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Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

Publié le dimanche 6 septembre 2015 à 22h58min

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Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

En sa séance ordinaire tenue à Fada N’gourma (chef-lieu de la région de l’Est) le 2 septembre 2015, le Conseil des ministres a adopté un rapport relatif à la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante pour les victimes de l’insurrection populaire. La mise en place de cette Commission d’enquête indépendante, précise le compte rendu dudit Conseil des ministres, « vise à mener toutes les investigations en vue de déterminer les causes des morts et des blessures enregistrées au cours de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et des manifestations des 1er et 2 novembre 2014, n’ayant pas fait l’objet d’une information devant la Justice. » Il s’agit donc d’une Commission qui devra « faire la lumière sur les victimes de l’insurrection populaire. »

L’on se rappelle que la création d’une telle Commission avait été réclamée par certains acteurs depuis le début de Transition. Et comment ces acteurs ont-ils accueilli cette annonce faite par le gouvernement le 2 septembre dernier ? Cette question, nous l’avons posée au président de l’Association des blessés de l’insurrection, au porte-parole des familles des martyrs et au Secrétaire général du Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP). Si les deux premiers ont opté de rester muets comme des carpes en faisant attendre vainement, le dernier, Aly Sanou, s’y est prononcé. Pour lui, cette annonce révèle « un aveu d’échec » de la part du gouvernement de la Transition. Lisez plutôt…

« Au niveau du Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples, c’est avec étonnement que nous avons appris que le Conseil des ministres a décidé de mettre sur pied une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur toutes les violations des droits humains qui ont été commises pendant l’insurrection populaire.

Nous disons étonnement parce que cette initiative est curieusement tardive. Elle est tardive parce que ça fait plus de dix mois que le gouvernement de la Transition est en place. Et également, nous sommes à moins de deux mois des élections qui doivent mettre un terme à la Transition. Nous nous demandons pourquoi c’est maintenant que le gouvernement de la Transition se décide à mettre en place une commission d’enquête indépendante sur des blessures, des tueries qui ont été enregistrées il y a bientôt un an ?

Ensuite, nous sommes étonnés parce que cette commission d’enquête indépendante vient à peu près six mois après les états généraux de la justice. On nous avait dit à grands renforts de publicité que ces états généraux étaient l’occasion pour la justice de redorer son blason, de diagnostiquer les maux qui minent notre système judiciaire ; et qu’après cela, il y aurait vérité et justice pour les victimes de l’insurrection populaire. Aujourd’hui, nous sommes surpris que six mois après, on met en place parallèlement une commission d’enquête indépendante. La question qui se pose alors est celle de savoir pourquoi ?

Pour toutes ces raisons, nous trouvons au niveau du MBDHP que c’est une initiative suspecte de la part du gouvernement pour gagner du temps. Vous vous souvenez qu’après l’assassinat de Norbert Zongo en 1998, une commission d’enquête avait été mise sur pied ; elle avait fait un travail formidable. Mais finalement, la justice a rangé dans les tiroirs, les conclusions de cette commission d’enquête indépendante. L’impression que nous, nous avons, c’est que le gouvernement de la Transition cherche à faire la même chose en ne se préoccupant que de l’organisation des élections, pour ensuite dire que ‘’nous avons mis en place une commission d’enquête indépendante’’, et enfin refiler la patate chaude au prochain gouvernement.

Nous pensons que cette décision du conseil des ministres est un aveu d’échec du gouvernement de la transition qui n’a pas été capable pendant toute une année, de rendre justice aux martyrs de l’insurrection populaire, de rendre justice aux personnes qui ont été blessées pendant l’insurrection populaire. Alors que tous ceux qui sont aujourd’hui au gouvernement, doivent leur place actuelle au sacrifice de ces personnes. Nous pensons que dans ces conditions, le minimum qu’ils devaient faire, c’est de leur rendre justice avant la fin de la Transition. Pour nous, la mise en place de cette commission d’enquête est un aveu d’échec. C’est la preuve que notre justice est toujours dans le même état qu’elle était sous le régime de Blaise Compaoré, c’est-à-dire une justice incapable de se saisir des violations de droits humains, des tueries, de mener des investigations et d’arrêter les personnes qui ont posé des actes répréhensibles et de les condamner conformément aux lois en vigueur. »

Propos recueillis par Fulbert Paré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 septembre 2015 à 07:05, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    La création de cette commission d‘enquête traduit à souhait l’échec de la Justice à dire le droit et rien que le droit ! J’ai toujours dit que dès qu’on confie une affaire à une commission d’enquête, on déleste en même temps la justice de son pouvoir !!! On empêche la justice de travailler et on réduit les juges à des ‘’signateurs’’ de casiers judiciaires et à envoyer les voleurs de cellulaires en prison !!!!

    Et puis je soupçonne qu’il doit y avoir une force nuisible dans ce pays qui empêche la justice d’être rendue dès que ce sont les militaires qui sont concernés. Il y a lieu de bien regarder du côté des Chefs du RSP si ce ne sont pas eux qui imposent leur volonté à la justice !! On en a marre !!

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 7 septembre 2015 à 09:20 En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    C’est dommage !
    On dirait que nous ne tirons pas leçons de nos erreurs passées. Suivez mon regard.
    Des moyens colossaux seront surement mis à la dispositions de cette Commission pour mener à bien ses missions. Je ne vous dirais pas les salaires des membres de cette Commission d’enquête. pourquoi ne pas donner les mêmes moyens à la gendarmerie et à la police pour faire ces investigations ? Ceux-ci font déjà bien leur travail présentement. Evitons de créer des problèmes aux institutions.
    C’est dommage que cette proposition soit parrainée par le Ministère de la Justice qui veut par cette pirouette livrer l’institution judiciaire à la vindicte populaire.
    En agissant ainsi, le Ministère de la Justice sous entend qu’il y’aurait une crise de confiance présentement profonde entre la population et sa Justice, même au sortir des Etats généraux , qu’il faille créer un organe administratif pour faire le travail à sa place.
    J’espère tout simplement m’être trompé sur la question.

  • Le 7 septembre 2015 à 10:00 En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    Position du MBDHP sur la commission d’enquête !

  • Le 7 septembre 2015 à 10:47 En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    En toute chose, il faut fonder ses positions sur des raisons objectives fortes. Alors que là, les fondements de votre argumentaire ne paraissent pas très solides. Vous passez votre temps à parler d’"aveu d’échec", "aveu d’échec", comme si la fin de la transition serait la fin de la Justice et de tout.

  • Le 7 septembre 2015 à 11:41, par kouadio En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    Comme les vautours, apres la chair, les os, il reste qu’a se manger

  • Le 7 septembre 2015 à 12:13, par espoir 9° En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    Chers amis, un jour la tergiversation d’une justice fabriquée au service d’un parti politique, d’un clan, d’une famille, d’un individu, aux antipodes des aspirations du peuple burkinabé vont finir avec la volonté du peuple qui se dessine à prendre son destin en main.

    Aujourd’hui, le défi majeur n’est pas de changer de système, il faut changer aussi les hommes. C’est eux qui animent le système. Quel que soit la beauté du cadre d’expression, si les hommes appelés à l’animer ne s’appliquent pas et ce, au regard des intérêts de toute la nation, ce système est voué à l’échec pur et simple.

  • Le 7 septembre 2015 à 12:20, par espoir 9° En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    RSP, qu’ils se rappellent qu’ils sont burkinabé d’abord avant d’être RSP. Et qu’ils observent bien l’histoire car, elle est têtue. Vous avez beau la chasser, votre passé dans l’exercice de vos responsabilités vous rattrapera, en bien ou en mal. Autant, pour tous et toutes, hommes et femmes de ce pays là, de se convaincre que chacun répondra devant l’histoire tôt ou tard. Tu a commis du bien, soit-il de la taille du grain du fonio, tu le vivra, tu as commis du mal, soit-il de la taille du grain de fonio, tu le vivra, tôt ou tard, ici ou au-delà. Personne d’autre ne pourra répondre à votre place. Que cette vérité naturelle et divine puisse être acceptée et contribuer à façonner nos valeurs.

  • Le 7 septembre 2015 à 23:44, par Boinzem En réponse à : Commission d’enquête pour les victimes de l’insurrection populaire : L’annonce de sa création est « un aveu d’échec »

    Un groupe de voleurs doués avait ses habitudes opératoires. Ils allaient toujours dans un village pour voler toutes les richesses en dépouillant toute la population. Un jour, ils furent surpris par la résistance des villageois révoltés qui se mirent à leur poursuite. Les voleurs se mirent alors à courir en débandade pour sauver leurs vies. Se voyant presque rattrapés par la foule en furie, une partie des vieux voleurs restés en arrière se mirent aussi à crier aux voleurs en faisant mine de pourchasser leurs compagnons de forfaiture. Bien rusés, ils changèrent vite de vêtements et se mirent à crier plus fort que tout le monde. Mus par la peur, ils courraient plus vite que les villageois les plus rapides. Ils couraient tellement bien pour sauver leur peau qu’ils finirent par rattraper leurs camarades. Ils purent facilement les rattraper car ils les connaissaient ainsi que leurs points faibles et leurs cachettes. Ils les rattrapèrent donc et les livrèrent triomphalement aux villageois en furie pour être lynchés, jugés, humiliés et emprisonnés. Nos voleurs reconvertis en faux sauveurs devinrent les héros dans le village qui décida de leur confier désormais sa sécurité et ses richesses. Leur stratagème a bien plus que marché. Non seulement ils ont pu sauver leurs vies, mais, maintenant ils sont aussi perçus comme des héros et jouissent de la confiance totale de la population. En temps opportun, ils pourront dépouiller le village de tous ses biens sans aucune peine ou suspicion jusqu’à ce que les pauvres villageois s’en aperçoivent. Chassez le naturel et il revient au galop. Ils attendent tranquillement le bon moment pour repasser à l’action.

    Cette histoire vraie se passe dans la banlieue Ouest de Ouagadougou. Elle illustre bien l’histoire des camarades du CDP et du MPP. Après avoir été surpris par la réaction du peuple, ils se sont mis à crier aux voleurs plus fort que tout le monde en indexant leurs camarades d’hier. En moins de 10 mois, ils ont pris la tête de la contestation socio-politique contre la mauvaise gouvernance. Ils ont organisé et financé l’insurrection pour chasser du pouvoir leurs anciens camarades. Ils sont maintenant les héros de l’insurrection qui ont libéré le pays de la dictature de Blaise. Tout le monde loue leur contribution déterminante à la chute de l’ancien régime. Ils sont perçus mêmes comme les sauveurs du peuple et les dirigeants indiqués pour l’avenir. Aussi, tout est mis en eouvre pour leur transmettre le pouvoir sans combat et sans compétition. Mais, les voleurs du MPP et du CDP sont de la même race. Ces survivants de la vindicte populaire se remettront bientôt au travail dès que la situation leur sera favorable.

    Ce n’est pas parce que le peuple préfère donner une absolution facile aux MPPistes qu’ils ne pilleront plus jamais les deniers publics. C’est leur comme ça. Ils sont les pyromanes pilleurs. Ils ne peuvent pas changer. Le singe ne changera jamais sa façon de s’asseoir. Qui a bu boira. Pauvre peuple du Burkina Faso, pays dit des hommes intègres. On dit que chaque peuple mérite ses dirigeants. Le gouvernement MPP qui viendra inéluctablement après les élections (à moins d’un cataclysme du Conseil constitutionnel), avec ses tares et ses travers, serait ce que mérite le peuple du Burkina. Sa misère prochaine serait pire que celle de l’ère COMPAORE car ce sont les anciens voleurs du peuple qui reprendront leurs postes perdus pour continuer de bouffer, diner et tanner tranquillement. Ne dites pas plus tard que je ne vous ai pas prévenu. Une sagesse de chez nous dit qu’on ne piétine pas les bijoux familiaux de l’aveugle deux fois. En sera-t-il de même pour le peuple burkinabè ? Je veux bien y croire pour ne plus déprimer.

    Je m’incline en mémoire des martyrs du peuple.

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