LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Médias d’Etat ou de service public : Le Centre de presse Norbert Zongo et la RTB posent le débat

Publié le vendredi 6 novembre 2015 à 04h00min

PARTAGER :                          
Médias d’Etat ou de service public : Le Centre de presse Norbert Zongo et la RTB posent le débat

La Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) et le Centre national de presse Norbert Zongo, en partenariat avec la coopération suisse à travers la Fondation Hirondelle, ont organisé le 04 novembre 2015 un séminaire sur le statut des médias d’Etat. Thème : « Médias d’Etat ou de service public ? Etat des lieux et perspectives vers un nouveau modèle organisationnel et économique ! ». Hommes de médias, représentants d’organisations de la société civile et représentants de partis politiques ont pris part à cette rencontre.

Ce séminaire avait pour objet de réfléchir sur les médias publics et plus spécifiquement sur l’évolution de l’organisation de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB). Il s’agissait de répondre aux questions : comment passer d’un organe d’Etat à un organe de service public libre et indépendant politiquement et économiquement ? Comment réussir cette mission avec une dotation annuelle de l’Etat et une gestion autonome de la RTB grâce notamment à une régie publicitaire efficace ?
Responsables de la RTB, personnes ressources, journalistes, organisations professionnelles des médias, membres d’Organisations de la société civile, représentants de partis politiques, personnels de ministères et institutions ont pris part à ce séminaire.
Au cours du débat, il a donc été présenté l’organisation de la RTB et les liens économiques et politiques avec l’Etat burkinabè. Il a aussi été présenté les failles de cette organisation, notamment la dépendance vis-à-vis du pouvoir politique. La conséquence logique étant l’absence de critique des pouvoirs en place et un organe au service des gouvernants.
« Avec les statuts actuels de la RTB, il est difficile d’évoluer et de jouer son rôle de médias de service public », reconnait Dr Danielle Bougaïré/Zangréyanogho, la directrice générale de la RTB. Estimant que les pouvoirs politiques méconnaissent les conditions et les méthodes de travail des journalistes, elle suggère une éducation aux médias pour les pouvoirs politiques. « Il faut que le monde politique revoie sa copie au niveau de la compréhension du fonctionnement des médias », lance-t-elle.

Service public ne se résume pas à servir les gouvernants

Mais, une chose est sûre et tous les participants du séminaire l’ont reconnu : La RTB doit nécessairement devenir un organe de service public. « Ça veut dire se mettre au service de l’intérêt général et non pas au service exclusif des seuls gouvernants parce que dans une société qui se veut démocratique, il faut que les citoyens contribuent à l’expression plurielle et ça ne peut se faire qu’à travers les médias de service public », a expliqué le Pr Serges Théophile Balima, communicateur, puis modérateur au cours du séminaire. Mais, les partis politiques sont-ils préparés à accepter la critique constructive ? Visiblement non car, « ils confondent le journaliste avec le faiseur d’image, le communicateur, ce n’est pas le rôle du journaliste », regrette le Pr Balima.

Il faudra donc trouver le mode de financement approprié des médias de service public, car c’est aussi l’autre difficulté à laquelle ils sont soumis. Actuellement, la RTB dépend essentiellement du trésor public. « Il faut aller en concertation avec l’ensemble des acteurs agissant dans le secteur médiatique, je veux parler des gouvernants, des magistrats qui interviennent en cas de litige, des journalistes eux-mêmes qui sont des producteurs de l’information et aussi les acteurs de la société civile. C’est sur la base d’une telle concertation qu’on peut trouver des modes de financement appropriés pour le service public », soutient le Pr Balima.

Certains participants ont proposé des états généraux devant réunir les acteurs de la classe politique, du système judiciaire, des médias publics et privés, des OSC pour trouver un consensus dans la gestion des médias. La question est de savoir si les acteurs politiques accordent assez d’importance à la politique des médias. Pourtant, ils ont intérêt à le faire car les médias sont devenus des catalyseurs de la démocratie.
« Des acteurs politiques et de la société civile ont été invités afin de les interpeler par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui et par rapport à la gestion future quand ils seront au pouvoir », rappelle Justin Coulibaly, représentant du Centre de presse Norbert Zongo.
Les défis pour parvenir à des médias de service public et non des médias d’Etat sont énormes et il faudra les relever. Car, la presse n’est pouvoir qu’à la mesure de sa crédibilité. Ce séminaire se veut donc le premier d’une série, à en croire les organisateurs.

Moussa Diallo
Faso-tic.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique