Certes, le travail est encore devant car, dit-on « lorsqu’il reste encore à faire, c’est que rien n’est encore fait ». C’est dans une ambiance « fraternelle » que des mandataires des partis et formations politiques ainsi que des regroupements et candidats indépendants se sont ‘’bousculés’’ pour déposer leurs listes. En attendant la validation de celles-ci, la leçon majeure qu’on retient à travers cette première phase est que l’ensemble des acteurs regardent vers la même direction : la tenue des élections à bonne date avec en sus, l’ancrage de la démocratie et les élections comme seul moyen pour y parvenir. Sous réserve de revenir sur bien d’autres aspects de ce processus qui vient d’amorcer son dernier virage, observons les listes en compétition, surtout celles de la province du Kadiogo dont Ouagadougou est la capitale.

Plus que toutes les autres listes, celle du Kadiogo revêt un enjeu capital pour les partis politiques.
Dans un pays comme le Burkina où le taux d’analphabétisme est criard et où la majorité des populations se trouvent en milieu rural, il est indéniable que le pouvoir s’obtient en campagne. Mais, il se perd à partir de la capitale. C’est là où les citadins sont censés être les mieux éclairés pour approuver ou désapprouver. C’est là où les gens sont censés jauger les projets de sociétés des uns et des autres ainsi que la crédibilité des porteurs desdits projets.

Donc, obtenir un siège au cœur du pouvoir (la capitale) est moralement un confort dans l’assise politique. Le contraire est par contre synonyme de désaveu. D’où le marquage coude-à-coude des partis et formations politiques à ce niveau.

A titre illustratif, aux élections du 2 décembre 2012, sur les 74 partis politiques en course, 48 se disputaient les neuf sièges du Kadiogo, quand bien même très peu de ceux-ci couvraient à peine la moitié des 45 provinces que compte le pays.

C’est cet enjeu qui explique la minutie avec laquelle sont composées les différentes listes du Kadiogo. Ne s’y positionne pas qui veut mais qui peut. Les listes de partis politiques en compétition dans le Kadiogo illustrent bien cela. Elles sont conduites par des « gros bras ». Dans une compétition de football, on aurait dit que le Kadiogo était le « groupe de la mort ». Laurent Bado pour le compte du PAREN, Salifou Sawadogo au CDP, Jérémie Alexandre Sankara au titre de l’UNIR/PS, Yacouba Savadogo pour l’ADF/RDA, Clément P. Sawadogo pour le MPP, Fatimata Korbéogo pour l’UPC sont les ‘’caïds’’ qui conduisent la liste de leur parti dans cette circonscription.

Au niveau de la liste nationale, ce sont les mêmes stratégies politiques avec de grosses figures : Bénéwendé Stanislas Sankara (UNIR/PS), Salif Diallo (MPP), Achille Marie Joseph Tapsoba (CDP), Me Gilbert Noël Ouédraogo (ADF/RDA), etc.

Sauront-ils répondre à l’espoir placé en eux par leur parti et formation politique ? Plusieurs défis à relever, individuellement comme collectivement, dont celui du taux de participation.

Si la bataille se présente individuelle, force est de reconnaître qu’elle doit d’abord être collective entre l’ensemble des parties prenantes aux élections. Ce d’autant plus que dans ce contexte post-insurrectionnel, il n’y aura pas de fierté pour un candidat d’être ‘’élu quand même’’. C’est-à-dire être porté avec un taux de participation minable. C‘est dire qu’il y a fort à faire par tous. Car, c’est l’image de tous les partis et candidats en compétition qui est en jeu. Ne pas faire mieux que les fois dernières en termes de participation doit être un scénario à exclure.

Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net