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Enrôlement biométrique : un suivi-évaluation mené à Banfora

Publié le dimanche 19 avril 2015 à 22h02min

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Enrôlement biométrique : un suivi-évaluation mené à Banfora

Banfora, la cité du paysan noir, a accueilli du 15 au 17 avril 2015 la mission de monitoring de l’enrôlement biométrique conduite par l’ONG suédoise Diakonia. Issus de l’administration publique, d’organisations de la societé civile et d’institutions partenaires, la vingtaine de participants a apprécié le déroulement de l’opération d’inscription sur les listes électorales. Cet exercice dynamique auquel ils se sont prêtés, a permis de déceler sur le terrain les goulots d’étranglements mais aussi les bonnes pratiques, toute chose qui permettra d’apporter des corrections pour les deux dernières étapes.

Le bon déroulement de l’opération de révision exceptionnelle des listes électorales est certes l’un des rôles de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) mais il appartient aussi à l’ensemble des acteurs tels que les partis politiques, les leaders coutumiers et religieux, mais aussi les OSC de mettre la main à la pâte. C’est donc dans le but d’apporter sa pierre à l’édification et à la consolidation de la démocratie que l’ONG Diakonia met en œuvre un programme d’appui au processus électoral prévu pour s’étendre de 2015 à 2017. L’une des composantes de ce programme est le suivi-évaluation de l’opération d’enrôlement qui, l’on doit le rappeler, a débuté le 3 mars dernier.
Après une première mission à Ouahigouya qui avait tenu toutes ses promesses, l’ONG rebelote cette fois-ci à Banfora où les inscriptions sur les listes ont débuté le 14 avril à l’instar des 9 autres villes de la zone 4. Et pour mieux apprécier le travail, des représentants entre autres de la CENI, du Ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et la sécurité (MATDS), du GERDDES, du Réseau national d’édification de la paix (WANEP-Burkina) se sont déployés sur le terrain à la rencontre des opérateurs de kits et des inscrits précisément dans les communes de Tiéfora, Bérégadougou et de Banfora.

Les difficultés

Sur les 375 sites d’enrôlement qu’abrite la Comoé, une vingtaine d’entre eux ont été visités par la mission repartie en quatre groupes. A l’aide d’un questionnaire servant de guide de monitoring, les « observateurs » ont relevé les imperfections de façon méticuleuse. De façon générale, l’on note une timide affluence des populations 72 heures après le lancement de l’opération. Si certains opérateurs enregistrent une quinzaine de personnes par jours, d’autres par contre sont en deçà de la moyenne qui tourne autour de 10. Que peut bien expliquer cette faible mobilisation ? Certes, plusieurs Burkinabè détiennent leur carte d’électeur du fait des deux opérations d’enrôlement réalisés en 2012 puis en 2014, mais la mission relève que le manque de sensibilisation, le manque de visibilité des sites ainsi que leur inaccessibilité sont autant de facteurs qui ont milité en défaveur de la mobilisation des populations. Outre cela, il existe des difficultés d’ordre logistiques avec les capteurs d’empreintes lorsque les opérateurs de kits sont installés à l’air libre plutôt que dans des locaux.

Les recommandations

Au regard des problèmes constatés, la mission a formulé des recommandations à l’adresse de la CENI, des partis politiques mais aussi des OSC. Au premier, il a été demandé d’intensifier et d’adapter les supports de communication avec les réalités du terrain. Les banderoles mais surtout les crieurs publics seraient plus efficaces pour la diffusion du message sur les opérations. Concernant le hic des duplicata, la mission demande également aux démembrements de la CENI d’informer les populations sur une possibilité d’établir un duplicata en cas de perte de la carte d’électeur. Pour le Commissaire régional Wilfried Bako, ainsi que pour le directeur de la communication Boris Edson Yaméogo de la CENI, l’institution va étudier « la faisabilité à court terme très rapidement pour pouvoir corriger les actions pour la zone 5 et 6 ».

Aux seconds, c’est-à-dire les partis politiques et les OSC, il a été recommandé qu’ils s’impliquent davantage dans la sensibilisation des populations afin de les inciter à s’enrôler massivement. Il y va de l’intérêt de tous. Bien que leurs efforts et dévouement aient été reconnus par la mission, les opérateurs et aides-opérateurs de kits ont été également invités à être ponctuels sur les sites mais aussi à être souples quant aux heures de clôture de l’enrôlement dès lors qu’il y a une grande affluence.
Pour Lucien Ouédraogo, chargé de programmes à DIAKONIA/Burkina toutes ces recommandations seront réunies dans un rapport qui sera transmis à la CENI et au MATDS afin d’améliorer le processus pour les prochaines étapes.

Le MATDS interpellé

Après la Comoé, la mission s’est rendue le lendemain dans le village de Dèguélè pour apprécier l’opération de délivrance des pièces d’état civil. Débutée le 1er avril, l’opération est à son 15e village dans la commune de Karangasso Vigué et compte prendre fin le 4 mai 2015. Et jusque-là plus de 2000 personnes ont été reçus par l’équipe du préfet, Assèta Koanda. « C’est avec les moyens de bord que nous travaillons », nous a-t-elle confié. Selon Victorine Ouédraogo, administrateur civil au MATDS, ces difficultés d’ordre financier pourraient s’expliquer par la réorganisation interne du ministère.

Outre cela, Mme Koanda ainsi que le chef du village Domba Ouattara ont dénoncé la présence d’un individu dans le village qui établirait de faux actes de naissance. Cette irrégularité, rappelons-le a été constaté à Banfora où sur l’un des sites, un OPK nous a confié qu’un représentant d’un parti politique l’aurait remis une fiche pour qu’il y porte les noms de tous ceux qui viendraient se faire enrôler au nom du parti.

En attendant, le lancement de l’opération d’enrôlement dans la zone 5 avec les régions de l’Est et du Centre-Est, les participants restent satisfaits de cette mission instructive qui a permis de savoir que des OSC tels que le GERDDES et l’association TON, les médias tels que la radio catholique Teriya et la radio Munyu ont joué au préalable, un rôle majeur dans la sensibilisation des populations sur le bien-fondé des opérations d’enrôlement. Ces efforts ont été salués à leur juste valeur par l’Ambassade Suédoise représentée par Karin BOROVIC

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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