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Joseph Ki-Zerbo : ce grand homme aux valeurs inaltérables !

Publié le mardi 9 décembre 2014 à 23h11min

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Joseph Ki-Zerbo : ce grand homme aux valeurs inaltérables !

Voilà huit ans maintenant que l’illustre figure africaine, le Pr. Joseph Ki-Zerbo, a été arrachée à l’affection de tout un continent. Pour marquer la date anniversaire de sa disparition, la Génération Joseph Ki-Zerbo (GJKZ) a initié, depuis le 29 novembre 2014, une série d’activités dont le panel de cet après-midi de jeudi, 4 décembre à l’Université de Ouagadougou sur le thème : « Les politiques burkinabè d’aujourd’hui : politiciens ou hommes politiques ». Il a été co-animé par le politologue et analyste, Siaka Coulibaly et le Pr. Etienne Traoré avec la modération de Thomas Ouédraogo, membre du Centre national pour la gouvernance démocratique.

4 décembre 2006 - 4décembre 2014. Cela fait huit ans que disparaissait l’historien Joseph Ki-Zerbo. Huit ans qui n’ont rien écorché à la réalité des valeurs défendues par le Pr. Ki-Zerbo. Mieux, selon les organisateurs, l’actualité politique nationale ces derniers temps montre toute la pertinence de sa conception du monde politique, économique et social. Cette année encore, et ce, depuis la création de l’organisation, la génération Joseph Ki-Zerbo a encore tenu le pari d’hommage à l’illustre disparu à travers une série d’activités. Selon le président de la GJKZ, Dobi Parfait Maré, une semaine de commémoration a jalonné le huitième anniversaire. Elle a démarré avec un thé-débat à l’Université de Ouagadougou sous le thème de l’engagement politique de Joseph Ki-Zerbo et de Cheick Anta Diop et la leçon pour les Africains, des émissions radiophoniques sur le développement endogène, une projection ciné-débat à la cité universitaire de Kossodo. Une chaîne d’activités qui ont donc pris fin avec ce panel en cet après-midi de jeudi, 4 décembre, date anniversaire du décès du Pr. Ki-Zerbo.

Aux côtés du public, composé en majorité d’étudiants, d’amis et de connaissances de l’historien, on note la présence effective de Jacqueline Ki-Zerbo (son épouse). C’est par un hommage soutenu, et surtout un regard admiratif de la dimension intellectuelle de Joseph Ki-Zerbo, que les communicateurs ont ouvert, chacun, les premières pages de leur exposé. Ainsi, pour le politique, Siaka Coulibaly, Joseph Ki-Zerbo est de la trame des personnes qu’on a du mal a cerné dans sa dimension réelle, au plan national. Il faut, observe-t-il, se placer à l’international pour mesurer la valeur de l’homme. D’où sa conclusion qu’il y a un déficit de reconnaissance réelle au Burkina, justifiant du coup, l’importance d’une telle activité de la GJKZ. Revisitant l’histoire de l’Afrique, l’Afrique de l’Ouest en particulier, et plus spécifiquement du Burkina, M. Coulibaly a fait observer que l’histoire politique est faite de grands noms tels Nazi Boni, Ouezzin Coulibaly, le Pr. Ki-Zerbo lui-même et bien d’autres. A l’en croire, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le Pr. Joseph Ki-Zerbo fait partie des grands hommes à honorer, eu égards à leur vision pour l’Afrique. Et ce, tant intellectuellement que dans sa vision de la politique. Du diagnostic du thème, l’on retient essentiellement que « homme politique » et « politicien » ne font pas bon ménage. L’un étant l’opposé de l’autre.
En effet, selon le politologue Siaka Coulibaly, appuyé plus loin par le Pr. Etienne Traoré, l’« homme politique » place l’épanouissement de ses populations, de son peuple au centre de ses actions et de son combat quotidiens. Le respect de l’intérêt général, le sens poussé pour le bien public sont entre autres valeurs chères à l’homme politique. A contrario, le « politicien » cherche à jouir des avantages au prix de tous les moyens illégaux et immoraux. Ce qui s’incarne par des actes de corruption, de démagogie, de malversations, etc. Selon le Pr. Etienne Traoré, les politiciens ont cela de ‘’particulier’’ qu’ils arrivent au pouvoir les « mains vides » mais repartent les « mains chargées » des deniers publics. Comparant les différentes périodes de la vie du Burkina, les panélistes ont indiqué que la conduite des hommes politiques n’a pas toujours été la même en fonction des régimes. Pour eux, le régime de la IVème République a été celui au cours duquel les acteurs ont le plus mis à mal la vocation même de la politique « en érigeant en valeurs » la corruption, le pillage des biens publics, l’arrogance, le népotisme etc. De leurs analyses, il ressort que, « jamais », les maux comme la corruption électorale, l’enrichissement illicite, les malversations, etc., n’ont atteint un tel stade que sous le régime de la IVème république. C’est pourquoi, pour le Pr. Etienne Traoré, pour une transition politique réussie, il faut des « hommes politiques » et non des « politiciens ». Le combat actuel au Burkina étant de « re » donner à la politique, toute sa vocation pour insuffler une voie adéquate de développement socio-économique.

« A César, ce qui doit revenir à César ! »

Les panélistes ont relevé l’importance de cette activité de réflexion de la GJKZ autour des valeurs de Joseph Ki-Zerbo. Pour eux, au-delà de son domaine de formation, l’homme était un « intellectuel accompli » qui a su servir la cause africaine dans tous les aspects de la vie active. Même sur l’échiquier politique, a indiqué Siaka Coulibaly, le Pr. Ki-Zerbo a eu une vision futuriste. Ce qui lui fait dire qu’il appartient à cette catégorie de grands hommes qui étaient « très » en avance sur les autres. C’est pourquoi, le président de la GJKZ, Dobi Parfait Maré, interpelle-t-il les hommes politiques à s’inspirer des valeurs du panafricaniste, Joseph Ki-Zerbo. « Il a lutté pour la décolonisation mentale de l’homme noir. Malheureusement, ce dernier n’est, jusque-là, pas débarrassé de certains complexes et il faut lutter avec hargne pour le décoloniser, développer la culture africaine et promouvoir le développement endogène », a affirmé le président de la GJKZ pour qui, le Pr. Ki-Zerbo a bravé risque et péril pour mettre en œuvre ses idées politiques. Même du haut de son âge, poursuit-il, il sortait toujours aux côtés des jeunes pour manifester pour la défense des valeurs d’intégrité, de démocratie et de liberté. C’est en regards du long chapelet de valeurs qu’incarne Joseph Ki-Zerbo que la GJKZ estime, tout comme les panélistes, qu’il faut l’élever au rang de toute la dimension de son mérite. Dans cette perspective, l’une des attentes des membres de la GJKZ et de tous les défenseurs des valeurs de l’homme est de voir le temple du savoir (l’Université de Ouagadougou) porté son nom. Des actions auraient déjà été entreprises dans ce sens et une correspondance aurait même été adressée, le mardi, 2 décembre 2014, au ministère en charge de l’enseignement supérieur à ce sujet.

Créée en octobre 2008, la GJKZ est un mouvement à caractère intellectuel, culturel essentiel sans appartenance syndicale ou politique, qui se donne pour mission principale de diffuser la pensée de Joseph Ki-Zerbo. Constituée d’étudiants, de fonctionnaires, d’enseignants-chercheurs, l’organisation projette donner un caractère international à ses activités les années à venir.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 décembre 2014 à 22:41, par LY En réponse à : Joseph Ki-Zerbo : ce grand homme aux valeurs inaltérables !

    Je souscris sans réserve à cette démarche de nommer l’Université de Ouagadougou : UNIVERSITE JOSEPH KI-ZERBO. Ce ne sera que justice rendu. De son vivant ce Monument International n’a même pas eu droit ni à un Passeport Diplomatique, à fortiori le salon d’honneur de Ouagadougou, alors qu’à Dakar il était accueilli au pied de la passerelle de l’avion. Pour ne pas tronquer L’Histoire, il est impérieux que l’Histoire retienne le nom de cet illustre Historien !

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