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Les 13 propositions de la CEDEAO : Les Ouagalais divisés

Publié le lundi 21 septembre 2015 à 20h10min

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Les 13 propositions de la CEDEAO : Les Ouagalais divisés

Le projet de sortie de crise proposé par les médiateurs de la CEDEAO divise le peuple Burkinabè depuis le dimanche 20 septembre 2015. 13 propositions presque toutes contestées car, jugées favorables aux putschistes. A Ouagadougou, les avis sont partagés. Pendant que certains s’insurgent contre l’amnistie des éléments du RSP, d’autres pensent qu’il faut accepter le compromis et permettre à la transition de poursuivre son mandat jusqu’à l’organisation d’élections inclusives. Lisez !

Ouédraogo Clément, ancien militaire : « Aujourd’hui, le RSP est devenu un serpent à double tête »

Je condamne fermement le coup d’état mais de mon point de vue, l’injustice est la première cause de cette crise. Les Burkinabè ont attiré l’attention des autorités de la transition depuis belle lurette. Hélas, celles-ci n’ont jamais écouté. Les arrestations sur les crimes économiques visaient seulement un seul camp. Toute personne qui quittait le CDP pour le MPP était couverte. Zéphirin Diabré, Me Bénéwendé Sankara, Tahirou Barry ont soulevé le problème en disant qu’il fallait arrêter aussi bien les voleurs noirs que les voleurs blancs. Roch Marc Christian Kaboré devrait être exclu des élections comme les autres. La transition n’a pas été impartiale. L’exclusion ne s’est pas basée sur l’article 135 mais sur la justice des vainqueurs.

Deuxièmement, Michel Kafando n’a pas été prudent. Quand les 17 généraux se sont réunis, ils ont demandé le retrait de tous les militaires du gouvernement…
Troisièmement, les OSC sont en train de perturber la transition. Elles ont des déclarations incendiaires. Je n’ai jamais vu un pays où des OSC exigent que l’on donne le grade de Général à untel. L’armée n’est pas une affaire de tous. C’est une institution à part entière. Il y a eu une accumulation de frustrations. Je ne suis contre personne mais je suis contre l’injustice, le favoritisme.

La CEDEAO a fait le moindre mal. Si elle n‘était pas arrivée à ce compromis, les militaires du RSP nous canarderaient toujours. Et ceux qui, terrés dans les trous, appellent les enfants à sortir sont des ignorants. Ils ne savent pas faire la différence entre une grève et un coup d’état. Dans le premier, nous avons des gaz lacrymogènes et dans le second des balles réelles. Ces gars du RSP n’ont pas été formés pour venir caresser quelqu’un. J’aurai aimé qu’au niveau des discussions, les insurgés proposent ceci à la CEDEAO : Nous allons rester dans l’exclusion mais la loi va frapper Salvador Yaméogo, Ram Ouédraogo et Roch Marc Kaboré.

Le RSP veut l’amnistie. On n’amnistie pas le RSP du passé mais juste le temps du coup d’Etat. Mais pour le moment la dissolution de ce corps doit être décidée au futur président. Et là aussi, je ne suis pas sûr que cela ait lieu. Aujourd’hui, le RSP est devenu un serpent à double tête. Il a été conçu, entretenu et soutenu par certains qui, aujourd’hui, veulent sa tête. Je suis contre cette amnistie mais que puis-je faire ?
Je souhaite que le pays redevienne stable mais je ne suis pas Dieu pour connaitre l’avenir. La CEDEAO ne nous a rien imposé ici et maintenant. Elle nous laisse quelques jours pour réfléchir.

Aloys O. « Le pardon n’est pas synonyme de bêtise »

Sur les treize propositions, je ne vois que trois points qui peuvent être retenus. Il y a la libération des personnes détenues, la restauration de la transition et l’organisation des élections au plus tard le 22 novembre. Nous ne pouvons accepter le reste car ce serait insulter la mémoire de nos martyres. Nous avons lutté les 30 et 31 pour libérer notre pays de la dictature et ce n’est pas maintenant que nous allons remettre tout cela en cause.

Le deuxième point qui me tracasse, c’est l’amnistie. Pardonner ces délinquants, c’est encourager la violence dans notre pays. Il faut condamner ces hommes du RSP afin de donner une leçon à ceux qui voudront faire un putsch. Le Burkinabè a toujours été un homme de pardon car les dignitaires de l’ancienne majorité circulent toujours librement. Nulle part vous ne verrez cela. Le pardon n’est pas synonyme de bêtise. On ne peut pas continuer de tolérer pendant que les fautifs ne s’abstiennent pas de commettre les mêmes erreurs.

Pour ce qui est du sort du RSP qui doit être décidé par le futur président, je suis sceptique. Qu’est-ce qui nous prouve qu’il sera capable de ramener ces gens-là dans les casernes ? Nous voulons que la gendarmerie et la police s’occupent de la sécurité du président.

Ilboudo Omar : « Kafando ne peut pas trahir le peuple »

Je suis uniquement d’accord pour le rétablissement de la transition. Je suis contre les candidatures de ceux qui ont tenté de modifier l’article 37. Le RSP doit être dissous dès maintenant et c’est non négociable. Qu’on ne nous demande pas de pardonner ces putschistes. Ils sont là pour protéger la population et non pour la tuer.
Quant à l’organisation des élections, je pense qu’il faut la maintenir pour le 11 octobre. La transition doit achever son mandat et chacun doit être rétabli dans ses fonctions… Kafando ne peut pas trahir le peuple.

Sawadogo Antoine  :

Les médiateurs ont échoué. On n’a jamais entendu de telles aberrations. Même dans leur pays respectifs, les conflits ne se résolvent pas de la sorte. Ces dirigeants sont arrivés au pouvoir suite à des révoltes dans leur pays. Ils ont jetés de l’huile sur notre feu. Le CDP a dirigé pendant 27 années. C’est le moment pour eux de faire leurs premiers pas dans l’opposition, de s’organiser pour mieux reconquérir le pouvoir d’Etat. On ne veut pas de raccourcis dans notre pays.

Bouba Nignan

Je suis d’accord avec le projet de la CEDEAO sur tous les points. C’est juste pour ramener le pays dans la paix. S’il arrivait que tous les 22 candidats aillent aux élections, alors ce sera au peuple de décider qui sera son prochain président. Je suis pour l’inclusion. Pour le moment je suis d’accord pour l’amnistie. Toutefois, après les militaires devront se régler les comptes. Mais avant, le président Michel Kafando doit reprendre les rênes de la transition pour conduire le pays aux élections… Je suis optimiste

Propos recueillis par Herman Frédéric BASSOLE
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