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Banou Diawara, meilleur joueur du Fasofoot 2015 : « J’ai des propositions de contrat que j’étudie »

Publié le mardi 16 juin 2015 à 01h40min

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Banou Diawara, meilleur joueur du Fasofoot 2015 : « J’ai des propositions de contrat que j’étudie »

Trente matchs disputés, dix-huit victoires, six matchs nuls et six défaites. Avec 60 points au compteur et le titre de meilleur buteur à son attaquant fétiche, la moisson a été bonne pour le Racing club de Bobo-Dioulasso au cours de la saison 2014-2015. Pour la 2e fois consécutive, 14 buts l’année dernière et 13 buts cette saison, Banou Diawara est le meilleur buteur du Fasofoot 2014-2015. Avec son doublé à la dernière journée face au Rail club du Kadiogo, il a offert le titre à son club qui ne l’avait plus remporté depuis 1997. Jeune, plein de talents dont l’adresse devant les buts, il avait été présélectionné pour la CAN 2015 avant de ne finalement pas rentrer dans l’effectif de Paul Put. Dans cette interview, le tigre de Diarradougou (nom donné aux joueurs du club), revient sur les matchs de la saison, sa courte expérience avec les Etalons et ses projets pour le futur. C’est sans ambages qu’il parle de ses déceptions mais aussi de ses espoirs. Lisez !

Lefaso.net : Avec 13 buts, tu es le meilleur buteur du Fasofoot 2015. Comment te sens-tu après autant d’efforts ?

Banou Diawara : Je suis très content et fier d’avoir participé au sacre de mon équipe. Je suis vraiment heureux.

Pour la saison 2014-2015, le RCB n’était pas forcément parmi les favoris pour le titre. Quels ont été ses atouts qui l’ont hissé à la première place du championnat ?

Nous avions visé le titre l’année passée mais on l’avait raté de justesse. Tout s’était joué lors du match contre l’EFO que nous avions perdu ici 1-2. Cette défaite avait démoralisé les joueurs.

Pour cette année, nous nous sommes remobilisés, avons travaillé et à la fin nous avons fait des prouesses. Nous étions confiants et étions surtout encouragés par le fait qu’on était toujours dans le trio de tête même si on perdait un ou deux matchs. Nous nous sommes alors dit vers la fin que c’était jouable, nous avons essayé et nous sommes champions.

Le RCB a cependant connu un début de saison timide avec un nul, 0-0, face au Majestic à la première journée. C’est à quel moment que vous vous êtes dit que vous pouviez remporter le championnat cette année ?

Depuis notre déplacement à Banfora, le groupe s’est encore soudé. Nous y avons cru et avons travaillé pour cela. En plus, notre poursuivant immédiat, l’EFO, était en difficulté et nous en avons profité pour aller chercher le titre.

Vous avez encore été battus cette année par l’EFO, 4-1. Est-ce que cela n’a pas découragé le groupe ?

Non ! Nous avons appris à faire avec les défaites. Et à chaque fois que l’EFO nous dépassait, c’était de trois points. On s’est alors dit qu’à un moment les joueurs de l’EFO allaient connaitre des difficultés. Parce qu’il est difficile d’enchainer des victoires du début jusqu’à la fin. En plus, nous étions vraiment en forme et on avait aussi beaucoup de matchs à domicile. Nous avons donc su prendre avec philosophie le résultat face à l’EFO et sommes allés chercher des victoires et au pire des cas, des nuls à l’extérieur. Le groupe a ainsi été motivé et c’est cela qui a été notre principale force.

Le RCB a fait six matchs nuls au cours de la saison. Est-ce que cela faisait aussi partie de la stratégie du club ?

Lorsqu’on était en déplacement, on partait chercher un match nul. Que ce soit contre Bankuy Sport ou l’EFO, l’objectif était un nul. Mais si on obtenait les trois points, c’était tant mieux. Et on cherchait à gagner obligatoirement à domicile. Peu importe l’équipe qu’on avait en face, l’objectif était les trois points.

Vous avez dû discuter le titre avec l’EFO jusqu’à la dernière journée. Quelle a été ta réaction lorsque tu as appris que le RCB était champion2015 du Fasofoot ?

Nous avons eu de gros matchs durant les cinq dernières journées. Nous avons enregistré une défaite puis un nul.

Malgré ces résultats, nous avons remarqué que l’EFO ne nous rattrapait pas, l’USFA et le RCK également. Seule l’AS Sonabel qui venait à grands pas. L’AS Sonabel n’était pas très bien classée mais, vu le calendrier, venait en force. On s’est dit qu’il fallait alors prendre les points. Nous avons d’abord gagné ici contre l’ASFA avant d’aller battre l’AS Sonabel à Ouaga. Un match nul à la dernière journée nous donnait déjà le titre. Mais à cause du public qui était sorti massivement, ce n’est pas une habitude de voir ce public, on a alors décidé de lui faire plaisir en lui donnant une victoire. C’est avec cela, on a eu les trois points qui ont nous ont donné le titre.

Un double sacre puisque tu es le meilleur buteur de la saison avec 13 buts…

Je suis le meilleur buteur mais mon objectif n’était pas d’être meilleur buteur. C’est comme l’année passée, lorsque je commençais la saison, j’avais dit que mon objectif était de remporter un titre avec le club. Si mon club remporte un titre même si je ne marque pas, je suis content. Mais comme on le dit : « l’appétit vient en mangeant ». Quand on joue et lorsqu’on peut marquer on le fait. Dans le cas contraire, on fait marquer quelqu’un d’autre. Le plus important est que le groupe ait les trois points.
Mais comme le disent les supporteurs, j’ai des qualités que beaucoup d’autres joueurs n’ont pas. Ils disent que je suis adroit devant les buts. J’ai eu des occasions que j’ai concrétisées. A un moment, j’avais pris la décision d’égaler ma performance de l’année dernière qui était de 14 buts. Mais je n’ai pas joué 8 matchs. C’est seulement à mon retour de la CAN que j’ai repris les entrainements. Ce qui m’a permis d’être meilleur buteur et j’en suis très content.

Quel était le discours de l’entraineur à ton égard ?

L’entraineur me connait depuis mon école primaire. Depuis lors, il m’a pris sous son aile et m’a formé. Il m’a pris lorsque j’étais au CP2 et à mon CE1, il m’a fait jouer l’OSEP avec des grands. Je me rappelle que certains étaient contre qu’il me fasse jouer avec eux.

Pour vous dire à quel point il me connait. Lorsque j’ai des soucis et je viens à l’entrainement. Même sans lui dire mot, il le sait. Même si je ne suis pas content de son classement, il arrive à le détecter également.

Tu faisais partie des présélectionnés pour la CAN 2015 en Guinée Equatoriale. Mais à la fin, tu n’as pas été retenu par l’entraineur Paul Put, dans la sélection finale.
Comment as-tu vécu cela ?

Après le match contre le Lesotho, j’ai eu un entretien avec le coach. Il m’a dit qu’il comptait vraiment sur nous. Nous sommes par la suite revenus à Ouaga pour jouer contre l’Angola. Malheureusement je n’étais pas dans le groupe contre l’Angola. En partant, j’ai encore eu un entretien avec le coach. Il me disait qu’il avait une bonne impression de moi. Pour cela, il m’a demandé de continuer le travail et qu’il me suivrait.

En janvier, la liste des présélectionnés a été publiée et j’en faisais partie. Nous sommes donc allés en préparation en Afrique du sud. A la veille du dépôt de la liste, le coach m’a appelé et m’a dit qu’il lui était difficile de me retenir parce que tous ceux qu’il avait appelés avaient joué au moins une minute d’un match sauf moi. Nous avons beaucoup échangé. Par la suite, il m’a demandé de rester avec le groupe. Le Ministre des sports et des loisirs et le président de la fédération me l’ont également demandé. Je suis donc resté avec le groupe et j’ai appris.

Que retiens-tu de ce stage avec les Etalons ?

J’ai côtoyé les grands comme Pitroipa, Bancé, Alain, Charles, Bakary Koné et les autres. Ils m’ont beaucoup conseillé. J’ai aussi appris à préparer les matchs, à me comporter…

Est-ce que tu as ressenti l’apport de ce stage dans les matchs du Fasofoot que tu as disputés après la CAN ?

Ça m’a beaucoup aidé. Le sang froid de Jonathan Pitroipa, la façon dont Bancé couvre ses balles, les frappes d’Alain m’ont beaucoup formé. J’ai essayé d’appliquer tout cela au club et ça m’a beaucoup aidé.

Quel Etalon t’a marqué pendant ce stage ?

Jonathan Pitroipa. Ce n’est pas parce qu’il est Burkinabè comme moi que je le dis mais il est présentement le meilleur joueur de l’Afrique. Son talent est immense. Il est technique, rapide, etc. Il a tout.
Je voudrais aussi citer un joueur. Il n’était pas à la CAN mais c’est un grand footballeur. Il s’agit de Moumouni Dagano. Malheureusement je n’ai pas eu l’occasion de jouer avec lui. Il est un monument du football burkinabè. Quand je regarde sa couverture de balles, ses appels, ses frappes, je reste toujours fasciné. Je voudrais pouvoir jouer avec lui. Ce n’est pas encore fini car si Dieu me donne l’occasion de jouer avec lui, je vais en profiter.

Le Burkina a disputé trois matchs à la CAN. Est-ce qu’en suivant l’un de ces matchs, tu as à un moment trouvé que tu pouvais marquer un but pour les Etalons ?

Le groupe a très bien joué à la CAN. Seulement qu’on n’a pas eu la chance de concrétiser les occasions de but. Ça arrive. Il y a des jours comme cela où rien ne va pour vous.

Les Etalons ont un nouvel entraineur Gernot Rohr. Quelle pourra être sa valeur ajoutée ?

Chaque coach a ses méthodes de travail. Il va apporter de nouvelles méthodes de travail. C’est ainsi que chaque joueur gagne en expérience avec chaque entraineur. Paul Put avait ses méthodes de travail. Il a rehaussé le niveau de l’équipe mais malheureusement les choses n’ont pas suivi comme il se devait à la CAN. Gernot Rohr va apporter sa touche à la professionnalisation et à la construction d’une équipe performante.

Pour les éliminatoires de la CAN 2017, le Burkina est en compagnie de l’Ouganda, du Botswana et des Comores. D’aucuns trouvent le groupe abordable. Est-ce aussi ton avis ?

Ça dépend. Le groupe peut être à la fois abordable et difficile. Parce que si vous vous dites que vous êtes favoris, la surprise peut être désagréable. Actuellement il n’y a plus de petite équipe. Si les Etalons acceptent de mouiller le maillot, ils feront des prouesses. Mais dès lors que les Etalons se diront favoris, les matchs seront difficiles pour eux.

Lors de leur stage en Europe, les Etalons ont été battus par la Corse et le Cameroun en matchs amicaux. N’est-ce pas une méforme du groupe ?

Le coach est nouveau. Pour cela, il a besoin de voir tout le monde jouer, d’essayer de nouveaux joueurs dans les différents compartiments. Pour la Corse, il a fait appel à des nouveaux pour les essayer. Le groupe était renouvelé à près de 50%. Dans l’ensemble, le match n’était pas mauvais. Nous avons fait un grand match mais par malchance, nous avons perdu.

Face au Cameroun, nous avons fait un très grand match. C’est vers la fin qu’il y a eu un relâchement et les Camerounais en ont profité pour scorer. L’un dans l’autre, les défaites étaient en quelque sorte biens pour l’équipe. Si on gagnait les deux matchs, on allait croire qu’on était fort et qu’on était un bon groupe. Les joueurs allaient se croire grands. Mais avec ces défaites, ils ont dû comprendre qu’il y a encore du boulot.

Le RCB sera encore en Ligue africaine cette année. Que réserves-tu aux supporteurs ?

Le match de championnat et celui de campagne ne sont pas du tout pareils. L’année dernière nous avons joué contre les Wari Wolves du Nigeria. Au match-aller, nous avions bien joué mais ce sont eux qui ont gagné. Cela s’explique par leur expérience. Nous n’avons malheureusement pas pu inverser la situation au retour. Nous avons échoué de justesse.

Pour cette année, nous allons corriger nos erreurs de l’année passée. C’est une haute compétition qui met aux prises les meilleurs clubs des pays. Il va falloir s’armer de courage et de détermination.

Quelles sont les perspectives de Banou Diawara avec le RCB ?

Avant la CAN, je devais aller en Egypte mais j’ai jugé bon ne pas y aller parce que le championnat égyptien était suspendu. En y allant, j’avais moins de chance de participer à la CAN. J’ai donc préféré rester au pays. Je suis rentré dans la pré-liste de la CAN. Depuis mon retour de Bata, j’ai eu des contacts et je suis en train de les étudier.

Dans quel pays ?

Je préfère taire les noms d’abord. Mais j’ai eu des contacts en Europe, en Afrique et même en Asie. Comme j’étais concentré pour le championnat, je n’avais pas encore eu de temps pour ces propositions. J’ai un contrat en cours avec le Racing. Si je dois partir un jour, le public en sera informé quand tout sera ficelé.

En guise de conclusion, je voudrais remercier le public bobolais, burkinabè pour les efforts qu’il a déployés cette année. Je remercie aussi les entraineurs du Burkina et surtout ceux avec qui j’ai travaillé. C’est grâce eux que j’ai pu avancer. Sans mon coach, je n’allais pas être connu des Burkinabè. Avec la déception que j’ai eue en quittant l’AS Sonabel, il m’a conseillé, remonté le moral et donné les outils de travail pour atteindre mon objectif. Dieu merci, j’ai été meilleur buteur l’année passée, j’ai aussi remporté le prix AJSB. Cette année encore je suis meilleur buteur. Je lui dédie tous ces titres et donne rendez-vous aux supporteurs à la campagne africaine en septembre.

Interview réalisée par Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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