Il y a huit ans, ils étaient au nombre de 107 à franchir la porte de la faculté de médecine de l’USTA. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 37 étudiants à avoir soutenu leur thèse de doctorat (cela s’est passé du 22 au 26 juin 2015). Au terme de ces quatre jours passés devant d’éminents membres de jury, place à la cérémonie solennelle qui marque la consécration de tant d’années de sacrifice et de labeur. Cette 2e promotion marque « l’âge d’or » de la gente féminine car elle compte 27 filles contre seulement dix garçons. Ils ont tous prêtés serment devant un parterre d’invités de marque venus rehausser l’éclat de la cérémonie. Monseigneur Séraphin François Rouamba, président de la commission épiscopale pour l’éducation catholique était bien aux premières loges à cette cérémonie qui coïncide avec les 45 ans de sa fête sacerdotale. Une double « action de grâce » donc.

Humanité et impartialité

« L’USTA va en se bonifiant », ne doute pas le Ministre Filiga Michel Sawadogo. Convaincu que les impétrants ont bénéficié d’une formation de qualité et que la profession de médecin a ses exigences, il les a appelés à s’éloigner de « cette tendance qui veut que l’échelle des revenus soit l’échelle des valeurs ». « Vous aurez besoin de nous encore pour grandir et nous aurons besoin de vous car c’est vous qui allez soigner nos prostates », a dit avec beaucoup d’humour le recteur de l’USTA, Père Pr Jacques Simporé. A son tour, il a invité les « étoiles du jour » à méditer « sérieusement » le serment d’Hippocrate et à promouvoir, où qu’ils soient, la « culture de la vie ».
Et Mgr Séraphin François Rouamba d’être plus explicite en demandant aux impétrants de respecter tout homme qu’il soit riche ou pauvre et d’opter pour « la vie depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle ». « Personne ne vous en voudra de n’avoir pas guéri un malade, mais on vous en voudra de n’avoir pas utilisé les dernières données et technologies en médecine », dixit le président général des jurys, le Pr Robert Soudré. Pour lui également, l’humanisme doit être l’une des valeurs de ces jeunes docteurs et il les a appelés à « consoler » leurs patients car « la consolation et les conseils soignent pour 75% et les médicaments pour 25% ».
Quant au délégué de la promotion Dr Réné Philippe Bayala, il a promis, au nom de l’ensemble de ses condisciples, de rester « de bons et loyaux médecins au service de la nation ». Il a également exhorté ses cadets à demeurer « unis et travailleurs ».

Un CHU en vue

Des ambitions, la faculté de médecine de l’USTA en a. Elle veut, à en croire le recteur, se doter de son propre Centre hospitalier universitaire (CHU). Il existe déjà des avancées dans le projet car le terrain a été acquis et le dossier de recherche de financement a été déjà ficelé. S’il voit le jour, ce CHU profitera inéluctablement aux populations de Saaba qui ont un réel besoin en infrastructures sanitaires. Et le souhait de Mme Yaméogo S. Evelyne, Présidente de la délégation spéciale, c’est de voir certains lauréats de ce jour, revenir occuper des postes dans les centres de santé de la commune.

L’USTA, un pôle d’excellence

Etablissement catholique d’enseignement supérieur créé en octobre 2004, l’USTA ne comptait que 240 étudiants répartis dans les trois établissements d’enseignement et de recherche. Aujourd’hui, elle est nantie de cinq facultés et compte 2 105 apprenants de douze nationalités. La gente féminine y est fortement représentée avec 52% de l’effectif de l’université. Douze des diplômes sont reconnus par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES). Dans la présentation de la faculté de médecine faite par le Doyen de cette faculté, le Pr Rambré Moumouni Ouiminga, il ressort qu’elle a été créée en 2006 et a pour objectif de former des médecins omnipraticiens. Et la formation est assurée par 138 enseignants dont 75 professeurs titulaires et maitres des conférences.
D’autres temps forts tels que la prestation de la chorale de l’USTA, la remise de présents à certaines personnalités et de stéthoscopes aux lauréats, la signature du livre d’or de l’université ont marqué la cérémonie. Pour finir, les officiels ainsi que les docteurs fraichement sortis, ont posé pour la postérité à travers une photo de famille.
En rappel, cette deuxième promotion devait être composée de 52 impétrants, mais tous n’étaient pas prêts pour soutenir. Selon une source proche de l’université, les autres devraient pouvoir le faire avant la fin de l’année.

Herman Frédéric BASSOLE
Photos : Bonaventure PARE
Lefaso.net