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« C’est une transition de mensonge, de division et de vengeance » dixit Thibaut Nana sur la situation politique nationale

Publié le mercredi 1er avril 2015 à 00h07min

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 « C’est une transition de mensonge, de division et de vengeance » dixit Thibaut Nana sur la situation politique nationale

Thomas Sankara est, pour lui, un mythe. C’est pourquoi, dit-il s’insurger contre ceux qui utilisent le nom de « ce grand homme » comme fonds de commerce. Thibaut Nana, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a gros sur le cœur quand il s’agit de revisiter les premières pages de la lutte qu’il a menée pour la « pérennité des valeurs du Président Sankara ». Longtemps connu sous la casquette de société civile, Thibaut Nana est descendu dans l’arène politique par la création de son parti, le Rassemblement démocratique et populaire (RDP), qui fut d’abord « membre » de l’opposition politique avant de se retrouver dans le Front républicain jusqu’à l’insurrection populaire. Depuis l’avènement de la transition, l’homme observe le silence. Pourtant, « le brave », comme l’appellent certains dans son entourage, n’est pas dépourvu d’observations sur la marche de son pays… Entretien !

Lefaso.net : On n’entend plus parler de votre organisation, « association, Thomas Sankara ». Faut-il entendre que c’est elle qui s’est transformée en parti politique, RDP ?

Thibaut Nana : Non, c’est un peu différent. L’association est à part et le parti aussi. Ce sont deux organisations différentes.

Lefaso.net : …Et vous animez les deux ?

Thibaut Nana : Oui, j’anime les deux.

Lefaso.net : Pouvez-vous revenir sur les motifs de la création l’association Thomas Sankara ?

Thibaut Nana : Vous savez, aujourd’hui, quoi qu’on dise, vous, en tant qu’homme de médias, si vous allez fouiller dans l’histoire même de Thomas Sankara, après son assassinat, vous trouverez que Nana Thibaut est l’un des premiers Burkinabè à oser lutter pour sa cause. Si aujourd’hui, il y a des langues qui se délient et que des gens qui n’ont pas honte, se réclament du Sankarisme, je pourrai vous dire que cela me fait honte.
Il y a eu des moments où personne ne pouvait avoir le courage de dire quoi que ce soit … ou défendre les idées de Thomas Sankara. C’est moi qui ai osé, avec des affiches un peu partout ; devant ma porte, j’ai fait le tour du Burkina Faso, j’ai fait des films sur la vie de Thomas Sankara, même les images que vous voyez qui circulent dans ce monde-là, presque 90 pour cent sont venues de moi parce que, après sa chute, je me suis arrangé auprès des hommes de médias, surtout la télévision nationale, pour avoir ces images rapidement. Voilà ce que je pourrai vous dire à ce sujet.
La création de l’association Thomas Sankara visait juste à rendre immortel, celui-là dont le monde entier pleure sa disparition aujourd’hui, Thomas Sankara.

Lefaso.net : Mais aujourd’hui, quel est le niveau d’engagement de cette association ?

Thibaut Nana : Je me suis un peu rétracté. Mais je dois, avant tout, souligner de passage que je ne suis pas le tout premier dans le monde à créer une association Thomas Sankara. Il y a eu d’abord une association internationale Thomas Sankara (AITS) à Paris, créée par Marie Roger Biloa et un journaliste Malgache de Jeune Afrique. Tous ces gens ont créé ces mouvements pour rendre Thomas Sankara immortel.
Mais, à un moment donné, ils se sont sentis diminués par l’entourage de Thom Sank (Thomas Sankara, ndlr). Certains pensent que créer une association Thomas Sankara ou un mouvement Thomas Sankara, c’est profiter justement de ce grand homme pour s’enrichir. Pourtant, nous les avons créés d’une manière digne et juste pour rendre un grand hommage à l’homme.
Cette vision des choses de certaines personnes à un moment donné, ne nous a pas plu. Et l’AITS a été la toute première association à disparaître. Marie Roger Biloa, membre fondateur de l’AITS m’a laissé entendre cela lors de sa visite à Ouaga, tout en me demandant de garder courage. En 1987, personne n’avait le courage même de parler de Thomas Sankara ou de perpétuer sa mémoire ; Il n’y avait que Nana Thibaut et quelques-uns qui ont osé avec tous les risques pour la préservation des valeurs que Thomas Sankara a défendues et prônées.

Lefaso.net : Le dossier connaît une évolution, ces derniers temps… ; comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

Thibaut Nana : Vouloir chercher justice pour Thomas Sankara, est une bonne chose. Mais, moi, en ma qualité d’homme révolutionnaire (et je sais que tout révolutionnaire, finit comme Thomas Sankara), l’essentiel pour moi, c’est de demander à tous les Burkinabè, à tous les révolutionnaires du Burkina et d’ailleurs, de faire en sorte qu’ensemble, nous travaillions pour rendre un grand hommage à Thomas Sankara pour que son flambeau reste toujours sur cette terre au lieu de chercher à créer des problèmes autour de cet homme-là. Thomas Sankara est un héros ; c’est un homme respecté à qui on doit toujours respect. Vouloir chercher profondément ce qui lui est arrivé, c’est vouloir effacer son histoire.
Chez les Mossis, le Tansoba n’a pas de tombe. Il disparaît dans la nature. J’aurais souhaité qu’on trouve une autre solution pour rendre l’homme plus grand à jamais. Quoi qu’on dise, il reste toujours un héros national et international. La justice peut faire son travail, tout en tenant compte des débordements graves qui pourraient survenir tôt ou tard.

Lefaso.net : Travailler à valoriser Thomas Sankara, comment ce travail peut-il se faire pour mettre en exergue ces valeurs ?

Thibaut Nana : C’est simple. Thomas Sankara, était un homme de paix, de justice ; il avait voulu faire de son pays, un pays intègre. L’on peut bien continuer ce qu’il a fait ou ce qu’il a voulu faire. Et c’est à travers cette continuité que l’on peut rendre Thomas Sankara immortel et faire de lui un héros.

Lefaso.net : Vous dites être révolutionnaire et avoir même défendu la cause de Thomas Sankara au moment où personne n’osait le faire. Pire, vous avez fait la prison à plusieurs reprises sous le régime Compaoré pour des raisons liées à votre engagement pour Thomas Sankara et à bien d’autres... Que s’est-il alors passé pour que vous vous retrouviez à la dernière minute à soutenir le régime qui vous a traqué ?

Thibaut Nana : Non, moi je ne voudrais pas que vous confondiez, vitesse et précipitation. Effectivement, après l’assassinat de Thomas Sankara, j’étais l’un des tout premiers à commémorer le 15 octobre jusqu’en 1999. Ici au Burkina Faso, ça n’a pas été chose facile. Depuis ces temps, j’ai fait sept fois la prison, la dernière en date fut le 28 février 2008 dans le combat contre la vie chère.
Je n’ai jamais travaillé avec le CDP. Le président Blaise Compaoré est un ami personnel que j’aime beaucoup. Mon adhésion à la dernière minute au front républicain est due au fait que ce regroupement prônait le dialogue, la stabilité et la cohésion sociale, pendant que de l’autre côté, au CFOP (chef de file de l’opposition burkinabè, ndlr), c’était la division, la mésentente et la lutte pour des intérêts personnels et de vengeance. Pour preuve, en 1998 dans le collectif, c’est moi Nana Thibaut qui haranguait la foule à la Bourse du travail à chaque marche du collectif contre l’impunité et justice pour Norbert Zongo et autres. Au finish, d’autres en ont profité pour entrer dans le gouvernement de Blaise Compaoré. Ils sont partis manger avec Blaise en assassinant une deuxième fois Norbert Zongo.
C’est pour dire que dans ce pays, tous ceux qui sont honnêtes politiquement ne réussissent jamais. Les prétendus Sankaristes aujourd’hui sont arrivés dans la scène politique à partir de l’assassinat de Norbert Zongo. En 1987, ceux qui parlent beaucoup aujourd’hui, on ne les voyait pas. On m’a enfermé pendant trois heures à l’aéroport lors de la première visite de Rawlings (Président ghanéen) après l’assassinat de Thomas Sankara parce que je brandissais un grand portrait de Thomas Sankara au milieu de la foule qui était venue accueillir le président Rawlings.

Lefaso.net : Vous dites également avoir constaté à un certain moment de vos luttes, notamment dans les affaires Thomas Sankara et Norbert Zongo, que les gens luttaient pour leurs propres intérêts, « ils se sont cherchés », vous laissant seul. Est-ce pour cela que vous vous êtes aussi « cherché » en allant au Front républicain ?

Thibaut Nana : Vous savez, avant d’être au Front républicain, j’ai d’abord été membre du CFOP. Et comme je l’ai dit auparavant, dans ces partis politiques de l’opposition, tout le monde ne parlait pas le même langage. Raison pour laquelle le RDP a adhéré au front républicain.
Vous avez pu constater qu’en aucun passage de mes discours et de mes déclarations dans les radios et dans les journaux, j’ai été partant pour la modification de l’article 37 ou pour l’organisation d’un référendum. Depuis l’année 2000, je ne cessais de dire au Président Compaoré de faire attention à son entourage et de ne point tourner dos à son peuple, d’accepter et écouter tout le monde sans exception. Comme il était entouré de certains mauvais types semblables à des oiseaux autour d’un épi de mil, le Président Compaoré évitait les honnêtes citoyens et ce qui devait arriver, arriva...

Lefaso.net : Vous aviez des liens personnels avec Blaise Compaoré ?

Nana Thibaut : Je n’ai jamais eu de lien personnel avec Blaise Compaoré. La toute première fois que j’ai rencontré Blaise Compaoré, c’était dans le cadre de son déplacement à Marcoussis pendant la crise ivoirienne. J’ai été l’un des tout premiers Burkinabè encore, à mobiliser des milliers de personnes pour accompagner le Président du Faso en partance pour Marcoussis quand ça n’allait pas entre lui et Laurent Gbagbo. A son départ comme à son arrivée, j’ai mobilisé autant. Ça a été une réussite parfaite et les gens se sont accaparés la chose. Ils ont eu de l’argent et c’est à partir de là, quand je n’ai pas eu de reconnaissance de la part du Président, que j’ai adressé une demande d’audience qu’il m’a accordée.
Je suis allé le voir pour lui dire que je ne peux pas comprendre qu’il n’y a pas eu de remerciement et de reconnaissance pour tout ce que j’ai fait. Il s’est étonné et m’a demandé qu’est-ce qui s’est passé ? Je lui ai relaté les faits… et cela l’a beaucoup étonné. Il a demandé si c’est bien moi Nana Thibaut. Je lui ai répondu par l’affirmative. Il a dit que les gens lui ont menti et m’a demandé d’aller voir Yéro Boly.

Lefaso.net : Vous êtes donc allé voir Yéro Boly, qu’est-ce qui s’est passé … ?

Thibaut Nana : Yéro Boly m‘a reçu et m’a dit qu’il n’était pas au courant que c’était moi, Nana Thibaut, qui étais à la base de l’initiative. Je lui ai dit : vous avez parfaitement raison ; si le Président avait été lapidé ce jour-là, vous auriez su que c’est Nana Thibaut qui a été l’initiateur, car je détiens l’autorisation de manifestation signée par le maire de la ville Ouagadougou.

Lefaso.net : Il ne vous a rien remis ?

Nana Thibaut : Il ne m’a rien remis. Yéro Boly est là, Blaise est toujours en vie ; je n’ai reçu aucun centime d’eux.

Lefaso.net : Mais ce n’était pas votre objectif de recevoir quelque chose ; n’est-ce pas ?

Thibaut Nana : Non, ce n’était pas mon objectif. C’était pour restituer la vérité et dire à Gbagbo, en son temps, que s’il avait des jeunes patriotes, Blaise aussi a des jeunes patriotes. En dehors même de cette mobilisation pour Marcoussis, j’ai encore organisé une manifestation pour aller attaquer l’Ambassade de la Côte d’Ivoire au Burkina. Vous avez tous suivi, parce qu’à l’époque, des Ivoiriens s’étaient mobilisés pour saccager l’Ambassade du Burkina en Côte d’Ivoire et moi, j’ai répliqué ici. N’eut été l’intelligence et la sagesse de Djibril Bassolé et de Gilbert Diendéré, on allait effectivement saccager l’Ambassade de la Côte d’Ivoire.
Et quand j’ai conduit la jeunesse, la foule, au niveau de l’Ambassade de la Cote d’Ivoire, c’est Djibril Bassolé et Gilbert Diendéré qui m’ont amené dans l’enceinte même du Ministère des Affaires étrangères, pour me demander pardon. De ne pas nous comporter comme les jeunes de Laurent Gbagbo en avançant comme argument que le Burkina a des jeunes responsables et ne pas répondre au coup de Gbagbo. Voilà ce que les deux m’ont dit, ils sont toujours en vie et c’est pour cette raison je respecte la grandeur de ces deux hommes. Je n’ai pas d’approche avec eux, mais je les respecte. Donc, voilà brièvement ce que je peux vous dire dans mon histoire politique.

Lefaso.net : Revenons sur le combat que vous aviez l’intention de mener au Front républicain, sans pour autant vouloir donner votre caution à réviser l’article 37. Faut-il comprendre que vous avez, à un certain moment, eu le sentiment d’avoir été utilisé ?

Thibaut Nana : Effectivement, j’ai senti qu’à un moment donné, j’ai été utilisé et comme d’habitude d’ailleurs, même au niveau du Collectif où je luttais contre l’assassinat de Norbert Zongo et compagnie et contre l’impunité, beaucoup de gens m’ont utilisé. Ça, c’est moi qui vous le dis. Il n’y avait personne qui pouvait avoir le courage de parler comme Nana Thibaut, pour conscientiser et pour sensibiliser le peuple. Mais des gens en ont profité…
Pareil dans cette histoire avec le Front républicain. On m’a utilisé, en ce sens que mon combat était celui de l’intérêt général, pour la paix et la cohésion sociale. C’est dans cette dynamique que j’ai même fait un poster où Blaise et moi, on décalait ensemble avec le message suivant au bas de l’image : « Ensemble, avec Blaise Compaoré pour la paix, le progrès et la stabilité ». C’était pour prouver aux gens du front républicain que je ne suis pas là pour la modification de l’article 37 ou pour l’organisation d’un referendum, mais plutôt pour la paix et la cohésion sociale avec Blaise Compaoré. On pouvait amener Blaise à ne pas modifier l’article 37 et voilà ; c’était mes idées et ma vision des choses.

Lefaso.net : Où étiez-vous le 30 octobre et comment avez-vous vécu cette journée ?

Thibaut Nana : Le 30 octobre, je suis resté chez moi, parce que je n’y croyais pas. A chaque fois, c’est moi qui organise des manifestations et vous ne pouvez pas me dire le contraire. J’étais l’un des tout premiers à organiser des choses pareilles contre la vie chère en 2008. Cette manifestation a été une réussite parfaite car le gouvernement a baissé les prix des produits de première nécessité ; mais cela m’a conduit à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou) avec 45 autres personnes et deux de mes éléments sont morts en prison.
C’est pour vous dire que dans notre lutte contre la vie chère, personne ne nous a soutenus. Il y a des responsables politiques qui sont venus me voir bien avant la manifestation, pour me dire que j’ai leur soutien. Et voilà ce qu’ils ont dit : Nana Thibaut, vas-y, nous sommes derrière toi, si tu organises, nous allons te soutenir. Quand je l’ai fait, ils se sont rétractés et je me suis retrouvé seul avec les 45 autres manifestants en prison. Voilà pourquoi les dates du 30 et 31 octobre, je suis resté chez moi. Mais j’étais de cœur avec tous ceux qui sont descendus dans les rues pour dire que trop c’est trop

Lefaso.net : Est-ce qu’il faut comprendre que Thibaut Nana est un homme déçu des leaders politiques et civils burkinabè ?

Thibaut Nana : Mais bien sûr, au regard de tout ce qui se passe aujourd’hui. Chacun veut tirer la couverture sur lui. Je vois mal quelques partis politiques honteux qui disent que les jeunes qui sont morts ou blessés sont leurs militants. C’est vraiment irresponsable ! Voilà des jeunes qui ont eu le courage, une jeunesse mobilisée, une jeunesse consciente, qui, à un moment donné, s’est sacrifiée et des gens veulent profiter de leur courage à des fins politiques.
A ce titre, j’aurais souhaité que tous ceux qui se réclament aujourd’hui partisans de ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre soient interpellés et jugés au même titre que ceux qui ont ordonné de tirer sur les manifestants, parce qu’ils ont incité la jeunesse à la violence ; ils ont conduit ces jeunes à tomber sur les coups des fusils. Que la transition ait le courage d’arrêter tous ces gens-là.

Lefaso.net : Actuellement, certains Burkinabè estiment que les militaires doivent se mettre à l’écart de la chose politique et perçoivent mal, de ce fait, la candidature annoncée ou supposée des militaires. Votre avis sur le sujet ?

Thibaut Nana : Si un militaire a la capacité de travailler pour la paix, la cohésion sociale et la stabilité dans notre pays, pourquoi ne pas se faire voter ! Les militaires sont aussi des citoyens burkinabè et rien ne les empêche d’être candidats. Il y a des dispositions qui indiquent que le militaire, pour se lancer en politique, doit remplir certaines conditions. S’il le remplit, je ne vois pas pourquoi on doit l’en empêcher. C’est un droit pour lui et il appartient au peuple de faire son choix.

Lefaso.net : Donc, vous n’êtes pas contre la candidature militaire ?

Thibaut Nana : Pourquoi ? Entendre quelques responsables politiques dire que les militaires ont dirigé le Burkina pendant longtemps, est de l’inconscience totale. Sont-ils combien à avoir occupé des postes politiques tout au long des règnes des militaires ? Pour exemple, Ablassé Ouédraogo, Simon Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré, etc. n’ont-ils pas travaillé avec Blaise Compaoré pendant 25 ans et même avec le Capitaine Thomas Sankara ? J’aurais voulu que les gens réfléchissent un tant soit peu, dans leurs propos.
Travaillons ensemble pour éviter une guerre civile ou une division dans notre pays. Si on doit exclure des militaires, ce n’est pas normal. Tous ensemble, nous devons nous attraper, main dans la main, pour construire notre pays. Quelqu’un d’autre ne peut pas quitter ailleurs, venir développer notre pays ou apporter la paix dans notre pays. Tous, nous devons travailler pour que règne une paix sociale durable dans notre pays.

Lefaso.net : Votre regard sur la marche de la transition ?

Thibaut Nana : Depuis ce qui s’est passé, je me suis mis à l’écart et j’observe. Tout comme d’autres personnes aussi qui, jusque-là, n’ont pas eu quelque chose à dire. Moi Nana Thibaut aussi, j’observe, je constate, j’écoute les gens mais cette transition, quoi qu’on dise, a failli à sa mission. Ce n’est pas la transition que les gens attendaient, et c’est mon avis. Je trouve que cette transition est venue semée le désordre dans notre pays. Rien qu’à voir les nominations…
Quand on prend la plupart des mouvements qui soutiennent la transition aujourd’hui, on sait que ce sont des politiciens, des gens à qui on donne de l’argent pour qu’ils fassent du brouhaha ! Vous voyez par exemple, l’Assemblée nationale, ce n’est pas la cour de Blaise Compaoré, de Assimi Kouanda, de François Compaoré…, c’est pour tout le peuple burkinabè. Mais, comment se fait-il qu’avec ce qui s’est passé, des artistes se lèvent pour aller faire de la musique là-bas ? Quand j’ai vu ces images, j’ai coulé des larmes… On ne peut pas prendre ça comme un trophée de guerre en amenant des instruments pour installer dans cette cour pour faire de la musique. C’est de la merde. Voilà pourquoi je dis que la transition a failli. C’est une transition de mensonge, de division et de vengeance.
Voilà un Premier ministre de transition qui, au lieu de tracer un projet de société fiable pour ceux qui viendront après lui, se permet de faire des promesses tous azimuts… C’est ce qui est dangereux pour l’avenir d’un pays comme le nôtre.


Lefaso.net : Quel est l’avenir que vous réservez à votre parti politique ?

Thibaut Nana : Mon parti existera toujours. Il s’associera à tout parti politique dont le projet de société répond aux intérêts du peuple car, je suis avec mon peuple.

Entretien réalisé par Oumar L. OUEDRAOGO
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