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Pacte national pour le renouveau de la Justice : Entre optimisme et pessimisme

Publié le mercredi 29 avril 2015 à 09h23min

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Pacte national pour le renouveau de la Justice : Entre optimisme et pessimisme

Le bureau exécutif du Syndicat des avocats du Burkina Faso (SYNAF) a organisé un panel le 25 avril 2015 à Ouagadougou, relativement au Pacte national pour le renouveau de la Justice burkinabè. Un panel qui a été précédé du lancement de « l’Inter Universitaire de l’Eloquence Judiciaire (ISUE) ». Le tout, autour du thème « Regards croisés sur le pacte national pour le renouveau de la justice : entre espoirs et illusions ? ». A l’occasion, le magistrat et Secrétaire permanent par intérim du MAEP Loceni Cissé, et Me Prospère Farama, ont indiqué que la meilleure réponse à la préoccupation relative à la Justice qui convienne à une société donnée, est fonction du système politique en place.

Les problèmes de la Justice burkinabé sont déjà connus et consignés à la faveur d’un forum organisé en 1998 et à bien d’autres occasions très qualitativement animées. Un autre cadre dénommé ‘’Etats généraux de la Justice’’ en 2015 est donc, de l’avis Loceni Cissé, sans objet. Cette dénomination est même, selon Me Farama, inexacte. Pour lui, il s’est agi plutôt d’un autre forum que d’états généraux. Les états généraux, précise Me Farama, réunissent des techniciens pour débattre de questions pointues. Or, ce qui s’est passé du 24 au 28 mars dernier, a été l’occasion pour ‘’monsieur tout le monde’’ de s’exprimer. Qu’à cela ne tienne !
Les conclusions issues de ce énième cadre de diagnostic, ne peuvent, à elles seules, résoudre les problèmes de la Justice burkinabè. C’est du moins, la conviction de M. Cissé. Pour Me Farama, si cela n’est pas faux, le pacte suscite tout de même des motifs d’espoir tenant entre autres à ce qu’il entend mettre la Justice au centre d’intérêt des citoyens, à la pression qu’il laisse transparaître sur les acteurs de la Justice, au changement de discours dans la restauration de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Déjà, prévient Me Farama, il ne faut pas confondre l’indépendance de la Justice et la neutralité de la Justice. Pour lui, la Justice n’est jamais neutre. Et c’est ce que clame également M. Cissé. Ce qu’il faut savoir, selon eux, c’est que la Justice répond toujours du système politique en place. Sa dynamique de fonctionnement est donc fonction de ce que le pouvoir politique aura voulu qu’elle soit.

Les initiateurs … ne croient pas en ce pacte

En dépit de ces quelques motifs d’espoir, confie Me Farama, les initiateurs des états généraux de la justice eux-mêmes ne croient pas en ce pacte. Relevant au passage que le Premier ministre lui-même ne croit pas en la Justice, Me Farama rappelle que celui-ci a jusque-là refusé de se soumettre à une décision de Justice. En plus de l’exécutif de la Transition, les acteurs politiques, eux-aussi, n’ont pas foi en ce pacte. Et pour preuve, excepté Toussaint Abel Coulibaly de l’UPR (Union pour la République), aucun autre président de parti politique n’a signé en personne, ledit pacte. Or, ce sont eux qui sont censés le mettre en œuvre, même s’il n’est pas contraignant.

En tout état de cause, il convient de se nourrir d’espoir. Il faut en effet, espérer que ce pacte serve de source d’inspiration à d’abondantes lois. L’espoir, source d’optimisme, c’est à cela qu’invite aussi Franck Dah, étudiant à l’université ‘’Aube nouvelle’’, dans sa plaidoirie livrée peu avant le panel du jour. Mais à sa suite, Josias Ouédraogo, étudiant (en Master II) au Centre d’études et de recherche sur le droit international et les droits de l’Homme (CERDIH) démontrera avec brio et de façon imagée, que ce pacte ne pourra pas résoudre les problèmes de la Justice burkinabè. En effet, précise-t-il, « Le Pacte » est « comme un jeune homme élégant et charmeur, respectueux et galant, l’image parfaite du prince charmant qui attire toutes les filles de la cité mais en réalité, c’est un eunuque ».

Fulbert Paré
Lefaos.net

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Vos commentaires

  • Le 29 avril 2015 à 09:43, par Kunibè SOME En réponse à : Pacte national pour le renouveau de la Justice : Entre optimisme et pessimisme

    Heé ! Pas de commentaires sous cet article ? C’est étonnant. Pourtant, ce qui est dit est tellement vrai et bien analysé. C’est étonnant de la part de nos "super juristes" actuels qui tournent autour du pouvoir de la transition. Evidemment, ils ne peuvent rien dire ou ne veulent rien dire parce que ce qui est dit est tellement vrai et ne les arrange pas , car ils sont à la base de ces fameux "Etats généraux de la justice". Pauvre BURKINA !

  • Le 29 avril 2015 à 12:22, par ibrahimo En réponse à : Pacte national pour le renouveau de la Justice : Entre optimisme et pessimisme

    La solution aux problèmes de la justice se trouvent parmi les acteurs directs de la justice à savoir les magistrats, avocats et greffiers eux mêmes ; car l’indépendance et la neutralité de la justice dépendent de leurs propres comportements et attitudes face à la corruption et de leur rapport avec la politique. L’indépendance de la justice doit être un comportement pour ces premiers acteurs de la justice, car j’ai l’impression que ce sont les juges et magistrats qui cherche plutôt à s’accoquiner avec les politiques.

  • Le 30 avril 2015 à 11:17, par kouadio En réponse à : Pacte national pour le renouveau de la Justice : Entre optimisme et pessimisme

    Les etats generaux ont coute cher alors que des problemes financiers que connait le pays empirent. Or ils n’apporteront rien car c’etait des retrouvailles entre amis pour tirer a boulet rouge sur le regime Compaore. Tant que la critique contre Compaore ne sera pas objective, on ne pourra pas avancer. madame le ministre de la justice a, en 1998, travaille aux affaires etrangeres avant d’aller a la CEA. Elle a donc conseille Blaise Compaore pendant ses 27 ans de regne et contribue a rehausser l’image du Burkina. Aujourd’hui il faut reconnaitre et prendre ce qui est bon sous le regime Compaore et corriger ce qui n’etait pas parfait. A vouloir tout rejeter ans discernement, on va tout gater.

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