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Afrique subsaharienne : La croissance économique sera de 3,7% en 2015, selon la Banque mondiale

Publié le mardi 6 octobre 2015 à 03h19min

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Afrique subsaharienne : La croissance économique sera de 3,7% en 2015, selon la Banque mondiale

A la veille de l’ouverture de son assemblée générale annuelle à Lima au Pérou, la Banque mondiale a rendu public, ce 5 octobre 2015, via une visio-conférence depuis Washington, son rapport semestriel ‘’Africa’s Pulse’’ d’automne qui donne des indicateurs sur les perspectives économiques de l’Afrique. De ce rapport, l’on retient que la croissance économique dans les pays d’Afrique subsaharienne sera, en raison d’un environnement moins favorable, de 3,7% en 2015, soit le taux de croissance le plus faible depuis 2009.

La croissance économique a marqué le pas dans les pays d’Afrique subsaharienne. Elle s’établira à 3,7% en 2015 au lieu des 4,6% de 2014. En 2015, la croissance dans la région sera plus faible que la moyenne de 6,5% constatée au cours de la période 2003-2008. Elle sera même inférieure au taux de croissance de 4,5% enregistré après la crise financière mondiale entre 2009 et 2014. En revanche, pour 2016, la Banque mondiale prévoit un rebond de la croissance économique de l’ordre de 4,4% dans la région. Une croissance qui s’accélèrerait en 2017 pour atteindre 4,8%.
Ce sont, entre autres, les conclusions du rapport semestriel ‘’Africa’s Pulse’’ de la Banque mondiale rendu public ce 5 octobre 2015. Pour expliquer les tenants et les aboutissants de ce rapport, une visio-conférence a été organisée depuis le siège de la Banque à Washington avec cinq pays de la région. A savoir le Burkina Faso, le Congo Brazzaville, le Mali, le Sénégal et le Tchad. Ainsi, Punam Chuhan-Pole, économiste en chef par intérim pour la région Afrique de la Banque mondiale ; Haleh Bridi, directrice de la communication et des Relations externes et d’autres collaborateurs ont pu échanger à distance avec une équipe de journalistes dans chaque capitale de ces pays.

Les acteurs de la visio-conférence à Ouaga

A Ouagadougou, en plus des journalistes, ont pris part à la visio-conférence Mariam Diop, économiste pays de la BM ; le responsable à la communication Lionel Yaro ; et l’invité, Idrissa Ouédraogo, professeur d’économie à l’université de Ouaga et directeur du Centre d’Etudes, de Documentation, de Recherches économiques et sociales (CEDRES).

Les préoccupations des hommes des médias burkinabè ont porté entre autres sur l’impact du rapport Africa’s Pulse sur la réalité et la pratique des Etats ; l’impact de la croissance économique enregistrée en Afrique sur le vécu quotidien des Africains ; la prise en compte des crises et des instabilités politiques des Etats dans les évaluations et les projections de la Banque mondiale sur les économies des pays africains.
Sur la première préoccupation, Haleh Bridi pense que les rapports Africa’s Pulse sont des outils d’information et d’interpellation des décideurs des Etats de la région afin qu’ils prennent les mesures idoines pour relancer leur économie. En cela, la publication du présent rapport à la veille de la tenue des assemblées générales annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) n’est pas fortuite, selon Bridi.
Sur la deuxième préoccupation, l’avis de Punam Chuhan-Pole est que l’impact de la croissance n’est pas toujours perceptible chez les populations pauvres parce que dans la plupart des cas la croissance économique n’est pas inclusive, ne profite pas aux plus pauvres. Ainsi, l’Afrique n’aura pas atteint l’objectif de réduire de moitié la part de la population vivant dans l’extrême pauvreté entre 1990 et 2015. Quant à la prise en compte des facteurs d’instabilité politiques, les représentants de la BM se veulent rassurants et répondent par l’affirmative. « Avant l’insurrection d’octobre 2014, on projetait une croissance économique de 6,7% pour le Burkina Faso en 2015. Mais, après les événements, on a revu la prévision à la baisse autour des 5%. Aujourd’hui avec les derniers événements, l’on s’achemine vers une croissance de 4% en 2015 au Burkina Faso », a expliqué en substance l’économiste pays, Mariam Diop.

Perspectives pour les économies africaines

Le présent ralentissement de la croissance économique des Etats subsahariens s’expliquant par la chute brutale des cours du pétrole et des matières premières (or, coton, café, cacao), les économistes de la Banque mondiale préconisent aux Etats des réformes.
« La fin du super-cycle des matières premières constitue une opportunité pour les pays africains de relancer leurs réformes afin de moderniser et diversifier leurs sources de croissance. La mise en œuvre de bonnes politiques pour stimuler la productivité agricole et réduire les coûts de l’électricité tout en augmentant l’accès permettra d’accroître la compétitivité et de soutenir la croissance de l’industrie légère », indique Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique subsaharienne.
« La chute brutale et continue des cours des matières accroît les déficits budgétaires des Etats, et représente un défi supplémentaire pour les pays qui n’ont déjà plus de marges pour amortir les chocs (…) Afin de résister aux chocs à venir, les gouvernements africains devraient améliorer la gestion de leurs dépenses publiques, en se concentrant par exemple sur les investissements essentiels et en renforçant leur administration fiscale afin de dégager des marges budgétaires », préconise par sa part Punam.
Le professeur Idrissa Ouédraogo souscrit également à l’idée des réformes et des investissements dans les secteurs porteurs pour relancer les économies africaines.
Cela est d’autant plus envisageable que des pays de la région comme la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Mozambique, le Rwanda et la Tanzanie montrent déjà la voie. En effet, grâce à des investissements conséquents dans l’énergie et les transports, la consommation des ménages, la croissance économique dans chacun de ces pays devrait atteindre au moins 7% par an entre 2015 et 2017.

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net

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