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Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

Publié le samedi 8 août 2015 à 01h07min

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Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

Les débits de boissons pullulent dans la capitale Burkinabè. La fréquentation de ces lieux est interdite aux enfants par la loi, mais souvent, ils servent même de cadre de travail aux mômes. Selon une étude menée par la Croix Rouge Burkinabè dans le cadre du projet « Vigilance citoyenne », la situation est critique et commande des actions urgentes. C’est ce 7 août que les résultats ont été présentés à Ouagadougou. L’étude doit servir de base pour un plaidoyer en vue de sortir les enfants des griffes qui menacent leur avenir.

Ce sont 597 enfants qui ont été identifiés dans les 754 débits de boissons des huit arrondissements de la ville couverts par l’étude. Il ressort que le travail des enfants dans les débits de boissons concerne autant les garçons (53,6%) que les filles (46,4%). Généralement déscolarisés (47,4%) ou non scolarisés (27,5%). Parmi les enfants enquêtés, on note une forte proportion qui travaille dans les débits de boissons juste pendant les vacances.

La recherche du travail rémunérateur et l’insuffisance de soutien de la famille sont les principales raisons qui justifient l’exercice de cette activité.

L’enquête fait ressortir des conditions difficiles de travail, à la limite de l’exploitation. La durée journalière de travail (plus de 12 heures en moyenne), les heures de montée et de descente inadéquates (22h-24h ou 0h-5h), la faiblesse de la rémunération, l’exposition aux violences physiques, psychologiques sont entre autres éléments qui permettent de caractériser une situation d’exploitation. Face à la précarité et à la violation de leurs droits, les intéressés, dans leur grande majorité, ont malheureusement une très faible connaissance des acteurs de la protection de l’enfance (90%). Pis, il en est de même des droits de l’enfant dont plus de la moitié des enquêtés n’a pu en citer un seul.

Débits de boissons, nids de violation des droits de l’enfant

Pourtant les violations des droits et des dangers foisonnent dans ces endroits. « Les sévices corporels, les insultes de la part des employeurs et des clients, les punitions infligées aux enfants sous forme de privation alimentaire et de retenues sur les salaires ou la rémunération. L’autre élément, c’est que les enfants commencent le travail tardivement, ce qui les expose à des violences comme des agressions. Ce sont également des sites où on a le développement de certains comportements et pratiques aux antipodes des normes sociales, la prostitution, la drogue… » a dit le consultant de l’étude, Sako Daouda.

Et l’administrateur des affaires sociales au ministère de l’action sociale de poursuivre en indiquant que plus de 12 heures de travail, « c’est excessif et abusif pour leur âge et leur niveau de constitution physique ». Même que dans la logique des acteurs de la protection de l’enfance, la situation est doublement critique. « Les textes interdisent déjà la fréquentation des débits de boissons par les enfants, on ne parle même pas d’y travailler. Cela peut comporter des dangers pour leurs intégrité et moralité. Ce n’est pas un cadre propice à leur développement harmonieux » a-t-il poursuivi.

De la nécessité d’agir…

L’objectif de l’étude était d’élaborer une ligne de bases de données statistiques fiables relatives à la situation des enfants victimes de traite et d’exploitation travaillant dans les débits de boissons dans la ville de Ouagadougou. Et les résultats de l’étude, de l’avis du secrétaire général de la Croix Rouge Burkinabè, traduisent l’impérieuse nécessité d’entreprendre des actions urgentes, concertées et soutenues pour améliorer la situation de ces enfants.

Cela est impérieux pour ne pas compromettre l’avenir des enfants qui sont par ailleurs l’avenir du pays. « Très tôt quand les enfants sont employés dans ces conditions difficiles, il n’est pas évident que dans le futur, ils puissent jouir de toutes leurs capacités pour participer à l’effort du développement du pays » a soutenu le SG, Lazare Zoungrana.

Selon lui, l’étude est une contribution de la Croix Rouge à la lutte contre le phénomène du travail des enfants dans les débits de boissons, surtout qu’il ya peu d’acteurs dans le domaine. « Nous sommes auxiliaires des pouvoirs publics devant toujours intervenir pour ceux qu’on appelle « laissés- pour- compte », a –t-il indiqué

Lazare Zoungrana, a ainsi souhaité une synergie d’actions pour venir à bout du mal. Pour ce faire, la sensibilisation doit être la voie royale, selon les recommandations de l’étude. Il faudra également renfoncer la capacité des enfants en matière d’autoprotection, ceci à travers l’enseignement de leurs droits. L’étude recommande aussi de développer des alternatives au travail des enfants dans les débits de boissons. Mais déjà, le SG de la Croix Rouge s’est réjouit que dans la mise en œuvre du présent projet, sa structure ait eu l’appui des autorités communales miliaires, communales et policières.

L’étude a été menée avec l’appui de l’UNICEF, de la CEDEAO et de la Croix Rouge espagnole.

Tiga Cheick Sawadogo
tigacheick@hotmail.fr
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 août 2015 à 02:35, par merling En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Je salue la pertinence de ce travail qui permet de donner un vrai aperçu du problème dans la capitale. Après ces résultats, on attend à présent les actions concrètes. J’espère surtout que la Croix-Rouge du BF et ses partenaires sauront imaginer les stratégies pour aider les enfants qui y souffrent

  • Le 8 août 2015 à 02:42, par Jeh le Pressé En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Les parents qui pensent ainsi aider leurs enfants en les envoyant dans les bars leur font en réalité plus de mal. puisque dans ces lieux ils doivent affronter biens plus de problème. Cette approche sociologique donne donc de la matière à ceux qui doivent faire quelque chose contre ce phénomène et qui ne font rien.

  • Le 8 août 2015 à 04:39, par LE SAGE En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    moi je n’imaginais pas qu’il y avait autant de maquis dans la capitale. la police municipale en aurait dénombré plus de 3800. c’est déjà trop pour une si petite ville. et si en plus on doit y employer des bambins, c’est déplorable. courage donc à la croix-rouge du burkina

  • Le 8 août 2015 à 04:48, par MADAME SANGO BERTILDE En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Je témoigne que mon neveu de 16 ans a travaillé pendant 2 ans avec un monsieur qui le payait tous les soirs 125 frs. en plus pour manger, il ne lui donnait que 50 par jour, alors qu’il doit rester là bas parfois jusqu’à 2h du matin. c’est vraiment déplorable puisque le gérant en question m’a dit que pour être quelqu’un demain, il faut accepter souffrir. Mais je lui ait que ce qu’il fait est de l’esclavage. il faut vraiment que la Croix rouge aide les familles, sinon, ya yéléé bala !

  • Le 8 août 2015 à 04:52, par Garincha En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Je me demande combien a pu couter cette étude ? Parfois ce travail "bouffe" plus d’argent que les actions pour faire face à ce problème. Juste pour savoir. Sinon, je reconnais la pertinence de cette étude.

  • Le 8 août 2015 à 07:44, par Camillo En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Les horaires de travail dévoilés semblent avoir été sous estimés de mon point de vue. En réalité ces enfants sont exploités à la limite de l’esclavage dans ces maquis et bars. Le gouvernement se cantonne de prendre de beaux textes et de ratifier des conventions internationales sans que cela ne fasse bouger les lignes. Avec ces données précieuses, l’Etat ne dira qu’il ne savait pas. Il faut passer dans les débits de boisson et les fermer dès qu’on y surprend un enfant qui n’a pas l’âge d’y être. Cela permettra de dissuader les personnes qui s’y adonnent

  • Le 8 août 2015 à 07:49, par Andreas Barry En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Un enfant dans un maquis sans ses parents, il fermer ça vite. je demande à les autorités ils n’ont qu’à faire vraiment tout pour protéger les enfants parce quand ils voient les fesses et les cuisses, ça peur gâter leur têtes et puis on ne peux plus les sauver. Dieu est qui est fort. Allons seulement !

  • Le 8 août 2015 à 07:53, par Le Visionnaire borgne En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    IL NE FAUT PAS SE VOILER LA FACE.ON NE PEUT RIEN CONTRE CE PROBLEME. IL FAUT JUSTE L’ENCADRER POUR REDUIRE SES EFFETS NEGATIFS SUR LE DEVENIR DE CES ENFANTS SURTOUT CEUX EN VACANCES. BON TRAVAIL ET BON VENT A LA CROIX-ROUGE

  • Le 8 août 2015 à 08:03, par kobis En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Merci à la Croix Rouge, il faut pas que vous en arrêtez là car ce fléau est grandissant et très ennuyant et même énervant donc si vous pouviez trouver une solution pour remédier à ça,bon vent et commencer à faire un aux différents maquis

  • Le 11 août 2015 à 08:45, par Aminata En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    C’est un pas déjà de soulever le problème et de faire voir son ampleur au sein de notre société. il reste maintenant à mon humble envie d’y voir clair et de chercher des solutions adéquates pour que nos enfants ne soient pas exposés à des maux tels que la pédophilie l’exploitation...Mais surtout agir le plus tôt et le plus efficacement possible car nos pays ont besoin de relèves plus cultivées, éduquées ce que la fréquentation des débits de boisson ne peut donner.

  • Le 25 novembre 2015 à 10:35, par JACK BWAHASA En réponse à : Travail des enfants dans les débits de boissons : La Croix Rouge sonne l’alarme

    Cette même situation se vit dans mon pays, la RDC et surtout à l’Est, Goma, Butembo et Beni

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