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Thomas Bambara, préfet et président de la délégation spéciale de la mairie de Ouahigouya : « Nous sommes en train de doter Ouahigouya d’un plan de développement »

Publié le dimanche 5 juillet 2015 à 22h31min

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Thomas Bambara, préfet et président de la délégation spéciale de la mairie de Ouahigouya : « Nous sommes en train de doter Ouahigouya d’un plan de développement »

Du 26 au 28 juin, s’est déroulée à Chambéry, une ville qui entretient des relations de coopération avec Ouahigouya, la neuvième édition du festival Lafibala. Le préfet maire de Ouahigouya dresse le bilan de la participation des Ouahigouyalais à cette fête de l’amitié et décline les actions menées par son équipe

Quelle est la feuille de route qui a été confiée par l’équipe municipale en venant à Chambéry ?

Je suis là à l’invitation que le maire de Chambéry a envoyée à son homologue de Ouahigouya, et en tant que président de la délégation spéciale de la mairie, c’est une occasion pour moi de faire connaissance avec nos amis de Chambéry, m’assurer de l’état de la coopération entre les deux villes et leur expliquer comment se passe la gestion municipale après les le changement intervenu en octobre 2014.
A mon retour, c’est une obligation pour moi de rendre compte de ma mission à la population et l’informer des résultats auxquels je suis parvenu dans les discussions avec nos amis de Chambéry. Je rappelle que j’ai été nommé le 7 janvier 2015 comme préfet de Ouahigouya et quand j’y suis arrivé, mon prédécesseur, qui a été promu, présidait déjà la délétion spéciale.

Quelle est la composition de la délégation spéciale et concrètement, comment fonctionne t-elle ?

Elle compte 44 personnes et est composée de toutes les couches socio-professionnelles de la ville. Il y a bien entendu les services techniques, mais aussi le représentant départemental de chaque ministère : Santé, Agriculture, Education nationale, etc. Y siègent également dans la délégation spéciale, les représentants des autorités coutumières et religieuses, les organisations de développement, de la jeunesse, des femmes, de la presse, des forces de sécurité et des personnes handicapées. Je rappelle que les délégations spéciales datent de 2013 et sont prévues en cas de disfonctionnement dans les conseils municipaux. Il est déjà arrivé qu’une délégation spéciale soit mise en place suite à des blocages dans la gouvernance municipale. Le gouvernement n’a fait que généraliser ce qui s’est déjà passé dans certaines municipalités, mais avec le souci de faire représenter tout le monde. Au quotidien, il n’y a rien qui diffère dans le fonctionnement de la délégation spéciale du conseil municipal, sauf que nous n’avons pas été élus et qu’il n’y a ni majorité ni opposition. L’avantage est que lorsque nous envisageons une action, c’est vraiment dans l’intérêt général et non pour contenter un électorat. Depuis que je préside la délégation spéciale, il n’y a jamais eu de sujets qui n’aient pas été adoptés par consensus, aussi bien lors des quatre sessions ordinaires dans l’année, que lors des sessions extraordinaires.

Vous êtes là de façon temporaire ; cela ne limite t-il pas vos ambitions pour la mairie de Ouahigouya ?

Pas du tout ! La délégation spéciale a les mêmes compétences qu’un conseil municipal démocratiquement élu et nous pouvons lancer des projets de développement comme l’aurait fait un conseil municipal normal. C’est d’ailleurs ce que nous faisons, avec des moyens financiers modestes puisque le budget s’élève à un peu plus de 700 millions de F CFA.

Vous avez rencontré vos partenaires de Chambéry. Quels sont les dossiers qui ont été au centre de vos discussions ?

A l’occasion de la 9ème édition du festival Lafibala, il y a environ quarante personnes qui sont là, dont la délégation spéciale qui est composée de moi-même, d’un agent du Centre hospitalier régional, du coordinateur de la coopération, du chef de protocole, des journalistes de la Voix du paysan, des artistes, des artisans, etc. Toutes ces personnes ont été choisies en collaboration avec la directrice du festival.
En venant à Chambéry, j’avais plusieurs dossiers dans le cartable dont ceux relatifs à l’état civil et au recouvrement des taxes. Sur l’état civil, nos partenaires ont promis nous apporter un soutien technique pour régler ce problème qui est très important pour qui veut envisager un vrai projet de développement sur le long terme. Pour le recouvrement des taxes et impôts locaux, beaucoup de gens ne comprenaient pas pourquoi ils devaient continuer à en payer alors que le conseil municipal a été dissout et qu’il n’y a plus de maire. Il a fallu les sensibiliser, et nos partenaires de Chambéry nous ont aidés en équipant de motos les agents chargés de recouvrement, ce qui facilite leur travail. Avec leur appui, nous espérons régler bientôt le problème de l’éclairage public, une revendication de la population qui date depuis longtemps.

Comment gère t-on une ville comme Ouahigouya où la politique déchaine les passions et où la concession de l’ex maire Gilbert Ouédraogo a été incendiée lors du soulèvement populaire d’octobre 2014 ?

Ouahigouya n’étant pas une ville particulière, il n’y pas une manière particulière de la gérer. Je suis un administrateur civil et en matière de management, il faut surtout écouter les gens, les respecter et les associer à la recherche de solution à leurs problèmes. En tout cas, c’est cette démarche que j’ai adoptée depuis mon arrivée : concertation, négociation, inclusion, et je peux vous assurer que tout se passe bien dans la résolution des problèmes. Par exemple, tous les caniveaux de Ouahiyouga étaient totalement bouchés, y compris le caniveau central qui n’avait plus été curé depuis dix ans. Avec l’appui d’une entreprise, tout a été vidé au grand bonheur des habitants qui n’en pouvaient plus de la puanteur que les égouts dégageaient. Il y a aussi le cas du marché de Naab-Raga, un grand marché qui ravitaille toute la ville en légumes, et qui était devenu insalubre. Les travaux de nettoyage tardaient à démarrer parce que tout simplement les femmes refusaient d’emménager ailleurs, juste le temps des travaux. En dialoguant, tout est rentré dans l’ordre ; les caniveaux ont été curés et dallés et aujourd’hui, elles en sont contentes.

Au moment de partir, quel bilan vous satisferait ?

Je n’ai pas d’ambition politique, du moins pas maintenant. Je serais satisfait du travail accompli si au moment de remettre les clés de la mairie à mon successeur qui sera élu en janvier 2016, j’ai réussi à juguler certains dossiers qui me semblent urgents. Quant on travaille avec des gens, il faut s’assurer que leur situation administrative régulière. Or, il y a des agents à la mairie dont la situation administrative n’est pas régulière. J’ai donc mis en place une commission qui travaille dessus, et au fur et à mesure, nous parvenons à régulariser la situation des agents qui ne le sont pas. L’autre urgence à laquelle je me suis attaqué est l’absence d’un plan de développement communal. Avec l’aide des partenaires, nous sommes en train de doter Ouahigouya d’un plan de développement qui prend en compte tous les grands problèmes qui minent la ville et élaborer un plan en conséquence. Le travail a commencé et même si tout n’est pas terminé, mon successeur prendra la suite.

Il y aussi la situation de la gare routière de Ouahigouya que les transporteurs avaient désertée, l’abattoir que les bouchers ne fréquentaient plus et les artères du marché de Ouahigouya qui étaient obstrués et qui empêchaient l’accès aux pompiers en cas de danger. Sur tous ces dossiers, l’équipe qui m’entoure s’attèle à trouver des solutions qui préoccupent les citoyens de Ouahigouya, une ville qui compte 142 000 habitants selon le recensement de 2006, mais qui doit en compter au moins 150 000.

Propos recueillis à Chambéry par Joachim Vokouma ; Lefaso.net (France)

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