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9e conférence des Ambassadeurs : Autocritique de 12 diplomates

Publié le vendredi 5 décembre 2003 à 10h51min

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Ils sont venus d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique pour prendre part à la 9e conférence des ambassadeurs et consuls généraux du Burkina.
Au terme de cette rencontre, de manière diplomatique, "leurs Excellences du Burkina" tirent les leçons des 96 heures "d’introspection" sur la politique étrangère burkinabè. Insuffisances, succès, réorientations souhaitées...

Mme Béatrice Damiba, ambassadeur du Burkina Faso à Vienne (Autriche)  : Je participe pour la 4e fois à ce genre de rencontre. Cette fois-ci, nous avons débattu autour du thème de la conférence "Société civile et relations internationales". Nous avons également rencontré des ministres qui ont exposé sur des questions importantes aussi bien de la vie nationale que de la politique nationale. Et par dessus, notre audience avec le chef de l’Etat puis le Premier ministre nous ont beaucoup apporté. Du reste, ces genres de conférences sont organisées à cet effet pour nous permettre de venir nous "ressourcer" dans notre pays et repartir avec un plein "d’énergie" et de "carburant" pour de nouveau faire face à tous les défis que nous devons quotidiennement relever dans l’intérêt de notre pays et de notre peuple. La plupart des problèmes qui ont été soulevés et sur lesquels nous avons eu des débats vraiment profond et enrichissants ont trouvé des réponses et parfois des réponses très concrètes. On peut citer les questions liées aux problèmes matériel, financier qui ont déjà des débuts de réponses. Chaque conférence est toujours qualitativement meilleure que la précédente. De ce point de vue, bien que le rythme ait été très intensif et fatiguant, je ne regrette pas d’avoir participé à cette rencontre.

M. Assimi Kouanda, ambassadeur du Burkina à Rabat (Maroc)  : La conférence s’est très bien déroulée dans d’excellentes conditions. Elle se tient généralement et habituellement tous les deux ans. Et cette fois-ci nous avons examiné le thème principal à savoir "Société civile et relations internationales". Nous avons successivement abordé comment cette société civile a émergé, dans quel contexte, elle a émergé, quelles sont les différentes composantes de cette société civile. Ensuite, nous nous sommes évertués à comprendre quelle est la place et l’importance de cette société civile dans les relations internationales. Enfin, nous avons approfondi l’analyse pour voir en quoi cette société civile peut être un moyen utile pour notre diplomatie. Pour ce faire, nous nous sommes intéressés à un certain nombre d’aspects qui nous permettaient de voir en quoi cette société civile pouvait être aussi une structure que nous pouvons utiliser pour remplir convenablement notre mission. La société civile étant par définition un ensemble d’associations. Durant les trois jours, nous avons analysé profondément le concept. Nous avons abordé également ses implications au niveau international en général, et vu comment de manière à la fois stratégique et tactique, les diplomates burkinabè pouvaient utiliser la société civile pour aboutir à des objectifs très importants pour notre pays. Le constat, c’est que cette société civile est aujourd’hui incontournable. Elle occupe une place importante dans nos Etats. Cette société civile se trouve partout ; elle est très utile et elle peut par une communication, par une approche être un partenaire incontournable. Aujourd’hui, différents éléments montrent plus que les relations internationales ne peuvent plus être seulement l’apanage des Etats. Il faut aussi compter avec d’autres acteurs dont la société civile. Après avoir travaillé sur ce thème, l’analyse sous tous ses aspects et avec les grandes orientations données par le chef de l’Etat, nous partons entièrement satisfaits pour travailler davantage à un meilleur épanouissement, à un nouveau dynamisme de notre diplomatie.

Au cours des débats, il est revenu qu’il est nécessaire de tenir régulièrement cette conférence parce que la 8e s’est tenue en 2000 et la 9e en 2003. Or, le souhait a été qu’elle se tienne tous les deux ans. Les raisons qui ont fait que cette conférence n’a pas pu être tenue à temps, vous les connaissez toutes. Nous avons également demandé que les communications qui existent à tous les niveaux de l’Etat entre les différents départements et les ambassades, soient davantage améliorées de manière à donner aux acteurs de la diplomatie d’Etat, les outils nécessaires à une action très rapide. Nous croyons que tous ces aspects pris en compte renforceraient l’image de notre pays à l’extérieur. Par ailleurs, nous avons noté que l’image du Burkina Faso est très positive. Malgré les moyens limités, le Burkina Faso s’est donné une voie dans sa perception des choses et de ses choix. Il est très important de le souligner.

M. Kadré Désiré Ouédraogo, ambassadeur du Burkina Faso à Bruxelles (Belgique)  : On peut se féliciter pour le thème "Société civile et relations internationales" qui a été choisi pour cette 9e conférence. C’est un thème d’actualité. A l’heure de la mondialisation où toutes les sections de la société sont de véritables acteurs de développement, il était normal que l’on s’interroge sur le rôle et la place de cette société civile. Cela nous permettra de percevoir ce que le Burkina Faso pourrait gagner en associant fortement la société civile dans la définition et l’exécution de sa diplomatie. Le thème a été largement débattu. Nous nous sommes étendus sur la définition de la société civile qui est un terme aujourd’hui à la mode et dont personne ne donne un sens unique. Chacun se fait sa propre vision de ce qu’est la société civile. C’est pourquoi, nous avons demandé à ce que le débat se poursuivre au niveau national de sorte qu’on ait un consensus sur ce qu’on appelle "Société civile". En dehors de cela, il y a des lignes directrices qui ont été adoptées par les ambassades, c’est-à-dire d’associer dorénavant la société civile aux actions diplomatiques. Cela constituera un plus pour notre pays. Nous avons également eu l’occasion d’échanger avec certains membres du gouvernement qui nous ont donné un éclairage très enrichissant sur la politique de développement économique et social de notre pays. Nous avons fortement apprécié cet aspect de la conférence. Nous en avons profité pour discuter de certaines questions de fonctionnement internes du ministère en charge de l’Administration territoriale et celui des Affaires étrangères et de la Coopération régionale. Ces discussions concernent aussi bien les organes centraux de ces ministères que les services décentralisés que sont les ambassades. Cela a permis d’évoquer un certain nombre de problèmes et des solutions ont été proposées. Nous avons eu l’appui des plus hautes autorités de l’Etat et des attentes ont été comblées. C’est un plus pour la rencontre des ambassadeurs. Il permet de recentrer notre diplomatie et d’être au même diapason avec les autorités politiques de notre pays.

Mme Salimata Sawadogo, ambassadeur du Burkina Faso à Dakar (Sénégal) : Je sors de cette conférence avec un sentiment de satisfaction. Cette conférence nous a permis de prendre le pouls des actions de développement en cours au Burkina. Les différentes communications qui ont été données avec beaucoup de compétences par les ministres du gouvernement nous ont aidés à voir quels sont les grands chantiers qui sont en cours dans le pays et à déceler les acquis et les faiblesses. Cela nous permet de mieux nous armer en tant que représentants à l’extérieur pour apporter notre appui à notre pays. Nous sommes en contact avec les partenaires au développement et les amis du Burkina Faso. C’est à nous qu’il incombe d’apporter l’information juste aux bailleurs et de les convaincre à venir investir. Les arguments que nous avons reçus ici sont très forts et cela va nous aider à accomplir nos missions dans les juridictions diplomatiques.

Pascal Ouédraogo, consul général du Burkina Faso à Bouaké (RCI) : Quatre jours durant, nous avons échangé autour des préoccupations de nos juridictions diplomatiques. Dans l’ensemble, je dirais que je suis entièrement satisfait surtout après l’audience que le président du Faso a bien voulu nous accorder. Le chef de l’Etat nous a encouragés et nous sommes ragaillardis pour mener avec plus de dévouement nos missions. Le Premier ministre nous a également félicités. Pour nous qui sommes loin du pays, ce sont des compliments qui réconfortent énormément. C’est comme du "fuel" qui permet d’aller de l’avant. Le travail de consul, c’est d’aider surtout la communauté dans la juridiction consulaire. Voir des armes circuler quotidiennement, j’avoue que ce n’est pas facile. Mais qu’est-ce que vous voulez ? Le diplomate est comme un sapeur pompier. Il doit mettre en confiance ses compatriotes et les faire sentir que l’Etat s’occupe de leur sécurité en envoyant son représentant vers eux.

Pour le moment, je n’ai rencontré aucune difficulté. Ce qui est sûr, c’est que l’accréditation du consul général se fait auprès du ministère des Affaires étrangères. Or, ce ministère est à Abidjan. C’est cette instance qui délivre la carte diplomatique que d’ailleurs je possède. En cas de pépins, c’est vers Abidjan que je me tourne. Jusqu’à présent, les solutions sont trouvées sur place.

M. Sané Mohamed Topan, ambassadeur du Burkina Faso à Bamako (Mali)  : Cette conférence a été pour nous, une occasion d’enrichissement. Enrichissement à tout point de vue. Ce fut également un cadre de partage parce que de nos jours, les relations internationales ne sont pas seulement l’apanage des Etats. Les organisations de la société civile influencent les décisions qui sont prises sur la scène internationale. Cette conférence nous a donc permis d’harmoniser les points de vue, de les enrichir et il y a d’autres thèmes pertinents qui ont été développés, notamment la question de l’autosuffisance alimentaire, celle de l’éducation à travers les exposés des ministres en charge de ces départements. Il en est de même pour la promotion des droits humains et du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Cet ensemble d’informations nous permet d’être à jour et apporte la contribution du Burkina Faso partout où le besoin se fait sentir. Le moment fort de cette rencontre a été l’audience avec le président du Faso. Il a donné les orientations nécessaires à chaque représentant afin que chacun dans sa juridiction puisse soigner l’image du Burkina Faso dans le concert des nations.

Ce fut aussi une occasion pour moi de rencontrer tous les autres représentants du Burkina Faso à l’extérieur et de discuter avec eux. Les encouragements du Premier ministre ont été très réconfortants pour nous. Je pars de cette conférence, entièrement "requinqué" et satisfait.

M. Lamoussa Balma, consul général du Burkina Faso à Abidjan (RCI)  : C’est la première fois que je participe pleinement à une conférence des ambassadeurs et consuls généraux. Je suis totalement satisfait des points qui ont été examinés au cours de cette conférence. Tous ces aspects touchent profondément la diplomatie burkinabè, dans la mise en œuvre de la politique étrangère de notre pays. Nous avons également eu l’occasion d’échanger sur des questions liées à la vie du ministère des Affaires étrangères. Des problèmes ont été évoqués et des dispositions ont été prises pour qu’il y ait un climat de travail, un esprit d’équipe au sein du ministère des Affaires étrangères. Cela va certainement permettre l’optimisation des résultats et renforcer les performances des personnes chargées d’animer la politique étrangère du Burkina Faso donc d’animer sa diplomatie.

M. Omar Diawara : ambassadeur du Burkina Faso au Royaume d’Arabie Saoudite  : Cette 9e conférence des ambassadeurs est une rencontre qui va faire date. Parce que du point de vue des débats, la conférence a abordé une question fondamentale, à savoir un changement stratégique dans la compréhension du rôle du diplomate dans le cadre de la mondialisation. Aussi avec cette conférence, les ambassadeurs ont compris qu’il y a une mutation dans le monde de la diplomatie d’aujourd’hui. En plus de la diplomatie de développement, nous sommes en train de participer à une diplomatie qui contribue au développement de la démocratie et de la bonne gouvernance. Ce sont là des idées nouvelles qui vont nous amener à réorienter notre vision de la profession que nous exerçons, ainsi que les actions qui doivent suivre.

De ce point de vue, je souhaite que le principe de la conférence des ambassadeurs et consuls généraux soit maintenu. Ainsi les ambassadeurs pourront se retrouver tous les deux ans en vue de se ressourcer et de prendre des directives nouvelles. Etant donné que nous sommes dans un monde en perpétuelle mutation, les ambassadeurs doivent s’y adapter à pour plus d’efficacité. Je ne saurais terminer sans remercier les autorités burkinabè pour toute la sollicitude qu’elles ont eue et qu’elles ont à l’endroit des ambassadeurs.

M. Dramane Yaméogo, ambassadeur du Burkina Faso au Nigeria : J’ai une appréciation positive de cette rencontre parce qu’avant tout, le thème central "La société civile et les relations internationales" est d’actualité. Désormais, il se doit de partager ce domaine avec la société civile. Donc la 9e conférence nous a permis d’avoir une meilleure compréhension de cette complémentarité Etat-société civile dans le secteur des relations internationales.

La conférence s’est bien déroulée et j’ai pu constater une détermination aussi bien au niveau de mes pairs que des intervenants. Néanmoins, je souhaiterais que nous puissions obtenir plus de temps lors des prochaines éditions afin que nous puissions être plus relaxes dans le traitement des dossiers.

M. Tertius Zongo, ambassadeur du Burkina Faso à Washington (Etats-Unis)  : Cette rencontre est la bienvenue et je le dis après les travaux. Parce qu’honnêtement quand je venais à cette rencontre, j’avais à l’esprit que cela allait être une réunion de plus. Mais je crois que la 9e conférence des ambassadeurs et consuls généraux a su toucher du bout du doigt les problèmes de développement du pays. Nous avons bénéficié de communications de ministres qui avaient la maîtrise parfaite de leurs dossiers et qui nous ont montré les grands défis à relever par le pays. Cela nous a interpellés en tant que représentants du Burkina Faso auprès des pays et des institutions qui peuvent apporter leur appui pour le développement. La conférence nous a permis également de discuter franchement des problèmes de notre ministère pour faire de ce ministère non pas simplement un lieu de diplomates qui se croient être des personnes particulières sans qu’on ne voit des résultats particuliers sur le terrain. Ainsi, avons-nous défini les conditions dans lesquelles nous pouvons être performants.

Toutefois, nous aurions eu besoin d’un peu plus de temps pour approfondir certaines questions, surtout connaître davantage la position du pays sur ces questions. Cela nous permettrait de mieux porter la voix du Burkina Faso selon les orientations prises par les plus hautes autorités.

Pour les futures rencontres, mon souhait est que nous puissions ouvrir un peu plus la participation parce que les autres acteurs qui nous observent pourraient avoir des suggestions à faire.

Mme Sophie Sow, ambassadeur du Burkina Faso au Caire (république Arabe d’Egypte)  : J’ai beaucoup apprécié la 9e conférence des ambassadeurs et consuls généraux. En effet, le thème est d’actualité et nous avons été bien encadrés. Nous avons eu le sentiment de contribuer à la résolution de la question portant sur l’association de la société civile à la diplomatie burkinabè. A l’issue des travaux nous avons trouvé quelques solutions devant nous permettre d’enrichir notre méthode de travail et d’approche des autres. Ma satisfaction vient aussi du fait que nous avons eu le soutien de nos supérieurs hiérarchiques. Je souhaite que nous puissions continuer dans ce sens, c’est-à-dire trouver pour nos réunions à venir des thèmes aussi vivants que ce dernier.

M. Youssouf Sangaré, ambassadeur du Burkina Faso à Tripoli (Libye) : La conférence qui vient de se tenir nous a réconfortés énormément parce qu’elle nous a permis de nous mettre en phase avec la politique nationale de notre pays et d’avoir aussi les orientations de notre politique internationale. Elle nous a également permis de discuter entre nous ambassadeurs afin d’améliorer nos prestations pour un meilleur développement du Burkina Faso. Et comme le ministre Youssouf Ouédraogo l’a si bien relevé, nous sommes les premiers soldats du développement de notre pays. Vu nos relations avec les autres pays, les bailleurs de fonds et les décideurs du Nord, il est nécessaire pour nous d’être informés des indications, des orientations et des préoccupations essentielles de nos dirigeants pour mieux orienter nos actions. J’espère que les recommandations issues de cette 9e conférence vont connaître une mise en œuvre effective d’ici les prochaines rencontres.

Interview express réalisées par
Ibrahiman SAKANDE
(Email:ibra.sak@caramail.com)

Emmaüs Jolivet
(Email:jolivetpag@caramail.com)

Alassane KARAMA
(Email:karamalass@yahoo.fr)
Sidwaya

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