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Thèse de Doctorat unique : Issoufou N. Tao s’est attaqué aux hépatites et au VIH

Publié le vendredi 17 juillet 2015 à 00h54min

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Thèse de Doctorat unique : Issoufou N.  Tao s’est attaqué aux hépatites et au VIH

Contribuer à la lutte contre les hépatites virales et à l’amélioration de la sécurité transfusionnelle au Burkina, c’est l’objectif principal du thème de la thèse de Doctorat de Issoufou Tao : « Problématique des hépatites virales, du VIH et des Epstein Barr Virus au Burkina-Faso : Diagnostic Moléculaire, Prévalences, Sécurité Transfusionnelle et Facteurs de Risques ». C’est devant de nombreux parents, amis et connaissances que le doctorant a, le 16 juin dernier, défendu son travail devant le jury présidé par le Professeur Simon Akpona de l’Université de Parakou au Bénin et composé des Professeurs titulaires, Jean-Didier Zongo, Lassana Sangaré, Nicolas Barro, Jacques Simporé de l’Université de Ouagadougou et du Docteur Virginio Pietra de l’Université de Brescia en Italie. Un exercice qui a été sanctionné par la « mention très honorable ». Ainsi, Issoufou N. Tao s’inscrit sur la « short List » des docteurs en Biologie et Génétique moléculaires au Burkina. La thèse a été dirigée par le Professeur Jacques Simporé.

En plus de l’objectif principal suscité, la thèse poursuivait trois objectifs spécifiques à savoir, évaluer la sero-épidémiologie des hépatites B et C dans la population générale ainsi que les facteurs de risque associés à ces infections, estimer la prévalence de Epstein Barr Virus (EBV) et des hépatites B, D et G, chez les donneurs de sang et, enfin, caractériser, par PCR (Polymerase Chain Reaction) en temps réel, les génotypes du VHB chez les donneurs de sang à Ouagadougou.
Dans son exposé résumant sa thèse de 170pages, reparties en trois parties, le désormais docteur (Dr) Issoufou Naguesba Tao, a expliqué que les hépatites virales et le VIH constituent des problèmes de santé publique et des menaces de sécurité transfusionnelle au Burkina.
Pour camper le décor, M. Tao a d’abord révélé qu’au Burkina, des études antérieures ont montré que les hépatites virales constituent un problème de santé publique (Collenberg et al., 2006) et que les plus connues sont les hépatites B et C. Cependant, révèle-t-il, les virus des hépatites Delta et G (VHD et VHG) sont également en circulation dans le pays. « Le Burkina est classé parmi les pays dits de haute endémicité pour le virus de l’hépatite B (VHB) (OMS, 2002). Les tests pré-transfusionnels réalisés par le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) concernent les virus de l’immunodéficience humaine (VIH), de l’hépatite C (VHC), de l’hépatite B (VHB) et la bactérie responsable de la syphilis Treponemapallidunsp pallidum. Si l’on peut se réjouir que ces virus hautement pathogènes soient dépistés, force est de reconnaitre que beaucoup d’infections restent encore négligées en transfusion sous nos tropiques. Parmi elles figurent les infections par les virus des Hépatites G et D (VHG et VHD) et celle par Epstein Barr Virus (EBV). Le défi à relever dans les banques de sang est d’assurer la sécurité transfusionnelle. Bien qu’il n’existe pas un risque zéro en transfusion sanguine, il serait opportun d’utiliser les méthodes d’analyses moléculaires afin de minimiser le taux de transmission résiduelle de ces virus pathogènes ci-dessus cités », a-t-il expliqué.
En effet, explique-t-il, les coinfections entre les hépatites et le VIH sont des infections courantes et l’infection par Epstein Barr Virus est aussi connue comme étant une coinfection aux hépatites. Aussi, tous ces virus sont transmissibles par le sang et le risque qu’ils soient transmis lors des opérations de transfusion sanguine existe donc. Or, relate Issoufou Tao, en Afrique de façon générale et au Burkina en particulier, le besoin en sang est important à cause des accidents de la circulation, des crises de paludisme et du VIH/SIDA chez les enfants de moins de cinq ans, les hémorragies du post-partum, les opérations chirurgicales, etc. Par conséquent, le manque de sang est à l’ origine de décès de plusieurs patients.
Dans sa démarche, le doctorant a, dans un premier temps, étudié la prévalence des hépatites virales B et C au sein de la population générale et déterminé les groupes sociaux les plus touchés par ces infections. Il a ensuite identifié dans du sang prêt à être transfusé, la présence des virus de HGV, HDV, EBV avant d’établir leur prévalence. La dernière étape du processus a consisté pour Issoufou Tao, à caractériser les génotypes de VHB chez les donneurs de sang.

Intensifier la lutte contre les hépatites et le VIH au Burkina

Les études relatives à la thèse ont été entièrement menées au Burkina dans quatre centres : le Laboratoire de Biologie Moléculaire et de Génétique de l’Université de Ouagadougou (LABIOGENE), le Centre de Recherche Biomoléculaire PIETRO Annigoni (CERBA), le Centre National de Transfusion Sanguine et le Centre Médical Saint Camille de Ouagadougou.
Pour mettre en exergue son sujet, 1746 échantillons ont été prélevés. Ainsi, la première étude a concerné 995 personnes de la population générale. La deuxième a touché 551 donneurs de sang et la troisième étude se rapportait à 200 donneurs de sang positifs à l’antigène HBs (AgHBs) par ELISA.
Au terme des analyses, les résultats des premiers travaux ont rapporté une séroprévalence de 14,47% pour le VHB et de seulement 1% pour le VHC. La différence de prévalence de ces virus entre hommes et femmes était statistiquement significative, 18,58% contre 11,60%. Les travaux ont révélé également que les groupes sociaux les plus touchés sont ceux des élèves avec 19,57% et des travailleurs du secteur informel avec un taux de 15,98%.
Le groupe le moins touché par l’infection par le VHB était celui des étudiants avec un chiffre de 8,82%.
Les résultats de la deuxième étude, obtenus par PCR, font ressortir une prévalence du VHG de 7,40% et de 5,40% pour EBV. Les principales confections furent celles entre VHG/VHB (5,6%) ; VHG/VHC (0,90%) et VHG/syphilis (0,40%). Un seul cas de VHD a été détecté (1/271) 0,36%.
La troisième étude révèle les génotypes E et C du VHB comme ceux circulant parmi les donneurs de sang. Le génotype le plus fréquent est le génotype E (26,80%). Le génotype C a été caractérisé chez 9,80% des donneurs de sang.
Ces différentes études ont permis au doctorant d’arriver à conclure à une forte prévalence du VHB au Burkina. Les génotypes de ce virus circulant chez les donneurs de sang sont les génotypes C et E. Le VHG, qui n’est pas encore dépisté en transfusion sanguine au Burkina a déjà une très grande prévalence chez les donneurs de sang avec un taux de 7,40%.
Fort de ces constats, Issoufou Tao a recommandé, pour éviter une catastrophe de large diffusion du VHG dans la population générale, d’inclure son diagnostic dans les sangs collectés pour la transfusion sanguine.Il a aussi préconisé une meilleure organisation et une intensification de la lutte contre les hépatites et le VIH au Burkina.
Le jury, après avoir scruté le travail et fait des suggestions à intégrer dans le document final, a félicité le doctorant pour la qualité de son travail et l’a jugé digne du grade de Docteur de l’Université de Ouagadougou avec la mention très honorable.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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