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Journée d’Hommage aux Martyrs : La réconciliation au Burkina passée au peigne fin !

Publié le samedi 30 mai 2015 à 03h05min

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Journée d’Hommage aux Martyrs : La réconciliation au Burkina passée au peigne fin !

« Comment croire à la réconciliation au Burkina Faso ? ». C’est sur cette interrogation que s’est poursuivie dans la soirée de jeudi 28 mai 2015 à la Maison du Peuple, la série de conférences publiques entrant dans le cadre de la commémoration de la Journée nationale d’Hommage aux Martyrs de l’insurrection populaire. Pour diagnostiquer le sujet, le Pr. Cyrille Koné, entouré du modérateur, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, René Bagoro, du président de la commission thèmes, Mahamoudou Ouédraogo et du président du Comité national d’organisation, Jean-Baptiste Lansomdé.

C’est par des clarifications sur la notion et l’origine de la « réconciliation » que le conférencier, Pr. Cyrille Koné a introduit son auditoire dans le vif du sujet. Des participants qui ont suivi avec grand intérêt, car à la suite de la communication livrée, ils n’ont du tout pas été avares en réactions (apports, commentaires, points de vue et questions d’éclaircissement).

De l’exposé, on retient que la réconciliation ne date pas du siècle en cours et des exemples de réconciliation dans le monde sont bien énumérables et parmi celles-ci, on peut retenir le cas sud-africain.

La réconciliation suppose le retour à des sentiments d’amitié et de fraternité, après des moments qui ont vu mettre à mal des relations humaines dans une société. Elle ne part pas du néant, elle est attachée à des valeurs partagées entre les individus de la société.

Pour le conférencier, le Burkina Faso est « armé » de nombreux valeurs et mécanismes (références aux valeurs sociales) à même de pouvoir résoudre les conflits. « Dans le cadre du Burkina, il y a de la ressource », rassure Pr. Koné, citant entre autres, la culture du dialogue, l’attachement à la Patrie, à la communauté comme leviers pour y parvenir.

Pourtant, la Journée nationale du Pardon, instituée 2003, sur proposition du Collège de sages et qui devrait trouver les mécanismes nécessaires pour une sortie heureuse de la crise sociopolitique qui a suivi l’assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune en 1998, n’a pas répondu à sa vocation. Devenue par la suite, « Journée du Souvenir », elle devrait donner l’occasion aux « Burkinabè qui ont fauté de demander pardon aux victimes » et permettre une réconciliation nationale. Ce qui appelait à l’application effective des recommandations faites par ledit collège. Toute chose qui allait permettre au Burkinabè de regagner la quiétude dans une société sereine.

‘’La justice, élément majeure de la réconciliation ‘’

Malheureusement, « quelques années seulement après la célébration de cette Journée », on a noté, fait-il remarquer, une multiplication des crises socio-politiques, « comme si celle-ci avait donc été vaine ». Les conflits gagnent en intensité au point de menacer l’ordre social établi, faisant du « pays des hommes intègres » une « terre des hommes inquiets », reprend-il les propos d’un journaliste de presse étrangère. Parmi les crises survenues, on retient la révolte des casques en 2006 avec des destructions de biens publics et affrontements violents avec les forces de l’ordre ; les affrontements entre policiers et militaires en décembre 2006 ; les manifestations des anciens combattants ; affaire de la chaîne ‘’Kundé’’ en 2007 sous fond d’assassinats à des fins rituelles qui a conduit à la justice populaire et à la destruction de biens publics et privés ; les émeutes contre la vie chère dans les grandes villes du pays.

Toujours sur ce registre, le conférencier a indiqué qu’après la réélection de Blaise Compaoré en novembre 2010, le premier semestre a été marqué par la révolte des élèves, étudiants, des travailleurs avant que la quasi-totalité des garnisons ne se « soulèvent » et « terrorisent » les populations. Une mutinerie qui a atteint son paroxysme lors des affrontements meurtriers entre militaires à Bobo-Dioulasso. « C’est un bilan lourd, en terme de manquements de droits et de respect des principes de l’Etat de droit », a-t-il déploré.

L’assassinat du juge constitutionnel, Salif Nébié en mai 2014, est venu en rajouter à l’atmosphère déjà détériorée par des clivages entre l’opposition et la majorité.
Toutes ces crises peuvent donc s’expliquer par l’échec de la réconciliation nationale qui n’a pas répondu aux attentes des Burkinabè. Et pour Pr. Koné, beaucoup de réconciliations ne réussissent pas parce qu’elles sont, en réalité, une stratégie de maintien de la domination au pouvoir par les dirigeants du moment. Or, a-t-il souligné, la réconciliation répond à des exigences qui partent au-delà des humeurs et des intérêts individuels ou d’un groupe. La justice est perçue comme le ciment de la société réconciliée.

Le processus de réconciliation requiert le temps qu’il faut. Et de l’avais du Pr. Cyrille Koné, la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) en place actuellement doit disposer de tout le temps et des moyens requis pour un travail de fond afin d’offrir aux Burkinabè, ce qu’ils recherchent à travers la mise en place d’une telle structure. Elle doit donc poursuivre son travail, aussi longtemps que cela requiert après le 11 octobre.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 mai 2015 à 05:18, par le juste En réponse à : Journée d’Hommage aux Martyrs : La réconciliation au Burkina passée au peigne fin !

    Quel temps après le 11 octobre ?! Aucun lenga pour aucune structure de la Transition. Cette structure créée par la Transition pour donner des postes à ceux de ses soutiens qui n’ont pas pu être ministres ou CNTistes prendra bel et bien fin avec la Transition. Nous voyons bien le petit manège du Pr Cyril KONE pour garder intact le naam de ses amis Transitaires. Le peuple ne se laissera pas berner : le nouveau président élu en octobre 2011 mettra en toute liberté son programme de société à exécution sans s’encombrer d’aucune "création" de la Transition dont on ignore les objectifs profonds et cachés. Et avec cette commission disparaîtront également tous ces OSC ventriloques inutiles et dangereux qui rappellent les patriotes de BLÉ GOUDÉ en Côte d’Ivoire.

  • Le 30 mai 2015 à 10:38, par Konkona En réponse à : Journée d’Hommage aux Martyrs : La réconciliation au Burkina passée au peigne fin !

    Le MBDHP a parfaitement raison, lorsqu’il exige que l’on démasque ceux qui ont tiré sur les manifestants. Si ce n’est pas fait, ça sera la porte ouverte à ceux qui détiennent les armes du peuple pour tuer qui ils veulent et ne pas être inquiétés. Il faut donc que la lumière soit faite coûte que coûte. Ceux qui ont tiré croyaient pouvoir faire comme avant et c’est quand ils se sont rendu compte que le peuple ne se laissera pas faire qu’ils ont fait allégeance. Nous ne sommes pas dupes. Il faut que la lumière soit faite. Vive le Président Capitaine Thomas SANKARA. La patrie ou la mort, nous vaincrons.

  • Le 30 mai 2015 à 11:02, par yelkaye En réponse à : Journée d’Hommage aux Martyrs : La réconciliation au Burkina passée au peigne fin !

    Vraiment , les gens paraissent toujours la négation de ce qu’il sont.
    Pr. KONE est reconnu comme un etre associal comment peut-il reconcilié les gens. Dans son quatier on l’appelle "QUITTER LA-BAS" J’ai peur encore de nos d’intellectuels 3G qui ne mettent leur connaissance au service du peuple.
    Aussi après avoir soupé avec l’ancien regime , ils vienne en donneur de léçon.
    S’agit-il d’une strategie de MARGOUANT ?
    un proverde MALINKE dit que le margouat pour avoir sa tête rouge se cache pendant longtemps... Généralement finira par agonisé seul ....
    Bon vent à votre reconciliation avec des hommes non reconciliés.

    votre cousin

  • Le 30 mai 2015 à 16:31, par zongo Valentin En réponse à : Journée d’Hommage aux Martyrs : La réconciliation au Burkina passée au peigne fin !

    Dommage ! Celui qui connaît le champs de recherche du Pr Koné prends nécessairement son propos au sérieux. C’est le philosophe du pardon et de la réconciliation. Malheureusement ses textes sont plus lus à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Une fois de plus c’est la philosophie pratique qui s’est illustrée dans cette communication. Espérons que les burkinabé sauront s’en approprier

  • Le 30 mai 2015 à 22:23, par Bakouan En réponse à : Journée d’Hommage aux Martyrs : La réconciliation au Burkina passée au peigne fin !

    Merci pour le c.r syntetique mais en toute sincerité je trouve que le conferencier n’etait pas a la hauteur de son sujet. on ne peut pas prendre plus d’une heure a lire un papier en guise de declaration et demander aux gens de retenir quelque chose d’important. L’expose a ete tres long et ça enervait tout le monde,meme ceux qui etaient avec lui au presidium.

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