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Elections au Burkina : Vite, un code de bonne conduite !

Publié le vendredi 15 avril 2005 à 07h20min

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La campagne électorale n’est pas encore officiellement ouverte. Mais c’est tout comme. Les tractations vont bon train dans les états-majors des partis politiques et des militants battent déjà le pavé pour espérer récolter des dividendes.

C’est l’une des prérogatives constitutionnelles des acteurs politiques. L’enjeu est de taille et, visiblement, personne ne veut rater le coche. Cependant, dans la mêlée des fougues politiques, se dessinent de plus en plus des actes politiquement incorrects.

A l’allure où vont les choses, le caractère équitable du jeu politique risque de voler en éclats. Certes, chaque parti est libre d’organiser ses militants, mais il faut à tout prix éviter les combines si l’on veut réussir le pari d’élections crédibles. Aujourd’hui, certains représentants de l’Etat, donc censés agir au nom de l’intérêt supérieur du peuple burkinabè, ont troqué leur tunique contre celle d’agitateurs de foule pour la candidature de Blaise Compaoré.

Certes, chacun est libre d’être militant d’un parti politique mais en tant que serviteur de l’Etat, on devrait éviter, autant que possible, d’être partisan de méthodes discriminatoires vis-à-vis des autres partis politiques. Car de telles attitudes enlèvent au processus démocratique son charme. L’Etat n’est pas en effet la propriété d’un parti politique. Il est l’affaire de tous. De ce fait, il convient de réguler le jeu politique dans le sens de l’intérêt général.

Le problème est crucial car, les élections sont des moments décisifs dans la vie de toute nation. Si elles sont entachées d’irrégularités, il va de soi que cela porte préjudice au fonctionnement des institutions. Que vaut en effet un maire, un député ou un président qui ne soit pas le reflet d’une volonté populaire consciente ? Cela entraîne inéluctablement des conséquences néfastes. Surtout que déjà, pendant les campagnes électorales, la corruption, le clientélisme, la gabegie... règnent en maîtres absolus. Surtout aussi qu’après les élections, on assiste au même type de dérives.

Les prochaines élections présidentielle et muncipales interpellent donc les acteurs politiques et de la société civile. Les médias aussi doivent jouer pleinement leur rôle. S’ils échouent, ils mettent de facto en danger le processus démocratique. Or, à l’heure actuelle, sur certains médias publics et privés, le traitement de l’information sur les manifestations des partis politiques est complètement déséquilibré. Comme si ces médias étaient en campagne pour un parti donné.

Comme si aussi les partis politiques n’avaient pas, constitutionnellement, les mêmes droits d’accès aux médias de service public. Ces derniers, comme le stipulent les textes en vigueur, ne sont pas la propriété du gouvernement ni d’un parti quelconque. Ils appartiennent à tous les citoyens burkinabè.

C’est pourquoi l’accès à ces médias par les partis politiques, surtout en période électorale, doit être équitable. Cela permettra d’éviter certaines dérives. Car les médias, du fait de leur effet amplificateur, peuvent fortement conditionner l’électorat en faveur d’un camp politique et saper ainsi les chances des uns et des autres.

Cela peut même créer des frustrations susceptibles de conduire à des dérives incontrôlables. Certains pays africains ont vécu cette expérience douloureuse et ont aujourd’hui du mal à se relever de leur chute. Ainsi, les médias, qu’ils soient publics ou privés, doivent faire de leur credo, l’éthique et la déontologie. Le Conseil supérieur de la communication (CSC) devrait donc veiller à un traitement équilibré de l’information politique.

Le CSC avait été applaudi en 2002 pour avoir initié un code de bonne conduite auquel étaient astreints les partis politiques, la société civile et les médias. Cela a eu le mérite de recadrer le jeu politique qui, par moments, était sur des pentes glissantes. Mais cette fois, on semble être en train de ramer à contre-courant de ce code.

Et cela risque d’avoir des conséquences fâcheuses sur les prochains épisodes politiques. C’est pourquoi, chaque citoyen doit jouer pleinement sa partition. Pour éviter que les prochaines élections ne soient de simples actes de conformité. Or, cette fois, le boycott n’est pas à l’ordre du jour.

Du moins, actuellement. D’où la nécessité d’oeuvrer à créer le consensus sur les actes majeurs susceptibles de fonder la crédibilité des élections. Cela doit se faire par des actes concrets et sans arrières- pensées.

Le Pays

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