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Egalité hommes-femmes dans les médias : Des journalistes à l’école des directives

Publié le mercredi 14 octobre 2015 à 22h58min

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Egalité hommes-femmes dans les médias : Des journalistes à l’école des directives

Réunis à la Maison de la femme de Ouagadougou, du 13 au 14 octobre 2015, une trentaine de journalistes ont pris part à un atelier de formation sur les directives pour la promotion de l’égalité hommes-femmes dans les médias. L’initiative qui est du ministère de la promotion de la femme et du genre, vise à renforcer les capacités du « 4e pouvoir » à lutter contre le sexisme dans la pratique de leur profession.

Machiste. Voici le qualificatif qui se prête le mieux à ceux-là qui avilissent l’autre moitié du ciel ou qui sous-estiment son « pouvoir » à prendre des décisions. A cette dégradation, les médias contribuent de plus en plus soit en biaisant l’équilibre du genre dans le traitement de l’information, soit en n’accordant pas à la femme une place de choix dans les sphères de décisions ou dans la production des contenus. C’est du moins le constat fait par le ministère de la promotion de la femme et du genre (MPFG). Avec l’appui du Conseil supérieur de la communication, le département de Bibiane Ouédraogo a élaboré en 2012 les « Directives pour la promotion de l’égalité hommes-femmes dans les médias ». Afin de permettre aux journalistes de se familiariser au contenu de ce document, un atelier de formation animé par Me Arnaud Ouédraogo et Alexis Kaboré, a été organisé grace au soutien financier de la Banque mondiale.

Actions à mener et obstacles

« Les médias ont le pouvoir de façonner les mentalités », estime Me Arnaud Ouédraogo. C’est fort de cela qu’il a exprimé toute sa joie de voir les journalistes s’approprier les 50 « Directives pour la promotion de l’égalité hommes-femmes dans les médias », document qu’il a élaboré sous l’égide du MPFG. Cette appropriation, le communicateur l’a voulu dynamique. Aussi a-t-il concocté un exercice pour les participants qui devaient proposer des initiatives pouvant être menées afin de faire de cette égalité, une réalité. Pour l’essentiel, l’on retiendra des exposés des journalistes que, l’Etat doit faire voter des lois obligeant les médias publics à prendre en compte les deux sexes dans les postes de responsabilité tout en promouvant la méritocratie.
Aussi, former les acteurs en développement personnel et encourager les spécialisations dans les médias, ne seraient pas de trop. L’autre aspect soumis à la réflexion des participants, était bien évidemment les goulots d’étranglement à la réalisation de cette égalité homme-femme. Les trois groupes constitués s’accordent à reconnaitre que le complexe d’infériorité, le manque de confiance, d’engagement et de disponibilité de la femme, constituent des obstacles sérieux à son plein épanouissement.

La PNG, la stratégie du moment

En dépit d’une batterie de mesures prises çà et là par les autorités pour réduire de manière significative les inégalités entre les hommes et les femmes, le défi reste énorme. En juillet 2009, le Burkina Faso a exprimé sa ferme volonté de réduire ces inégalités en adoptant la Politique Nationale Genre (PNG). Selon le communicateur Alexis Kaboré du Secrétariat permanent du Conseil national pour la promotion du genre (SP/CONAP Genre), cette politique qui sert de « cadre d’orientation » tire ses fondement des différents engagements pris par le gouvernement tant au niveau international que régional.
A travers cette PNG les acteurs espèrent d’ici à 2019, bâtir « une société burkinabè débarrassée de toutes les formes d’inégalités et d’équités de genre, et qui assure à l’ensemble de ses citoyens et citoyennes, les sécurités essentielles pour leur épanouissement social, culturel, politique et économique ». Cette ambition s’annonce difficile car ce n’est pas demain la veille que les mentalités « archaïques » disparaitront. Le formateur en est conscient et les acteurs aussi.

En attendant 2019, la ministre de la promotion de la femme et du genre a appelé les journalistes à promouvoir l’équilibre du genre dans le traitement « juste » de l’information. Il est prévu un autre atelier de formation au profit d’autres journalistes les 28 et 29 septembre 2015 à Bobo-Dioulasso.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

Ils se sont exprimés

Brigitte Yoda, Radio Oméga

J’ai beaucoup appris des directives pour la promotion de l’égalité homme-femme dans les médias. Je sors donc enrichie de ces 48 heures de formation. Je me rends compte que j’ai beaucoup de valeurs, de potentiels et qu’il faut que j’arrive à briser le cocon, à faire mieux. Peu importe ma situation de femme ; ce n’est pas une raison pour ne pas se battre. Il faut continuer le combat pour mériter la place qui nous revient. J’invite donc les femmes à aller de l’avant. Je sais que ce n’est pas facile mais qui veut, peut.

Youssouf Traoré, Journal Le Soir

De ces 48 heures de formation, je retiens essentiellement que la question du Genre n’est pas maitrisée surtout des hommes et femmes de médias. Nous avons eu la chance d’avoir des experts en la matière qui nous ont beaucoup appris sur la politique nationale du genre et la contribution des médias. Au sortir de cette formation, nous sommes conscient du rôle que nous avons à jouer pour mettre fin aux stéréotypes créés autour de la gente féminine. On retient également que la notion de Genre n’exprime pas seulement la défense des droits des femmes. Ce n’est pas de l’égalité pour de l’égalité mais de l’égalité des chances comme le stipule la Constitution du Burkina Faso.

Victorine Zongo, Radio Savane FM

On constate dans les organes de presse qu’il y a une nuance entre les postes de responsabilité homme-femme. Pour les directives, l’on se rend compte que le ministère de la promotion de la femme et du genre a beaucoup à faire. Il faut, à travers la sensibilisation, accompagner les femmes pour que les responsables des médias sachent qu’elles peuvent apporter un plus au travail des hommes. Toutefois, c’est aux femmes de travailler pour mériter et être à la hauteur des missions qu’on leur confiera.

Mireille Bayala, Observateur Paalga

Après cette formation, j’ai désormais plus de tonus à m’engager dans les reportages de terrain en vue de briser le complexe. Ce n’est pas toujours évident car souvent on a un peu peur de s’exprimer. Mais au sortir de cette formation, je pourrai traiter tous les sujets qui m’intéresseront. Je dirai surtout à mes consœurs qui n’ont pas suivi la formation qu’il ne sert à rien de se recroqueviller sur soi-même. Il faut qu’elles sortent de leur coquille, qu’elles s’expriment pour pouvoir mériter la place qu’elles revendiquent souvent.

Propos recueillis par HFB
Lefaso.net

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