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Blessés de l’insurrection populaire : Il y en a qui souffrent toujours.

Publié le mercredi 4 novembre 2015 à 00h57min

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Blessés de l’insurrection populaire : Il y en a qui souffrent toujours.

Une année après l’insurrection populaire qui a conduit à la chute de Blaise Compaoré et son régime, certains blessés ressentent encore les douleurs de cette insurrection. Une douleur physique mais aussi morale.

Au moment où les honneurs se multiplient à l’endroit des martyrs et les blessés de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, il y en a qui souffrent toujours de ces blessures. Sont de ceux-là, le petit Abasse, élève en classe de 5e au moment des évènements. Il se rappelle des évènements comme si c’était hier. C’était dans les environs de l’aéroport de Ouagadougou. « Quand j’ai entendu le coup de feu, je n’ai pas su que j’étais atteint. Je suis tombé dans un fossé. Quand les choses se sont calmées, j’ai essayé de me lever et je n’ai pas pu. C’est en ce moment que j’ai su que mon pied est cassé », a expliqué Abasse Ilboudo. Un séjour de 55 jours à l’hôpital pédiatrique ne l’a pas guéri.
Son état préoccupant avait amené les autorités à l’évacué au Maroc pour une intervention chirurgicale. Selon son père, les autorités ont pris en charges tous les soins. Il en profite pour les remercier. Mais l’enfant doit poursuivre les soins « On m’avait évacué au Maroc pour une intervention. Et je devais repartir dans ce mois encore », a-t-il confirmé. En plus de la blessure, Abasse doit se patienter encore avant de reprendre les cours. « Durant tout le temps écoulé, je n’ai pas pu remettre les cours. Je voulais m’inscrire mais mon papa a dit d’attendre. Quand je serai totalement guéri, il va m’inscrire l’année prochaine ».

Des attentes d’évacuation

Comme Abasse Ilboudo d’autres blessés attendent toujours d’être évacués pour poursuivre leurs soins aussi. C’est le cas d’Innocent G. Il a été touché à l’œil. « C’était le 30 octobre 2014 à Zogona, vers chez Assimi. On marchait et il y avait des militaires qui tiraient au hasard. C’est là que j’ai été blessé par une arme à feu », a-t-il expliqué en nous indiquant son œil gauche bandé. Lui aussi attend une évacuation. « On m’a remis un papier pour qu’on évacue en France. Mais jusqu’à présent, j’attends. Je ne sais pas quand est-ce que je vais aller pour avoir des soins adéquats ». Il nous présente un document. Les recommandations du soignant sont on ne peut plus claires :
« Il s’agit d’un sujet victime de traumatisme crâno-facial avec perte du globe et cicatrice exubérante de la région canthale-interne gauche. Cet état nécessite une réfection de la cavité orbitaire gauche avec confection de prothèse oculaire et réparation l’ectropion. Cette technologie étant irréalisable au Burkina, il est souhaitable que Monsieur… soit évacué en France dans un service de chirurgie orbito-palpébrale pour une prise en charge appropriée ».
Evoquant ce cas au directeur du CHU Yalgado Ouédraogo. Ce dernier avoue ne pas connaitre ce dossier mais promet vérifier sur leur liste. « C’est un dossier que j’ignore. Je vais vérifier son nom sur notre liste… Si ce monsieur fait partie de nos blessés et qu’il a des soucis qu’il revienne », a déclaré Dr Robert Sangaré.

Le hic de la prise en charge sociale

Les blessés que nous avons rencontrés sont unanimes. Ils ont bénéficié de soins gratuits. « Pour les soins, on s’est bien occupé de nous. S’il y a des produits à acheter, l’hôpital prend en charge », nous a confirmé Innocent G. « En termes de prise en charge, nous avons eu ce que notre pays pouvait nous offrir. Mais ce n’est pas suffisant », a ajouté le président de l’association des blessés de l’insurrection, c’est surtout le côté social, Dramane Ouédraogo. « Jusqu’à présent il y a des gens qui marchent avec des sondes et il est nécessaire qu’on s’occupe d’eux », a-t-il poursuivi.
Ce qui a manqué, selon lui, c’est surtout la prise en charge sociale. Certains de ces blessés travaillaient dans l’informel. Aujourd’hui, n’étant pas encore rétablis, ils sont incapables de mener leur travail alors que les charges sociales ne manquent pas. C’est l’exemple de Rasmané Toudwéogo. « Il habite dans un non loti. Une fois il est venu pour des soins. Au retour, il a trouvé que les voleurs ont piqué sa porte et ses fenêtres. Actuellement il dort pratiquement dehors. C’était un maçon. Il ne travaille plus à cause de sa blessure. Comme il n’y a pas eu d’indemnisation, cette personne est laissée pour compte alors qu’il des enfants à nourrir et à inscrire à l’école », a soutenu Dramane Ouédraogo.
Du point de vue politique, les blessés trouvent que le gouvernement est un peu « laxiste ». « On ne s’attendait pas à ce que l’on permette à nos bourreaux de continuer de régir ce pays jusqu’au point de faire un coup d’Etat », a soutenu Dramane Ouédraogo. « Donc je dis que c’est un piètre résultat. Ces personnes devraient être arrêtées dès l’insurrection pour nous permettre d’aller à une démocratie réelle et à une alternance propre », a-t-il conclu

La réponse du gouvernement

Au-delà des cérémonies d’hommage, de la journée du 31 octobre dédiée aux martyrs de l’insurrection, le gouvernement de la transition a annoncé des actions en leur faveur. Dix décrets ont été adoptés à cet effet, le 28 octobre 2015, pour organiser « les prises en charge et l’accompagnement psycho-social, financier, sanitaire, scolaire et alimentaire des familles des martyrs ». On peut citer, entre autres, l’accompagnement et la consolidation des activités et des projets d’activités génératrices de revenus des blessés à hauteur de 150. 000 FCFA, la prise en charge des enfants des victimes durant leur cursus scolaire, dans les établissements publics, jusqu’à leur majorité, à raison de 75 000 F CFA par enfant, ou la formation professionnelle de ces enfants avec une prise en charge de 300 000 FCFA, jusqu’à la majorité complète. Il y a également la poursuite de la prise en charge sanitaire gratuite et le ravitaillement en vivres aux blessés de l’insurrection et de la résistance. Ces mesures pourraient aider beaucoup de blessés pour leur rétablissement complet et la gestion de leurs charges sociales.

Judicaël Gaël Lompo

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 3 novembre 2015 à 20:55, par Bansé Pascal P. En réponse à : Blessés de l’insurrection populaire : Il y en a qui souffrent toujours.

    Finalement,on est en droit de se demander si c’est l’Etat qui n’assume pas pleinement ses responsabilités et son devoir vis-à-vis des blessés de l’insurrection ou ce sont les blessés qui en exigent trop. Des déclarations divergentes entre les différentes parties qui méritent davantage d’éclaircissements du gouvernement et structures sanitaires. C’est le droit des victimes de réclamer des prises en charge diligentes. A l’état de s’assumer pleinement pour que cessent les plaintes. Ce n’est pas de trop de demander à l’Etat d’agir promptement pour le bien-être des blessés.

  • Le 3 novembre 2015 à 23:04, par YIRMOAGA En réponse à : Blessés de l’insurrection populaire : Il y en a qui souffrent toujours.

    Une proposition de la part de la Transition à l’endroit des morts et blessés du coup d’état du 16 uniquement ? Les 14 morts , les familles recevront 30.000.000cfa soit 14x30.000.000=420.000.000cfa. les bléssés du 16 recevront 2.000.000.cfa pour les soins et divers soit environ 250 blessés . 250x2.000.000cfa= 500.000.000cfa. Un total de 920.000.000cfa à prélever sur le compte du fauteur, ou l’auteur du coup d’état ? Très simple et satisfaisant ? La justice fera le reste, surtout que les comptes sont gelés, la liquidité sera disponible ? Vivement une ferme décision dans ce sens ?

  • Le 3 novembre 2015 à 23:47, par Alex En réponse à : Blessés de l’insurrection populaire : Il y en a qui souffrent toujours.

    On va tjr parler du problème de moyens. On dira que tout est priorité au Faso ! Mais alors comme on dit que plus rien ne serait comme avant, il faut que la mobilisation et la gestion des ressources ne soit plus comme avant ! Il faut que l’Etat montre aux victimes qu’elles ont eu raison de se sacrifier ! Les moyens sont là, seulement on ne veut pas les mobiliser et je ne sais pas pourquoi franchement ? Il y a eu récemment un rapport de la commission parlementaire sur la fraude fiscale qui a fait couler bcp d’encre. Si seulement la population savait qu’il y a un secteur qui vole au moins 2 fois plus que ces fraudeurs fiscaux ! Ce secteur c’est celui des opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs internet au Faso. Si les experts acceptaient de dire aux populations à peu près combien ces opérateurs volent par an aux consommateurs la prochaine insurrection allait être contre ces derniers car ni l’Etat à travers l’ARCEP (dont je me demande franchement à quoi elle sert) ni la ligue des consommateurs dont je me demande si elle existe réellement au Faso semblent marquer leur complicité aux côtés de ces arnaqueurs du peuple. Les milliards que ces opérateurs volent auprès des citoyens si l’Etat les récupèrent suffisent pour prendre en charge de façon convenable toutes les victimes de l’insurrection, envoyer là où il faut des blessés pour recevoir des soins appropriés, construire suffisamment de centres de santé et d’écoles, former des médecins spécialistes et enseignants, etc. Qui n’a jamais vu ses unités volées par airtel, le débit de connexion auquel vous souscrivez ne vous est jamais fourni, la clé dite 3G+ qu’on vous vend affiche 2G dans au moins 40% du temps de connexion pour ceux qui prennent le soin de vérifier. Dès que vous branchez la clé vos unités s’envolent alors que vous n’avez pas la connexion. Je sais on va nous dire que c’est encore à cause du coup d’état manqué les installations ont été saccagées, etc. Je précise deux semaines après la tentative du coup la connexion était 10 fois meilleure, dc ça ne saurait être une excuse. Si les institutions chargées de protéger les consommateurs (ARCEP, Ligue des consommateurs) ne font pas leur travail il faut que les consommateurs songent à prendre leur responsabilité. Airtel est poursuivi pour vol des unités au consommateurs dans un pays voisin, demandez aux techniciens de TELMOB il vous diront la société vend plus de clé de connexion et de puce que ne lui permettent ses installations. Pourquoi l’Etat ne dit rien ? Pourquoi l’Etat laisse ces opérateurs voler de façon aussi méprisante la population ? Pourquoi ces opérateurs continuent à nous voler ? Quelque chose qu’ils ne vont jamais oser faire ailleurs ? C’est révoltant quand je vois qu’on s’acharne plus sur les fraudeurs fiscaux (dont certains sont en faillite) et dont le recouvrement des dus est encore plus difficile et qu’on laissent tranquille ceux qui sont liquides, qui volent plus qu’eux et qui rapatrient les fonds dans leurs pays d’origine . Il y a donc de l’argent pour résoudre pas mal de problème, il suffit juste que l’Etat prenne ses responsabilité en récupérant juste ce qui est volé aux populations pour servir les populations.

  • Le 4 novembre 2015 à 09:08 En réponse à : Blessés de l’insurrection populaire : Il y en a qui souffrent toujours.

    UNE HONTE QUE CE SOIT CES MEMES BOURREAUX QUI REPRENDRONT LE POUVOIR

  • Le 4 novembre 2015 à 16:07, par TAZARTCHE En réponse à : Blessés de l’insurrection populaire : Il y en a qui souffrent toujours.

    Toutes mes prières vous accompagnent dans votre guérison,
    Mais de grace, je vous invite à quitter derrière ce monsieur Ouédraogo qui veut en faire un fond de commerce. Lui qui surf avec Diendéré le Félon. Ce monsieur Ouédraogo n’a aucun égard pour nos autorité de la Transition. Parce que tu es bléssé d’insurection, tu te crois tout permis.
    Tu as tout dis, pourquoi c’est toi diendéré est venu extirper pour soigner à Kossyam ?
    Tu n’es pas claire, te voilà adoucir ton langage, alors que tu es un va en guerre.
    Quitte dans ça et laisse nos blessés tranquille, on va les soigner.
    Toi même tu étais dans quel front ?
    Tu sûr que tu n’es pas une taupe ?
    Que sais tu du coup d’état ?
    Allons seullement

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