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Conflits agriculteurs – éleveurs : le TOCSIN appelle les autorités à prendre le problème très au sérieux

Publié le samedi 23 mai 2015 à 16h07min

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Conflits agriculteurs – éleveurs : le TOCSIN appelle les autorités à prendre le problème très au sérieux

Le 22 avril dernier, nous avons tous appris avec consternation les affrontements entre agriculteurs et éleveurs dans le village de Pousg-Ziga (Ziniaré) suite à un problème de vol de bétail. Selon le bilan rapporté par la presse, l’on a dénombré de nombreux blessés, plus d’une cinquantaine de réfugiés à la brigade de gendarmerie de Ziniaré, etc. Heureusement, il n’y a pas eu de perte en vie humaine.

Au-delà de ce drame entre deux communautés qui ont vécu ensemble pendant des décennies, le problème des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs nous interpelle tous autant que nous sommes (Autorités politiques, administratives, coutumières, religieuses, citoyens lambda, etc.). Pousg-Ziga n’est que l’illustration malheureuse d’un conflit qui perdure et à travers tout le pays.

Comme nous le savons tous, dans notre pays, la majeure partie de la population (environ 80 %) vit en milieu rural et tire l’essentiel de ses moyens de subsistance de l’agriculture et de l’élevage. La terre est donc le support de toutes ces activités concourant à la sécurité alimentaire. Cependant la conjugaison des systèmes de production entraîne de multiples conflits entre producteurs.

En effet, devant la raréfaction des terres et des ressources naturelles, les individualismes, plutôt les égoïsmes se développent au détriment des valeurs ancestrales de partage et de solidarité. Il s’instaure et s’accentue une compétition entre les acteurs du monde rural, principalement entre les éleveurs « nomades » et les agriculteurs car chacun a tendance à privilégier les différences au détriment des similitudes et des intérêts communs. Il en résulte parfois, les mauvaises perceptions et les préjugés intercommunautaires persistants entre agriculteurs et éleveurs.
L’analyse des conséquences des conflits fait ressortir entre autres :
• une fragilisation de la paix sociale ;
• des pertes en vies humaines ;
• des destructions du patrimoine des producteurs (productions agricoles, animaux) ;
• une cohabitation difficile ;
• une insécurité foncière.

Sans avoir la prétention de nous étaler sur les causes qui sont à l’origine de ces conflits et qui sont bien connues des services en charges de l’agriculture et de l’élevage, il y a lieu de déplorer que ces conflits prennent de l’ampleur durant la saison des pluies notamment de la période des semis jusqu’au récoltes. La saison sèche n’est également pas épargnée avec le développement des cultures de contre saison.

Face à cette situation qui porte non seulement atteinte aux droits humains et met également à mal la cohésion sociale pour laquelle nous devons tous contribuer à son raffermissement, le Tocsin interpelle au prime abord les Autorités nationales et ensuite les leaders d’opinion afin que des solutions idoines soient trouvées à ces conflits récurrents, le Tocsin suggère entre autres solutions :
 la sensibilisation des populations à ne point ethniciser les rapports conflictuels entre agriculteurs et éleveurs, encore moins diaboliser l’un ou l’autre des acteurs parcequ’en milieu rural tout le monde est à différentes échelles à la fois agriculteur et éleveur ;

 la responsabilisation et le renforcement de capacités des structures locales pour la résolution des conflits agro-pastoraux ;

 la promotion ou la facilitation du dialogue systématique entre agriculteurs et éleveurs à travers des cadres d’échanges tout en veillant à la mise en place effective et au fonctionnement des organes et instances de prévention et de gestion des conflits ;

 l’identification et la valorisation des bonnes pratiques coutumières au niveau local, national et régional notamment celles relatives aux vertus de la solidarité, de partage et de pardon ;

 le développement d’actions de sécurisation foncière des zones pastorales afin que ces espaces répondent de manière efficiente à l’objectif de pôle d’intensification des productions animales ;

 l’application des dispositions de la Loi d’Orientation Relative au Pastoralisme au Burkina Faso. Lorsque les conflits surviennent, cette Loi qui a été initié par le Ministère en charge de l’Elevage a prévu des mécanismes de conciliation et de règlement des contentieux ;

En guise de conclusion, nous dirons qu’en attendant une modernisation véritable de notre agriculture pour mettre un terme à ce problème, les solutions proposée doivent faire renaître les mécanismes traditionnels qui ont existé. En effet, Il ya lieu d’œuvrer à renforcer ces mécanismes traditionnels pour une cohésion sociale qui évite le « MOI » de la division au profit du « Nous » qui rassemble et unit. La réalisation de cet objectif passe par le développement de la concertation à tous les niveaux.

Ouagadougou, le 17 mai 2015.

Tous unis pour le combat de la solidarité et de l’intégration.

Le Tocsin

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