LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Hydrocarbures : Les Burkinabè consomment 1,3 million de litres par jour

Publié le vendredi 1er avril 2005 à 07h53min

PARTAGER :                          

Le Burkina Faso est passé au super 91 depuis quelques semaines. Avec le Directeur général de la société nationale des hydrocarbures, Hubert Yaméogo, voici le point de l’opération. Il évoque les défis qui attendent le Burkina en matière d’approvisionnement.

Quelques semaines après l’introduction de l’essence sans plomb au Burkina, peut-on dire que l’opération a été un succès ?

Effectivement, depuis quelques semaines, le consommateur burkinabè utilise de l’essence sans plomb. Il s’agit du super 91. Son introduction sur le marché répond à une mesure prise par les pays de la sous région. Son application est un peu tardif au regard des autres parties du monde. En fait, c’est depuis le 1er janvier 2005 que SONABHY a commencé à importer du sans plomb. Depuis trois semaines, le consommateur burkinabè consomme effectivement de l’essence sans plomb.

Vous n’avez pas reçu d’observations particulières de la part des distributeurs ou des consommateurs ?

Non, nous n’avons pas reçu d’ observations particulières. En tant qu’importateur unique, nous avons mis en place un processus qui consistait à vider progressivement les cuves d’essence ordinaire et à remplacer par le sans plomb Super 91. C’est en répétant cette opération que nous allons laver les bacs et arriver à faire en sorte que l’essence distribuée soit totalement sans plomb. Sinon, pour le moment, l’essence que nous consommons contient quelques indices de plomb du fait qu’il faut encore quelques rotations dans les différents bacs pour les lessiver complètement afin de mettre à la disposition des consommateurs, de l’essence sans plomb super 91. Chez les distributeurs, c’est le même processus qu’ils ont appliqué. Ils ont progressivement vidé les cuves d’essence ordinaire et de super en les remplaçant par du super sans plomb. Officiellement, on peut dire qu’aujourd’hui on n’a plus de l’essence censée contenir du plomb, même s’il existe de petits indices.

A partir de quand peut-on dire qu’il n’y a plus d’indice de plomb dans les cuves ?

Je pense qu’ à partir du mois de juillet prochain, on ne parlera plus d’indice du tout. A ce moment là, on pourra affirmer que le Burkina consomme du super sans plomb 91 conformément à la réglementation.

Vous avez affirmé que l’opération n’a pas coûté de l’argent, mais techniquement il y a eu quand même des réaménagements en matière d’équipement de contrôle de la qualité ?

Effectivement , le passage à l’essence sans plomb n’a pas nécessité d’investissements particuliers ni au niveau de la SONABHY, ni au niveau des distributeurs. Il y a eu quelques légers réaménagements. Au niveau de la SONABHY, notre laboratoire va s’adapter à la nouvelle donne et pourra avoir les instruments nécessaires pour mesurer la teneur en plomb dans l’essence, pour déceler, le cas échéant, dans l’essence que nous importons.
Au niveau des distributeurs, eux non plus n’ont pas fait de gros d’investissements en tant que tel. Il y a eu de la peinture à refaire pour s’adapter à la nouvelle situation et pour informer la clientèle.

Peut-on savoir si avec le sans plomb vos fournisseurs vont changer ?

Ce sont les mêmes qui vont continuer à nous ravitailler. Il s’agit d’une adaptation actuelle des raffineries aux besoins du pays. Pendant longtemps, nos pays ont été privés de l’essence sans plomb justement parce que les raffineries n’étaient pas à mesure de fournir de l’essence sans plomb. C’est pourquoi, elles étaient obligées d’adjoindre du plomb pour améliorer sa combustion. Aujourd’hui, toutes nos raffineries sont à mesure de produire du sans plomb après avoir fait les investissements nécessaires. Les fournisseurs s’adressant aux raffineries, il n’y a donc plus de problèmes.

L’essence ordinaire et le super n’existent plus. Au vu de la fluctuation des cours du baril, n’y aura t-il pas une sorte de péréquation pour avoir un prix moyen au niveau du super 91. En fait, que gagne le consommateur ?

Il n’y a pas de manque à gagner au niveau du consommateur. Il y a une légère augmentation par rapport à ceux qui utilisaient l’essence ordinaire. S’il y a hausse , elle n’est pas due au passage au sans plomb, mais plutôt aux cours du baril de pétrole. Mais le gain est réel en qualité. Les moteurs seront moins usés et la nature et la santé humaine seront préservées du fait de l’absence du plomb. Pour celui qui roulait au super 93 avant, il y a un léger avantage au niveau du prix à la pompe ; contrairement à celui qui utilisait l’essence ordinaire. Mais toute comparaison faite, tout le monde y gagne, puisque les moteurs s’useront moins vite.

Le super sans plomb 91, qu’est ce que c’est concrètement ?

L’essence ordinaire était en fait de l’essence 87. Ce chiffre correspond à l’indice d’octane qui mesure la résistance du produit à l’auto inflammation. C’est une mesure de qualité mais elle est moins bonne par rapport au super que nous vendions, qui était du super 93. Avec le super sans plomb 91, nous avons une qualité médiane. Le super 91 passe donc dans les moteurs aussi bien des véhicules et motocyclettes.

Il y a encore des gens qui sont sceptiques, comment les rassurer ?

Il n’y a pas de raison d’être sceptique parce que ce carburant protège mieux les moteurs. Le plomb était un additif pour améliorer leur qualité dans la combustion. Le problème, c’est que le plomb était rejeté dans les gaz. Et , respiré à forte dose pendant longtemps entraîne des problèmes de santé et des conséquences sur l’environnement. C’est pour cela que les pays du nord sont à l’essence sans plomb depuis des années.

Connaissant la vétusté du parc automobile du Burkina, le passage à l’essence sans plomb ne va t-il pas créer des désagréments ?

Je rassure les uns et les autres que tous les véhicules sont susceptibles de rouler avec du sans plomb. Il faut remonter à des moteurs de véhicules de plus de vingt ans pour craindre les désagréments dont vous parlez. Au Burkina , il y a très peu de véhicules de cette époque-là. Dans tous les cas, il existe des adjuvants dans les stations pour ceux qui auraient de petits problèmes.

En tant qu’importateur unique, quelle est la consommation journalière du Burkina ?

Notre Pays consomme 1,3 million de litres par jour. Si vous faites le calcul, on se retrouve avec 485 000 m3 de produits pétroliers confondus (gas-oil ,essence, pétrole, gaz).

Justement face à une demande de plus en plus importante, quelle est votre stratégie pour éviter les tensions, voire les ruptures de stocks ?

Notre problème majeur aujourd’hui c’est la diversification des sources d’approvisionnement. Traditionnellement, notre source préférée était l’axe Ouaga -Abidjan-Ouaga. Par la suite , nous avons diversifié à travers l’axe Ouaga-Lomé-Ouaga. Puis l’axe Ouaga -Cotonou-Ouaga. Actuellement, nous travaillons à développer l’axe Ouaga-Tema-Ouaga. Nous pouvons dire que 40% à 50% de notre gaz provient du Ghana et l’autre moitié du Bénin. Nos importations sont stockées dans ces pays et nous chargeons en direction du Burkina. Nous sommes en train de développer un partenariat avec TRAGON qui a des relations privilégiées avec la Tenta Oil Raffinerie pour voir comment ravitailler notre pays en gas-oil. Nous sommes en phase d’essai avec la commande 3000 tonnes de gas-oil pendant quelques mois. Pour le moment, le test est concluant et nous allons confirmer le partenariat. Mais nos capacités sont réduites de ce côté-là, toute chose que nous allons essayer de combler.

L’essentiel pour nous est de développer de nouvelles sources d’approvisionnement. C’est ainsi que nous allons commencer l’importation du jet aviation (carburant pour les avions) à partir du Ghana. Notre salut passe par la diversification de nos sources pour éviter les tensions.
Nous avons le site de Bingo et de Bobo Dioulasso pour le stockage des hydrocarbures qui nous permettent d’avoir une réserve suffisante de sécurité de deux à trois mois.

A propos de sécurité, et au regard des tensions politiques dans la sous- région, avez-vous une stratégie de renforcement des stocks de sécurité, on n’en sait jamais.

C’est vrai qu’on est souvent partagé entre l’efficacité et la sécurité. Mais c’est la sécurité qui l’emporte toujours. Nous avions déjà fait des investissements dans ce sens . Actuellement nous travaillons à l’extension des capacités de stockage du gaz. C’est le produit qui connaît la plus grande expansion. De 3000 tonnes en 1994, nous sommes à plus de 10000 tonnes aujourd’hui, avec une progression annuelle de deux chiffres. Si cette progression continue, cela va faire du bien à l’environnement parce que les arbres seront de plus en plus épargnés.

Je voudrais rassurer les Burkinabè sur ce point car notre objectif est le zéro rupture. Vous avez certainement lu dans la presse qu’il y a des pénuries dans tel ou tel pays. Au Burkina, notre souci principal est que les citoyens ne manquent pas de carburant quand ils vont à la station. Nous travaillons également à avoir des produits au moindre coût, bien que la situation actuelle soit difficile pour la bourse des consommateurs. Cela est dû en partie à des phénomènes sur le marché international que nous ne maîtrisons pas. Une étude sur les sociétés pétrolières en Afrique a établi que la SONABHY avait les prix les plus bas sur les produits rendus dépôt côtiers(Abidjan, Lomé, Cotonou... ).

Nous louons les dépôts et payons en moyenne 6 à 7 francs le litre de séjour avant de les enlever pour le Burkina. Il a les autres taxes, telles celle du CBC, le transport. Après cela , interviennent les impôts et taxes qui font que le prix est ce qu’il est à la pompe. Malgré cela nous restons très compétitif au niveau des prix. Nous recevons des pays amis qui viennent s’inspirer de notre expérience en matière de stockage et d’approvisionnement, etc.

Quels sont les grands chantiers à venir au niveau de votre structure ?

Dans le cadre de l’ouverture du capital au secteur privé, nous avons un plan stratégique qui part 2004-2008 et qui devra permettre à la SONABHY de rester la SONABHY et d’exécuter ses missions sans encombres. La SONABHY va s’orienter vers un rôle de logisticien et essayer de mettre à la disposition de certains pays voisins nos dépôts. Si nous arrivons à intéresser les transporteurs maliens ce sera déjà un grand pas pour notre pays en matière d’intégration régionale.

Que rapporte la SONABHY à l’Etat ?

Il y a plusieurs volets. Il y a ce que nous rapportons à l’Administration, environ 30 milliards en recettes douanières. Au niveau du BIC (bénéfice industriel et commercial), c’est une seule fois que la société a été déficitaire. C’était en 1994. L’année dernière par exemple nous avons fait un bénéfice net de 9,250 milliards. Cela représente 60% du brut soit environ 7 milliards reversés à l’Etat. Ce dernier étant actionnaire, nous lui payons également de dividendes.

Donc sur les 9,250 milliards , l’Etat touche environ 5 milliards de dividendes. Il faut ajouter à cela l’UITS, les différentes contributions au sport et à d’autres secteurs. On ne peut pas dire que notre société n’est pas une société citoyenne. Nous avons réalisé un stade d’entraînement lors de la CAN’98, construit des écoles et sommes en train d’ériger un complexe pour les sports de mains.

Propos recueillis par Abdoulaye TAO
Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)