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Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

Publié le lundi 13 juillet 2015 à 02h43min

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Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

Déguerpis le 16 juin dernier, les habitants du village de Kounkounfouanou ont trouvé refuge un peu partout dans la région de l’Est et Bénin voisin. Et certains sont à Natiabouani, un autre village, situé à une vingtaine de kilomètres du leur. Là, ce sont des paysans désemparés, des femmes au regard vide, et des enfants piteux, que nous avons rencontrés. C’était le jeudi 2 juillet 2015.

Ils ont été délogés le 16 juin dernier dans le cadre d’une opération policière de « déguerpissement de la zone pastorale de Kabonga » pour « empêcher la population irrégulièrement installée dans ladite zone d’entamer toute activité agricole et y faire cesser toute activité relative à une exploitation minière durant trente-trois (33) jours ». Et les habitants de Kounkounfouanou, le seul fait que leur village jouxte cette zone pastorale, a suffi pour faire l’objet de déguerpissement forcé après qu’ils ont été informés le 22 avril et mis en demeure le 13 juin, de quitter le village. Quitter pour aller où ? Ils n’ont pas eu de réponse à cette question avec ceux qui les ont informés et mis en demeure. Cette réponse, ils ne l’auront pas, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent obligés de prendre leurs jambes au coup.
C’est ainsi que certains ont pu se trouver une maison à Natiabouani. Mais ils s’y retrouvent à plusieurs, au moins trois chefs de familles. D’autres n’ont même pas eu ça. Ils habitent sous des arbres. Tout se passe là-bas, dans la nature. Leur dignité se trouve suffisamment atteinte.
Avec eux, de nombreux enfants qui inspirent la pitié. Evidemment, des élèves parmi eux. Certains de ces élèves n’ont pas pu faire l’examen de fin d’année avant le départ forcé de leur village. Et rien n’a véritablement été fait pour restaurer ces enfants dans leur droit à l’éducation. Leur cursus scolaire se trouve ainsi hypothéqué. Mais là n’est pas leur souci pour l’instant. Ils ont conscience, même les tout-petits, qu’ils ne vivent pas normalement. A tout le moins, le manque de nourriture leur inculque cette prise de conscience.

Le calvaire au présent et probablement au futur

Les mamans n’ont que d’yeux pour les regarder, toutes impuissantes. Le peu de vivres qui a pu être transporté dans la débandade du 16 juin 2015, s’il n’est pas totalement fini, il n’en reste qu’un peu. Là-bas, l’on ne sait pas qu’il y a un service de l’action sociale dans notre pays. Aucune action humanitaire n’étant intervenue. Pire, il n’y a aucune activité qui permette à celles qui doivent gérer le quotidien de nombreux enfants, d’avoir de l’argent. C’est un calvaire maintenant, et probablement au futur.
En vérité, ce présent sombre semble moins préoccuper les pères, paysans assoiffés de travaux champêtres. C’est plutôt la famine qui se pointe à l’horizon, qui leur hôte le sommeil. Une famine inévitable l’année prochaine, car ils n’ont pas de champ en cette saison hivernale. Ils sont en chômage, visiblement désorientés quant à leur devenir. Leur réflexe dans l’expression des solutions à cette situation, c’est le vœu qu’ils soient autorisés à regagner leur village, pour terminer les travaux champêtres qu’ils y avaient commencés, le temps que les autorités leur trouvent un site d’accueil.

Signalons qu’à son audience du 8 juillet dernier, le Tribunal de grande instance (TGI) de Fada a, dans le cadre d’un ’’jugement avant dire droit’’, levé le mandat de dépôt sur la base duquel 36 habitants de ce village étaient détenus pour "rébellion" après leur arrestation lors du déguerpissement. Ils sont donc en liberté, le temps que le Tribunal rendre son verdict sur leur sort. Et ce verdict est annoncé pour le 22 juillet prochain.Affaire à suivre...

Fulbert Paré
Lefaso.net

Lien utile : Kounkounfouanou, un village rasé

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Vos commentaires

  • Le 13 juillet 2015 à 06:31 En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    Tout ça se passe au Burkina
    et ce pour permettre de voler l’or de notre sous sol !!!!
    c’est triste.

  • Le 13 juillet 2015 à 07:06, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    - Moi ce qui m’énerve au Burkina, c’est la segrégation dans les faits ! Il a suffit que les forces de l’ordre déguerpissent un village illégal d’agriculteurs que voilà des tolés partout ! Mais combien de fois les agriculteurs sont allés chasser des éleveurs de leurs campements qu’ils ont brûlé sans qu’il n’y ait rien. Parfois ils tuent les animaux des éleveurs et rien ne se passe en plus ! Personne ne réagit. Il a suffit simplement que les forces de l’ordre chassent ces agriculteurs de Konkoufouanou après plusieurs avertissements et voilà partout des gens condamner !

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 13 juillet 2015 à 08:09 En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    Ça c’est quelle histoire ça ! Pourquoi, le gouvernement ne communique pas sur un problème aussi grave ?

  • Le 13 juillet 2015 à 08:37, par sebgo En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    "rien ne sera plus comme avant", jusqu’à preuve du contraire, nous ne voyons que des désolations par-ci et par-là, et je croies bien que nous avons entamé une révolution inachevée.
    Que les dirigeant ne s’asseyent pas et croiser les jambes, car, les tombeurs de leur prédécesseurs sont toujours là, et ont aussi attentivement les yeux rivés sur leur faits et gestes.

  • Le 13 juillet 2015 à 09:28, par Nabi En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    Félicitations Monsieur le journaliste pour votre esprit de suite dans la promesse de ne pas laisser oublier l’un des crimes du pouvoir de la transition !

    Comme je le disais dans mon point de vue précédent sur ce drame humain, moins d’une année après la survenue d’une transition qui était porteuse d’espoir pour ces populations de Kounkounfoanou aussi, ce qui se passe dans ce village est humainement déchirant.

    On se pose toujours des questions sur les vraies motivations de cette barbarie politique qui n’a d’égale que les pratiques de l’époque de "si tu fais, on te fait et il n’y a rien" sous Blaise Compaoré. En lisant les écrits de presse sur Kounkounfoanou, on se rend compte que l’existence de la zone pastorale n’a été en réalité qu’un joli alibi pour le gouvernement pour déguerpir et de la manière la plus sauvage et inhumaine des milliers de personnes laissées à elles-mêmes.

    Il y a déjà des morts liées à cet acte inacceptable (lire Le Pays et lefaso.net, par exemple), des enfants qui n’ont pas terminé leur année (voir n’ont pas fait leur examen) ; des enfants et des femmes sans abris..., sans oublier qu’en tant que paysans n’ayant pas où cultiver, ce sont des vies qui seront détruites par la faim, la maladie et par d’autres vices sociaux (vols, prostitution...).

    Avoir des compatriotes hors du territoire national (des habitants de Kounkounfoanou sont actuellement au Bénin !), parce que chassés de leur terre constitue une atteinte à l’image de notre peuple dont le pouvoir de la transition s’est rendu coupable et doit donc en répondre devant le peuple.

    Alors que l’ancien Blaise Compaoré, dont la transition a tout fait pour protéger les intérêts jusque-là, est propriétaire de milliers d’hectares à moins d’une vingtaine de Kounkounfoanou, le gouvernement de la transition n’ a pas été en mesure de trouver, ne serait-ce qu’à titre provisoire, un site d’accueil pour ces compatriotes !

    A y voir de près, le sens de l’action du pouvoir de la transition est tout simplement méchant avec une seule volonté : détruire les vies des pauvres et faire la place belle aux intérêts des riches, notamment des miniers qui investiront la zone les jours et mois à venir. C’est cette feuille de route de pouvoir au service des intérêts de la bourgeoisie qui a fait que la transition est devenue très impopulaire parce qu’en réalité anti sociale et venu pour "sauver les meubles" et non pour apporter la paix et la sécurité humaines aux gens du peuple.

    Avec tout ce que nous assistons comme jeu politicien entre transition-RSP-CDP- ex CFOP n’augure aucun espoir pour nos populations qui en vérité n’ont rien à attendre des acteurs politiques en lice, si ce n’est que boycotter leurs élections salles et illégitimes et se battre résolument pour l’achèvement de la révolution.

    Car avec ces élections à venir, c’est une restauration du système compaoré d’une manière ou d’une autre vu que les acteurs conçoivent exactement la politique et la gouvernance de notre pays comme Blaise Compaoré. Il n’y a qu’à voir leurs programmes politiques respectifs.

    Solidarité d’action pour les populations de Kounkounfoanou et en avant pour la vraie révolution qui nous permettra d’avoir dans ce pays des élections qui profiterons aux gens du peuple !

  • Le 13 juillet 2015 à 10:08, par ona En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    Difficile de lire ces écrits sans finir par couler des larmes. je suis déçu de nos forces de l’ordre qui se comportent ainsi.

  • Le 13 juillet 2015 à 11:19, par MISSOUEDRA En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    KOUNKOUNFOUANOU :Quelle vie après le "sauve-qui-peut ?
    Ces gens n’ont qua s’en prendre à eux mêmes car leur départ ne les a pas surpris. nous pensons qu’ont apprendre à nos agricultures à l’entretien de sols car le nomadisme n’est pas la solution.

  • Le 13 juillet 2015 à 11:44, par TAMK En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    enfin l’Etat se reveille contre l’occupation illégale des domaines publiques. je ne suis pas du domaine des ressources animales, mais pour qui connait la zone pastorale de Kabonga sait que la plupart des éleveurs l’ont déserté parce que régulièrement agressés par des agriculteurs qui obstruent les passages d’accès par des champs, empêchant l’abreuvement du betail. Il sont souvent dépouillés par des bandits dans leur maison ; un éleveur a témoingné une fois que pour leur sécurité, ils sont obligés d’avoir toujours un peu d’argent à domicile pourqu’en cas de visite des bandits ils puissent donner quelque chose pour avoir la vie sauve. vivement qu’on laisse les autorités poursuivre l’œuvre parce qu’il reste les forêts classées à libérer de ces occupants illégaux.

  • Le 13 juillet 2015 à 12:00 En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    Koro yamyele

    Pourquoi, les autorites restent muette face aux preocupations de gens. Ils veulent juste savoir le vrai font du probleme. Ce n’est pas si complique. Les autorites n’ont rien dit depuis. C’est par des voies non officielles que vous croyez connaitre le probleme. Demandez au autorites d’expliquer dans les media et chacun saura ce qui s’est reellement passe et pourquoi. A ma connaissance vous n’etes pas le ministre de l’administration territoriale, ni meme le gouverneur de l’Est. Laissez les dirent a la population pourquoi.
    merci

  • Le 14 juillet 2015 à 08:46, par encore et toujours les mêmes idiots là En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    @fulbert paré ainsi l’enfer pour toi c’est les autres ? ayi mais pourquoi tu ne les héberge pas chez toi où bien la solidarité c’est uniquement les autres ? quand on tue des éleveurs peuls est ce que toi et tes potes journaleux 1000collines là vous aboyer autant ??? où bien peul c’est pas l’homme ?cafard là tu as un village non faut les transférer làbas au samoland et puis on en parle plus mounafica kpakpato sans payer tchrrrrrrrrrrrr

    @webmaster faut lire message là et puis tu lui envoie ça de ma part ..tchrrrrr

  • Le 15 juillet 2015 à 17:46, par TAMK En réponse à : Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

    je crois que si l’internaute peut contribuer à éclairer la lanterne des autres, ce n’est pas mauvais, sinon les autorités passeront seulement leur temps à expliquer même ce qu’on connaît que de travailler. Tous ceux qui occupent illégalement les domaines publiques sont toujours au courant qu’ils seront appelés à déguerpir tôt ou tard. Ils jouent toujours sur la sensibilité des hommes forts du moment pour y demeurer : il y a par exemple entre autres les forêts classées de Dida et Nabéré occupées par des gros producteurs (agro busunessman) et des orpailleurs soutenus par des gros bonnets.Depuis plus de 20 ans il est question de leur déguerpissement. Aujourd’hui encore cela est très imminent et c’est sûr que des gens crieront au scandale, au déguerpissement sans préavis etc...
    SALUT !!!

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