« C’est du favoritisme ! Il est grand temps qu’on rompe avec les vieilles habitudes de l’ère Compaoré. On dit aux gens que plus rien ne sera comme avant tandis que tout est pire qu’avant », lance Almamy KJ, un artiste musicien. Assis avec un groupe de musiciens en face du CENASA, ils protestent contre la sélection de 14 artistes musiciens pour les prestations au FESPACO. Pour eux, le comité de sélection ne serait pas représentatif des artistes. Il s’agit notamment de Samandoulougou Inoussa dit Fat Lion du syndicat d’artistes musiciens, de Walib Bara de l’association des managers, de Sawadogo Rasmané dit Ocean présentateur d’une émission culturelle sur la chaîne de télé privée représentant le RAC, de Ima Koroé dit Kisito Koinbré de l’association des chansonniers, de Bougouma Evelyne de DAS et de Achille Yaméogo Directeur général du CENASA, président du comité de sélection pour les animations artistiques et Boukoungou Ernest, un agent du CENASA.

Pour les manifestants, ce sont des structures « fantoches et opportunistes » car les artistes n’auraient en réalité aucun syndicat ni aucune vraie association. Ils remettent donc en cause la légitimité du comité. Trois membres en particulier sont pointés du doigt : Walib Bara, Ocean et Fat Lion. En effet, l’artiste Ocean membre du jury a lui-même été sélectionné dans la catégorie reggae. Pour Almamy et ses camarades, ce dernier était « un arbitre et joueur à la fois ». Ils reprochent à Walib Bara d’avoir fait du favoritisme pour « caler » 4 de ses artistes.

Un autre point qui divise les artistes est le manque de transparence dans les critères de sélection car celui du live serait insuffisant pour les manifestants. « Ce que nous revendiquons c’est qu’il y ait des podiums playback pour que le plus grand nombre d’artistes puissent jouer sinon il n’y aura pas de plateau live. »
Au CENASA, le discours est tout autre. Pour le directeur général, Achille Yaméogo, le fait d’associer les responsables des structures faitières des artistes c’était justement pour éviter d’en arriver là. « Nous avons reçu 286 candidatures pour la musique moderne, 26 pour la musique traditionnelle et 6 en humour. Il fallait donc mettre en place un comité de sélection. »
Cinq associations du domaine artistique ont été associées au comité. Si les artistes récusent aujourd’hui leurs responsables ce n’est pas de la faute du CENASA.

« Le FESPACO nous a prévenus cette année qu’il manquait de moyens et que par conséquent ils voulaient 14 artistes. » ajoute le directeur. « Ils voulaient de la diversité. Des artistes des régions, des artistes qui font du reggae, du tradi-moderne, de l’actualité musicale, de la musique moderne, des handicapés, etc. et ce sont ces différentes composantes qui ont constitué les 14 ».
Pour le cas d’Ocean, le directeur reconnait cependant qu’il leur avait posé un problème et ils lui avaient demandé de quitter la salle afin de statuer sur sa sélection. M. Yaméogo a déclaré que si sa sélection posait un problème, ils ne voyaient pas d’inconvénients à l’enlever. A part cela, il n’était pas question de modifier la liste ni d’y ajouter d’autres noms. Le fait qu’i n’y ait pas de rue marchande cette année a fortement contribué à réduire la liste des prestations car il n’y a qu’un seul podium.

En plus de cela, « ce sont des étrangers qui viennent au FESPACO, nous voulons leur présenter ce qu’il y a de meilleur. Nous avons choisi des artistes qui peuvent aller à l’international et chanter en live. Le live est plus professionnel et il permet à tout le groupe de bénéficier des retombées financières de la prestation. » A ajouté M. Yaméogo. Pour lui ceux qui se plaignent le font juste parce qu’ils n’ont pas été retenus. « Le FESPACO est la fête du cinéma, les musiciens sont justes des invités pour agrémenter les festivités. Ils ne doivent donc pas prendre la fête en otage pour des intérêts égoïstes. »
En attendant, Almamy, Ahilley, R-PAALL et leurs camarades menacent de boycotter les plateaux live au CENASA si la liste n’est pas révisée. Affaire à suivre donc !

Liste des artistes retenus pour les nuits du FESPACO au siège du FESPACO

Musique moderne

1. ONASIS
2. Bam Rady
3. Yaméogo Sosthène
4. Dicko Fils
5. Flèche
6. Pamika
7. Sawadogo Passamdé
8. Bintou Dembélé
9. Ali Verhutey
10. Hamed Smani
11. Idak Bassavé
12. Cissé Abdoulaye
13. Sissao
14. Lonsely Evariste

Musique et danse traditionnelles

1. Salou Lobdegneesse
2. Kassena Nemaro
3. Troupe Zampou Madi
4. Troupe Wend Lasida
5. Ensemble Dodo Anbga
6. Jdiguiya de Bobo
7. Troupe Soutong Nooma
8. Ensemble Kiswend Sida

Humour/ slam

1. Gayeré Aly
2. Génération 2000
3. Gérard
4. Aly Ponré

Aïssatou Diallo (stagiaire)
Lefaso.net