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Littérature : « Fugitive », ou le refus du regard idyllique porté sur l’Afrique d’avant

Publié le jeudi 29 janvier 2015 à 07h23min

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Littérature : « Fugitive », ou le refus du regard idyllique porté sur l’Afrique d’avant

Le patrimoine romanesque burkinabè vient de s’enrichir avec « Fugitive ». Un roman de 180 pages de Idé Ouédraogo présenté officiellement le 24 janvier dernier à Ouagadougou. C’est un roman triste et non un triste roman, que l’auteur veut comme « une peinture oubliée de la vie des mères, des sœurs dans les villages africains ». 180 pages des expériences vécues directement ou indirectement par l’auteur, faites de portraits de petites gens. C’est un amas de refus, ceux de porter un regard idyllique sur l’Afrique d’avant, de la fausse fierté, ou encore le procès de l’irrationnel.

« Fugitive », ce sont des tranches de vie vécues directement ou indirectement, racontées sous formes de portraits que l’auteur veut « objectifs ». L’œuvre est construite autour des années d’indépendance entre le Ghana, la Haute volta d’avant et la Cote d’Ivoire. Les personnages sont permanemment dans des positions de fuite à cause des situations délictuelles laissées derrière. De la Haute volta en Côte d’Ivoire parce qu’il y a des mariages forcés à fuir, par exemple.

L’élément déclencheur. Lala, refuse de se marier à un vieil homme. La jeune fille préfère Solo plus jeune. Rien n’y fit. Elle finira, de force, par marier « le vieux ». Après avoir été traitée de femme stérile, elle donnera naissance à des jumeaux. « Ces mauvais enfants, dans les sociétés traditionnelles, seront jetés dans une fourmilière. « Lala osa jeter un coup d’œil au creux de l’arbre au fond dans la fourmilière. Elle l’explora du regard dans tous les sens. Tout au fond, ses deux enfants étaient bien là, avec leur corps tout entier. Mais elle remarqua tout de suite que Adama n’avait plus ses yeux, c’est lui qu’elle toucha le premier en s’accroupissant devant le creux de l’arbre. Elle vit que son corps était sans vie, et les orbites de ses yeux étaient déjà envahies par les fourmis… ». L’un des deux jumeaux, Adama était ainsi dévoré par les fourmis. Il ne restait plus que Awa. Lala s’en va retrouver Solo et ils s’enfuirent en Côte d’Ivoire. C’est le début d’une vie de fuite, faite de rebondissements, de retour au pays, et de fuite, encore et encore.
Awa rentrera de la Cote d’ivoire des années après. Elle sera, comme sa mère, mariée de force. Elle préfère se suicider au moment d’être violée.

Comme dans la plupart des romans, ou on s’attend à une fin heureuse, du type « les héros se marièrent et eurent beaucoup d’enfants », ce n’est pas le cas de « fugitive ».
C’est un roman triste, en témoigne sa couverture, un roman avec des morts atroces (suicide, abandon aux charognards, aux fourmis). « Fugitive » est aussi un roman du désenchantement (le village n’est pas un havre de paix, les coutumes sont plutôt inhumaines). L’auteur rejette la fausse fierté, y fait le procès de l’irrationnel.

Pour la cause de la femme

Idrissa Ouédraogo de son nom de plume, Idé Ouédraogo prend fait et cause pour la femme et les enfants et appelle au surpassement. On découvre alors le vécu de femmes, « leur environnement familial et social, les luttes de personnes dont la principale caractéristique est de vivre sans le soutien qu’elles étaient en droit d’attendre. Dans un tel contexte, fugitives et seules, la mort est souvent le seul destin qu’il leur reste… ». Idé Ouédraogo dit avoir été motivé par le souci de partager avec les lecteurs, ces tranches de vie. Ceci afin que chacun « comprenne les enjeux et identifie par lui-même, « ce qui est positif et arrêter ce qui est négatif ».
Pour ceux qui ont déjà parcouru le roman, il est de belle facture, et captivant. « Fugitive »rappellerait « Le Crépuscule des temps anciens » de Nazi Boni. Pour ce professeur d’université, un des premiers lecteurs du roman, il est à inscrire dans les programmes des universités surtout dans les facultés des lettres.
Idrissa Ouédraogo signe ainsi son premier roman officiel, même s’il a déjà beaucoup écrit. Socio-anthropologue de formation, Idé Ouédraogo vit à Dakar au Sénégal où il travaille dans une agence onusienne.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 mars 2015 à 17:22, par Koalga Oscar En réponse à : Littérature : « Fugitive », ou le refus du regard idyllique porté sur l’Afrique d’avant

    Cher ami Ide, je te savais capable de realiser de belles facture en écriture comme ce roman" Fugitives" qui me pique de la moelle epinière jusqu’à mes capacités de souvenir et de rappels historiques de la vie et je puis te dire que tu as decrit de façon simple et accessible la vie, nos us et coutumes, nos valeurs et nos considerations sociales et culturelles, nos souffrances, les souffrances de millions de femmes et d’enfants dans le silence, et ce joyau merite sa place dans l’enseignement des valeurs et des droits humains dans insitutions de formation. J’attends la suite et je suis sur qu’elle sera encore plus alléchante que Fugitives. . Je recommande la lecture profonde de cet ouvrage aux femmes et aux jeunes : que d’enseignements de la vie !!!. Bon vent, cher ami, tu as notre soutien indfectible

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