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DAN’ FANI Fashion WEEK : « Que le pagne traditionnel dans toute sa splendeur descende dans à la rue ! », dixit Marguerite Doannio, promotrice

Publié le mardi 25 août 2015 à 03h40min

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DAN’ FANI Fashion WEEK : « Que le pagne traditionnel dans toute sa splendeur descende dans à la rue ! », dixit Marguerite Doannio, promotrice

Ouagadougou abritera du 29 août au 5 septembre 2015, « DAN ’ FANI FASHION WEEK ». Organisé par les deux associations AFRIKIKRE et AFRIQUE AUTHENTIQUE, ce Salon International de design du textile africain de Ouagadougou se veut une vitrine des tenues traditionnelles africaines.
A quelques jours de l’ouverture de cette fête du textile africain, nous avons rencontré la promotrice, Marguerite Doannio, qui a bien voulu nous donner les détails sur l’évènement. Entretien !


Lefaso.net : Quelles sont les raisons qui ont motivé à la création de l’évènement ?

Marguerite Doannio : On est parti du constat que le Burkina est un grand producteur de coton. Mais malheureusement, il n y a que maximum 2% de ce coton qui est transformé et sur ces 2%, la transformation ne profite pas forcement aux acteurs. Ces derniers sont principalement les acteurs du textile artisanal. Ils font du bon travail, que ce soit les tisseuses, les créateurs de mode au Burkina mais leur travail n’est pas suffisamment valorisé au pays. On constate des journées promotionnelles du Dan ’Fani, d’art vestimentaire, mais qui restent toujours au plan local. Nous avons voulu sortir de ce cadre local et ouvrir le Dan‘Fani à d’autres horizons. Raison pour laquelle on a pensé à un salon international qui va regrouper tous les pays qui font le pagne tissé dans la sous-région et même au-delà de la sous-région. Car, on est allé inviter des artisans de l’Ethiopie, du Kenya, de l’Egypte, d’un peu partout. On souhaite que ce cadre soit un grand marché pour le pagne tissé, que les professionnels se rencontrent, qu’ils tissent des relations d’affaires pour que le secteur de ce pagne puisse se développer.

Lefaso.net : Quelles sont les activités au programme ?

Marguerite Doannio : Au programme Nous avons des activités de formation en tissage, en teinture et en créativité et design qui se feront un peu en amont du salon. Au cours du salon, on aura la grande foire, l’exposition, des défilés de mode, surtout des conférences, des panels sur le thème du marché mais aussi sur le thème du pagne culturel.
Des personnalités, des chercheurs, archéologues, en un mot des spécialistes viendront communiquer sur le pagne culturel au Burkina Faso, au Mali, au Ghana etc. Donc, c’est un mini-colloque que l’on prépare. L’histoire, c’est de montrer d’où est parti le Dan’ Fani malgré le fait qu’il ait acquis un titre de noblesse ici et à l’international. Ce pagne-là est parti de quelque part et avec la modernité, l’on ne doit pas oublier l’ancien. Donc, on veut rappeler l’histoire de ce pagne. Des spécialistes nous ont fait savoir que depuis le moyen âge, il y avait déjà des étoffes. On veut rappeler cette belle histoire du pagne tissé, et l’évolution qu’il a eue.
On proposera également des animations culturelles, beaucoup d’artistes qui défendent des valeurs culturelles burkinabè, africaines, seront conviés tous les soirs sur l’avenue Kwamé N’Krumah. Au grand gala de clôture, on aura les résultats du concours pour le « pagne d’or », et l’élection d’un ambassadeur du Dan Fani.

Lefaso.net : Pourquoi le choix de cette période ?

Marguerite Doannio : Normalement, le salon devait se tenir en décembre. Mais, les personnes qui nous accompagnent ne seront certainement plus en fonction, du fait de la période qui est exceptionnelle. On ne peut pas tenir le salon sans rencontrer les premiers responsables des départements, qui sont impliqués dans la question du textile artisanal et le Premier ministre. Cela sera peu intéressant car, nous voulons que l’événement se tienne au moment où ils seront toujours en fonction. Raison pour laquelle nous avons choisi cette date (29 août au 5septambre) pour leur permettre d’être de la fête avec nous.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui justifie le thème de cette première édition : « Le Dan Fani, une marque, un marché à conquérir » ?

Marguerite Doannio : Actuellement, le problème qui se pose au Faso dan fani, c’est celui du marché. Les femmes tissent à longueur de journée, elles ont des pagnes en stock mais elles ne savent pas quoi en faire. Elles tissent sans qu’il ait commande. Elles tissent parce qu’il faut tisser. L’idée, c’est que ces femmes-là ne tissent plus par survie. Il faut qu’il ait de la commande et la commande, il faut la trouver. Il faut qu’il y ait des acheteurs. Et ce salon consiste à réunir tous ces gens-là. Ceux qui fabriquent, ceux qui achètent, pour qu’il y ait des donneurs d’ordre. Pour que par exemple, les femmes des associations puissent recevoir des commandes de structures bien organisées, d’ici et d’ailleurs. Je pense aux grandes entreprises, au gouvernement car, on peut faire beaucoup de chose avec le pagne tissé. Il faut qu’on trouve un véritable marché au pagne tissé. Que ce soit sur le plan local, sous-régional ou international. Le thème du marché pour nous est une urgence. Nous devons trouver un marché réel, un marché international au pagne tissé.

Lefaso.net : Quelle est la périodicité du salon ?

Marguerite Doannio : Si Dieu nous donne cette grâce, on voudra tenir le salon chaque année. Juste après cette édition, on aimerait entamer les préparatifs de la prochaine édition. Car, on sait déjà ce qu’on va mettre dans la 2ème et dans la 3ème édition. Pour qu’il n’y ait pas rupture, on a introduit ces paramètres dans l’organisation. Cette année, on met l’accent sur l’habillement, les tenues vestimentaires.

Lefaso.net : Pourquoi le choix de Ouagadougou comme capitale de l’évènement ?

Marguerite Doannio : Ouagadougou abrite déjà des évènements tels que le SIAO, le FESPACO. Notre objectif est que Dan ’Fani Fashion Week soit un évènement panafricain. Et comme on a déjà ces évènements qui se tiennent-là, pour nous, c’est une évidence qu’il se tienne ici aussi. Mais, c’est un salon qui peut se tenir à Bobo-Dioulasso, à Abidjan, à Cotonou, car on a voulu impliquer essentiellement les pays qui ont le coton en partage. Mais, il y a la possibilité de tourner. On a une petite équipe dynamique, on peut, si on le veut, faire de ce salon un évènement itinérant. Mais, il faudra d’abord commencer et bien s’installer avant d’envisager ces options.

Lefaso.net : Pourquoi avoir choisi Nkosazana Dlamini- Zuma comme marraine de l’évènement ?

Marguerite Doannio : C’est un évènement que nous voulons panafricain. C’est la présidente de l’UA (Commission de l’Union Africaine) et c’est une dame qui défend beaucoup de valeurs pour la promotion des richesses africaines, des valeurs très fortes. Personnellement, je ne l’ai pas vue, pour les grandes cérémonies, s’habiller autrement que dans les tenues traditionnelles africaines. Pour toutes ces raisons, on a pensé que c’est la personne qu’il nous faut pour l’événement. Pour la solliciter, nous n’avons pas eu de peine particulière.

Lefaso.net : Où aura lieu la cérémonie d’ouverture ?

Marguerite Doannio : La cérémonie d’ouverture aura lieu sur l’avenue Kwamé N’Krumah, en plein air dans la rue. On a choisi cette avenue, parce que c’est la plus belle avenue de Ouagadougou. On s’est dit que c’est la plus belle avenue qui puisse magnifier ce beau patrimoine africain qu’est le pagne tissé. C’est le seul endroit qui nous convient pour cette ‘’folie’’, car il faut le dire, « c’est une folie ». Nous voudrions que tout le pagne dans sa splendeur descende dans la rue et que les populations s’en approprient. Un endroit fermé ne convient pas. Faire descendre la mode dans la rue pour que le Burkinabè de tous les jours sache ce qu’on peut faire de beau avec le Dan Fani.

Lefaso.net : Combien de participants attendez-vous à cette édition inaugurale ?

Marguerite Doannio : On n’a pas une idée précise. Mais on attend environ un millier de personnes. Nous sommes en saison hivernale, et c’est un facteur pris en compte. Pour nous, rien ne va empêcher les Burkinabè de sortir. Même pas la pluie. Nous avons convié une dizaine de pays et on espère en recevoir d’avantage.

Lefaos.net : Le prix des stands varie entre 200 000 et 500 000 FCFA. Ne pensez-vous pas que c’est élevé pour un début ?

Marguerite Doannio : On est dans la fourchette des prix. Dans les autres évènements, c’est pareil. Je dirais même que nous sommes en-dessous, ailleurs c’est le double en réalité. C’est 9 m carré et 12 m carré pour 200 000 et 500 000 FCFA.

Lefaos.net : Quelles sont les structures qui vous accompagnent ?

Marguerite Doannio : On a sollicité toutes les maisons de coton (la SOFITEX : Société des fibres et textiles, la FILSA : Filature du Sahel), le ministère des Infrastructures, du Désenclavement et des Transports (MIDT), le ministère de la Culture et du Tourisme (MCT), le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat(MICA), l’UEMOA, la MABUCIG (Manufacture burkinabè des Cigarettes)

Lefaso.net : Depuis quand avez-vous commencé les préparatifs ?

Marguerite Doannio : Nous avons commencé les préparatifs depuis le mois de mars 2015. On est à la dernière ligne droite maintenant. La phase d’installation des stands, des podiums,…. Les scénographes sont déjà en activité pour les formes et ensuite les décorations.

Lefaso.net : Avez-vous rencontré des difficultés pour l’organisation ?

Marguerite Doannio : Evidemment les seules, et les mêmes. Comment mobiliser les ressources financières ? Nous sommes à la première édition. Nous avons approché de nombreuses personnes qui nous encouragent et apprécient l’initiative. Mais qui nous ont fait savoir que leur budget a déjà été entamé. C’est une difficulté générale. Il faut qu’on tienne une première édition puis une deuxième et une troisième pour que les gens nous fassent plus confiance et acceptent maintenant de nous soutenir.

Lefaso.net : Pensez-vous finir les préparatifs à temps ?

Marguerite Doannio : Ah oui !! Par la grâce de Dieu. On fait tout ce qu’on peut, on continue de se battre et on pense qu’on va y arriver. On y croit.

Entretien réalisé par :
Diane Kagambèga (stagiaire)
Lefaso.net

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