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Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

Publié le dimanche 30 août 2015 à 22h21min

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Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

10 à 15 millions de F CFA. En lieu et place de la peine de prison, c’est la lourde amende que le projet de loi du gouvernement prévoit pour les médias qui seraient condamnés pour diffamation. Cette situation préoccupe les organisations professionnelles de médias qui estiment que cela est en déphasage avec les réalités financières des organes de presse. Au cours d’une conférence de presse qu’ils ont animée dans la soirée du samedi 29 août 2015 au centre national de presse Norbert Zongo, Lookman Sawadogo et ses compagnons souhaitent le maintien des amendes à un million tout au plus, comme le dicte l’ancien code de l’information.

Le bout du tunnel ne semble plus loin pour les médias burkinabè qui sont désormais suspendus aux lèvres du conseil national de la transition (CNT). Chérif Sy et ses collègues devront apprécier les propositions de loi visant à améliorer la liberté du « quatrième pouvoir » et à encadrer la profession du journalisme. Jusque-là, les organisations professionnelles des médias avaient travaillé d’arrache-pied, lors d’ateliers tenus à Koudougou, pour que leurs préoccupations soient prises en compte dans le nouveau code de l’information. Bien que des notes positives se signalent pour les questions liées à l’accès aux sources d’informations, la définition du statut du journaliste, la législation de la presse en ligne,… les professionnels des médias notent un hic au niveau de la dépénalisation des délits de presse. Même si la peine de prison a été abrogée, la peine d’amende, elle, a pris du ventre. La contre-partie pourrait aller de 10 à 15 millions de F CFA. La note s’annonce donc salée si les députés adoptent la loi.

Non au requiem

« Nous ne demandons pas l’impunité. Nous demandons au gouvernement de ramener les amendes au code de l’information de 1993 », dixit Guézouma Sanogo, président de l’association des journalistes du Burkina (AJB). Pour lui et ses camarades, l’Etat doit tenir compte de la capacité financière des organes de presse s’il veut éviter « un requiem » de ceux-ci. « La loi ne doit pas décevoir les attentes », estime Lookman Sawadogo, président de la Société des éditeurs de presse privée (SEP). Et puisque l’Etat avait entrepris des chantiers en faveur des médias tels que la défiscalisation du matériel, la création d’un fonds public pour la presse… les conférenciers pensent que ces peines d’amendes « très lourdes » viendront annihiler les « efforts déjà entrepris ».

Attention !

Le professionnalisme prendra un sérieux coup si cette loi passait le 4 septembre, pense le président de la SEP. Les enquêtes, les reportages, les éditoriaux, les commentaires ne seront plus, à l’en croire, pertinents et n’auront plus la même portée. En somme, c’est une « presse au rabais » que le Burkina risque de trainer sous ses jambes. La balle semble être dans le camp du gouvernement mais aussi des députés qui, jusque-là, « ont été sensibles à nos préoccupations lors des auditions », remarque Lookman Sawadogo.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

Lire aussi :Déclaration liminaire des organisations professionnelles des medias sur le projet de loi portant sur les medias

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Vos commentaires

  • Le 31 août 2015 à 07:35, par sidpanooma En réponse à : Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

    Le gouvernement actuel veut préparer le terrain du bâillonnement de la presse pour le futur pouvoir qui a beaucoup de choses à cacher et qui ne voudrais pas que cette presse en parle. Le même complot qui a consister à suspendre les émissions d’expression directe et d’interdire la couverture de la precampagne sous le motif faux de campagne déguisée est toujours en vigueur. Messieurs de la presse battez-vous sinon c’est fichu pour vous vous fermerai tous dans les six mois à venir si vous tenez à faire votre boulot. Ou alors vous carrés carresserai dans le sens du poil pour demeurer vivant. Cette loi c’est pour vous tenir par la bride . Dommage mais la triste réalité et du chantage qu’on vous fait. Aucune peine n’est suffisante pour dissuader. L’argument ne tient pas et est très facile. H

  • Le 31 août 2015 à 10:27, par rendak En réponse à : Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

    avec cette nouvelle loi, ce n’est plus peine d’emprisonnement qu’on veut enlever. c’est la peine de mort qu’on veut appliquer aux journalistes, leurs collaborateurs et jusqu’à leurs outils de travail. on voit qu’il n’est pas permis de révéler les mauvaises pratiques de nos hommes de la justice (magistrats, avocats, cf procès de l’événement de le reporter). s’ils gagnent cette loi, c’est requiescat in pace pour la presse ! pauvres de nous burkinabè ! quand on prétend t’aider c’est pour mieux t’étouffer ! je suis pas journaliste mais je sais que pour les vrais ceux qui sont engagés, ils préféreront mieux aller séjourner quelques mois en prison plutôt que de voir leur outil mourir et des familles avec !

  • Le 31 août 2015 à 16:41, par Moussa En réponse à : Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

    NOUS sommes tous avec les journalistes sur cette question. On se demande sur quelle planete ou dans quel pays vivent ceux qui veulent reclamer 10 à 15 millions de F CFA a des organes de presse dans notre pays.
    Nos organes de presse vivotent. Malgre cela il font leur travail autant qu’ils peuvent. Appliquer cette loi, c’est sonner le glas aux organes de presse au BF.
    Merci

  • Le 31 août 2015 à 16:41, par Rabasba En réponse à : Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

    webmasta, tout le monde sait que tu es journaliste et que tu supportes ta corporation mais laisse les gens dire ce qu’ils pensent.
    Tout le monde sait que les journalistes au BF aiment le gratos. Ainsi, vous voulez avoir le droit d’insulter, mentir ou diffamer sans en payer le prix. Pourtant, selon les juristes, lorsqu’il y a préjudice il y a dédommagement. Déjà que l’Etat a fait des efforts pour que vos mensonges et diffamations ne vous amènent pas en prison c’est déjà une avancée notable ; mais de là à ne vouloir payer en contrepartie des dommages et intérêts c’est quand même étonnant. N’oubliez pas que vos insinuations peuvent porter atteinte à l’honorabilité de certaines personnes et de leur famille. Alors comment redorer cette image écornée par vos écrits assassins ? On ne vous enverra plus en prison mais il faut payer chèrement. Cela vous fera réfléchira par 10 avant de jeter certaines personnes en pâture.

  • Le 31 août 2015 à 16:42, par Cequejenpense En réponse à : Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

    Nous savons tous combien la presse est importante dans une democratie ou tout Etat qui y aspire. Je le disais en commentaire a un article publie sur le sujet il y a quelques jours. Cependant, on ne peut pas lever TOUS LES GARDES FOU. Je preconisais notamment une hause des sanctions pecuniere contre la depenalisation. On ne peut pas au nom de la survie d’une "maison de presse irresponsable" laisser le citoyen a la merci des journalistes. M. Sy le sait et il devrait faire tres attention. Certe il est journaliste mais il doit agir en tant que President du CNT (notre assemblee nationale transitionnelle) donc dans l’interet de toute la nation et non d’un corps. Quand aux finances, la presse doit elle meme trouver des debouches pour etre des entreprises viables economiquement. Ailleurs les patron de presse sont millionnaire. Comment font-ils ? La publicite, les publi-reportage, les scoop (vraie) qui boostent leur lectorat ou auditorat, etc. La presse ecrite doit baisser ses prix pour etre accessible et conquerir de nouveaux lecteurs. Au senegal plusieurs journaux sont vendus a 100f contrairement au burkina. On peut critiquer la qualite des articles mais beaucoup de journaux burkinabe ne font pas mieux et coutent pourtant plus chere.
    J’encourage le gouvernement a ne pas ceder et a maintenir ces amendes de 10 a 15 million.

  • Le 3 septembre 2015 à 22:07, par Soka En réponse à : Dépénalisation des délits de presse : les professionnels contre « un requiem des organes de presse »

    Lorsqu’on contraint le citoyen lambda à payer une amende de 12000F pour défaut de feu rouge, pensez-vous que c’est au regard de sa capacité financière ? S’il avait ce montant, il aurait certainement fait un tour chez le mécano dès que ca fait masse... La peine n’est jamais fixée à la tête du client, mais plutôt tient compte des risques et dégats présentés ou de l’urgence de la dissuasion... Quand la peine est symbolique, l’incivisme en rit ! Quand il y a danger de... requiem, il n’y a plus que les fous qui s’entêtent. Ayons le souci de la déontologie et de la compétence, et le juge saura distinguer entre l’erreur et la faute, le piège et la négligence, la vérité et la manipulation... Il ne faut surtout pas que le rejet de la sanction cache l’intention de fauter ! Si aucune peine ne peut réhabiliter un honneur bafoué par la presse, faut-il pour autant laisser libre cours au bafouement ???
    Si la presse n’était qu’un thermomètre, on ne la casserait pas. Mais si elle prétend indiquer aussi la nature de l’infection, les risques d’erreur sont évidents.

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