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Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

Publié le lundi 19 janvier 2015 à 21h50min

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Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

Dans son édition du 23 décembre dernier, notre confrère Le Pays a consacré un article sur le combat que mène un ancien combattant burkinabè de 96 ans, Kamon Soulama pour, dit-il « toucher ne serait-ce qu’une fois ma pension avant que le seigneur ne me rappelle à lui ».

Comme des milliers d’autres tirailleurs Sénégalais, ce natif de Siniena, dans la province de la Comoé, a été recruté de force en 1941 sous le numéro 1941984 et incorporé dans l’armée française sous le matricule E 2320. Après une formation de six mois à Bouaké, en Côte d’Ivoire, il est affecté successivement au Maroc, en Algérie, en Italie et enfin en Corse.

Comme des milliers d’autres, Kamon Soulama a eu la chance d’avoir survécu à la boucherie, au froid et à la boue. Ses ancêtres ont bien veillé sur lui. A la fin de la guerre, il est démobilisé le 12 avril 1946 sous le matricule 194198462320 avec le grade de Caporal et des médailles dans le baluchon.

Rentré au pays, Kamon Soulama n’a jamais perçu le moindre centime pour services rendus à la « mère patrie » comme on le faisait croire aux Africains francophones. Il n’a même pas eu la chance d’avoir « une pension cristallisée », cette entourloupe morale et financière qui a consisté à geler le montant des pensions des tirailleurs Sénégalais au moment où les anciennes colonies allaient accéder à l’indépendance. Ce qui avait abouti à cette situation ubuesque où certains anciens combattants ressortissants d’Afrique ne percevaient que 3 à 30% de la somme versée à leurs anciens frères d’armes français.
Mal informé, reclus à Siniena, un petit village situé dans les environs de Banfora, Kamon Soulama croyait qu’il recevrait automatiquement sa pension méritée d’ancien combattant en reconnaissance de son sacrifice. En vain. Ecœurée par l’injustice qui frappe son grand-père, sa petite-fille entreprend alors des démarches, et dépose en juillet 2003 un dossier à la maison du combattant à Bobo et auprès des services de l’ambassade de France à Ouaga.

Mais depuis lors, rien ne laisse penser que le vieux pourra « toucher ne serait-ce qu’une fois ma pension avant que le seigneur ne me rappelle à lui ». Le temps que le dossier franchisse toutes les étapes sans se perdre dans le circuit labyrinthique de l’administration et aboutisse, sa petite fille « craint aussi que ça ne soit trop tard ». Un document signé le 7 mai 2008 à Pau par le chef du bureau central d’archives admiratives et militaires, le lieutenant- colonel Jean Christophe Bayard ne laisse pourtant aucun doute sur la participation du Vieux à la libération de la France : « Soulama Kamon, présumé né en 1921 à Siniena, Identifiant Défense E4198462320 au Burkina Faso, a servi dans l’armée française du 20/12/1941 au 12/04/1946 en qualité de caporal ».
A 96 ans, Soulama Kamon risque de connaitre le même sort que son collègue sénégalais Abdoulaye Ndiaye, un vétéran de la première guerre, mort le 10 novembre 1998 à 104 ans, alors qu’il devait être décoré de la Légion d’honneur le lendemain par l’ambassadeur de France à Dakar.

Joachim Vokouma
Lefaso.net (France)

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Vos commentaires

  • Le 20 janvier 2015 à 03:54, par Momo En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Mobilisation

    Bonjour,
    Qui sait initier une pétition en ligne à envoyer à l’Ambassade de France et au Secrétariat aux Anciens combattants en France.
    Eric Deroo avait réussi à débloquer de telles situations, je crois. Monsieur Joachim Vokouma doit pouvoir le retrouver puisqu’ils sont ensemble en France afin qu’il se saisisse du dossier.
    Que de foutaises pour le Vieux. Plus rien ne doit être comme avant.

  • Le 20 janvier 2015 à 07:32, par Nagend biiga En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    La lutte pour l’accès aux droits à la pension des anciens combattants est plus que jamais d’actualité. A ceux dont les droits ne sont pas reconnus s’ajoutent les veuves qui attendent plus de 5 ans (pour pas dire 10 !) après le décès de leurs époux pour la pension de réversion. Evidemment, certaines finissent par rejoindre leurs maris " à l’appel du seigneur" et sans accéder à leurs droits, à leur dû ! La pétition est plus que jamais indispensable car on ne sait pas qui de l’ambassade de France ou du bureau des anciens combattants dit la vérité. En témoignage, j’ai perdu mon père en 2009 et depuis, aucune pension de réversion n’est perçue par sa veuve de 79 ans et ses coépouses de plus de 70 ans lasses d’entendre "le dossier est encore en France". Il importe que tous ceux qui connaissent des cas, partagent leurs expériences. L’idée de la pétition est excellente.

  • Le 20 janvier 2015 à 08:13, par HEMA En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    le vieux Kamon a besoin du soutien à tous et surtout de l’administration des anciens combattants. cela

    n’a que trop duré et il aurait pu mourir depuis de cette injustice. mobilisons-nous pour que justice lui soit rendue.

  • Le 20 janvier 2015 à 08:49, par Ouattara Sory Lansina En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Je vous informe que Siniéna est dans la Comoé c’est le premier village après Banfora en allant en RCI. De nos jours c’est même un secteur de Banfora.
    Prière corriger

  • Le 20 janvier 2015 à 09:02, par aimsso En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    merci pour l’idée.
    mon grand père est vivant et à été en Algérie et à Madagascar.mes on le refuse sa pension comme quoi il n’ont pas combattu.actuellement affaibli par la vieillesse souffre au village

  • Le 20 janvier 2015 à 09:07, par aimsso En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    merci pour l’idée.
    mon grand père est vivant et à été en Algérie et à Madagascar.mes on le refuse sa pension comme quoi il n’ont pas combattu.actuellement affaibli par la vieillesse souffre au village

  • Le 20 janvier 2015 à 09:22, par Kabaco En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Mon père né en 1932 a été mobilisé pour la guerre d’Indochine et il a été démobilisé puis reversé à la police quand le Haute Volta accéde à l’indépendance. Il n’a jamais bénéficié d’une pension d’anciens combattant jusqu’à sa mort. Il a introduit un dossier en 1994 pour sa pension mais il est mort quelques mois après sans l’avoir. On nous dit que sa famille ne peut plus bénéficier de cette pension parce qu’il est décédé. Après des va et vient à la maison du combattant et à la paierie de France, nous ne savons pas où se trouve son dossier. Nous ne savons pas quoi faire maintenant.

  • Le 20 janvier 2015 à 09:45 En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    "Plus rien ne sera comme avant" ; je propose qu’on l’applique aussi partout ! On va manifester devant l’ambassade France parce que ce n’est pas le seul cas ; c’est ingrat de la part de la France !

  • Le 20 janvier 2015 à 09:50 En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Je comprend ce que ressent la petite fille de ce brave Monsieur qui est a donné de sa vie pour la paix et la sécurité de la France. Je propose que les femmes et hommes de droits constituent un collectif pour porter ce dossier et ester la France devant les instances internationales de justice et demander que justice soient rendu à ces soldats "Francais" et que ces dettes soient soldées.

  • Le 20 janvier 2015 à 11:41, par MOREBALLA En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Je pensais être seul vu que mon grand-père, ni aucune de ses épouses légalement mariées n’ont pu toucher aucune centime de la pension de droit. Cet état de fait n’est pas isolé, vu que la plus part des recrutés sous l’entité de la Côte-d’Ivoire sont dans la même situation. Cette injustice se doit être une fine machination de cadres Ivoiriens en complicités avec de fonctionnaires Français pour détourner les pensions de recrutés ressortissants de la Haute-Volta. Il est temps d’unir nos efforts afin nos grands-pères puissent trouver la justice et l’équité de traitement. La France à travers ses ambassades doit initier des actions afin de déceler ces multiples cas. Combien sont-ils encore en vie ? J’ai fois en l’avenir, car maintenant, plus rien ne sera comme avant, plus rien ne soit comme avant et plus rien ne doit être comme avant.

  • Le 20 janvier 2015 à 13:29 En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    En tant que Française, non seulement je souscris à cette proposition de pétition aux différentes ambassades, mais suis également convaincue que beaucoup de Français pourraient également partager cette démarche de reconnaissance au travers d’une pétition sur les réseaux sociaux, lesquels seraient à même de provoquer, en France, une mobilisation conséquente... Courage !

  • Le 20 janvier 2015 à 14:31, par gninde En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    internaute 7 : bien dit.

  • Le 20 janvier 2015 à 15:07, par yacouba soma En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    C’est la meme promotion que mon vieux père qui est allé aux cieux en 1989. Sa pension francaise s’est arretée aucune de ses épouses ne pouvant beneficier d’une pension de veuve car non declarées pendant son passage dans l’armée française. Nous les enfants nos études ont pris un coup . Pas de soutients.
    Nous prions pour le vieux Kamon
    Que ses services soient reconnus

  • Le 20 janvier 2015 à 16:22, par int8 En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    C’est la même chose malheureusement pour notre vieux qui n’est plus maintenant de ce monde. Il faut qu’une action commune soit entreprise pour savoir où ça bloque. Que ça ne soit pas des faux types qui sont en bas entrain de détourner la pension de ces vieilles personnes.
    Une action commune doit être entreprise et avec urgence.

  • Le 20 janvier 2015 à 18:30 En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Mon père est décédé sans avoir touché sa pension malgré ses multiples démarches au près de l’ambassade de France à Ouaga. De Pau on lui a demandé des pièces qu’il ne pouvait fournir , 50 ans après , pendant qu’eux avaient les renseignements le concernant. Suis d’accord pour une pétition.

  • Le 20 janvier 2015 à 20:15, par Machavel En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Les gars ceux qui n’ont pas fait 15 ans dans l"armée française n’ont pas eu droit à la pension comme c’est d’ailleurs le cas chez nous. Article truqué de faute.Né en 1921 signifie qu’on a 94 ans au lieu de 96.

  • Le 20 janvier 2015 à 22:48, par bedjan En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    voilà des cas qui méritent qu’ on s’en autosaisisse pour les défendre ! n’est ce pas messieurs et mesdames les avocats ,mrs du balai citoyen , excellences mrs les chefs d’État qui sont allés verser des larmes pour charlie !
    #JE SUIS KAMON.SOULAMA

  • Le 21 janvier 2015 à 01:35, par wak En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Pour la pétition une page au nom "Pension des tirailleurs sénégalais" peut être crée sur Facebook et Tweeter par un simple Like (j’aime) les internautes pourrons donnés leur voix à la pétition.

  • Le 21 janvier 2015 à 05:20, par kayal En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Pauvre de nos ancetre qui ont luttee honnetement pour sortir la France des petrins pendant la periode de l’exploitation coloniale.
    Dans la situation de Kamon Soulama, on retrouve aussi bien des anciens combattants, "chair a canon" pendant la 2nde Guerre Mondiale (1939-1945) mais aussi des vétérans de Indochine - Algérie ... que leurs veuves et orphelins qui ont vu la fin pénible de fin des leurs. Moi, aussi je suis dans le cas de ces petit-fils d’anciens combattants, partis dans l’Au-delà en 1999, mais dont les épouses même légalement mariées ne bénéficient pas de la pension de l’ex-combattant. La France est malheureusement sans cœur, des soi-disant représentants de ces vétérans sont sans cœur pour leurs frères d’armes sont aussi égoïstes et méchants ... mais nous restons avec cet espoir qu’un jour, la France, soi-disant Nation des Droits Humains, aura une pitié et une mémoire pour ces vaillants hommes qui l’ont libéré des griffes assassines de Hitler et sa politique "nazi".
    France, ne laisse pas fermer tristement cette partie de ton histoire sans honneur !

  • Le 21 janvier 2015 à 07:59, par kidrh En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    je ne sais rien des réglés qui régissent octroi de la pension ou autres droits pecuniers des anciens combattants. Afin de fonder notre pétition ou autre action en faveur de tous les ``Kamon`` ou leurs veuves il me parait utile que notre Délégué aux anciens combattants ou toute personne au fait des règles. éclaire la lanterne de ceux qui son dans l ignorance comme moi. Jusqu’à la lecture du cas du patriarche Kamon (qui a accompli 5 ans de service) j avais toujours cru que la pension d ancien combattant n était octroyée qu aux anciens militaires ayant accomplis au moins 15 ans de service. parce que dans certaines de regions on appelait certains ancien combattant du nom de Quinze ans.

  • Le 21 janvier 2015 à 08:34, par Poog Nééré En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    En effet, les épouses non mariées pendant la guerre ne sont pas reconnues par les Français. Comme on peut le constater, les anciens combattants sont très très peu nombreux de nos jours. Pourquoi ne pas re-valoriser leurs pensions pour qu ils aient une bonne qualité de vie et par là, avoir le sentiment que leurs sacrifices au prix de leurs vies ont été reconnus. Autorités compétentes, voyez donc.

  • Le 29 août 2015 à 23:48, par Minta En réponse à : Pension des tirailleurs sénégalais : Le parcours du combattant de Kamon Soulama

    Moi, quand mon grand père est rentré à la fin de la deuxième guerre mondiale, il a déchiré tous les dossiers qui lui lier avec le blanc. et a déclaré qu’il ne compte pas sur le blanc pour nourrir sa famille et ne va plus jamais taper la cuisse pour le blanc.
    Il est né en 1912 et est décédé en 2013 paix a son âme

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