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Affaire Norbert Zongo : Wens n’a rien laissé au hasard

Publié le jeudi 31 mars 2005 à 07h13min

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Il est heureux de constater le changement fondamental de vos appréciations par rapport au juge Wenceslas ILBOUDO, au sujet duquel vous écrivez : « En deux ans d’enquête où il n’a rien laissé au hasard en exploitant aussi la piste de Kaya... » etc.

Voilà un jugement qui tranche d’avec vos refrains habituels du juge d’instruction qui dormirait sur le dossier, ne ferait rien et serait à la botte du pouvoir, etc.

Chose promise, chose due ! Comme annoncé la semaine dernière, nous revenons sur l’article publié en page 7 de l’édition n° 601 du 15 mars 2005 de notre confrère L’Indépendant, pour répondre point par point à des assertions nous mettant en cause et donner à l’occasion notre appréciation sur les faits relatés.

Le ton belliqueux et franchement hostile à notre égard et la nature particulièrement sordide de certains propos nous avaient fait bondir d’indignation dans notre dernière édition, réplique sur laquelle nous n’accepterons aucune concession ni sur la forme, ni sur le fond tant il est une lapalissade que si Norbert ZONGO n’avait pas été assassiné, son journal ne serait pas aujourd’hui animé par ceux qui s’y essaient actuellement au métier de journalisme.

Il coule aussi de source qu’à défaut d’avoir l’intelligence du métier ils devraient au moins avoir la reconnaissance du ventre en aidant à retrouver les coupables de l’odieux crime, au lieu de s’amuser à de petits jeux de positionnement qui à terme vont se retourner contre eux !

S’il n’est pas trop tôt qu’ils aient reconnu dans leur édition dernière qu’il ne faut pas se tromper de combat, il leur manque comme le courage d’aller au bout de leurs intentions en pratiquant l’indépendance de L’Indépendant au lieu de se complaire dans la facilité des injures et de l’anathème sous la dictée de personnages qui de toute évidence, portent une responsabilité certaine dans le sort fait à Norbert ZONGO.

En effet, nombre d’entre eux nous ont affirmé ici et sur des tons aussi pathétiques, les uns que les autres, que celui-ci leur avait confié qu’il était menacé. Pourtant ils n’ont rien fait, absolument rien fait ni auprès des services compétents de l’Etat, ni auprès d’ONG, etc. pour alerter l’opinion publique. Pourquoi n’ont-ils rien fait ?

Une question lourde dont les réponses sont loin d’être évidentes mais qui pourraient ouvrir des pistes sérieuses vers les commanditaires du meurtre de notre confrère et ses assassins. Peut-être ne le savent-ils pas ou feignent-ils de l’ignorer, dans cette affaire, rien n’est gratuit et tout est à prendre au sérieux. Que ces dames et ces messieurs, témoins-confidents, s’érigent aujourd’hui en donneurs de leçons, voire en Sherlok HOLMES pour indexer les « coupables » est pour le moins suspect et devrait inciter à beaucoup de prudence.

Cela dit, à en croire notre confrère, nous n’aurions fait cas de la piste de Kaya qu’après le dépôt du rapport de la CEI, de sorte que nos écrits sur le sujet ne pouvaient « être pris en compte par la commission » ; cela est contraire aux réalités. Citons simplement deux cas. La première fois que nous avons évoqué cette affaire de Kaya, c’était dans notre n°67 du 6 au 12 décembre 1999 dans un article titré : « RSF : une enquête orientée et biaisée » et la dernière fois, avant la publication du rapport de la CEI intervenue le 7 mai 2000, c’était dans notre n°84 du 5 au 11 mai 2000, sous le titre : « Affaire Norbert ZONGO : dans le dédale des pistes ».

Si la première fois nous étions très sceptiques sur cette piste, preuve que nous n’en avons pas une analyse dogmatique, la dernière fois nous nous interrogions en ces termes : « Après la fausse alerte de Kaya, Sapouy aura-t-il été la bonne...? » Comme il apparaît clairement nous ne nous sommes pas saisi de la piste de Kaya comme d’une bouée de sauvetage pour accréditer nos thèses. C’est seulement après avoir découvert les propos que Norbert ZONGO lui-même avait tenus sur cette affaire et l’existence d’un rapport circonstancié de la CGTB sur le sujet, que nous lui avons accordé plus de crédit.

Personne ne nous fera croire que la CEI, outillée comme elle l’était, n’était pas informée de ces faits. Pourquoi les a-t-elle ignorés et surtout pourquoi nulle part elle n’en a fait cas ? Par ailleurs pourquoi à L’Indépendant on n’a jamais prêté un quelconque intérêt aux propos de Norbert ZONGO sur cette affaire ? Contrairement à vos assertions, cette piste de Kaya n’est pas « remise sur la place publique parce que François COMPAORE l’a trouvée intéressante... », mais c’est bel et bien vous-même qui l’avez remise au goût du jour à travers votre numéro spécial du 14 décembre dernier qui lui était entièrement destiné.

Pourquoi vous débinez maintenant et aussi maladroitement ?
On nous accuse aussi, relativement à la CEI, de l’avoir « toujours attaquée en règle » de même que « son président, M. Kassoum KAMBOU, parce que venant du MBDHP... ». Ce n’est tout simplement pas vrai ! Nous avons tout au contraire été de ceux qui ont fermement milité pour l’indépendance de la CEI et avions foi en l’intégrité supposée de son président. C’est vrai qu’au résultat il y a beaucoup à dire et que bien d’espoirs ont été déçus.

Ce qu’on reproche le plus à l’un et à l’autre ce n’est pas tant de ne pas avoir pu débusquer les coupables, mais d’avoir davantage compliqué la question du fait des insuffisances criardes de leurs travaux, malgré les dizaines de millions mis dans l’affaire et l’étendue de leur mandat. Et cela n’est pas de notre fait !

Pour ce qui est du MBDHP, les rôles joués par certains de ses membres, il faut le reconnaître ne militent pas en sa faveur et il n’est pas évident qu’il soit heureux que l’on revienne dessus. Rappelez-vous des propos du président de sa commission arbitrale qui avait découvert le type d’arme utilisé (AK49 avait-il écrit), le véhicule utilisé, le scénario de l’assassinat des assassins après leur forfait, etc. C’était encore une fois dans ... L’Indépendant !

Soit dit en passant si vous mourrez d’envie de donner du « Manitou au grand jour à Halidou OUEDRAOGO », faites-le avec courage mais ne cherchez à manger votre piment dans notre bouche.

Pour ce qui est des pressions sur la CEI ceux qui les exerçaient s’en vantaient d’ailleurs et il est tout à fait aisé de comprendre pourquoi elle n’a pas eu toute la sérénité pour travailler et que ses résultats laissent à désirer et sont biaisés. Une fois encore, nous sommes totalement étrangers à cette situation fort déplorable !

Enfin, il est heureux de constater le changement fondamental de vos appréciations par rapport au juge Wenceslas ILBOUDO, au sujet duquel vous écrivez : « En deux ans d’enquête où il n’a rien laissé au hasard en exploitant aussi la piste de Kaya... » etc. Voilà un jugement qui tranche d’avec vos refrains habituels du juge d’instruction qui dormirait sur le dossier, ne ferait rien et serait à la botte du pouvoir, etc. Dire que « Wens » « en deux ans d’enquête... n’a rien laissé au hasard... » est d’importance. Il reste à espérer, qu’une fois de plus, sermonnés par qui nous savons, vous ne vous dédisiez à nouveau avec l’aplomb qu’on vous connaît.

Pour terminer, nous ne pouvons pas nous empêcher de réagir devant votre ire et le propos selon lequel L’Opinion serait au nombre des journaux qui ne vendraient « que grâce aux commandes de ceux à cause desquels ils ont vu le jour et avec qui ils ont trinqué à la mort de Norbert ZONGO ».

Pour ce qui est des commandes, nous sommes fiers d’en recevoir comme c’est le cas partout à travers le monde pour les journaux sérieux et à la perspicacité reconnue. Voyez-vous, les commandes induisent deux faits majeurs. D’abord que ce qui est écrit intéresse ceux qui commandent ; ensuite, que ceux-ci ont un lectorat qui sera intéressé de lire. Donc les commandes pour un journal sont la reconnaissance de l’intérêt qu’on lui porte et si cela vous chagrine c’est certainement que les effets de ces commandes sur l’opinion publique vous perturbent.

Quant à « ceux à cause desquels ils ont vu le jour... » ce sont nos lecteurs ; car vous ne vous imaginez pas que ceux auxquels vous faites perfidement allusion vont passer des commandes pour lire eux-mêmes et chacun, des milliers d’exemplaires du même numéro ! Même si avec vous le ridicule n’a pas de limite, nous n’oserons pas vous soupçonner d’une telle hérésie.

« Last but not the least » pour ce qui est de trinquer « à la mort de Norbert ZONGO » vous apportez la preuve si besoin en était encore de votre totale déconfiture morale. Il n’y a rien à dire sinon que de vous dire de continuer à manger et à vous repaître de l’affaire née du meurtre de Norbert ZONGO. Faites néanmoins gaffe à ne pas vous étrangler vous-même.

Cheick AHMED
L’Opinion

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