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Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou : SOS Médecins Burkina Faso au chevet des détenus

Publié le mercredi 6 mai 2015 à 00h30min

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Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou : SOS Médecins Burkina Faso au chevet des détenus

L’association SOS Médecins Burkina Faso vole au secours des incarcérés de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Elle organise les 5 au 6 mai 2015 des consultations médicales gratuites pour l’ensemble des détenus. Cette visite se veut la première d’une série d’activités qui permettra d’avoir le bilan de santé de chaque détenu pour mieux le suivre par la suite.

Tous les mardis et ce depuis des années, Dr Karim Traoré, membre de l’association SOS Médecins Burkina Faso se rend à la MACO pour consulter les détenus malades grabataires. Mais, ce 5 mai, sur initiative de ladite association, plusieurs autres médecins étaient dans l’enceinte de la plus grande maison d’arrêt du pays. Ainsi, pour une des rares fois, les détenus de la MACO bénéficieront de consultations par des médecins. Il s’agit là d’une première.
Mais, SOS Médecins Burkina Faso assurait déjà la prise en charge des personnes vivant avec le VIH à l’intérieur de la MACO et des patients tuberculeux, une population spécifique dans un milieu spécifique. « Partant des résultats de ces consultations, nous avons senti le besoin d’élargir en faisant une visite médicale pour tous les détenus étant entendu que selon les dispositions légales, tout détenu qui entre ici devrait avoir une visite médicale d’entrée. C’est pour combler ce gap que nous avons estimé dans notre plan d’actions de 2015 qu’il était important qu’on puisse venir ne serait-ce qu’avoir une photographie de chaque détenu et à partir de là faciliter le suivi et la prise en charge ». C’est ainsi que Dr Edmond Gué, secrétaire général de SOS Médecins Burkina Faso justifie cette initiative au profit des détenus. Cette opération gratuite s’étend sur deux jours.

D’énormes défis pour les maisons d’arrêt

La plupart des maisons d’arrêt et de correction du Burkina font face à plusieurs défis. Il s’agit, entre autres de : la visite médicale d’entrée pour tout détenu, la consultation médecin qui devrait être régulière, la nécessité de bénéficier de médicaments et de soins, des programmes de prévention de maladie… Certes, cette association ne peut relever à elle seule tous ces défis. Mais, elle entend apporter sa contribution pour aider le gouvernement, mais aussi et surtout pour soulager, un tant soit peu la population carcérale.
« Nous sommes des médecins et nous pensons que nous pouvons offrir un peu de notre temps pour ces détenus. Le milieu de détention qui est un lieu de correction ne doit pas être un lieu où on aggrave sa santé », poursuit-il. D’ailleurs, dans les principes, chaque détenu, avant son incarcération devrait bénéficier d’examens. Ce n’est pas encore le cas. « Ceux pour qui entreront dans la période de mai et juin, le dispositif sera déjà en place pour avoir une situation d’entrée. C’est ce correctif que nous voulons apporter », soutient Dr Edmond Gué.

Penser aussi aux autres maisons d’arrêt du pays

En tous les cas, cette visite permettra d’avoir la situation sanitaire du moment de la quasi-totalité des détenus. Une initiative qui réjouit les premiers responsables de ce centre de détention.
« La prise en charge sanitaire des détenus est de plus en plus problématique. Quand vous regardez le problème de surpopulation carcérale qui a des conséquences sur la santé des détenus, ça ne peut qu’être une joie pour nous de recevoir des gens qui pensent à nos détenus. Vous êtes une jeune association mais l’acte que vous venez de poser n’est pas celui d’une jeune association, c’est l’acte d’une association assez mûre. Nous pensons que cette consultation va soulager les détenus », soutient l’inspecteur de sécurité pénitentiaire Frédéric Ouédraogo, directeur adjoint de la MACO, visiblement soulagé.

Le directeur des grâces et de l’exécution des peines, Amadé Badini, tout en remerciant les initiateurs, souhaite que cette activité se pérennise. Car, « le détenu est là pour une sanction. Il est appelé à sortir et reprendre sa vie normale. Mais, s’il sort malade, il devient plutôt une charge qu’un agent de développement », rappelle-t-il. Mieux, le directeur de l’exécution des peines souhaite que cette jeune association puisse étendre son action sur l’ensemble des 24 maisons d’arrêt et de correction du pays. « Si SOS Médecins Burkina Faso arrivait à faire, ne serait-ce qu’une visite par maison d’arrêt par an, c’est déjà beaucoup. S’ils peuvent avoir des médecins dans chaque maison d’arrêt, ce serait vraiment au grand bonheur des détenus et même de l’Etat », souligne-t-il. Les membres de SOS Médecins seraient favorables à cette requête, pour peu que leurs partenaires les accompagnent.

Une jeune association, de grandes ambitions

SOS Médecins Burkina Faso est une association de médecins, de personnel paramédical qui intervient dans la prise en charge des urgences. Elle intervient depuis trois ans dans le projet de prise en charge de la malnutrition à Boussé. Aussi, intervient-elle à la MACO dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH et la tuberculose. L’association s’investit également dans le partage de la connaissance scientifique à travers des publications.
Elle se donne pour ambition de pouvoir intervenir dans les autres maisons d’arrêt et de correction du pays. Elle envisage aussi d’élargir ses interventions à travers un centre médical qui aidera à intervenir beaucoup plus dans les urgences. Pour y arriver, l’accompagnement du ministère de la santé et du ministère de la justice ainsi que d’autres partenaires techniques et financiers s’avèrent nécessaire.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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