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Déclaration de l’unité d’action syndicale à Genève

Publié le dimanche 7 juin 2015 à 09h28min

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INTERVENTION DE L’UNITE D’ACTION SYNDICALE (UAS) DU BURKINA FASO A LA 104EME SESSION DE LA CONFERENCE INTERNATIONAL DU TRAVAIL A GENEVE (28 mai- 14 juin 2015)

Monsieur le Directeur Général,
Madame la Présidente de la Conférence,
Monsieur le Vice – Président, Représentant les Travailleurs,
Monsieur le Vice – Président, Représentant les Gouvernements,
Monsieur le Vice – Président, Représentant les patronats,
Mesdames et Messieurs les représentants des structures spécialisées,
Mesdames et Messieurs les membres de la commission des experts,
Mesdames et Messieurs les délégués à la présente conférence,
Distingués invités,

Au nom des travailleurs du Burkina Faso, la délégation de l’Unité d’Action Syndicale (UAS) du Burkina vous adresse ses cordiales salutations !

Madame la Présidente,

Nous affirmons notre adhésion au rapport du Directeur Général du Bureau International du Travail (BIT) qui prend en compte nos profondes aspirations en termes de respect des libertés syndicales, du respect des normes et décisions de justices, d’une protection sociale et d’une rémunération du travailleur qui puissent lui assurer des conditions de vie digne.

Madame la Présidente,

Le Burkina Faso a connu en 2014 une insurrection populaire qui a mis fin au Régime de Blaise COMPAORE. Comme vous le savez, à la base de cette insurrection, il y avait l’entêtement du pouvoir à réviser la constitution en vue de permettre à Blaise COMPAORE de s’offrir encore trois mandats après vingt-sept années au pouvoir. Cela malgré diverses manifestations populaires qui ont mobilisé des millions de burkinabè sur l’ensemble du territoire national. Depuis l’avènement de l’insurrection, nous avons reçu et nous continuons de recevoir divers témoignages de solidarités venant notamment des organisations syndicales sœurs de plusieurs pays. Le Bureau International du Travail a dépêché plusieurs missions au Burkina Faso pour aider les parties prenantes au dialogue social à surmonter les difficultés. Malheureusement, ces initiatives n’ont pas encore produit les résultats escomptés.
Nous voudrions saisir l’opportunité de cette session pour adresser à l’ensemble des organisations amies, à la Direction et au Conseil d’Administration du BIT nos sincères remerciements et notre gratitude pour les soutiens et manifestations diverses de solidarité.

Madame la Présidente,
Mesdames et messieurs,

Il importe de noter qu’au-delà du refus du pouvoir à vie, l’insurrection a été nourrie par la politique antinationale et antisociale du régime déchu, politique faite de nombreux crimes de sang et de crimes économiques restés jusque-là impunis, de corruption généralisée, de fraude, de vie chère pour les travailleurs et les populations. C’est vous dire les importantes et pressantes attentes que nourrissaient les burkinabè vis-à-vis des nouvelles autorités. En toute légitimité, ils attendaient que la transition trace la voie d’une nouvelle gouvernance qui les éloignerait des pratiques décriées et antidémocratiques de l’ancien pouvoir et qui approfondirait notamment les libertés démocratiques et syndicales si fondamentales pour l’existence et les activités des organisations syndicales. Du reste, les nouvelles autorités ont lancé un slogan qui répondait fort bien à cette attente à savoir « plus rien ne sera comme avant » mais qui ne s’applique pas sur le terrain. Car malheureusement, ces attentes sont largement ignorées par le pouvoir de la transition qui s’illustre négativement dans les attaques et menaces ouvertes contre les organisations syndicales ; l’instrumentalisation et la mise en avant de groupuscules associatifs au détriment des organisations représentatives des travailleurs ; les soutiens ouverts au patronat dans divers refus d’appliquer des décisions de justice favorables aux travailleurs ; etc.
Pour sa part, le mouvement syndical burkinabè réuni au sein de l’UAS tout en étant attentif aux initiatives telles que celles du BIT (ci-dessus mentionnées), et celles des médiateurs de l’UEMOA pour le bon déroulement de la transition, s’attèle à assumer pleinement le rôle qui est le sien, comme il l’a toujours fait aux différents tournants de l’histoire de notre pays.

Dans ce sens, l’UAS a, dès le 3 novembre 2014, rendu publique une importante déclaration dans laquelle elle a salué l’insurrection des 30 et 31 octobre en tant que victoire partielle du peuple, imputé toute la responsabilité des tueries, des destructions et pillages de biens publics et privés au pouvoir de la IVème République et de ce fait, a exigé que les dignitaires du régime COMPAORE répondent de leurs crimes actuels et antérieurs, formulé des exigences portant notamment sur l’identification et le jugement des éléments des Forces de Défense et de Sécurité qui ont tiré sur les manifestants(es) lors de l’insurrection populaire ; la levée de la suspension de la constitution du 2 juin 1991, l’arrestation et le jugement de Blaise COMPAORE et de ses fidèles, la mise à l’écart de tous ceux qui, au sein du système COMPAORE, sont impliqués dans des crimes économiques et de sang contre notre peuple, l’établissement d’un bilan précis des personnes qui ont sacrifié leur vie lors de l’insurrection populaire et la prise de mesures en vue d’honorer leur mémoire, le maintien et l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales, un examen sérieux des préoccupations du monde du travail.
Dans le sens de permettre à la transition de s’installer, le mouvement syndical a annoncé la suspension de deux mots d’ordre déposés sous l’ancien régime pour des grèves qui étaient prévues pour le 11 novembre et les 24 et 25 novembre 2014. A la mise en place des organes de la transition, le mouvement syndical a clairement indiqué qu’il n’était pas intéressé par le gouvernement ou le Conseil National de Transition (Assemblée Nationale) mais qu’il était disposé à participer à la Commission de Réconciliation Nationale. Là aussi, la nomination des membres de la Commission a totalement ignoré le mouvement syndical.
Face à la non prise en compte de leurs attentes et préoccupations, diverses couches sociales engagent des luttes, autour d’abord de nominations de personnes de moralité douteuse à la tête de ministères ou d’institutions, autour d’engagements non tenus, autour des prix des hydrocarbures autour de la non application de décisions de justice, le gouvernement ne tarde pas à proférer des menaces, accusant les syndicats de chercher à troubler la transition. Comme nous l’avons indiqué dans notre message du premier mai, il n’est pas acceptable que les préoccupations des travailleurs et des populations soient mises sous boisseau sous prétexte que la mission principale de la transition est d’organiser les élections. C’est dire que nous restons dans la voie de la lutte ferme pour la défense des acquis de l’insurrection, pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs.

Honorables Conférenciers,
Madame la Présidente,

L’Unité d’Action Syndicale (UAS), au nom de l’ensemble des travailleurs du Burkina Faso sollicite davantage votre disponibilité légendaire et votre solidarité en vue de nous accompagner pour une sortie honorable de cette transition avec des bases solides d’une bonne gouvernance et d’acquis sociaux. Dans ce sens, nous restons dans l’attente d’une suite aux initiatives menées par le BIT et qui devait aboutir à une déclaration tripartite et à la mise en place d’une Commission ad hoc.

Madame la présidente,

Avant de clore notre propos, nous vous adressons nos chaleureuses et sincères félicitations pour votre brillante élection dans les fonctions de Direction de cette conférence, la 104ème de l’histoire de l’OIT.

Vive le Bureau International du Travail !
Vive l’Unité d’Action Syndicale (UAS) !
Vive la solidarité Internationale !

Lu à Genève, le vendredi 5 juin 2015

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Vos commentaires

  • Le 8 juin 2015 à 09:32, par KELEMASSA En réponse à : Déclaration de l’unité d’action syndicale à Genève

    Bravo à l’unité d’action syndicale pour la défense des intérêts des travailleurs burkinabés. Au lieu que ZIDA s’attaque au plus faible au BURKINA, il n’a qu’a en découdre avec ses frères du R.S.P avec qui il a scellé un pacte non respecté au moment de l’insurrection populaire. A la sueur de notre sang, nous nous battrons pour la lutte contre l’impunité, les crimes économiques et de sang et pour la liberté et la paix dans notre pays.

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