LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

Publié le jeudi 11 décembre 2014 à 01h39min

PARTAGER :                          
Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

La transition politique est enclenchée au Burkina avec la mise en place effective des structures y relatives. Un mois après l’insurrection populaire, c’est ensemble que, dressé comme un seul homme, les Burkinabè sont à la tâche, chacun à son niveau, et au prorata de ses pouvoirs, pour « re » mettre les choses sur les rails.

Petit-à-petit donc, l’ensemble des acteurs sont en train de réaliser ce qui relève, comme le disait un leader politique, de « l’exceptionnel ». Et ce pas important franchi est, sans fausse modestie, à leur honneur ! Mais, le gros lot du boulot reste à venir et revient, pense-t-on, aux organes de la transition, dotés de toutes les légitimités pour jeter les bases d’un nouveau départ, un « Burkina nouveau », « vêtu des valeurs que les Burkinabè souhaitent ». C’est sur ces hommes et femmes des organes de la transition (qui constituent, ensemble, la tête qui doit imprimer le rythme au wagon) que reposent les regards et espoirs du peuple burkinabè dans son mouvement. Une lourde mission ! Surtout lorsqu’elle est ‘’héritée’’ d’une situation comme celle qu’a vécue le Burkina à travers les évènements des 30 et 31 octobre. D’où une certaine pression sur les membres du gouvernement, les membres du CNT (Conseil national de la transition), avec à la tête de tout ce dispositif, le Premier ministre et le Chef de l’Etat. Les voilà donc face à une réalité concrète : répondre, à la fois, aux aspirations des Burkinabè et réussir la transition. Mais, quelles sont ces aspirations auxquelles faut-il répondre ? C’est-là où il faut que les Burkinabè puissent s’accorder pour ne pas ramer à contre-courant, et surtout pour ne pas créer de poids supplémentaire nuisible pour ceux-là qu’ils ont choisis pour jeter les bases de ce « Burkina nouveau ». Il serait intéressant que chaque Burkinabè comprenne les missions, surtout principales, de la transition, pour ne pas être un obstacle à la bonne marche dessinée. La transition ne pourra pas, aussi volontiers soient ses membres, résoudre, hic et nunc, l’ensemble des problèmes dont souffrent les Burkinabè. C’est de la chimère et de la résignation face aux émotions que de le penser. Le Burkina Faso, tel que souhaité par les Burkinabè est une dynamique. Et, comprise comme telle, ce « Burkina-là » ne sera pas obtenu en quelques mois de travail. En clair, le « Pays des Hommes », ne s’obtiendra pas par le simple fait d’avoir « envoyé » d’autres Burkinabè au charbon. Oui, « envoyer au charbon » parce que chaque membre du gouvernement, chaque membre du CNT, le Premier ministre et le Président du Faso savent, chacun, qu’il joue gros et pour l’histoire. Chacun sait aussi, à chaque acte à poser, qu’il est porteur des aspirations profondes des 17 millions de Burkinabè. Le poids est donc déjà lourd pour eux, dira-t-on tout simplement. Il faut donc que chacun contribue « fortement » à les aider à supporter !

« Ma » part de responsabilité dans cette marche vers le « Burkina nouveau » !

La principale mission de la transition à ne pas perdre de vue, c’est surtout la réussite d’une élection transparente, juste, acceptable et acceptée par l’ensemble des acteurs. C’est une obligation pour chaque Burkinabè de travailler à la réussite de ce virage, que des « avertis » qualifient de « tournant de tous les dangers ». Car, si on est d’accord qu’« un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil », on admettra, par ricochet, qu’une élection mal organisée « équivaut à des lendemains difficiles ». Donc, ce virage-là n’est pas à négocier avec légèreté. Tout le reste, ça peut venir après et progressivement. Pourvu qu’on montre la voie à suivre à ceux qui vont succéder à la tête de la nation à l’issue de la transition. Ce ne sera donc pas possible que tous les problèmes trouvent ici et maintenant, le dénouement souhaité par les uns et les autres. L’enjeu qui pousse à vouloir aller rapidement recommande aussi la prudence et la patience des étapes à chaque Burkinabè. En d’autres termes, l’urgence de voir résoudre toutes ces préoccupations exige en même temps qu’on aille « lentement et surement ». Sinon, le remède qu’on recherche peut se révéler être pire que le mal qu’on a voulu soigner. Chacun est un acteur dans cette marche commune et doit, de ce fait, contribuer à insuffler la dynamique d’ensemble, en pensant à la portée de ses actes à court, moyen et long termes. Mais, nous ne doutons pas, un seul instant, que les Burkinabè sauront relever le défi. Comme ils ont su, « admirablement », le faire, jusque-là !

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 10 décembre 2014 à 17:52, par L’intègre En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    Merci pour cet ecrit très riche et objectif. C’est important vraiment. Rien à ajouter encore.

  • Le 10 décembre 2014 à 17:53, par L’intègre En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    Merci pour cet ecrit très riche et objectif. C’est important vraiment. Rien à ajouter encore.

  • Le 10 décembre 2014 à 18:06, par Diaspo En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    Merci beaucoup mon frère voici ENFIN !! une belle analyse de notre situation. La transition a moins de 360 jour pour créer le socle de notre vraie démocratie donc il est impossible mes frères et voire tout nos défis accaparés depuis vingt sept ans par le clan COMPAORE se réaliser en un an. Prudence est mère de sureté et sagesse est début de la connaissance. Ne soyons donc pas trop pressé car tout sera claire devant nous. Que le Seigneur nous prête seulement longue vie. Je ne fierai pas sans m’incliner sur le sang versé de mes frères qui ont combattu le bon combat et aussi prompte rétablissement aux blessés de l’insurrection populaire.
    Dieu bénisse mon pays

  • Le 10 décembre 2014 à 18:27, par ouattara abou En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    C’est une belle analyse et pertinente. Cependant comme la confiance n’exclut pas le contrôle, le peuple doit être en veille permanente pour aider au recadrage car on dirait que le fauteuil du pouvoir est une maladie sournoise qui aveugle et finit par endormir son locataire

  • Le 10 décembre 2014 à 19:35, par Wendsongdo En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    Difficile mission si l’on sait que le CNT est infesté par des politiques commis à la tâche. Là où je vais ajouter votre analyse, le CNT et l’exécutif doit veiller à créer un cadre démocratique solide de telle sorte qu’aucun Burkinabé qui deviendrait PRÉSIDENT ne transforme le Faso en un jardin privé ! Et là ce n’est pas du gagné !

  • Le 10 décembre 2014 à 22:14, par LY En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    Pour qu’on parle le même langage, il faut que le Président de la transition reçoive les différentes couches sociales à tour de rôle pour leur expliquer dans un langage franc la feuille de route de la transition. Que toutes les couches de la société sachent ce qui est faisable en un an et ce qui ne l’est pas. Une fois cette feuille de route clairement expliquée de façon pédagogique, suivra un discours à la Nation entière et retransmise en direct. Je pense que chacun se mettra à sa place pour faciliter et accompagner positivement la transition. Je pense que le gouvernement a donné l’impression qu’il peut tout aborder en un an. Or sa mission essentielle est de jeter les bases institutionnelles solides pour des élections présidentielle et législative crédibles et incontestables. Le nouveau pouvoir légal et légitime disposera de cinq (05) ans pour mener dans les les actions d’envergure à partir du programme sur la base duquel il aura été élu. S’il ne réussi pas il sera sanctionné par les urnes.

  • Le 10 décembre 2014 à 23:04, par Wendsongdo En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    Difficile mission pour les membres du CNT et l’exécutif de la Transition ! Je dois ajouter qu’organiser des élections libres et transparentes n’est qu’une des petites missions de la Transition, la principale mission du CNT serait de jeter les bases d’une démocratie solide et durable. Une démocratie où l’électeur n’est pas sous l’emprise d’un parti politique et vote en toute conscience. Une démocratie où l’élu n’est pas commis de son parti politique, mais soucieux du développement de son comté. Une démocratie où le pauvre pourrait se faire élire sur la base de sa légitimité auprès des siens. Une démocratie où le parti politique ne puisse pas imposer son candidat à la base. Une démocratie où les valeurs symboliques et sacrées (comme la terre) se traitent avec beaucoup de sensibilité et, non comme une marchandise comme le recommandait un ministre de la 4eme République lors des travaux de la Commission technique interministérielle de relecture de la RAF. Une démocratie où une ̎perdrix demeure une perdrix̎, comme disent les mossé, "lorsqu’une perdrix culmine plus qu’une autre, ce qu’elle est sur une termitière" et cette termitière, elle est connue de tous au Faso, c’est la corruption, l’encouragement de la médiocrité, les passes droites, le copinage, le laxisme…. Loin de nous l’idée de prôner un nivellement par le bas, filles et fils du Faso doivent être récompensés à la hauteur de leurs efforts. Cela passera par un toilettage sans merci de notre Constitution et de notre Code électoral et bien d’autres lois et règles importantes, mais aussi par une structuration juridique, institutionnelle, politique, économique, …et j’en passe !
    C’est ainsi que lorsque je constate la légèreté avec laquelle on traite la question des infiltrations de politiques au sein du CNT par le canal des OSC, je reste stupéfait ! Partant du postulat que nous sommes en Démocratie, 1 voix + 1 voix = 2 voix. Et selon cette logique ne soyons pas étonnés que des lois ne passent pas au CNT et ce, en toute légalité ! N’oublions pas que c’est le derby LÉGALITÉ # LÉGITIMITÉ/OPPORTUNITÉ qui nous conduit où nous en sommes.
    Ne nous étonnons pas que les organes de la transition nous organisent des élections libres, limpides et transparentes pour nous ouvrir le boulevard à un PRÉSIDENT en 2015 qui instaura la patrimonialisation encore pendant 27 ans, pour peu que certaines réformes juridiques et institutionnelles, voire politiques et économiques importantes soient bloquées par une majorité au CNT !

  • Le 11 décembre 2014 à 17:59 En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    Je salue la mise en place effective des institutions pour gérer la transition, mais il est impératif pour le gouvernement d’élaborer un programme clair en cohérence avec les objectifs de la révolution du 30 octobre qui sera largement diffusé ; c’est la condition sine qua none pour se mettre en confiance avec le peuple et lui permettre d’évaluer les acteurs directs de cette transition.

  • Le 11 décembre 2014 à 21:24 En réponse à : Transition politique au Burkina : l’urgence recommande la prudence !

    BONNE VISION. Ceux qu’on a porté notre confiance sont des gens avertis, aguerris, expérimentés. Ces autorités doivent lire quotidiennement les journaux de la place, suivre l’actualité sur le net particulièrement sur Faso.net. Pourquoi ? Parce que le peuple suit actuellement, quotidiennement ces médias d’infos. C’est à travers ces médias, que la plupart des Burkinabès réçoivent des infos et véhiculent des infos, leurs pensées. Ce sont là quelques paramètres à prendre en compte. LEURS SEULS PREJUGES, connaissances ne sauraient les diriger avec une certitude de bien servir le peuple. POUR PROUVER A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE que nous avons pleinement raison de balayer le régime autoritaire,familial, clanique,...c’est de prouver les injustices, la corruption...que BLAISE COMPAORE s’appuyait pour faire de son pouvoir une forteresse, un pouvoir à vie. NOUS DEVRONS HONNIR LES ENNEMIS DU PEUPLE, CEUX BAILLONNENT LEUR PEUPLE. Si les nouvelles autorités suivent leur ligne annoncée, ILS VERRONT QUE RIEN NE POURRAIT LES INQUIETER devant ce peuple.
    Nous voulons du nouveau dans les SERVICES ET SOCIETES étatiques, semi-étatique...On ne peut pas vouloir faire des omelettes sans casser les oeufs.

    La patrie ou la mort, nous vaincrons.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique