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Agriculture : Les rêves de Salif Diallo

Publié le dimanche 20 mars 2005 à 08h51min

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Fabriquer un pain entièrement made in Burkina, c’est le nouveau défi que vient de lancer le tout-puissant ministre Salif Diallo. Belle ambition pour un pays pauvre qui n’a effectivement aucune raison de jeter par la fenêtre plus d’une dizaine de milliards de nos francs pour acheter le blé qui rentre dans la fabrication de notre pain quotidien.

Pour un Etat dont la caractéristique première est l’agriculture, Salif Diallo a été bien inspiré. Seulement, tout ce matraquage médiatique qu’il a été donné de voir ne suffit pas à donner à notre agriculture ses lettres de noblesse.

Les miches de pain qui ont été distribuées aux autorités politiques à l’occasion de la récolte symbolique du blé ne suffiront pas à assurer l’autosuffisance alimentaire dans notre pays. Bien de projets et programmes ont fait rêver les Burkinabè sans pour autant se concrétiser. Les potentialités agricoles du Faso sont réelles et les études pour ce qui est du blé l’ont montré.

Mais de là à résoudre pour de bon la question du blé est une autre équation.
Les Burkinabè ont encore en mémoire cette vaste campagne lancée par Salif Diallo autour de la gomme arabique. Les populations de la partie nord du Burkina ont été pratiquement poussées à l’abandon des cultures vivrières au profit de la gomme arabique. Quelques années seulement après, le projet gomme arabique est tombé dans l’oubli. Ceux qui se sont laissé convaincre trop facilement n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.

Que dire alors de la Société de promotion des filières agricoles (Soprofa) dont la mise sur pied a mobilisé tout l’Etat ? Les responsables politiques au plus haut sommet ont donné des garanties sur la viabilité du projet. La suite, c’est la déception une fois de plus pour les paysans.
Dans l’énumération des grands projets, peut-on passer sous silence cet autre programme du coton, où les paysans (encore eux) ont été invités à s’adonner à cette culture de rente ? Si, dans ce cas, la situation n’est pas des plus catastrophiques, il reste cependant que toutes les promesses n’ont pas été tenues.

Les gouvernements ont ainsi pris la mauvaise habitude de faire miroiter le bonheur au moment du lancement des projets, pour ensuite abandonner les producteurs à leur sort. Ceux d’entre eux qui sont installés dans les plaines aménagées aussi bien à Bagré qu’au Sourou en savent quelque chose.

Se fiant aux promesses à eux faites, ces exploitants se sont pleinement investis dans la culture de riz, accumulant au passage crédits sur crédits. Ces paysans ont ainsi réussi à remplir leur contrat : mettre sur le marché du riz local. Comme toujours, le gouvernement a péché par le non-respect de ses engagements. Aussi, l’effort des producteurs est-il resté sans effet sur la consommation du riz importé. Tout ceci n’est-il pas la preuve du manque de sérieux dans la préparation et le montage des dossiers ?

Point n’est besoin d’être un spécialiste de l’agrobusiness pour comprendre que l’Etat doit jouer sa partition en soutenant sa production interne. Les producteurs ne lui demandent pas la lune. Ils veulent seulement que des circuits de distribution soient créés afin de permettre à tout Burkinabè qui le souhaite de consommer du riz. Or, trop souvent, c’est la pénurie de riz local qui décourage ceux-là qui ont foi au concept ’’consommer ce que nous produisons’’.

Les mêmes menaces planent sur le blé burkinabè. Déjà, l’observateur avisé aura remarqué que le technicien de la boulangerie qui veut s’essayer au pain local ne partage pas le même optimisme que le ministre Salif Diallo. La filière ’’Blé’’ ne sera pleinement profitable à l’économie burkinabè que lorsque des obstacles comme le suivi et l’encadrement des producteurs seront levés. Mieux, la mise en place de moulins pour pallier l’absence des GMB apparaît comme un impératif et aussi comme le vrai déclic de la relance du blé au Burkina.

Adam Igor
Journal du jeudi

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