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Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

Publié le dimanche 23 novembre 2014 à 22h49min

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Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

Le Réseau national pour la promotion des évaluations environnementales (RENAPEE-BF) a tenu une conférence de presse le 22 novembre 2014 à Ouagadougou. Objectif : attirer l’attention des leaders politiques et sensibiliser les citoyens sur les enjeux de l’exploitation minière sur le plan économique, social et environnemental. La communication du président du réseau a porté sur « Gouvernance environnementale et minière en Afrique : cas du Burkina Faso ».

Le continent africain est caractérisé par la richesse et la variabilité de son sous-sol en minerais. Malheureusement, les codes miniers sont souvent rédigés par des experts occidentaux ; et donc très attractifs aux investisseurs étrangers.
Au Burkina, le secteur minier connait de nos jours un essor sans précédent. Entre 2007 et 2011, la contribution du secteur minier à la croissance est passée de 0,1 à 2,6%. L’or représentait 74% des exportations en 2012. Après 2002, le rythme des attributions de permis de recherche a quintuplé. En juin 2014, on comptait : 689 permis de recherche, 29 permis semi-mécanisés, 215 attributions artisanales, 61 attributions de substance de carrière, 13 permis d’exploitation industrielle.

Les tares du secteur minier burkinabè

Malgré ces potentialités non négligeables, le secteur minier burkinabè souffre d’un certain nombre de problèmes. Il s’agit : de la faiblesse de la part d’action pour l’Etat (seulement 10%) ; faible transparence dans la production et les transactions financières ; faible implication des fournisseurs nationaux de biens et services utilisés ; fuite des capitaux ; emplois précaires ; surexploitation des infrastructures routières sans pourtant y participer au bitumage ou à l’entretien ; dédommagement complaisant des populations… C’est du moins le constat fait par le Réseau national pour la promotion des évaluations environnementales (RENAPEE-BF).

La gouvernance environnementale, elle est caractérisée par : l’insuffisance dans la mise en œuvre du PGES ; les plans de réhabilitation et de fermeture non entamés en phase d’exploitation ; l’industrie extractive est dominée par la violation des droits de l’homme ; les fosses d’exploitation sont de nature irréversible. Aussi, l’industrie extractive est associée à la déforestation, à l’érosion et à la dégradation des sols, à la pollution de l’air et à la rupture de l’écosystème. Pire, les effluents utilisés pour le traitement des minerais ont souvent des niveaux d’acidité trop élevés et de sources diverses.


La période est favorable pour renégocier les termes des contrats

La période socio-politique actuelle est favorable pour réviser le code minier et renégocier les contrats miniers, estiment les animateurs de la conférence de presse. « Le contexte actuel pourrait être favorable pour que nos cris de cœurs soient entendus afin que nos mines nous soient plus profitables », soutient Désiré Yaméogo, le président du RENAPEE-BF. Les membres du réseau recommandent donc, entre autres de :
- faire les états généraux du secteur minier ;
- réviser le code minier pour prendre en compte les insuffisances liées à l’exploitation notamment revoir à la hausse la fiscalité, le cadre de réhabilitation et de fermeture des sites, le cadre de réinstallation des populations affectées ;
- réviser le code de travail afin de protéger les employés des sociétés privées ;
- renégocier les contrats miniers et les contrats de travail ;
- réaliser une évaluation environnementale stratégique pour le secteur minier ;
- renforcer les structures de l’Etat (BUMIGEB, BUNEE, DGPEDD, ARSN…) en moyens matériels (kit) et financiers nécessaires pour les inspections minières et environnementales.

Désiré Yaméogo et ses camarades regrettent le fait que d’autres associations prennent le contre-pied de leur lutte. « Pendant que nous là en train de sensibiliser, il y a des associations financées par les projets miniers qui vont dire le contraire parce qu’ils défendent l’intérêt des projets miniers et non l’intérêt des populations ou de l’Etat », lance le président Yaméogo. Avant de conclure, s’adressant aux hommes de médias : « Nous souhaitons que vous soyez des relais auprès des autres acteurs afin que nous puissions avoir des changements dans les activités minières, des changements qui profitent à tous ». Sa structure devrait organiser des conférences et formations dans les jours à venir, pour informer davantage le public sur la problématique du secteur minier.

Présentation du RENAPEE-BF

Le RENAPEE-BF a vu le jour le 28 juin 2013. Il compte environ 100 membres de nationalité burkinabè, ivoirienne, camerounaise et sénégalaise. Il a pour but de promouvoir la protection et la préservation de l’environnement par la prise en compte des évaluations environnementales dans le contexte du développement durable.

Les objectifs du RENAPEE-BF :
- contribuer au renforcement des capacités nationales en matière d’évaluation environnementales à travers la formation de la société civile et les pouvoirs locaux pour l’intégration de leurs préoccupations de durabilité dans les projets soumis à l’étude d’impact ;
- promouvoir les échanges entre professionnels afin de garantir l’observation des règles minimales environnementales ;
- coopérer avec les autres organisations régionales et internationales intervenant dans le domaine de l’environnement et participer à des séminaires, débats et colloques nationaux et internationaux relatifs à l’environnement ;
- promouvoir la recherche action dans le domaine des évaluations environnementales et capitaliser les données du réseau.

Moussa Diallo
Lefaso.ne

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Vos commentaires

  • Le 24 novembre 2014 à 08:37, par N’dabi En réponse à : Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

    Le Réseau est en train de mener un combat noble qui mérite l’attention et le soutien de nos pouvoir publique. Car, si la situation actuelle peut permettre une révision du code minier au Burkina, encore faudrait-il que nos autorités actuelles s’en accaparent du problème, et essaient d’apporter des solutions adéquates dans ce secteur d’activité. Nous voudrions surtout une exploitation minière responsable dans notre pays. Vive un environnement saint pour le Burkina.

  • Le 24 novembre 2014 à 12:48, par millogo En réponse à : Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

    Il faut ajouter à l’environnement géophysique,l’environnement culturel ou encore le patrimoine culturel du Burkina Faso et spécifiquement le PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE qui est définitivement détruit depuis fort longtemps que les sociétés minières exploitent le sou-sol du pays.
    Ce que les sociétés minières n’osent pas faire au Canada,aux u.s.a., en Australie et en Afrique du Sud, elles le font impunément au Burkina Faso, avec la complicité ou l’ignorance du Ministère des Carrières et des Mines et du Ministère de la Culture ?!?

  • Le 24 novembre 2014 à 12:49, par millogo En réponse à : Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

    Il faut ajouter à l’environnement géophysique,l’environnement culturel ou encore le patrimoine culturel du Burkina Faso et spécifiquement le PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE qui définitivement détruit depuis fort longtemps que les sociétés minières exploitent le sou-sol du pays.
    Ce que les sociétés minières n’osent pas faire au Canada,aux u.s.a., en Australie et en Afrique du Sud, elles le font impunément au Burkina Faso, avec la complicité ou l’ignorance du Ministère des Carrières et des Mines et du Ministère de la Culture ?!?

  • Le 24 novembre 2014 à 15:09 En réponse à : Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

    Il est grand temps de revoir tous ces contrats et d’annuler tous ceux qui sont entachés d’irrégularités ou qui ont été signés avec des pots de vin avec le régime défunt. De plus, le boom minier crée plus de problèmes qu’il n’en résout sur le terrain comme les destructions de terre cultivable, pollution de l’environnement. On doit développer un secteur minier responsable et faire certifier notre or dans les réseaux équitables. Il ne sert à rien de tout racler dans les 10 ans en oubliant nos enfants qui n’auront que leurs yeux pour pleurer car ils devront en plus souffrir d’un environnement dégradé.

  • Le 24 novembre 2014 à 17:32, par Abdoulaye SANOGO En réponse à : Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

    Les plus heureux de cette conférence de presse du 22 novembre 2014 de (RENAPEE-BF) sont les villes et villages que ces miniers traversent dans leurs cars et 4 x 4 en soulevant la poussière et ne se souciant pas des personnes qui y vivent, qu’il n’y est plus de mine sans bitume. l’exemple de Poura, Manan, et bien d’autres nous interpelle tous.

  • Le 24 novembre 2014 à 18:17, par Verité En réponse à : Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

    Un point d’entrée de la responsabilisation du contrôle citoyen est par excellence celui-là : l’exploitation minière en veillant à se doter d’un code minier en tenant compte des enjeux environnementaux, sociaux, des droits des travailleurs, du développement socio-économique, etc. Jusque-là nos politiques se sont montrés trop souvent complaisants avec ces investisseurs miniers, privilégiant les miettes personnelles aux détriments de leur nation, les inspecteurs du travail préférant fermer les yeux sur le code du travail exposant les travailleurs des mines à la précarité de l’emploi face à des exploitants qui exploitent bien nos failles.
    Ne dit-on pas qu’il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où aller ce qui n’est pas le cas pour notre jeunesse burkinabè. Je salue l’initiative de RENAPEE-BF et espère que les autorités du ministère des mines et de l’énergie vont les accompagner à fonds. Le Burkina sera ce que nous voudrions qu’il soit.

  • Le 24 novembre 2014 à 19:24 En réponse à : Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè

    le secteur minier est aux mains des multinationales avec la complicité des valets locaux du régime défunt. Que dire d’avoir accepté les OGM qui ne profitent qu’à une multinationale qui nous vend cher une semence qui n’augmente pas les rendements, qui appauvrit le paysan et qui pollue l’environnement et tue à petit feu la biodiversité par le Bt dans les sols et qui vont nous empoisonner comme le secteur minier. Plus grave, le même Monsanto nous vend en plus son round up et ses pesticides qui empoisonnent tout le monde. Monsanto est aussi dangereuse que celles du secteur minier. Bootez hors du Burkina ces Ebola nouveaux que sont les miniers et Monsanto.

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