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Petite irrigation villageoise : d’importantes perspectives à l’horizon

Publié le jeudi 17 mars 2005 à 08h35min

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La petite irrigation se porte bien. C’est en tout le constat qui se dégage après la tournée effectuée du 11 au 14 mars dernier par une équipe du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques dans les régions du Mouhoun, des Hauts-Bassins et des Cascades.

Une petite irrigation qui est même appelée à "grandir" très prochainement si on en croit la coordination nationale du Programme petite irrigation villageoise. Ces trois régions font à elles seules 60 % des superficies exploitées en petite irrigation du pays.

"Cette tournée nous a permis de voir un ensemble de réalisations concrètes, expressives, qui montrent l’évolution de l’activité depuis son lancement en novembre 2001. A partir de la prochaine campagne nous allons entamer la phase I, celle du développement véritable de la petite irrigation", indique Alphonse Ouédraogo, coordonnateur national de la petite irrigation villageoise.

Il annonce ainsi la réalisation d’études sur la typologie des exploitations de petite irrigation villageoise. Cette phase I qui coïncide avec la mise en œuvre de la politique nationale de petite irrigation aménagés à l’horizon 2015, 30 000 ha de petits périmètres (0 à 100 ha) et 5 000 ha de bas-fonds.

25 000 hectares de grands et moyens périmètres (plus de 100 ha) seront également aménagés ou réhabilités.

Dans le même moment, la mise en place d’un fonds de financements des activités sera étudiée. Ce fonds pourraient même être logés dans des institutions financières telles que la BACB ou le Réseau des caisses populaires du Burkina.

Dans sa phase pilote qui s’achève cette année, le Programme a travaillé avec ses structures avec lesquelles, il avait signé des protocoles d’accord.

"De ce programme, nous attendons aussi la création d’emplois et l’occupation de la main-d’œuvre agricole du pays en saison sèche", indique Alphonse Ouédraogo.

Il avance même le chiffre de 150 000 emplois par an.

Des raisons d’espérer

Un objectif qui serait réalisable au vu des résultats sur le terrain et surtout l’engouement des producteurs pour l’activité.

Un engouement qui s’est traduit par un accroissement des adeptes, des superficies et des rendements.

C’est ainsi de 678 ha à la première année, les superficies sont passées à 10 000 hectares cette année. "Ces superficies paraissent minimes par rapport à celles exploitées en saison hivernale mais elles sont due à la spécificité du domaine qui nécessite beaucoup d’investissements, des ressources humaines (6 à 10 actifs pour exploiter un ha) et surtout une maîtrise technique", explique M. Ouédraogo. Il croit que la petite irrigation est l’alternative pour intensifier la production en saison sèche car ses coûts sont relativement faibles et les techniques à la portée des producteurs.

Dans les 15 sites visités, on relève certes une forte adhésion à la démarche mais aussi des difficultés.

"Dans les trois régions, nous avons noté avec satisfaction une diversification des productions. En plus des céréales et du niébé, on a constaté l’introduction du manioc, des cultures maraîchères et parfois des arbres fruitiers. Nous avons remarqué également l’utilisation plus grande de la motopompe sauf que le prix du carburant grève les coûts des producteurs".

Il faut évoluer vers une détaxation des carburants destinés à l’agriculture.

Cela permettrait à nos produits d’être plus concurrentiels dans la sous-région. Nous avons observé aussi des problèmes parasitaires sur les cultures maraîchères dans les Hauts-Bassins et quelques cas d’inorganisation des producteurs. Ce qui hypothèque parfois les chances de succès sur certaines parcelles. Il y a enfin l’introduction du manioc que des femmes transforment à Banfora qui nous permettra de réduire nos importations d’atiéké.

Ces lacunes n’enlèvent en rien le succès de la petite irrigation. S’il n’existait pas, il fallait l’initier. Tel est le résumé du condensé des préoccupations rencontrées, des préoccupations rencontrées lors de la tournée par Alain Kaboré, DG des productions végétales qui conduisait la mission au nom du ministre Salif Diallo.

Maurice Traoré, directeur régional de l’Agriculture de la Boucle du Mouhoun signale en outre des petits retards dans la mise en place des équipements, des problèmes de maîtrise technique de l’activité par les producteurs ainsi que des pannes de motopompes qui surviennent parfois à des moments déterminants pour les cultures. "Nous sommes débordés par l’engouement des producteurs. La demande est forte. Ce qui fait que malgré plus 8 000 pompes distribuées sur 15 000 commandées, le besoin se fait sentir encore. Nous avons acquis 1400 motopompes grâce aux ressources PPTE que nous sommes en train de mettre sur le terrain", confie M. Ouédraogo. D’importantes perspectives pour une activité qui mobilise des milliers de producteurs sur 800 sites dans le pays.

Une activité rentable qui fait du reste le bonheur de certains rapatriés de l’opération Bayiri notamment dans les Hauts-Bassins et les Cascades. Mieux dans les sites de l’Ouest, on cultive désormais toute l’année sur les sites de la petite irrigation avec de bons rendements pour peu qu’on préserve la fertilité des sols et qu’on pratique une bonne rotation des cultures.

Ce qui est sûr l’activité intéresse à tel, point que les producteurs de la Vallée du Kou s’en mêlent. En effet, le sac de maïs se vend actuellement entre 10000 et 15000 F sur les marchés locaux. Un prix très intéressant que les producteurs de la Vallée du Kou n’ont pu résister, préfèrent au lieu de faire une seconde culture au riz, cultivent du maïs. Une ouverture d’esprit qui est à mettre également à l’actif du programme.

Victorien A. Sawadogo (visaw@yahoo.fr)
Sidwaya

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