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Moctar et Gérard, concepteurs du projet Faso Soap : « On a réalisé un prototype »

Publié le mercredi 29 juillet 2015 à 23h56min

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Moctar et Gérard, concepteurs du projet Faso Soap : « On a réalisé un prototype »

Ils ont marqué l’histoire de l’unique concours mondial de Business Plan Social en étant en 2013, la première équipe étrangère à avoir les deux premiers prix d’un concours jusqu’alors remporté par des Américains. Moctar Dembélé Burkinabè et Gérard Niyondiko Burundais, avaient convaincu le jury et le public avec leur projet Faso Soap(le savon du Faso). Une création de savonnerie avec des caractéristiques anti-moustiques comme solution pour la prévention du paludisme.
Deux ans après avoir remporté à Berkeley en Californie le premier prix du jury et le prix du public à la Global Social Venture Compétition (GSVC), nous avons rencontré les étudiants devenus aujourd’hui entrepreneurs, pour nous imprégner de l’état d’avancement de ce projet de grande envergure sociale.

LeFaso.net : Comment vont Moctar et Gérard et que deviennent-ils ?

Moctar Dembélé : Bonjour, merci de nous avoir contactés pour cet entretien. Moctar va très bien, je pense que Gérard aussi aura l’occasion de s’exprimer par rapport à ça. Ca fait maintenant un bout un temps qu’on travaille sur le projet, ça demande beaucoup de temps mais on est toujours là-dessus. Il y a des avancées et on continue de faire ce qu’on peut faire en tout cas.
Il faut dire qu’on a commencé le projet en 2012-2013, en ce moment aussi on était étudiants en Master 1.L’année qui a suivi c’était pour le Master 2, donc il fallait aussi travailler la rédaction du mémoire et essayer de voir comment évoluer avec le projet a côté. Au jour d’aujourd’hui, nous avons fini nos études, nous sommes ici donc c’est ici dans les locaux de "La Fabrique", un incubateur d’entreprises sociales, que nous travaillons pour essayer de développer le projet.

Gérard Niyondiko : Bonjour. Effectivement comme Moctar vient de le dire, ce que nous sommes devenus, nous sommes des entrepreneurs, nous sommes là dans le processus de la création de FasoSoap. Après la formation, après le diplôme, on a préféré continuer sur le projet.

LeFaso.net : Deux ans après le prix, quels sont les acquis ?

Gérard : Deux ans après, il y a eu beaucoup de choses, parce qu’à l’époque nous on avait présenté le projet à l’étape d’idée à Berkeley. C’est là qu’on nous avait financé et on nous a donné le prix parce que le projet avait un potentiel, nous on a voulu concrétiser cela. Actuellement il y a eu des progrès, le projet a avancé, on a réalisé un prototype, on a eu des partenariats avec certains laboratoires. Mais on est toujours à la phase de Recherche et de Développement et on rencontre des difficultés, des problèmes que tout entrepreneur rencontre.

LeFaso.net : La troisième question rejoint la précédente. C’est de savoir où vous en êtes actuellement avec le projet FasoSoap

Gérard : Avec le projet FasoSoap, je puis dire que nous avons réalisé nos prototypes en partenariat avec un laboratoire de cosmétique en France qui nous a aidés à développer nos prototypes. Mais après avoir développé nos prototypes, il fallait réaliser tout un tas de tests pour la validation scientifique, pour avoir une accréditation scientifique, et c’est ça le grand challenge actuellement que nous avons. Ca fait déjà un bout de temps que nous avons le prototype, mais nous ne sommes pas encore arrivés à réunir tous les fonds nécessaires pour lancer ces tests d’efficacité et d’innocuité sur nos produits. Voilà en gros le coup sur quoi nous sommes en train de travailler actuellement, c’est réunir tous ces fonds pour lancer ces tests.

LeFaso.net : parlez des difficultés que vous rencontrez ?

Gérard : Les difficultés et défis que l’on rencontre c’est que dans ce domaine de startup, il y a beaucoup de gens qui préfèrent financer des startups qui ont déjà commencé. Mais pour la recherche et le développement, c’est difficile de trouver des gens qui vous appuient dans ce sens-là et c’est ça qui nous a un peu bloqués pour avancer aussi rapidement qu’on le voulait. Mais on n’a pas abandonné, on est là, on continue à chercher à trouver tous les moyens financiers pour pouvoir lancer ces tests.

LeFaso.net : Qu’est-ce que vous avez comme projets futurs ?

Gérard : Nos projets futurs, c’est finaliser ces tests, faire des tests au labo, faire des tests sur terrain, recueillir les feed-back, optimiser le produit et lancer la production.

LeFaso.net : On va donc dire que ce sont les moyens financiers qui bloquent l’avancée des choses ?

Gérard : Effectivement c’est les moyens financiers qui bloquent pour la phase R&D pour finaliser les prototypes, c’est ça qui est un handicap pour le moment. Sinon on a eu beaucoup de contacts, beaucoup de gens qui disent : une fois que votre produit est validé, faites nous signe. Si vous êtes sur la phase de lancer le produit, là il y a beaucoup de potentiel, des gens sont prêts à financer cette phase, mais pour la recherche, on a essayé de toquer à gauche,à droite, on a approché le gouvernement, on a approché le ministère de la recherche et de l’innovation qui nous a renvoyé vers le FONRID (Ndlr Fonds National de la Recherche et de l’Innovation pour le Développement) mais qui jusqu’à l’heure actuelle n’est pas encore lancé.

LeFaso.net : Et dans combien de temps il sera lancé ?

Gérard : Je crois qu’on avait eu la réponse du ministre de la recherche et de l’innovation vers le mois de Mars-Avril qui considérait notre projet avoir un potentiel intéressant, mais qu’il faut approcher le FONRID. Quand on a approché le directeur, il nous a aussi rassuré que notre projet peut bénéficier d’un appui du FONRID mais qu’il faut prendre le chemin, le processus classique.
Il faut que le FONRID fasse un appel à projets, ce qui n’a pas encore été fait. Jusqu’à l’heure actuelle et on nous a dit qu’avec la transition eux- mêmes ne savent pas quand ils vont le lancer. Mais on se prépare aussi sur ce volet, on prépare notre projet.

LeFaso.net : Moctar a quelque chose à dire ?

Moctar : Je crois que Gérard a déjà dit l’essentiel parce que quand on se présentait à Berkeley, le projet était à l’étape d’idée donc après ça on a essayé avec nos cours, et après les cours aussi, de voir comment on pouvait améliorer cette idée-là. C’est là qu’on a eu des partenariats avec les laboratoires en France et d’autres structures, qui nous ont appuyés pour l’optimisation de nos produits et on a pu aboutir à la création de quelques prototypes. Maintenant on cherche à valider scientifiquement ces prototypes là, mais je trouve que tous ceux qui se manifestent pour nous soutenir généralement c’est pour nous accompagner sur l’installation même de l’entreprise ou la distribution du produit si le produit est lui-même terminé. Alors que nous sommes toujours au stade de Recherche et Développement,c’est là qu’on rencontre beaucoup de difficultés à avoir des fonds pour débloquer cette étape-là.

LeFaso.net : Est-ce qu’on peut avoir une idée sur la somme nécessaire ? Ce qui vous manque.

Moctar : Il faut dire que c’est des chiffres qui évoluent avec le temps et aussi avec les besoins du projet, mais à présent, pour le moment ça a été estimé autour de 25 millions de francs CFA pour développer cette phase-là.
Gérard : Je complète que nous avons déjà certains protocoles parce qu’ici au Burkina il y a des labos qui sont spécialisés sur les produits utilisés pour la lutte contre le paludisme notamment les moustiquaires et autres. Il y a le laboratoire du centre Muraz à Bobo, il y a aussi le laboratoire du Centre National de Recherche et de Formation Contre le Paludisme ici à Ouagadougou à côté de Yalgado. Les deux nous ont proposé leurs protocoles. D’abord les tests de validation de ce genre de produits, le domaine de la cosmétique est tellement très règlementé , il faut suivre certaines règles, c’est ça qui demande beaucoup de fonds et beaucoup d’études derrière. C’est pourquoi selon les protocoles, les étapes de validation de ces produits et aussi les différents tests qu’il faut faire jusqu’à l’heure actuelle ça tourne autour de 25 millions de francs CFA.

LeFaso.net : Un appel à lancer ?

Gérard : Un appel à lancer, c’est d’inciter les gens. Les gens demandent à voir nos produits, mais avant d’arriver au produit, il y a un grand travail à faire et il fallait qu’on trouve beaucoup de structures qui puissent appuyer. Que ça soit même les institutions financières, ici par exemple il y a très peu de banques qui financent la recherche et le développement. C’est quand le produit est commercialisable, là tu peux avoir quelque chose de banquable mais avant d’avoir ça, comment faire ? C’est comme ça que la plupart des initiatives ici en Afrique où on a beaucoup de défis, de moyens, beaucoup d’initiatives échouent alors qu’elles avaient un grand potentiel. Si j’ai un appel à lancer, c’est qu’au niveau de l’Etat ou du privé, qu’ils puissent soutenir de bonnes initiatives, qu’ils aident à concrétiser les idées.

Moctar : Je pense que le mot de fin a déjà été dit. L’appel c’est que le gouvernement et les institutions mettent les mains à la patte pour aider les entrepreneurs qui souhaitent entreprendre à concrétiser leurs idées.

Réalisé par Amélie GUE

Pour contacter Moctar et Gérard : fasosoap@gmail.com

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