LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Eliminatoires CAN-Mondial’2006 : La mauvaise affaire des Etalons

Publié le mardi 29 mars 2005 à 07h58min

PARTAGER :                          

Pour le compte de la 6e journée des éliminatoires cumulés CAN-Mondial’2006, le Cap-Vert est venu tutoyer les Etalons du Burkina Faso, le 26 mars dernier au stade du 4 août de Ouagadougou.

Score final : 2-1 pour les visiteurs, qui ont donné une leçon de football à des Etalons méconnaissables. Une défaite qui a poussé le nouveau coach Simondi à verser des larmes en fin de match.

Le petit poucet du groupe B est venu semer le désarroi au stade du 4 août de Ouagadougou. En battant les Etalons par 2 buts à 1. Le Cap-Vert confirme ainsi sa supériorité du match aller le 9 octobre dernier à Praia (1-0). Une défaite qui avait été mal digérée par les autorités du football burkinabè et qui avait en partie contribué au limogeage du technicien franco-yougoslave, Ivica Todorov.

Place donc au Français Bernard Simondi, pour réparer cette giffle du 9 octobre. Mais hélas, la catastrophe fut plus grande. Sauf erreur, les Etalons ont échoué à domicile il y a déjà une dizaine d’années. Pourtant, ils avaient la certitude de prendre leur revanche sur le virevoltant Carlos Morais (dossard 18) et ses camarades même si Simondi avait préconisé le nul au cas où...

Rien à faire, Carlos, par deux fois et de la même façon (48e et 88e mn) prend de vitesse Ousmane Traoré sur le flanc droit, à l’issue de contre-attaques similaires, pour battre Abdoulaye Soulama. Le stade du 4 août devenu glacial venait rappeler que le Burkina se cherche une équipe, un maître à jouer. Si ce n’est pas Dagano qui ne sait pas comment mettre ses reflexes d’attaquant en exergue (17e, 20e, 37e mn), c’est Abdoulaye Cissé qui envoie ses ballons dans les nuages, même en étant dans la surface de réparation cap-verdienne.

Si ce n’est pas Ousmane Traoré qui se laisse dédoubler à deux reprises, c’est Amara Ouattara (surtout lui) qui est perdu dans le secteur médian. Alassane Ouédraogo lui, ne pouvait pas retrouver ses débordements dont lui seul avait le secret. Méconnaissables Etalons sans âme tactique et technique, le tout exacerbé par un choix d’hommes déconcertant.

L’égalisation de Moumouni Dagano à la 70e mn, grâce à ce centre de Enock Conombo venu du côté droit, avait redonné espoir. Mais, on chasse le naturel et il revient au galop. L’équipe cap-verdienne n’a pas volé sa victoire. Elle aurait même pu vaincre par 3 à 1, si le poteau n’avait renvoyé ce shoot de Carlos (49e mn), si Abdoulaye Soulama ne s’était pas interposé à la 53e mn. (Le portier cap-verdien a été très inspiré)

A l’opposé des Etalons, les Cap-verdiens exécutaient avec une certaine rapidité leurs coup-francs, tandis que Mahamoudou Kéré et ses coéquipiers semblaient attendre que l’adversaire se replace avant d’exécuter les leurs.
Les Etalons, par cette défaite, compromettent ainsi leur qualification pour Egypte’2006.

Le football, comme on aime à le dire, ne ment pas. La vérité du terrain est cruelle, implacable. Il a fallu le Cap-Vert pour nous le rappeler. Hélas !


Simondi, la frayeur

Le successeur de Ivica Todorov, Bernard Simondi, était déjà perdu avant même le début du match. Et un confrère de dire : "C’est un mauvais signe". Et lorsque nous sommes entré en possession de la feuille de match, quelle ne fut pas notre stupeur : Amara Ouattara et Mamadou Zongo, arrivés à 3 jours du match, sont titulaires. Ils démarrent le match. Moussa Ouattara, "Bouffe tout", est remplaçant. Le comble, le jeune Florent Rouamba ne figure même pas sur la feuille de match.

Le match démarre et un autre constat : Mahamoudou Kéré, milieu défensif, est positionné au poste de stoppeur. Là, on comprenait difficilement le choix du technicien français. En attaque, Dagano et Aristide Bancé jouent sur le même registre, ce qui complique la tâche de l’un et de l’autre. En l’absence de Florent Rouamba, Aziz Nikièma use sa culotte sur le banc de touche et ne peut mettre son intelligence au service du groupe. Et les Etalons passent le temps à balancer les balles. Ils ont joué comme s’ils négociaient le nul. Voilà autant d’erreurs que Bernard Simondi a commises et les résultats ont été sans pardon.

Cette attitude est-elle liée au fait qu’il ne connaît pas encore l’équipe ? Si c’est le cas, a-t-il pu recourir aux suggestions des techniciens locaux comme Joseph Kaboré Sap (entraîneur adjoint) et autre Daouda Sanou Famozo (DTN adjoint) ?

La gestion des hommes n’a pas été sans reproches et ce sont des erreurs qui ne pardonnent pas. C’est aussi les conséquences des infinis changements. Gageons qu’à partir de ces insuffisances liées peut-être au fait qu’il est nouveau, Simondi saura désormais "qui est qui" et s’assumera davantage, afin que nul ne regrette son choix.

Le prochain match contre le Ghana, en juin, situera le public burkinabè sur ses capacités de rebondissement. En attendant, c’est une équipe des Etalons sans "patron" et sans conception tactique efficace que le public a observée. Un souhait : que cette défaite soit la voie du renouveau. Il reste 4 matches ; peut-être que la grande suprise viendra de là. En attendant, le Cap-Vert accède, grâce à cette victoire, à la 2e place du groupe, derrière l’Afrique du Sud.
Et dire que les Etalons, s’ils avaient bien joué, auraient occupé un meilleur rang ! Mille regrets.

A.L.G.


DANS LES COULISSES DU STADE :

La colère de "Bouffe-tout"

La scène se passe à la 60e mn du match Burkina-Cap Vert, lorsque Moussa Ouattara, dit "Bouffe-tout" est appelé à remplacer Amara Ouattara. Le coach Bernard Simondi lui fait signe de venir. Il marche comme si le danger n’était pas dans la maison. Simondi va à sa rencontre, ils échangent et on voit un geste maladroit du joueur comme pour dire à Simondi : "F... le camp". Le technicien français se fâche. Quelques membres fédéraux essayent de calmer les deux. C’est sous cette tension que "Bouffe-tout" a pris place sur la pelouse.

Que s’est-il passé ? On ne le saura pas très exactement. Des indiscrétions font comprendre que le joueur n’a pas approuvé le fait d’avoir été laissé sur le banc de touche. Le geste du joueur est condamnable même si Simondi a fauté. Tout joueur doit du respect à son entraîneur.

Un message prémonitoire ?

A la mi-temps, le score du match est nul et vierge (0-0). Juste avant la reprise, le tableau électronique du stade du 4 août affiche en grand : "Bien supporter, c’est pousser à tout moment son équipe ; c’est aussi accepter dignement la défaite de son équipe". La suite, on la connait : une défaite.

La belle entrée des jeunes

L’entrée des jeunes Enock Conombo et Patrick Zoundi a donné un autre rythme au match. Par deux fois, Enock a fait de bons centres. Le premier a été mal exploité par Abdoulaye Cissé et le second a permis à Moumouni Dagano d’égaliser. Là, Simondi a fait un bon changement.

Des sachets d’eau

Le public mérite des encouragements pour s’être massivement déplacé au stade du 4 août. Seulement, certains se sont encore mal illustrés en jetant des sachets d’eau sur le banc de touche et sur certains dirigeants de la FBF qui regagnaient les vestiaires. On peut être mécontent d’un résultat, mais il faut savoir rester fair-play.

L’"opération surprise" de la CNSE

La Coordination nationale de soutien aux Etalons avait baptisé ce match "opération surprise". Un match au cours duquel Mahamadi Kouanda avait prévu "des colombes et autres choses". Si lesdites colombes ont été absentes pendant le match, le nom de baptême aura été bien trouvé, même si ce n’est pas dans le sens voulu car, pour un match en cette nuit de la résurrection du Christ, la surprise et la résurrection étaient venues du Cap-Vert.

Les larmes de Noufou

De plus en plus, les cardiaques éviteront de suivre un match des Etalons. Pire, obliger une personne du troisième âge, comme Noufou Ouédraogo (président du Comité de soutien aux Etalons) à verser des larmes est tout simplement attristant. Les Etalons, par leur contre-performance, ont poussé le vieux Noufou à pleurer. Pauvre Noufou !

Des supporters égarés

Certains supporters, sonnés par la défaite, ont quitté le stade du 4 août a pied sans se rappeler qu’ils étaient venus à vélo ou à mobylette. Il a fallu des communiqués-radios pour que certains retournent chercher leurs engins auprès des différents parkeurs.

Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 30 mars 2005 à 16:43 En réponse à : > Eliminatoires CAN-Mondial’2006 : La mauvaise affaire des Etalons

    Le foot est un jeu qui donne la victoire à l’une au detriment de l’autre équipe. Notre faso-foot a peut-être entamé le "déclin" après des années fastes depuis 98. C’est un peu à l’instar de son homologue français, qui a du mal à retrouver son brio d’antan.
    Si pour la france, ce sénario semblait prévisible : le départ des Zizou, Turham et cie, jeunes retraités de l’équipe nationle ; explique en partie cet état de fait. Pour le fasofoot, le mal ou son origine réside ailleurs. C’est-à-dire en dehors du terrain. A nous de bien sonder, afin que notre foot continue de progresser sur le plan continental.
    Ce serait un miracle si on arrive à nous qualifier. Si un pays comme le cap-vert, se permet de faire un 6 sur 6 sur notre dos et de façon méritoire ; il y a lieu de mettre à plat certaines choses fondamentales. Personnellemnt je trouve dommage qu’il y ait chez nous un manque fragrant de continuité dans le travail. Les étalons doivent se mériter. Il ne suiffit pas d’émarger au bas d’un contrat à l’étranger, pour necessairement être bon au point de revendiquer une place de titulaire. Ce complexe du pro, de l’entraineur expatrié et du rajeunissement systématique de l’équipe explique en partie le marasme de notre foot.
    En clair :
    1-Ce n’est pas parce qu’on est pro, que l’on est forcément meilleur compétiteur. La preuve certains de nos titulaires végètent en équipe reserve en europe.
    2-Ce n’est pas parce qu’on aura un coach blanc sur le banc, que notre foot aura le niveau européen ou sud américain. Nous avons des techniçiens nationaux ou continentaux aussi performants
    3-Ce n’est pas parce qu’on est jeune, que l’on doit prendre la place d’un ancien. Même s’il est vrai qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ; le seul mérite des jeunes sélectionnés ne doit pas être du fait de leur âge. Il serait plus que intéressant de cultiver le mythe des "cadres" comme ce fut le cas des Zizou, Dessailly, Liza et cie. Le cameroun en est le parfait exemple : Sonk, si je ne m’abuse, était présent à la coupe du monde en italie. Ceci explique aussi cela, le cameroun ne fait pas partie de ce cercle très restrein des pays les plus capés du continent par hasard.
    Pour finir, soyons donc tolérent envers cette jeune équipe qui doit encore aiguiser ses armes.
    Vive le fasofoot.
    Dady
    kotigui_dady@hotmail.com

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina/Reprise de la Ligue1 : Quatre chocs à l’affiche