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Présidentielle du 13-novembre : Les trois mousquetaires d’"Alternance 2005"

Publié le lundi 14 mars 2005 à 06h45min

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Ça se précise donc en ce qui concerne la présidentielle, au fur et à mesure que les jours passent. Le 13 novembre prochain, le corps électoral burkinabè sera appelé à élire le président du Faso. Ainsi en a décidé la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Cette structure chargée des scrutins, qui est en train d’informatiser le fichier électoral, de rencontrer les partis politiques et la société civile, vient donc de rappeler, même si les politiciens le savaient déjà, qu’une élection majeure se profile à l’horizon. Set ans après la dernière présidentielle, des candidats vont de nouveau solliciter l’onction populaire.

Même si l’actuel chef de l’Etat, Blaise Compaoré, n’a pas encore dévoilé ses intentions, nul doute qu’il va être candidat à sa propre succession. Son fidèle parmi les fidèles, Salif Diallo, avait annoncé en janvier 2004 que son champion serait candidat, et lui-même lors d’une rencontre en août 2004 avec la presse avait déclaré "qu’il n’était pas fatigué".

Du reste, en 1991, il avait mis du temps avant d’annoncer sa candidature à Komki-Ipala. De même en 1998, il avait attendu que les deux candidats-accompagnateurs se découvrent avant de se prononcer à Kaya. Si donc celui qui est aux affaires depuis 18 ans garde un silence intentionnel, ses adversaires politiques, eux, donnent fréquemment de la voix. Certes souvent des voix discordantes, mais dont la tonalité a la même signification : bouter Blaise Compaoré de la présidence du Faso. Exit les arguments ou contre-arguments du genre : "l’article 37 ne rétroagit pas... Blaise ne doit pas se présenter" ; l’heure n’est plus à ce genre de rhétorique, car toute la classe politique est convaincue, à moins d’un tremblement de terre, que ce dernier va chercher un autre mandat.

Ce n’est alors pas sans raison que des partis de l’opposition, regroupés au sein d’’’Alternance 2005" essayent de trouver les voies et moyens de parvenir à l’ultime fin que se fixe toute formation politique : la conquête et la gestion du pouvoir d’Etat. Les enseignements tirés des erreurs du passé (querelles de leadership, émiettement de l’électorat) ont contraint ces partis à aller de façon unitaire à cette course à la magistrature suprême.

C’est ainsi qu’ils ont décidé de mettre sur la ligne de départ 3 candidats que sont :
- Me Hermann Yaméogo, président national de l’UNDD ;
- Me Bénéwendé Sankara, président national de l’UNIR/MS ;
- Philippe Ouédraogo du PAI.

Avant ces désignations, il y eut les investitures au sein de ces partis, chaque formation proposant son candidat, à Alternance 2005, à charge pour cette dernière de faire le dernier tri, à savoir une sorte d’examen probatoire, qui a mis par exemple sur le carreau Ram Ouédraogo, qui bien qu’adoubé par son parti, le RDEB, est venu 4e après le tamis d’Alternance 2005. Ce qui fait qu’il ne peut pas se présenter sous la bannière de cette coalition anti-Blaise Compaoré.

Les critères qui ont présidé au choix des 3 représentants sont la représentativité (suffrage obtenu aux législatives de 2002 et aux municipales de 2000), les relations internationales du parti, le profil du candidat (expérience politique, député, maire, conseiller municipal...), les engagements du candidat à s’appuyer, pour l’élaboration de son programme, sur la plate-forme minimale d’Alternance 2005, et enfin une lettre de motivation du candidat. Voilà donc les 3 mousquetaires d’Alternance 2005, qui vont croiser le fer avec le "candidat émérite du CDP".

Sans doute, au regard de ces choix, on peut aisément comprendre que ces opposants, à défaut de pouvoir battre le locataire de la présidence du Faso, au premier tour, nourrissent le vœux de le balloter. De ce fait, avec Hermann Yaméogo, Alternance 2005 pourrait compter sur l’envergure du candidat qui, en dépit de ses défauts et de certains péchés d’Israël dont on l’accable, a l’étoffe d’un présidentiable.

En ce qui concerne Me Bénéwendé Sankara, les dernières législatives ont prouvé que le parti dont l’emblème est un œuf a éclos de façon féconde, avec 3 députés élus sous sa bannière. Sa région (Yako) le Nord, où le CDP est puissamment ancré, compte désormais avec cet avocat, qui n’hésitera pas à donner une autre estocade magistrale au parti majoritaire.

Enfin, Philippe Ouédraogo, l’homme de Korsimoro, peut également, même de façon moindre, grignoter des voix dans la même région du Nord (Kaya, Dori, Gorom-Gorom), ce qui ferait déjà un grand bloc anti-candidat CDP, dans ce Nord du Burkina hautement politisé. Bien sûr en plus de cet axe triangulaire d’Alternance 2005, d’autres partis pourraient faire cavalier seul, notamment la CPS de Nongma Ernest Ouédraogo, qui est déjà partant, le PDP/PS, l’OBU, le FFS, etc.

Le ballotage ! C’est l’objectif cardinal d’Alternance 2005. Ce qui est en soi déjà un objectif intermédiaire louable de cette opposition, qui part du postulat qu’il y aura un second tour, donc pas de "premier tour K.O" comme en 1998 : et si ballotage il y a, les deux candidats ayant eu le moins de suffrages peuvent reporter leurs voix sur le premier d’entre eux. Un scénario qui s’il s’avérait n’est pas sans rappeler celui de la présidentielle du 14 mai 1978 en Haute-Volta.

A ce scrutin de la Pentecôte de 1978, le président sortant, le général Sangoulé Lamizana, avec 42, 15% des voix, avait été balloté par le plus jeune des quatre challengers : Macaire Ouédraogo de l’UNDD (25,22% des voix). Avant le premier tour, les 3 candidats opposés au général Lamizana, s’étaient retrouvés à Kokologo (45 km à l’Ouest de Ouaga) pour trouver un modus vivendi, qui stipulait que le premier à l’arrivée verrait les deux autres faire bloc avec leurs militants derrière lui.

A l’époque, il semblerait que Ki-Zerbo de l’UPV, qui se voyait le balloteur de Lamizana, et qui, au soir du 14 mai, s’est retrouvé 3e avec 16,06% des voix derrière Joseph Ouédraogo (16,57%), n’a pas voulu donner ce "ndjiguel" à la burkinabè, cette consigne de vote aux "Upvistes", et a déclaré en substance qu’ils pouvaient voter pour le candidat de leur choix. L’une des conséquences de cette volte-face du professeur Ki-Zerbo est que le banquier-économiste Macaire Ouédraogo a été battu au second tour du 28 mai 1978.

Comparaison n’est pas raison, 2005 n’est pas 1978, les Voltaïques, devenus Burkinabè, ont gagné en maturité politique, mais force est de constater que l’histoire, surtout l’histoire politique, même si elle ne se répète pas, à tout le moins bégaie, et les hommes politiques sous tous les cieux partagent ce commun dénominateur qui dit que "leurs promesses, surtout électorales, engagent ceux qui y croient".

En cas de second tour, le "trio Alternance 2005" pourra-t-il conjurer le syndrome de Kokologho ? Il faut l’espérer, car si les querelles de préséance sont la chose la mieux partagée par les leaders d’opinion politique, elles s’exacerbent lorsqu’un objectif (ici le pouvoir) est à portée de main, chacun voulant en faire sa chose. Mais comme nous n’avons pas "l’opposition la plus bête du monde...".

L’Observateur Paalga

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