos commentaires

  • Le 8 novembre 2015 à 23:46, par Beb-Zinda En réponse à : Présidentielle 2015 : Le scrutin de tous les possibles

    J’ai bien l’impression que vous ne savez pas que ce n’est pas tous les Burkinabé qui peuvent s’inscrire sur les listes ! Sur les 17 millions de personnes dont vous parlez, plus de 8 millions de personnes ont moins de 15 ans. A moins que vous vouliez faire voter les bébés de 2 jours, le score de 5,5 millions d’inscrits dépasse largement la moitié des électeurs. Ce qui est plutôt une preuve que les Burkinabé s’intéressent à la "chose publique" contrairement à ce que vous voulez faire penser.

    Mes cordiales salutations

  • Le 10 novembre 2015 à 00:41, par kiemmok En réponse à : Présidentielle 2015 : Le scrutin de tous les possibles

    Beb-ZINDA, tu n’as rien compris ! Bas toi pour que en 2020, tous ceux qui ont l’âge de voter s’inscrive sur les listes électorales. Ne soit pas de ceux là qui se contente toujours du peut. Avec ces mentalités, l’Afrique ne fera qu’immerger.

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