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Ram Ouédraogo à Sidwaya : Décryptage du discours d’un candidat

Publié le mercredi 13 avril 2005 à 07h26min

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Il dit convoiter le fauteuil du président du Faso depuis 1991. Il n’a aucun doute sur sa certitude de réunir les capacités morales, intellectuelles et physiques pour la fonction. Avocat, recalé en chemin, 2e année de droit, il pense n’avoir rien à envier aux autres et certainement pas aux polytechniciens.

ça c’est pour la stature du candidat, mais c’est le fond de sa vision du Burkina Faso qu’on a eu de la peine à décrypter. Toutefois, on est au moins sûr d’une chose, il campe l’homme de la paix, de la non-violence et surtout de la politique sans acrimonie ni esprit revanchard.

Ram Ouédraogo, de l’essentiel de son entretien fleuve avec Sidwaya, a légitimé le fait qu’il veuille de toute la force de son âme devenir président du Faso. Son parcours d’homme du show-biz, puis de ministre d’Etat, ayant pris une grande part dans le retour de la paix au Burkina Faso suite aux évènements douloureux de Sapouy font qu’il pense avoir le profil de l’emploi.

Se décrivant tel un homme de contact, ayant un sens inné des relations humaines de gestion des hommes, qui osera remettre en cause sa capacité et la réalité qu’il possède les qualités requises pour ?

Une conviction qui explique son refus d’admettre la forfaiture du groupe "Alternance 2005" qui ne l’a pas jugé lui, apte à aller à la bataille de novembre prochain. Se voulant un politique droit, juste et honnête marqué par une constance d’être un critique impartial-reconnaître les mérites du pouvoir et stigmatiser sans faiblesse ses fautes - Il n’a pas hésité à dire qu’il fut victime d’injustice de la part de ce groupe des saints justes.

Sûr du fait qu’il a été brimé dans ce jeu de dupes comme quoi chacun défend sa chapelle, il a alors subi la phrase qui tue "lorsqu’on veut diriger un pays il faut être déjà honnête et surtout lorsque vous reprochez beaucoup de choses au pouvoir". Fort de cette certitude qu’il y a eu magouille pour l’écarter, il décide avec son parti d’être de la partie. Pour proposer quoi au peuple, mystère et attendons la campagne !

Trop court comme argument

Si sur son parcours d’homme de paix, de dialogue de la journée de pardon et de la réconciliation nationale, le candidat Ram Ouédraogo est prolixe sur son programme, il semble que chacun doit prendre son mal en patience. Les propositions qu’il a seront dites "à un moment donné" Et Pourquoi cela alors qu’il dispose là d’une tribune à nulle autre pareille et qui lui offre l’occasion rare de consolider son message ?

Simplement parce qu’argue-t-il les autres vont bien piquer ses idées si originales de sortir le Burkina Faso du sous-développement par une proposition inédite d’amélioration substantielle du panier de la ménagère.

Parlons-en justement de ce panier qui constitue l’argument de tous les hommes politiques contre le pouvoir mais qui demeure jusqu’ici un vrai mystère quant à son amélioration. Le candidat Ram Ouédraogo aurait déjà marqué les esprits si profitant de la belle tribune de Sidwaya, il disait aux fonctionnaires "c’est banco pour votre requête de 25% d’augmentation des salaires".

Il s’est, comme on en a maintenant l’habitude, contenté de dire que le pouvoir n’a rien fait. Mais lui qui veut le pouvoir comment ne pourrait-on pas espérer qu’à son "moment donné", il dise clairement sa position sur ce sésame, censé en même temps résoudre la question du panier de la ménagère. Ne doutons pas que l’électeur prendra son mal en patience, même s’il ne perçoit pas bien qui aurait pu lui piquer son idée de satisfaire les 25% de plus sur les salaires.

Quid de l’alternative ?

On sait que Ram Ouédraogo prône une "Alternance positive" au Burkina en 2005. Mais on n’a pas encore vu sur quelle alternative se fonde le fonctionnement de l’Assemblée nationale de la "dictature de la majorité". Comme toutes les majorités du monde marchent sur ce mode-là, l’intérêt de cette assertion réside certainement dans les exemples choisis pour le rendre crédible.

Elle aurait cette dictature-là, l’habitude trop facile de voter mécaniquement toutes les lois, y compris celles qui vont sans doute dans les intérêts du peuple. Sont de celles-là la loi réinstaurant la levée des patentes et des vignettes pour financer les projets dans les communes et les collectivités locales.

Personne dit-il ne saurait cautionner le retour de ces taxes communales mais il y a hic puisqu’il faut bien financer le développement des communes, où prendre l’argent pour les collectivités ? il n’en souffle mot.

Cette facilité qu’ont nos politiques de dénoncer, de s’opposer si on veut mais sans jamais dire ce qu’il faut faire en retour et concrètement pose un vrai problème à notre démocratie.

C’est dire que le débat est trop généraliste pour susciter un vrai intérêt et partant pour mettre les électeurs devant des possibilités de choix étayés, clairs et sans ambiguïté.

En outre se retrancher derrière l’argument que la campagne n’est pas ouverte paraît trop facile, car un politique est en campagne perpétuelle. Elle suppose pour un opposant d’avancer aussi ses propositions alternatives et les communes auraient été enchantées d’entendre comment le candidat appréhende leurs besoins en financement.

Mais on ne reconnaîtra au candidat qu’il finira par lâcher, avoir dans son programme la création d’un complexe artistico -culturel et touristique en dehors de Ouagadougou près d’une centaine d’hectares. Ouf serait-on tenté de dire et gageons qu’aucun des candidats de l"Alternance 2005" ne lui pique cette idée originale.

Si les paysans et ceux qui réclament 25% d’augmentation de salaire s’en foutent un peu, les artistes par contre doivent se frotter les mains. Cette proposition limpide prouve qu’après tout ce n’était pas si sorcier de dire comment s’y prendre pour que l’économie de notre très cher Burkina s’envole vers les sommets.

Souleymane Koné
L’Hebdo

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