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Aboubakari Baba Moussa : « L’énergie est aujourd’hui au cœur des priorités de l’Afrique »

Publié le mercredi 27 mai 2015 à 21h42min

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  Aboubakari Baba Moussa : « L’énergie  est aujourd’hui au cœur des priorités de l’Afrique »

Ingénieur formé à l’École Nationale des Ponts et Chaussées en France, Aboubakari Baba Moussa est le directeur du Département des infrastructures et de l’énergie de la commission de l’Union africaine. Il aborde dans cet entretien les enjeux de la question de l’énergie sur le continent et dévoile les ambitions que l’Union africaine nourrit, à moyen et long terme pour le secteur de l’énergie, très capital pour le développement de l’Afrique.

Lefaso.net : En quoi l’énergie est-elle prioritaire pour l’Afrique ?

Aboubakari Baba Moussa : La question énergétique est aujourd’hui au cœur des priorités de l’Afrique pour d’abord la toute simplement raison que l’Afrique a décidé de s’engager dans sa transformation économique. Et cette transformation économique vise à permettre à l’Afrique dans les dix prochaines années d’occuper sa place sur la scène internationale. L’énergie est vraiment indispensable pour la transformation basée sur l’industrialisation, l’éducation et sur tout ce qui est lié à la mise en place d’une économie moderne. Vous ne pouvez pas mettre en place une économie moderne si vous n’avez pas une bonne maîtrise de votre énergie, vous ne pouvez pas être compétitif si vous n’avez pas un accès à l’énergie des coûts abordables, à une énergie durable et sure. C’est pour cela que la question énergétique est devenue hautement stratégique.

Quelle est brièvement aujourd’hui la situation de l’Afrique sur cette question de l’énergie ?

L’Afrique se trouve dans une situation énergétique paradoxale. L’accès à l’énergie en Afrique est très faible et varie d’une région à une autre. Moins de 30 et à 40% des populations africaines ont accès à l’énergie. Ce taux tombe à moins de 20% pour certains pays de l’Afrique de l’Ouest. On parle de paradoxe parce que vous avez un continent à faible taux d’accès à l’énergie qui a en même temps un potentiel énergétique extrêmement dense. Le potentiel énergétique de l’Afrique est abondant dans les différentes formes d’énergies : l’hydroélectricité, le solaire, l‘éolien, la géothermie, le pétrole, le gaz, la biomasse. Le potentiel est abondant mais l’Afrique a des difficultés à développer ce potentiel pour le mettre à la disposition non seulement de ses populations mais aussi de son industrialisation. Voilà globalement la situation. Mais, cette situation alarmante ne doit pas nous empêcher d’avancer. Nous avons les gigantesques ressources comme le grand Inga qui fait à lui seul 40 000 mégawatts. Vous vous rendez compte de ce que cela représente comme potentiel ! Et ce n’est pas le seul site du genre. Quand l’on dispose de tout cela, il s’agit de s’organiser et c’est ce qui pose problème. Quelle démarche pour y parvenir ? Les pays qui abritent ces sites sont-ils capables seuls de les mettre en valeur ? Si oui, pourquoi ne l’ont-ils pas fait depuis 50 ans ?

Justement, comment vous vous organisez actuellement au niveau de l’Union africaine pour relever ces grands défis énergétiques ?

Comme notre présidente (ndlr : présidente de la commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlami Zuma) a l’habitude de le dire, quand vous avez un défi, la première chose, c’est de vous donner une vision et une stratégie. Donc, ce que la Commission de l’Union africaine a eu à faire avec ses partenaires institutionnels africains ; à savoir la Banque africaine de développement le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique ; c’est de définir la vision pour le développement en général des infrastructures ; mais particulièrement de l’énergie. Cette vision de l’Union africaine a été déclinée dans un programme phare, le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA en anglais) dont 24% sont consacrés à l’énergie. L’ambition c’est de passer d’ici à 2020 à un taux d’accès à l’énergie de 60%, c’est-à-dire faire en sorte que l’énergie soit accessible à tous d’ici les 30 prochaines années. Voilà ce que nous avons fait : fixer les balises, évaluer et réaliser concrètement ces programmes.

En termes de chiffres, combien de nouvelles personnes vont avoir accès à l’énergie d’ici 2020 en passant d’un taux d’accès à l’énergie de 30 à 60% ?

L’objectif visé à long terme (2040) est permettre l’accès à 800 millions de personnes additionnelles en Afrique. L’objectif intermédiaire de 2020 est d’environ 300 millions de personnes additionnelles.

Avez-vous déjà noté des progrès sur le terrain depuis l’adoption du programme en 2012 ?

Quand vous avez un programme complexe comme celui du développement des infrastructures, la première chose c’est d’abord de savoir comment nous allons nous mettre ensemble, c’est-à-dire quels sont les mécanismes institutionnels à mettre en place. Nous avons mis du temps à le faire. Mais, aujourd’hui, on peut se réjouir que les mécanismes institutionnels sont en place et les financements vont suivre. Des pas concrets qui sont posés avec beaucoup de projets au programme et qui nécessitent des investissements extrêmement lourds. Nous ne parlons pas de petits barrages de dix mégawatts, nous parlons de barrages de centaines de mégawatts. Certains de ces barrages sont donc en phase d’investissement, pour les autres, nous continuons dans la recherche de mécanismes de structuration pour rendre ces projets bancables. Quand vous avez un projet de vingt milliards de dollars, la mobilisation des fonds ne va pas de soi. Même si les fonds sont disponibles, il faut structurer, garantir, créer le cadre d’investissement propice qui dépasse le cadre de nos pays c’est-à-dire un cadre qui doit être régional, continental et international, un cadre qui rassure et attire les investisseurs. Nous sommes avancés sur la mise en œuvre des projets. D’ailleurs, nous avons eu à organiser tout récemment à Dakar en décembre 2014 une conférence des bailleurs. Cette conférence de Dakar nous a permis de voir si on peut compter sur un certain nombre de nos partenaires pour avancer sur des projets qui ont été identifiés. Au plan régional, nous sommes mieux organisés sur les projets énergétiques. Nous avons déjà des power énergétiques au niveau de chaque communauté économique régionale parce que le continent s’intègre à travers les communautés économiques régionales et chaque communauté économique régionale constitue ce que nous appelons le pilier de l’intégration. Quand on décline un projet, on le décline aussi en projet régional. Deuxième élément que je veux souligner, c’est qu’il faut créer un marché énergétique, un marché comme on vend un poulet, comme on vend la tomate. Il faut que nos pays puissent acheter et vendre l’énergie dans toutes les régions et entre les régions. Notre ambition, c’est donc de créer aussi un marché qui permet de mettre en commun nos ressources et de les repartager. Parce que tout le monde n’a pas de géothermie, ni l’hydroélectricité mais chacun a quelque chose à apporter. Mais, on peut se mettre ensemble et créer un marché énergétique régional et les marchés énergétiques régionaux vont se mettre ensemble pour constituer le marché énergétique continental comme en Europe ou aux Etats-Unis d’Amérique. Si l’on parvient à cela, vous pouvez être au Maroc en Afrique du nord ou au Nigeria en Afrique de l’Ouest et achetez votre énergie en Afrique du sud parce qu’elle est disponible et accessible à moindre coût. Voilà des choses sur lesquelles on n’est plus à la phase théorique mais dans l’action. Des choses qui nécessitent d’importants moyens financiers, qui nécessitent qu’on s’organise, qu’on se structure et qu’on se concentre sur l’essentiel pour pouvoir aller de l’avant.

Avez-vous les ressources humaines nécessaires pour relever ces défis énergétiques ?

Oui, les ressources humaines sont disponibles en Afrique. Mais, sait-on les utiliser ? C’est là la véritable question. Si je prends le secteur énergétique, nous avons des ingénieurs et des cadres compétents qui y sont mais tout simplement ces cadres ne sont pas mobilisés et utilisés à bon escient.

Est-ce qu’il ne se pose pas un problème de recrutement ou de formation des ingénieurs dans le secteur ?

En réalité, c’est les deux. Ce n’est pas seulement une question de recrutement. Quand on dit recrutement, automatiquement on pense au pouvoir public alors que l’on ne devrait plus voir les choses de cette façon. Si vous voulez développer votre continent, vous devez faire en sorte que le partenariat public-privé marche ; que l’on se retrouve dans une approche où l’on n’a pas besoin de dire que c’est l’Etat qui recrutent 100 ingénieurs pour développer. On a besoin de mettre en place des sociétés, de créer l’environnement propice pour que tout le monde puisse participer ; on a besoin de faire appel aux ressources humaines qui existent. Mais, la formation reste à faire. Il y a un déficit et les analyses que nous faisons surtout dans le cadre du programme PIDA montrent que le succès dépendra aussi de la qualité des ressources humaines. Il suffit de mettre en place des plates-formes et coordinations qui permettent la libre-circulation des ingénieurs entre pays, étant donné que certains Etats sont plus lotis que d’autres.

Pour relever les défis, il vous faut mettre l’accent aussi sur l’information et la communication…

Exact ! Parce que pour que deux personnes se comprennent, il faut d’abord qu’ils se parlent. Et la stratégie du programme PIDA a une composante communication. La stratégie de communication est aussi bien verticale qu’horizontale. Verticale dans le sens qu’elle va défendre depuis le continent, les régions jusqu’à l’intérieur des pays. Et horizontale dans le sens qu’on doit couvrir dans différents secteurs. De ce point de vue-là, vous avez parfaitement raison de le dire, notre stratégie de communication doit être plus agressive, opérationnelle et pertinente. Et c’est à cela qu’on s’attèle. Nous sommes en train de faire un livre dans ce sens et on vous remercie pour votre contribution parce qu’on veut développer des réseaux par lesquels on peut passer des informations.

Quels sont les partenaires financiers sur lesquels vous comptez pour la mise en œuvre du programme ?

L’Afrique dispose de ressources financières pour faire face à la question énergétique. Au niveau continental, notre partenaire principal est la Banque Africaine de Développement et à l’intérieur de l’Union nous avons l’agence de planification et de coordination qui est un partenaire technique. Sur le plan international, il s’agit en premier lieu de l’Union européenne qui joue un rôle assez remarquable en termes d’appui. Il y a aussi certains partenaires bilatéraux comme l’Allemagne à travers l’agence de coopération GIZ, la Chine avec laquelle nous venons de signer un mémorandum d’accord, le japon qui fait beaucoup du point de vue investissements directs, la Turquie et l’Inde qui interviennent dans tous nos secteurs d’activités.

L’UA a eu une rencontre avec l’UE en février 2014 pendant laquelle il a été question de la coopération dans le secteur de l’énergie. Pouvez-vous nous en parler ?

Cette rencontre de février était hautement politique et s’inscrit dans le cadre du partenariat stratégique Afrique-UE. Elle s’est faite entre les chefs d’Etats et visait à consolider une certaine démarche et orientation. A ce niveau, il y a deux partenariats. Il s’agit du partenariat UE-Afrique en infrastructures et le partenariat Afrique-UE en énergie. Tous ces partenariats permettrons à l’Afrique de se focaliser sur comment développer des programmes et projets stratégiques pour améliorer sa quête d’énergie. Evidemment tout cela se fera en termes d’échange énergétique. On parle de partenariat parce que l’Europe veut aussi bénéficier du potentiel énergétique de l’Afrique, notamment les gaz avec le projet Alger-Lagos qui va permettre de fournir du gaz à l’Europe.

Et il était question de 100 millions d’Africains qui devraient avoir accès à l’électricité avec cette coopération avec l’UE…

Exactement ! Vous avez bien lu. On a parlé de 100 millions. Ce sont des objectifs stratégiques que nous nous sommes fixés clairement avec les Européens.

Et qu’en est-il de l’aide des américains avec l’initiative Obama pour l’électrification en Afrique ?

Je n’en ai pas parlé parce que nous sommes à la phase d’initiation. Nous sommes en train de faire des arrangements institutionnels et des mécanismes, en sachant que les Etats-Unis eux sont assis sur un modèle de privé. C’est l’intervention du privé et non du gouvernement. Et les Etats-Unis feront en sorte que leur privé puisse investir dans le secteur de l’énergie.

Et l’énergie nucléaire ? En parlez-vous aussi au niveau de l’UA ?

Bien sûr. Elle est dans notre stratégie. Mais, on a essayé de se concentrer sur ce sur lequel on peut s’entendre tout de suite et avancer et avoir des résultats. Sinon, la stratégie énergétique de l’Afrique n’exclut pas l’énergie nucléaire surtout que nous avons des pays comme le Niger qui disposent de l’uranium. Mais, nous savons que c’est une technologie de pointe avancée. Comme c’est une technologie, nous n’allons pas être là à nous distraire. Elle est dans la problématique mais laissée un peu à la charge des Etats individuels de voir comment avancer sur la question. Des Etats comme l’Afrique du Sud, l’Egypte ou l’Algérie. L’Afrique du Sud a déjà pris sa décision et l’Egypte est en train d’avancer là-dessus. Mais, nous n’en avons pas fait le centre d’un programme d’activités continental où on doit rendre compte.

Quelles sont les régions les mieux loties en matière d’énergie sur le continent ?

En termes d’accès à l’énergie et au développement les deux étant liés, c’est l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud (en tant que pays isolé) où on enregistre autour de 80 à 90% d’accès à l’énergie. Certains pays de l’Afrique de l’Ouest tels que la Cote d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria connaissent des avancées significatives. Les régions les plus défavorisées sont les régions de l’Afrique centrale, et de l’ouest. Mais, maintenant, tous les pays ont conscience de l’importance la question de l’énergie pour non seulement la simplification mais aussi pour la modernisation de l’éducation. Vous ne pouvez pas avoir des étudiants qui utilisent des technologies modernes sans énergie, vous ne pouvez pas avoir des étudiants modernes s’ils continuent à étudier avec des lampes à pétrole car, et dans de nombreux pays africains, beaucoup d’étudiants continuent encore d’étudier sous des lampadaires parce qu’il y a toujours des coupures de courant dans les universités. Ce sont des choses que nous devons éliminer. A ce niveau, il faut reconnaître que l’’Ethiopie est en train de faire des efforts. L’Ethiopie va devenir un pays exportateur net d’énergie avec le barrage hydroélectrique de la renaissance qui fera 6 000 mégawatts. Ce projet fait partie des projets phares du PIDA. Une fois achevé, ce barrage fera partie des plus grands barrages du monde. Donc, la région de l’Afrique de l’Est est en pleine organisation avec ce qu’on a appelé le potentiel géothermique-Terman avec 15 000 mégawatts.
Mais, le barrage de la renaissance n’est pas vu d’un bon œil par certains pays comme l’Egypte qui craignent d’en pâtir…

C’est l’Egypte seul qui pose un problème. C’est normal. Un barrage, que ce soit entièrement pour un seul pays, a des impacts sur l’environnement. Ce n’est pas l’impact qui est le problème, mais la gestion de l’impact. Il faut reconnaître que le Nil est très stratégique pour l’Egypte, économiquement, socio-culturellement. Mais, j’espère que ce conflit ne va pas perturber l’exploitation du barrage.

Quels sont les autres pays africains porteurs de grands projets de barrages hydroélectriques ?

En plus de l’Ethiopie, il y a d’autres pays. En Afrique du Sud, vous avez le Zimbabwe avec le barrage sur les chutes de Victoria. En Afrique de l’Ouest, vous avez la Guinée, la Côte d’Ivoire avec le barrage de Soubré ou le Niger avec le barrage de Kandadji qui traîne depuis une vingtaine d’années. Bref, tout cela montre tout simplement que les Etats ne se mettent ensemble à un moment donné pour réaliser. En Afrique de l’Ouest, les Etats de la région pouvaient par exemple décider de se mettre ensemble une année pour aider le Niger pour qu’il finisse son barrage de Kandadji afin qu’une fois réalisé, ce barrage soit mis au service du pool énergétique régional. Cela ne va pas empêcher à la Côte d’Ivoire de réaliser ensuite son barrage de Soubré avec l’appui des autres. C’est cette dynamique aussi banale soit-elle qui manque souvent et qui fait que les ressources dont regorgent nos régions restent inexploitées. Dans toutes les régions, il y a des grands projets que nous sommes en train de pousser parce qu’il y a des contraintes politiques et géostratégiques. Il ne faut pas se faire d’illusion, aucune région, aucun pays ne veut être dépassé par l’autre. La Chine a fait le barrage trois Gorges qui est le premier barrage au monde. En matière d’énergie, l’Afrique peut occuper la place qui lui revient. Ce n’est pas comme l’industrie d’aviation. Si nous avons l’énergie, nous pouvons nous approprier les technologies et même réalisons notre intégration. Comme vous le savez, l’Union européenne s’est construite autour de l’énergie, le charbon. Avec l’énergie, l’intégration est facile. La transmission de l’énergie d’un point à un autre sur le continent n’a pas de besoin d’un policier comme sur une route de transport. Si la politique d’intégration énergétique existe, personne ne peut empêcher les mégawatts de circuler de Dakar à Djibouti ou de Kinshasa à Tunis ou Lagos.

Vous dites bien que l’intégration énergétique est la plus facile à
réaliser…

L’intégration par l’énergie, c’est ce qu’on appelle l’intégration par la production. Nous sommes inquiets par rapport à ce type d’intégration, sinon nous passons à l’acte tout de suite en créant de grandes compagnies régionales. Il ne s’agit pas de dire la compagnie nationale d’électricité du Burkina. Quoi que cela n’empêche pas d’avoir pas d’avoir une compagnie d’électricité générale de l’Afrique de l’Ouest qui peut être déclinée en compagnie nationale. La preuve, nous avons des banques centrales régionales qui n’empêchent pas chaque pays d’avoir une banque centrale nationale. Je le dis parce que chacun a un rôle à jouer sur la question. Les intellectuels, les acteurs de la société civile, notamment la composante médias ont un rôle à jouer sur la problématique mais qu’ils ne jouent pas pleinement. Quel que soit le régime, ils devraient être en mesure de s’opposer au bradage de nos ressources énergétiques et d’exiger des politiques un seul marché énergétique parce que nous savons qu’il y a de l’énergie en Côte d’Ivoire, il y en a au Ghana. Moi au Burkina, j’ai le solaire mais le solaire ne me suffit pas. Je vais donc faire en sorte que ce solaire soit mis dans le pool régional qui va être redistribué de façon satisfaisante à chaque citoyen de la région. C’est dire que la société civile à travers sa composante média a un rôle extrêmement important à jouer. C’est aux médias de jouer le rôle d’interpellation des politiques, d’éveil et d’éducation des populations sur les projets énergétiques qui leur sont proposés par les politiques pour se faire élire. Quand on parle d’électrification rurale, ce n’est pas seulement de venir mettre des lampadaires, mais de faire en sorte que les populations aient les moyens d’accéder à l’énergie durable. Comme en ville, on doit mettre en place des réseaux d’électricité mais sur la base d’une gestion beaucoup plus décentralisée. C’est une énergie qui peut provenir du solaire, du thermique, etc. Il y a des exemples au Burkina et ou en Tunisie. Tous les freins ne sont pas financiers ou techniques. Il y a un problème d’aménagement du territoire. Un village doit être aménagé parce qu’on ne peut électrifier un village s’il n’est pas correctement aménagé. C’est comme en ville. L’aménagement du village doit se faire en tenant compte des réalités culturelles des habitants. Bref, ç’a été un réel plaisir de pouvoir échanger à bâtons rompus avec vous. Il faut être optimiste pour l’Afrique qui a sa chance. Chance que nous devons saisir. Le développement, c’est un risque. Et si vous ne prenez pas le risque de le faire, vous ne pouvez pas vous développer.

Propos recueillis par Grégoire B. Bazié
Lefaso.net

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