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François 1er, fabricant de mode : « Terre d’Origines », nouveau souffle du Faso Danfani à Koudougou

Publié le mercredi 9 septembre 2015 à 23h42min

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François 1er, fabricant de mode : « Terre d’Origines », nouveau souffle du Faso Danfani à Koudougou

Selon le périodique international de mode, A+ Mag, il est 33eme des 50 personnalités qui font la mode en Afrique. François Yaméogo, alias François 1er a fait défiler le pagne tissé burkinabè, Faso Danfani sur les podiums en Afrique, en Europe et au-delà. Depuis quelque temps, le fabricant de mode, chef d’entreprise a quitté la France ou il avait déposé ses pénates depuis des décennies, pour regagner son Koudougou Natal. Avec ses partenaires de Relais France, il a créé une marque, Terre d’Origines, un projet qui prend progressivement son envol sous les auspices du chef d’entreprise, François 1er.

Les magazines de mode l’ont surnommé le roi du coton Bio et du commerce équitable qui a vendu un peu partout dans le monde des collections en coton 100%. François Yaméogo avec son style à base de Faso Danfani a conquis la diaspora africaine, et pas seulement. En quête de son identité, les ‘’Koss Yétos’’ ont trouvé en ses créations des fragments de l’Afrique, modelés selon les formats occidentaux.

Sa ligne vestimentaire, griffée François 1er à base du coton bio a pu se frayer un chemin dans les arcanes de la mode européenne. Il a depuis près d’une décennie ouvert une boutique à Ouagadougou. La marque a depuis, « eu de l’expérience, conquis le marché, obtenu une assise ». « On a le coton, avec cela on peut aller vers la transformation. J’ai fait venir les machines et j’ai commencé à mettre une ligne au point. La ligne Ethnique, à base de 100% coton. Je peux dire que je suis le seul qui a commencé à le faire, parce que les autres mélangeaient avec d’autres matières. Mais moi j‘ai fait la ligne 100% coton du Burkina Faso, en costume, robe, en assemble… », se rappelle-t-il

Pour lui, la réussite d’un tel projet qui n’était pas gagné d’avance est une bénédiction de Dieu. « Quand je veux faire quelque chose, je prie et je laisse faire ». Mais pour asseoir sa structure dans son pays, il a fallu faire des sacrifices. « Je peux vous dire que je n’ai plus jamais pris de vacances au bord de la mer comme j’avais l’habitude de faire avec mes enfants. Je savais que ça serait difficile, que j’allais prendre des coups, recevoir des bâtons dans les roues, je m’étais préparé moralement. Je suis un fonceur, quand je crois en quelque chose ».

Son expérience de Ouagadougou lui a permis de se forger pour tenter que autre expérience dans la cité du cavalier rouge, Koudougou. « Si j’étais venu directement de France pour faire ce que je fais à Koudougou, ça aurait été difficile ».

Terre d’Origines ou le retour à la ville natale

Le projet de création de haute gamme Ouagadougou était en réalité une phase de rodage qui faisait dormir un autre. « Je suis une industrie, je fais des séries, même en France ça toujours été mon travail ».

A Koudougou, la ville de la défunte usine Faso Danfani, il avait un projet plus ambitieux. « Entre temps, j’ai rencontré des responsables de Relais France qui m’ont dit qu’ils avaient un projet de textile à Koudougou. Seul on ne peut aller loin. Quand c’est un groupe, le projet peut vivre longtemps. J’ai vu qu’on avait le même état d’esprit. Ils ont décidé de supporter le projet et m’ont désigné chef de projet ». Une marque est donc née. Terre d’Origines, qui fait référence aux origines du chef de projet, François Yaméogo.

Terre d’Origines est une marque qui fait dans la mode urbaine, plus accessible que le haut de gamme et qui ventile la culture du Burkina à travers sa matière première, le coton. « Dans cette mode, pour être compétitif, il faut être fort dans la recherche, dans la distribution, dans l’acquisition de la matière première » et selon lui, Le Relais à ce savoir-faire.

Le projet qu’il pilote s’est tourné vers une économie sociale solidaire. Créer des emplois et permettre aux travailleurs de bien vivre de leur savoir-faire.

Une résurrection de l’usine Faso Danfani ?

Pour François 1er, le projet permet de faire revivre l’emblématique l’usine, mais autrement. « C’est vrai que l’usine du Faso du Faso Danfani a fermé, mais les gens de l’usine sont toujours là et c’est une chance pour Koudougou. Il y a des techniciens qui ont travaillé dans l’usine, il y a donc du savoir-faire. Les ingénieurs ont formé beaucoup de femmes à tisser à teindre… ».

Mais la marque Terre d’Origines a une vision différente de celle de l’usine de Faso Danfani qui plus « capitaliste » dans sa démarche. « Nous sommes dans un esprit social » précise-t-il.

Chef d’entreprise de mode, François Yaméogo rêve grand avec le projet de Koudougou. C’est toute une chaine qui se profile à l’horizon. « Bientôt on va regrouper le tissage, la teinture et la couture. Nous allons maintenant vers l’expansion, le projet prend son envol… ». il s’est entouré d’une équipe compétente, comme il le dit lui-même, « des gens très pointilleux », car poursuit-il, Un bon patron, c’est celui qui sait bien s’entourer. « Même si vous donnez des millions à quelqu’un qui ne sait pas bien s’entourer, il ne pourra pas avoir une entreprise qui va aller vers la pérennité ». Le teinturier, tisseur, designer attitré de François 1er depuis 7 ans, Raphael Sawadogo n’écarte par exemple pas l’idée de quitter la capitale pour la cité du cavalier rouge afin d’être à côté du centre des opérations.

Le devenir de la marque François 1er

Elle sera toujours là, rassure le natif de Koudougou. François premier et Terre d’Origine ont des démarches différentes. Projet assez prenant, Terre d’Origines a réduit les mouvements de l’homme aux « doigts d’or ». « Je voyage maintenant souvent tous les deux mois, je vais dans des salons, dans des défilés en Europe, mais je suis plus à Koudougou pour que le projet prenne forme, aboutisse ».

Cela n’empêchera pas sa marque initiale de continuer de voyager sur les différents podiums. « Quand vous regardez les grands noms de la mode en Europe, les filés se font, mais le créateur lui-même souvent, on ne voit pas. C’est nous les africains qui aimons surtout parader sur les podiums, mais un défilé peut se faire avec les créations de François 1er sans sa présence…c’est la marque, le produit qu’on valorise, la qualité du produit qu’on montre ce n’est pas la personne physiquement ». C’est surtout dans la haute couture que la présence du créateur est nécessaire, ce qui n’est pas le cas, quand il s’agit du domaine du prêt à porter, de ligne vestimentaire.

Malgré les aléas faits de coupures d’eau et d’électricité fréquentes à Koudougou, François Yaméogo croit en Terre d’Origines. « On a des gens compétents, des ouvriers qui veulent travailler, le produit plait beaucoup, est demandé à l’extérieur comme à l’intérieur », ajoute le chef d’entreprise avant de conclure que « le Faso Danfani va aller vers la semi industrialisation. On a une vision à long terme et grand ».

Tiga Cheick Sawadogo
tigacheick@hotmail.fr
Lefaso.net

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